[427] La dernière fois, nous avons fait des considérations sur la manière dont la découverte du moi de l’Homme s’effectue, en fonction de la relation de réciprocité dans laquelle se trouvent les Luminaires célestes au moment de la naissance.
Nous avons étudié dans ce sens la Conjonction et l’Opposition – ou, en d’autres termes, la naissance au moment de la Nouvelle Lune et de la Pleine Lune. Aujourd’hui, nous voulons examiner de la même manière ce que l’on appelle les quartiers de Lune, c’est-à-dire les positions au Carré entre le Soleil et la Lune.
La position au Carré n’associe pas, comme dans le cas de l’Opposition, deux Signes du même genre (Feu et Air d’une part; Eau et Terre d’autre part), lesquels confient une direction de l’évolution, laquelle vise toujours à faire fusionner en nous le Soleil et la Lune, soit au masculin, soit au féminin. Avec le Carré, ce sont toujours des Signes de genre opposé qui se rencontrent. De prime abord, il y a huit possibilités:
a) Soleil dans un Signe de Feu: Lune croissante dans un Signe d’Eau
Lune décroissante dans un Signe Terre
b) Soleil dans un Signe d’Air: Lune croissante dans un Signe Terre
Lune décroissante dans un Signe d’Eau
c) Soleil dans un Signe d’Eau: Lune croissante dans un Signe d’Air
Lune décroissante dans un Signe de Feu
d) Soleil dans un Signe de Terre: Lune croissante dans un Signe de Feu
Lune décroissante dans un Signe d’Air
Tandis que le Soleil et la Lune, dans le cas de leur position en carré, se rencontrent toujours dans des Signes de sexes opposés, il se crée en même temps un lien plus étroit par leur appartenance au même « Guna »1. Deux Signes Rajas, Tamas ou Sattwa sont en effet toujours reliés entre eux par le Carré, si nous faisons ici aussi abstraction des cas limites, dans lesquels un Carré qui n’est pas parfaitement exact se forme dans la zone de transition entre deux Signes voisins, l’une des deux Planètes se trouvant à la fin, l’autre au début d’un Signe.
[428] Ainsi, comme dans le cas des Pleines Lunes, il se produit une sorte de solidarité entre les Luminaires célestes, qui s’accompagne cependant d’une friction considérable entre les deux natures qu’ils désignent au sein de la prédisposition humaine.
Pour comprendre ce type de friction, nous voulons faire ici une brève réflexion qui se rapporte aux cas où cette friction n’existe pas. Il s’agit surtout des cas où le Soleil et la Lune se trouvent dans deux Signes du même Élément et où ils sont en même temps en position de Trigone (angles de 120° et) – considéré, avec le Sextile (60°, reliant des Signes du même genre), considérés comme « favorables » – rappelons que les angles de 90° [Carré] et 180° [Opposition] sont vus comme « défavorables »2. Sauf exceptions (toujours de même nature: lorsque le Trigone pas parfait et qu’il a lieu dans la phase de transition d’un Signe à un autre), dans les Trigones le Feu s’allie toujours au Feu, l’Air à l’Air, l’Eau à l’Eau et la Terre à la Terre. Si nous nous souvenons que la dernière fois nous avons désigné le Soleil comme la mesure de notre génie et la Lune comme la mesure de notre talent, nous pouvons supposer que dans tous les cas cités, le « génie » de l’Homme est accompagné d’un talent qui est en mesure de lui offrir tous les dons qui peuvent servir à l’épanouissement de ses forces à partir de la réserve de capacités héritées. La prédisposition globale est ici d’une telle nature que de graves luttes intérieures pour conquérir l’unité de son être fondamental sont épargnées au natif. Les cas qui entrent en ligne de compte ici ne sont que très brièvement esquissés. Dans chacune des quatre qualités élémentaires, six cas sont possibles :
a) Soleil dans un Signe Rajas: Lune croissante ⅔ pleine en Tamas
Lune décroissante ⅔ pleine en Sattwa
b) Soleil dans un Signe Tamas: Lune croissante ⅔ pleine en Sattwa
Lune décroissante ⅔ pleine en Rajas
c) Soleil dans un Signe Sattwa: Lune croissante ⅔ pleine en Rajas
Lune décroissante ⅔ pleine en Tamas
Considérant que cela se passe dans les quatre Éléments, il en résulte en tout 24 possibilités qui seront examinées séparément dans les exposés suivants. Cependant, en ce qui concerne les aides qui affluent vers le Soleil du côté de la Lune, les remarques générales suivantes peuvent trouver leur place ici.
Si le Soleil se trouve dans un Signe Rajas,
- la Lune croissante dans un Signe Tamas accordera le don d’une mémoire toujours prête pour tout ce qui favorise le développement, une sorte de sac magique d’où l’argent ne disparaît jamais, tandis que, d’autre part,
- la Lune décroissante dans le Signe Sattwa inscrit dans la nature humaine un administrateur bienveillant qui [429] sera toujours capable d’équilibrer ses qualités, mais aussi ses faiblesses, et d’en faire des atouts pour son développement.
Si le Soleil est en Tamas et
- la Lune croissante en Sattwa, celle-ci sera avant tout un bon comptable pour le chef, auquel elle rendra compte, même sans y être invité, de l’état du compte principal de la vie, tandis que
- la Lune décroissante en Rajas incitera toujours le natif à ne pas laisser ses dons en friche.
Si le Soleil est enfin dans un des Signes Sattwa, alors
- la Lune croissante en Rajas devient une sorte de volant ou d’accélérateur de la machine de la vie, tandis que
- la Lune décroissante en Tamas prend plutôt la signification d’un frein à la vie, qui exhorte à économiser ses forces et à ne pas se contredire ou devenir infidèle à sa propre tradition.
La position du Sextile entre le Soleil et la Lune est à la fois similaire et différente. La similitude réside dans le caractère harmonieux des deux angles; la différence réside cependant dans le fait que le Sextile relie toujours deux Signes dont la qualité élémentaire présente un rapport similaire à celui de la position d’Opposition. Il y a donc toujours une liaison: le Feu avec l’Air et l’Eau avec la Terre. Les possibilités ainsi offertes ne seront traitées individuellement que plus tard; nous pouvons déjà remarquer ici que l’absence totale de friction, garantie par la position du Trigone, n’existe pas dans ces cas, car le rapport des deux Luminaires reçoit, par une nuance d’Opposition subtile, une sorte de piment qui apporte déjà un élément d’inquiétude dans le développement de l’Homme. Néanmoins, on peut aussi dire, en ce qui concerne la position du Sextile, que s’ajoute au « génie » indiqué par la position du Soleil un talent utile et complémentaire.
Mais les conditions pour la découverte du moi sont sensiblement différentes lorsque les deux Luminaires se regardent l’un l’autre depuis la position du Carré. C’est alors que surgissent des difficultés et des frictions considérables entre la direction primaire du développement et les dispositions héréditaires, qui doivent être évaluées différemment selon qu’elles se déroulent dans les régions Rajas, Tamas ou Sattwa. Nous accepterons pour l’instant comme un fait incontesté que l’aspect du [430] Carré s’accompagne de frictions et de difficultés de toutes sortes, bien que l’explication de l’inharmonie de cette position croisée ne soit donnée que plus tard. Il devient alors clair que, tandis que le Trigone et le Sextile donnaient à l’Homme un talent qu’il a le devoir de faire fructifier, les Carrés créent toutes sortes de frictions et de disharmonies entre le « génie » de l’Homme (Soleil) et son « talent » (Lune). Le « talent » veut souvent le pousser dans une direction étrangère au premier, de sorte que ce n’est pas le talent qui se développe, mais plutôt la résistance à sa séduction.
Les Carrés Soleil-Lune créent les impulsions les plus fortes, mais en même temps aussi les plus grandes difficultés sur le chemin de la découverte du moi et de la consolidation de la première nature dans la lutte avec la deuxième.
Ici aussi, il faut faire la distinction entre la Lune croissante et la Lune décroissante:
- Si la Lune est croissante, elle se trouve sur le chemin du Trigone; elle se dirige vers une position plus harmonieuse, plus calme et plus simple, vers une position qui, comme nous l’avons déjà mentionné, renferme le moins de friction possible. C’est ainsi que repose dans le quartier croissant l’espoir d’une résolution complète de toutes les difficultés que le Carré entraîne avec lui.
- La Lune décroissante se trouve certes également sur le chemin d’un but harmonieux, elle se dirige vers le Sextile, mais celui-ci n’est pas libre de friction au même degré que le Trigone, de sorte que dans ce cas, l’espoir secret de voir disparaître toutes les difficultés n’est pas vécu avec la même force. La différence subtile qui est ainsi donnée peut être comprise en ce sens qu’en général les Carrés de la Lune décroissante sont ressentis plus intensément dans leur dysharmonie, la lutte s’engage dans des régions plus profondes de la vie intérieure, de sorte que toutes les conséquences des frictions intérieures se manifestent beaucoup moins clairement vers l’extérieur, mais sont aussi plus lourdes à porter.
Nous allons maintenant parler en général des différentes positions des Carrés en ce qui concerne les difficultés de développement qui existent dans les 24 combinaisons possibles entre le Soleil et la Lune, en plaçant successivement le Soleil dans le Feu, l’Air, l’Eau, la Terre, et en tenant compte à chaque fois des différences selon qu’il s’agit de Carrés Rajas, Tamas ou Sattwa.
[431] A). Si le Soleil se trouve dans un Signe du Feu, le travail essentiel de la recherche du soi se trouve dans le domaine du vouloir, c’est-à-dire de la mise à l’épreuve de la force éthique. La Lune entre alors dans le Carré de cette position et ajoute à cette première nature de l’Homme la seconde, qui met toutes sortes d’obstacles sur le chemin de la direction fondamentale idéaliste de la nature Solaire, que ce soit dans le domaine de la disposition à la douleur psychique lorsque la Lune est croissante, ou dans le domaine de l’action, de concrétisation terrestre lorsque la Lune est Décroissante.
S’il est permis d’utiliser ici une image qui se rattache directement à la représentation physique des quatre Éléments qui nous est familière, nous pouvons bien nous imaginer que le combat entre le Feu et la Terre (Lune décroissante) conduira à un durcissement et à un renforcement de toutes les relations terrestres, qui seront donc soumises à une forte épreuve, tandis que dans le cas du Feu et de l’Eau (Lune croissante), le combat ne se terminera pas par une liaison, mais plutôt par la destruction de l’un des adversaires. Nous pouvons facilement comprendre que cette lutte pour l’intégration harmonieuse de la seconde nature dans la première sera la plus violente dans le groupe Rajas, la plus durable dans le groupe Tamas et la plus prometteuse dans le groupe Sattwa.
Considérons maintenant les Carrés de la Lune croissante.
1. Carré Rajas: SOLEIL en BÉLIER, LUNE croissante en CANCER:
Ici, le libre développement des forces idéales de la volonté se heurte à la sensibilité excessive du corps de l’âme, d’où naîtra sans doute une prédisposition très particulière à la colère; les personnes ayant ce carré sont facilement mises en colère lorsqu’on touche à leurs idéaux. Ils ne sont alors pas enclins à discuter avec leurs adversaires, mais leur être s’enflamme à cause de leur résistance à la colère, qui peut être appelée soit une colère sainte, soit une colère impie, mais qui, dans les deux cas, se présente avec tous les signes du despotisme que nous avons déjà appris à connaître comme caractéristique du natif du Cancer sous la forme du « despotisme émotionnel ». Mais ici, où elle se présente sous la forme plus douce d’une seconde nature, elle s’affirmera de telle sorte qu’elle favorisera la tendance à des éclats de tempérament violents et à des actes irréfléchis, par lesquels l’écho de l’environnement à la lutte pour le développement du natif est déjà fortement mis au défi. L’éducation à la maîtrise de soi devient un devoir éthique.
[432] 2. Carré Tamas: SOLEIL en Lion, LUNE croissante en SCORPION:
Ici, le développement intérieur dans le sens de la découverte de soi est retardé par l’aspiration à l’exercice d’un pouvoir personnel sur les âmes humaines, car au sens de la joie de vivre s’ajoute maintenant le souci de la conservation de ce pouvoir personnel, ce qui nuit considérablement à l’indépendance intérieure de l’environnement dont le natif du Lion est doté. La forme la plus générale de cette diminution de la liberté intérieure s’appelle la vanité – la vanité de l’âme.
3. Carré Sattwa: SOLEIL en SAGITTAIRE, LUNE croissante en POISSONS:
Ici aussi, il existe un grave obstacle à la direction de développement du chemin vers le Soi prévue par l’Élément Feu, parce que ce Carré donne aux personnes qui en sont chargées une lamentation psychique dans laquelle elles se sentent partout prisonnières comme martyres de leurs convictions éthiques. De telles personnes aiment jouer le rôle du martyr, même si elles sont loin de l’être réellement, et sont ainsi obligées de se compliquer la tâche, suivant un préjugé affectif qui les pousse à attirer le regard des autres sur leur propre désintéressement. « Je suis comme ça! » Apprenez à vous plaindre sans souffrir!
Considérons maintenant le quartier décroissant de la Lune avec le Soleil en Signe de Feu.
4. Carré Rajas: SOLEIL en BÉLIER, LUNE décroissante en CAPRICORNE:
L’idéalisme sans limites d’une nature première à la volonté non inhibée trouve une limite dans l’aspiration à atteindre des succès pratiques, qui veut inciter à toutes sortes de compromis qui ne sont pas compatibles avec le Feu et qui sont comme une tache sombre sur l’idéalisme lumineux de la volonté pure. Les conflits de conscience qui surgissent ici peuvent donner lieu à de graves dissensions et dysharmonies, qui peuvent conduire à un égarement total par rapport à la véritable destination. Beaucoup de choses se construisent et se détruisent.
5. Carré Tamas: SOLEIL en LION, LUNE décroissante en TAUREAU:
Les difficultés qu’entraîne cette constellation résident en premier lieu dans le fait qu’à l’affirmation inconditionnelle et joyeuse [433] de la vie s’ajoute l’étrange souci de préserver l’allégresse et d’assombrir ainsi la vie. Il en va ici comme du joyeux savonnier de Hagedorn, qui connaissait tant de belles chansons avant de devenir le gardien toujours soucieux de son « bonheur ». Il s’agit de maintenir toujours vivant l’idéalisme de la première nature face à l’avertissement émanant de la seconde nature de ne pas abandonner ce qui est lointain au profit de ce qui est proche. La parole d’avertissement de Goethe s’applique:
Au plus beau de ce que l’esprit peut recevoir, s’impose toujours une matière étrangère et étrange; si nous parvenons au bien de ce monde, Alors le meilleur s’appelle tromperie et illusion …
6. Carré Sattwa: SOLEIL en SAGITTAIRE, LUNE décroissante en VIERGE:
La lutte entre la première et la deuxième nature est ici essentiellement l’opposition entre l’éthique religieuse et l’éthique utilitaire ou entre l’idéalisme et le sens pratique. Il devient important de trouver une pratique de vie qui ne donne pas trop d’importance au respect des avantages naturels d’une vie menée selon des principes éthiques. La tentation de prêcher l’eau et de boire le vin est évidente; plus on y a cédé, plus la seconde nature s’endurcit au Feu de la première, et plus elle devient incapable de se transformer.
Nous nous tournons maintenant vers le groupe B) Le Soleil en Signes d’Air, la Lune croissante en Terre, la Lune décroissante en Eau.
Le Soleil en signe d’Air exige la conquête de la vie et la découverte du moi sur le chemin de la pensée et de la connaissance. Mais cette tâche se heurte à nouveau à des obstacles qui proviennent soit de l’attachement héréditaire à la « réalité », soit de la sphère émotionnelle, et qui veulent guider le libre vol de l’esprit dans leurs voies.
Ici encore, on pourrait penser à certains symboles tirés du monde matériel. Dans le cas Air–Terre, on pourrait penser à la chaudière à vapeur qui empêche l’expansion naturelle du gaz chauffé, et dans le cas Air–Eerre, à la formation du temps dans l’atmosphère, aux nuages, à la pluie, à la grêle, etc.
Considérons d’abord le premier cas: les Carrés de la Lune croissante. Ici, il y aura un combat entre les deux natures de [434] l’Homme, dans lequel le vol libre de la pensée pure se frotte à la résistance de la matière, non pas de la matière extérieure, mais de ce qui en nous-mêmes, tournés vers le monde de la matière, voudrait nous y attacher. L’image schillérienne de « Pégase sous le joug » peut rendre cette contradiction claire, à ceci près que ce joug ne représente pas un joug imposé de l’extérieur, mais le joug vécu intérieurement de toutes les puissances d’abattement qui naissent de l’attachement inné aux attraits matériels de la vie.
Nous allons maintenant appliquer ces remarques générales aux trois cas particuliers Rajas, Tamas et Sattwa:
7. Carré Rajas: SOLEIL en BALANCE, LUNE croissante en CAPRICORNE:
La Balance était, comme on s’en souvient, le Signe de l’artiste; si à ce Signe s’ajoute une disposition qui pousse à la réalisation inconditionnelle dans la matière, il y a alors un conflit entre la recherche du succès et le travail intellectuel calme de la recherche de la voie. Ce qui est introduit ici par la Lune, c’est un sens trop pratique qui ne parvient pas à attendre patiemment que le penchant de la Balance à la contemplation et à l’indécision soit arrivé au bout de ses préoccupations, mais qui pousse à terminer prématurément le travail entrepris dans le domaine intellectuel. En raison de cette réalisation précoce, le natif de la Balance « perd » assez souvent son accord, si l’on peut dire, et recourt à des compromis qu’il condamne lui-même. Il peut ainsi arriver que des sacrifices de caractère soient faits pour satisfaire une ambition extérieure, sacrifices qui peuvent ensuite devenir la cause de graves entraves au développement. La situation est globalement similaire à celle du cas 4, mais elle est à la fois plus faible et plus douloureuse, car les deux Luminaires du Ciel sont en état d' »affaiblissement ».
Si l’on peut appliquer ici l’image schillérienne de Pégase sous le joug déjà évoquée plus haut, pour le cas suivant:
8. Carré Tamas: SOLEIL en VERSEAU, LUNE croissante en TAUREAU
il vaut mieux choisir la comparaison utilisée par Meyrink dans son roman Walpurgisnacht. Il y parle du « pingouin ». Le pinguin est en quelque sorte un Homme doté de hautes pulsions intérieures, mais auquel la nature n’a donné que des moignons au lieu d’ailes. Dans le pingouin, nous avons devant nous l’étrange cas d’un animal aérien qui est contraint [434] de vivre comme un animal terrestre parce qu’il ne peut ou ne sait pas voler. Se sentir, au fond de son être, unique et supérieur à la masse et, en même temps, lui appartenir par le poids décourageant de tous les préjugés de l’ordinaire, crée un haut degré de difficultés de développement intérieur, parce que la simple insatisfaction de sa propre satisfaction et, par moments, la satisfaction de sa propre insatisfaction ne donnent pas une force d’impulsion suffisamment forte pour donner au vol spirituel la vitesse initiale nécessaire. C’est ici que peut facilement surgir cette timide modestie que Goethe méprisait tant (seuls les rustres sont modestes), parce que la noblesse spirituelle, qu’elle soit réelle ou rêvée, impose l’obligation intérieure de ne pas capituler devant la supériorité de ses habitudes héréditaires, c’est-à-dire de son propre ordinaire, ou de se cacher derrière lui et de mettre la lumière du Soleil sous le boisseau de la Lune, mais de maintenir en toutes circonstances sa liberté spirituelle. La tendance à dissimuler l’idée de la valeur de sa propre individualité peut ici devenir un danger, car elle prend facilement la forme, devant son propre forum de conscience, d’un système d’excuses destiné à masquer le manque d’élan moral. Les mots de Goethe deviennent ici facilement une consolation trop bon marché:
Et ne te laisse à aucun moment entraîner à la contradiction. Les sages tombent dans l’ignorance lorsqu’ils se disputent avec des ignorants.
9. Carré Sattwa: SOLEIL en GÉMEAUX, LUNE croissante en VIERGE:
Les difficultés que cette position entraîne sont d’une nature particulièrement étrange, parce que les deux Signes du Zodiaque, qui sont ici mis en jeu l’un contre l’autre, sont des Signes de Mercure, de sorte que la pensée risque de se prendre dans ses propres filets. Ce qui se présente ici, c’est la lutte entre la pensée théorique et la pensée réaliste ou, mieux encore, pratique.
Si nous cherchons ici aussi une image pour caractériser la situation intellectuelle qui se présente dans ce cas, on pourrait penser au célèbre baron de Münchhausen, qui a réussi l’exploit de se hisser dans les airs par sa propre queue de cheval, en emmenant en même son cheval qu’il tenait entre ses jambes! Le travestissement le plus ridicule du centaure (Sagittaire)!
[436] Ce qui résulte ici en matière de conflit, c’est l’obligation d’éprouver toujours les constructions abstraites de la pensée à la réalité, mais de falsifier déjà auparavant cette réalité en faveur de la pensée, de sorte qu’il en résulte deux dangers: soit une capitulation prématurée de la pensée logico-critique devant le soi-disant « bon sens », mais en réalité sans critique, soit un art de la pensée sophistique, qui est toujours prêt à faire violence à la réalité pour sauver un théorème. Trouver l’équilibre entre ces deux solutions erronées est le véritable problème de la vie; s’il peut être résolu, il en résulte des pionniers de l’expérience audacieuse qui réussit contre toutes les expériences précédentes et ouvre de nouvelles possibilités (l’œuf de Colomb), dans le cas contraire des Hommes avec une sorte de folie inventive (le mouvement perpétuel ou quadrature du cercle).
Nous nous tournons maintenant vers les Carrés que le Soleil, en Signe d’Air, forme avec la Lune décroissante en signe d’Eau. Nous rencontrons ici des disharmonies entre la liberté de pensée et les influences qui, nées de courants émotionnels et d’affections, de sympathies et d’antipathies personnelles, de désirs et de convoitises, de crainte et de pitié, menacent de troubler la clarté de la connaissance pure. Les luttes évolutives qui se déroulent ici font partie des plus intimes de l’âme.
événements les plus intimes de la vie psychique et spirituelle. Nous commençons à nouveau par le
10. Carré Rajas: SOLEIL en BALANCE, LUNE décroissante en CANCER
Ici, la sensibilité particulière de l’âme s’oppose comme un lourd obstacle à la recherche de la voie dans le spirituel et exige d’être consultée dans tous les cas où la première nature veut se décider pour une certaine voie; la tâche qui en résulte s’avère particulièrement difficile, car il s’agit de considérer les souffrances et les douleurs, si l’on peut dire, comme un capital qui doit être exploité de manière fructueuse, mais dont l’exploitation consiste à gagner une vue libre pour la direction à prendre dans le spirituel. Les décharges orageuses ou les trombes d’eau suivies d’une éclaircie ensoleillée désignent ici le chemin de l’évolution, typique de toutes les natures à tendance romantique, ce romantisme appartenant toutefois à la seconde nature.
[437] 11. Carré Tamas: SOLEIL en VERSEAU, LUNE décroissante en SCORPION:
Les deux Luminaires sont « affaiblis », car ils se trouvent dans les lieux d’opposition de leurs Signes favorables. Ce Carré est peut-être le plus dangereux de tous les Carrés que le Soleil peut former avec la Lune en signe d’Air. Le Soleil en Verseau renvoie l’Homme à sa propre loi spirituelle. En conséquence, il se voit au centre d’un monde spirituel dans lequel tout doit s’organiser selon les lois de sa propre pensée, qu’il maîtrise par la force de la pensée créatrice. Mais à cette force s’oppose maintenant la vie de désir poussée à son paroxysme, qui naît de la Lune dans le Signe fixe de l’Eau et qui veut l’inciter à se livrer à elle dans le sens où elle se sent poussé à s’arroger le privilège de l’être spirituellement la plus évoluée, telle une « aristocrate en esprit ». Elle peut ainsi agir à sa guise sur les forces de sa nature indomptée. Il en résulte une tentation d’abuser du pouvoir, une tendance à l’absence de scrupules dans l’utilisation des forces intellectuelles. Parmi les exemples tirés de la littérature, je voudrais évoquer ici l’Égyptien Arbazes, décrit dans Les derniers jours de Pompéi de Bulwer. Les difficultés intérieures qui découlent de ce Carré sont d’autant plus importantes qu’une vie qui veut tirer ses forces exclusivement de la haute conviction de sa propre valeur doit nécessairement s’égarer. Ici aussi, il faut faire le sacrifice de la négation de soi, ce qui est d’autant plus difficile que les deux natures doivent le faire et sont si peu en mesure de se soutenir mutuellement. E. T. A. Hoffmann a créé, sous les traits du frère Médardus dans les Élixirs du Diable, un personnage qui évoque avec une vivacité inquiétante la dichotomie décrite plus haut entre l’érémitisme spirituel et la quête de pouvoir de l’âme.
12. Carré Sattwa: SOLEIL en GÉMEAUX, LUNE décroissante en POISSONS:
Cette position est en quelque sorte le pendant de la position 9. Alors que nous pouvions y parler d’une sorte de viol spirituel de la réalité, il s’agit ici d’un viol de la connaissance par la vie émotionnelle. De telles personnes courent le risque de ne pas pouvoir [438] se découvrir par elles-mêmes, parce qu’elles sont arrêtées à trop d’étapes dans leur quête de soi par la Lune en Poissons, pensant avoir déjà atteint le but final. Une instabilité effrayante de leur cheminement mental les accompagne tout au long de leur vie, car elles ont toujours une grande capacité d’adaptation aux stimuli et aux pensées qui leur parviennent de leur environnement. Mais ce qui fait l’inharmonie de cette position, c’est que l’on souffre de cette légère capacité d’adaptation et de l’instabilité de la conviction comme d’une maladie, qu’elle ne vient pas à la personne ainsi née comme une aide, mais comme quelque chose qui lui fait revivre sans cesse le tourment de devoir chercher, en ce sens que le deuil de la perte de la conviction d’hier la poursuit à chaque fois avec la même intensité. Il s’agit à nouveau d’une position dangereuse pour le développement du natif, et ce presque pour la raison opposée à celle pour laquelle le Carré entre le Verseau et le Scorpion était lié à tant de dangers, car elle favorise le désespoir et la prise d’armes avant même que la lutte n’ait atteint son point culminant.
Les douze positions suivantes, dont il faut maintenant parler, sont en rapport de réciprocité avec celles qui ont déjà été brièvement caractérisées: le Soleil et la Lune intervertissent leur place.
C. Le Soleil est dans un Signe d’Eau, la Lune croissante est dans d’Air, la décroissante dans un Signe de Feu. La Terre est ici aussi désactivée, comme dans les six derniers cas évoqués. Le champ de bataille se situe donc entre l’Eau et l’Air ou l’Eau et le Feu, l’Eau étant maintenant la région dans laquelle la découverte du moi doit se faire. Dans Le Zodiaque et l’Homme, nous avons parlé en détail de cette région comme étant la région de la vie psychique; le Cancer, le Scorpion et les Poissons étaient le « sol » sur lequel se développait une vie qui tirait ses principales valeurs de l’âme et qui plaçait au-dessus de tout le vécu des désirs et des souhaits, des aspirations et des craintes, des sympathies et des antipathies, des espoirs et des désespoirs et de toutes les souffrances, avec un signe positif ou négatif – un monde de rêveurs –. Les joueurs et les romantiques dont le sens de la vie était de trouver leur propre moi au fond d’une coupe de souffrance vidée jusqu’à la lie, à l’écart des réalités objectives d’un monde réel dénué de sentiments, ne pouvaient pas trouver dans la réalité extérieure un champ fertile pour leur développement et devaient donc éviter autant que possible de se confronter à ce monde réel [439] aussi longtemps que possible. C’est ainsi que devait apparaître cette tendance à l' »irréel », si caractéristique de tous les natifs Aquatiques.
Ce détachement du sol du monde réel nous va nous être révélé encore plus distinctement dans le cas des Carrés de cette Lune, d’autant plus qu’ici non plus l’Élément Terre n’entre pas en considération. Les barrières que la seconde nature oppose ici à la première se situent dans le domaine de l’Air et du Feu, qui sont ainsi impliqués dans la lutte pour la vie de l’Homme Aquatique. Ce sont pour ainsi dire deux écueils dans la mer de la région des sentiments, contre lesquels le bateau de vie du natif de l’Eau risque d’échouer s’ils ne sont pas pris en compte avec le soin qui convient à la tactique de vie du rêveur et du joueur. L‘écueil de l’Air fera naître la tendance à jouer avec l’esprit ou, pour utiliser une expression courante, à « construire des châteaux d’air », l’écueil du Feu à « jouer avec le feu ». Ce sont les deux dangers, mais aussi les pierres de touche pour le développement de l’Homme Aquatique, dont le thème natal comporte le Carré entre le Soleil et la Lune.
Nous considérons d’abord les Carrés avec la Lune croissante.
13. Carré Rajas: SOLEIL en CANCER, LUNE croissante en BALANCE (inversion du cas 10.):
Les châteaux en l’air qui sont construits ici sur le sol du Signe de la Balance ne sont pas des œuvres d’art, car ici le Signe de « l’artiste » est abaissé en tant que lieu Lunaire pour devenir le Signe d’un talent artistique qui doit absolument être mis au service des besoins romantiques de la première nature, Il se transforme ainsi pour celle-ci en un moyen d’illusionner l’environnement de telle sorte qu’il en résulte un éblouissement artificiel d’illusions qui se rapportent en premier lieu à l’environnement psychique et en particulier à toutes les nombreuses personnes dont la protection psychique est nécessaire au natif du Cancer. Mais cette force d’illusion – et c’est là le danger de ce Carré – peut conduire à une solitude totale, parce qu’elle croit voir dans son entourage, à la place des personnes vivantes réelles, celles qu’elle crée selon ses désirs. Il est facile de comprendre que cette pratique de vie, lorsque les illusions sont ébranlées, peut entraîner des catastrophes psychiques des plus graves.
[440] 14. Carré Tamas: SOLEIL en SCORPION, LUNE croissante en VERSEAU (inversion du cas 11.):
Il s’agit ici d’une combinaison qui favorise le plan de construction architectonique particulier d’un château d’air qui ressemble à un palais derrière les murs aériens duquel le natif se rêve une royauté qu’il veut à tout prix garder secrète, afin de masquer et de dissimuler toutes les forces de l’exercice de son pouvoir astral. Il y a là un certain découragement dans le libre usage des forces du Scorpion, qui se compense par l’idée de posséder ces forces au plus haut degré. On pourrait parler ici d’un « scorpion » craintif, d’un « magicien » qui ne jouit de sa force qu’en pensée. Le caractère disharmonique de ce Carré se révèle principalement dans l’oscillation constante entre les extrêmes de l’orgueil et du sentiment d’infériorité.
15. Carré Sattwa: SOLEIL en POISSONS, LUNE croissante en GÉMEAUX (inversion du cas 12.):
Les difficultés qu’entraîne cette position ne sont pas faciles à comprendre, et il est encore moins facile de les vivre. Au Signe de la médiumnité psychique s’ajoute ici, en tant que représentant de la seconde nature, le Signe de la médiumnité intellectuelle. Les châteaux en l’air qui sont érigés ici sur le sol facilement ébranlable de l’addiction au doute n’ont aucune stabilité, ils sont comme « la paille que le vent emporte », et pourtant ils sont toujours reconstruits, en fonction des besoins toujours changeants de la nature des Poissons qui luttent péniblement pour gagner leur centre de gravité psychique. Ce qui résulte de cette interaction, c’est d’abord une pratique de vie que l’on pourrait qualifier de sophistique des sentiments, c’est-à-dire la tendance à se vivre comme une sorte de cobaye dans l’âme, avec l’idée secrète d’être son propre vivisecteur, qui doit, pour ainsi dire inconsciemment et sur ordre supérieur, effectuer et enregistrer les expériences de souffrance, afin de retrouver à la fin, même si c’est après mille errements, sa propre vraie nature.
Et maintenant, les liens entre l’Eau et le Feu.
16. Carré Rajas: SOLEIL en CANCER, LUNE décroissante en BÉLIER (inversion du cas 1.):
Ici, à la première nature du romantique, donnée par la position du Soleil, s’ajoute la tendance déjà mentionnée à jouer avec le [441] Feu qui n’est pas aussi inoffensive que la construction de châteaux d’air, car les châteaux d’air que l’on construit n’intéressent généralement pas l’entourage, mais restent une affaire personnelle. Car l’Air appartient à la pensée, le Feu au domaine de la volonté; ce qui en émane est plus ouvertement que ce qui est produit par la pensée. Or, ici aussi, une illusion est en cours, qui vise à annuler ensuite, au moins dans l’imagination, les impulsions que l’on a suivies sous l’influence de la Lune dans le Signe de Feu. Cette étrange forme de repentir prend facilement la forme d’une autotorture stérile, qu’on pourrait qualifier de « repentir inactif »; elle vise essentiellement à refouler le souvenir de sa propre force morale. Ce procédé n’est cependant pas sans danger pour le développement intérieur, car le refus de l’autocritique se révèle par la suite être l’un des plus graves obstacles à la découverte de soi. C’est là que le conseil de Lenau peut être utile:
Retourne courageusement sur les scènes abandonnées, vois la faute avec un regard de repentir rapide; si elle doit mourir pour toi, hâte-toi de l’expier!
Mais même cette expiation est souvent mise en œuvre d’une manière étrange, qui peut conduire à un système secret d’autopunition, souvent caché dans le subconscient.
17. Carré Tamas: SOLEIL en SCORPION, LUNE décroissante en LION (inversion du cas 2.):
Cette position est étrange, ne serait-ce que du point de vue topographique: chacun des deux Luminaires s’oppose au lieu privilégié et affaibli de l’autre. Les forces des deux natures se lient mutuellement, de sorte que le résultat est relativement inoffensif. Sous l’influence de la Lune, les forces du Scorpion s’éclaircissent et se dépouillent de leur caractère sombre au moment de l’allégresse et de la joie de vivre; elles se consacrent à la joie de jouir, dans laquelle la vie en sécurité dans l’ivresse du pouvoir de la personnalité psychique joue bien sûr le rôle le plus important. Le « jeu avec le feu » se rapporte en premier lieu à tous les domaines de la passion, et notamment à l’érotisme. L’aventure attire. L’inharmonie de cette position sert à stimuler la conscience morale. « Media in vita in morte sumus« . La goutte d’eau dans la coupe écumante du monde.
[442] 18. Carré Sattwa: SOLEIL en POISSONS, LUNE décroissante en SAGITTAIRE (inversion du cas 3.):
Cette position est également relativement inoffensive, car le jeu avec le Feu n’est qu’un jeu dans lequel on n’a rien à perdre, mais rien à gagner non plus. Il s’agit simplement de « sauver l’honneur », ou de sauver l’honneur de la nature des Poissons de sa propre conscience sans efforts particuliers. C’est ici que naît la tendance à voir s’accomplir les impulsions vers le bien et l’éthique sans autre effort que celui de ressentir à chaque fois en soi la compassion nécessaire. Il suffit non pas d’avoir voulu le bien, mais d’imaginer qu’on l’a voulu.
Il nous faut maintenant encore parler du dernier groupe D) de Carrés Soleil-Lune, celui dans lequel le Soleil se trouve dans un Signe de Terre, la Lune croissante dans un Signe de Feu, la Lune décroissante dans un Signe d’Air.
Dans ces cas, il s’agira d’une sorte de lutte pour la vie, qui opposera les tendances de la nature Solaire essentiellement orientées vers le travail pratique aux tendances perturbatrices qui – soit du domaine de la pensée (Lune en Signe d’Air), soit du monde des impulsions de la volonté (Lune en Signe de Feu) – se mettent en travers de la direction fondamentale de la première nature. Ces deux éléments – le ritardando de la pensée d’une part et l’accelerando de l’impulsivité d’autre part – perturbent la force d’action de l’Homme né avec le Soleil dans un Signe de Terre, dont l’épanouissement dépend tellement de la découverte de soi dans ce domaine.
Considérons d’abord les carrés de la Lune croissante.
19. Carré Rajas: SOLEIL en CAPRICORNE, LUNE croissante en BÉLIER (inversion du cas 4.):
Ici, l’action consciente de l’Homme se brisera contre son impatience. Cela se manifestera à l’extérieur par une tendance à agir de manière précipitée et à agir à la hâte. C’est ainsi que naissent des personnes dont le tempérament « s’emballe » facilement, mais qui en souffrent ensuite et achètent leur développement par cette souffrance. De telles personnes détruisent souvent par leur impatience tout ce qu’elles ont construit lentement et avec détermination jusqu’à ce moment discordant, mais elles ne perdent jamais le courage de recommencer.
[443] 20. Carré Tamas: SOLEIL en TAUREAU, LUNE croissante en Lion (inversion du cas 5.):
Cette position est une sorte de contrepartie du cas 5, le Soleil se trouve à la place préférée de la Lune et vice versa.
Ici, l’accelerando se présente sous une forme particulière, qui ressemble presque à son contraire. Il en résulte une envie d’interrompre trop souvent le travail tranquille sur un terrain délimité pour se livrer à toutes sortes de « passions » qui proviennent de la gourmandise de la deuxième nature ou de sa tendance à oublier son propre champ de travail pour le bien des autres et à se laisser « séduire ». On interrompt volontiers le travail pour se le rendre plus « doux ». Si l’on dit que le travail rend la vie douce, on pourrait dire ici que la vie rend le travail doux. Ce ne serait pas si grave, mais la disharmonie de la position conduit presque toujours à de graves reproches à soi-même qu’une fois de plus le travail a été abandonné.
21. Carré Sattwa: SOLEIL en VIERGE, LUNE croissante en SAGITTAIRE (inversion du cas 6.):
Ici, le travail fondé sur le principe de la pure finalité, qui est imposé à l’Homme par la position du Soleil, est rendu plus difficile dans la mesure où, en même temps, l’avertissement émanant de la nature Lunaire se fait jour, de toujours veiller à ce que ses propres actions puissent toujours être sanctionnées par l’opinion générale, mais, curieusement, on ne la consulte pas du tout, préférant se former l’idée d’un aréopage dont les lois sont tirées d’une prétendue voix de la conscience, qui provient du souci secret de donner une impulsion morale. Ce souci paralyse la force de travail et rend ainsi difficile la recherche de sa propre loi. Et comme dans le cas 20, on a tendance à détourner le regard du travail pour contempler le beau paysage, on éprouve ici aussi le besoin de regarder sans cesse les autres depuis son travail, comme pour dire: « N’est-ce pas, vous êtes d’accord avec ce que je fais? »
Maintenant encore les Carrés avec la Lune descendante.
22. Carré Rajas: SOLEIL en CAPRICORNE, LUNE décroissante en BALANCE (inversion du cas 7.):
Ici, la dureté et l’inflexibilité de l’Homme Capricorne sont inhibées par une considération qui a un effet similaire à [444] la peur de la conscience dans le cas précédent. Mais la considération qui naît ici ne se rapporte pas à l’approbation morale de ses actes par un tribunal public, mais à la « beauté », de sorte qu’à la place de l’appréciation morale, on trouve ici une appréciation esthétique de toutes les actions, qui détermine le natif à exclure d’emblée, si possible, les conséquences laides qui pourraient en résulter. Cette considération du « bon goût » aurait des effets bénéfiques si ce n’était justement le goût général qui, érigé en censeur devant le forum intérieur, prend la place que devrait occuper la propre conscience; les humiliations intérieures qui en résultent font le poids de ce Carré et représentent, si elles ne sont pas ressenties comme telles, le plus grave obstacle sur le chemin vers le moi Solaire.
23. Carré Tamas: SOLEIL en TAUREAU, LUNE décroissante en VERSEAU (inversion du cas 8.):
Cette situation ressemble à celle décrite dans le cas 8. On voit apparaître ici un état d’âme très étrange, que l’on pourrait qualifier d’une manière apparemment insensée de nostalgie de l’étranger ou de sentiment d’être un émigré qui, lorsqu’on lui demande où il est vraiment chez lui, reste un peu honteux de ne pas répondre, parce qu’il sait bien que les autres ne le comprendront pas. Il ne se comprend d’ailleurs pas lui-même, puisque sa prétendue patrie est le pays des merveilles, l’Utopie. Mais la difficulté qui surgit alors réside dans sa tendance à attendre le « miracle » ou le « merveilleux » du quotidien terrestre, de son quotidien intérieur, sans rien faire pour aiguiser son regard sur le miracle quotidien. On dit que Beethoven a dit une fois: « Il faut être quelque chose si l’on veut paraître quelque chose. » Mais ici, le fait de « vouloir paraître » se réfère au forum de la propre conscience, et c’est ainsi que naît une dangereuse tendance à la dissimulation, qui devient presque une simulation, à prendre sa propre banalité pour un masque, pour le masque de « l’homme intelligent qui se comporte comme les autres ». Celui qui a le courage de se regarder dans les yeux sans préjugés s’est déjà libéré de cette hantise du masque, il a trouvé le courage de reconnaître sa première nature.
24. Carré de Sattwa: SOLEIL en VIERGE, LUNE décroissante en GÉMEAUX (inversion du cas 9.):
[445] Les difficultés qui surgissent ici ressemblent beaucoup à la mésaventure de l’âne de Buridan qui mourut lamentablement de faim hésitant entre le seau d’avoine et le seau d’eau. Dans cas présent, le véritable problème de la vie réside dans le fait que la critique de la pensée et la recherche de problèmes sont tellement développées qu’il en résulte l’incapacité de faire un choix définitif entre deux avantages, ce qui les transforme en de tels inconvénients. L’esprit théorique est opposé à l’esprit pratique. Si les Romains avaient pour principe: sum mum jus – summa injuria, on pourrait dire ici: summa prudentia – summa stultitia. Le natif passe sa vie au chevet du « bon sens » avec toutes sortes de tentatives de guérison inutiles; mais le bon remède ne sera trouvé que lorsque le natif de la Vierge, après avoir traversé tous ces labyrinthes de la pensée, reconnaîtra enfin – bien que tardivement – quelle peut être sa seule véritable destination, pour laquelle ce Carré lui a été imposé: ne jamais être infidèle, par-delà toutes les habiletés intellectuelles que lui confère sa seconde nature, à la première qui le renvoie au travail fécond dans le monde réel.
C’est ainsi que nous terminons l’examen des positions des Carrés entre le Soleil et la Lune.
Elles nous ont donné des informations sur les difficultés particulières qui résultent pour le développement de la nature Solaire pure du fait que la prédisposition héréditaire apportée à la vie par la Lune, qui représente en effet le chemin du moi primaire pour son balancement terrestre, se met en même temps en travers de son chemin, en défiant la force morale la plus élevée; le sens de cette « croisade » n’est pas de paralyser celui-ci, mais de le renforcer.
Dans les 24 cas décrits ci-dessus, il ne s’agit pas non plus de dessins de caractère, mais de la description de combats de caractère comme destination d’une « croix » qui, en tant que symbole de Signes, n’a été attribuée ni au Signe Solaire ni au Signe Lunaire, mais qui résulte du Carré des deux. Cette croix ne peut pas être enlevée par une main étrangère à celui qui en est chargé. Habitués à cette croix depuis leur jeunesse, la plupart de ceux qui en ont peu à peu compris le sens apprennent à l’aimer de plus en plus, comme un cadeau délicieux, car non seulement elle n’assombrit plus la vie, mais elle lui donne le contenu pour lequel elle vaut la peine d’être vécue.
1 L’astrologie contemporaine a consacré le terme moins ésotérique de « modalité »: « cardinal » = Rajas; « fixe » = Tamas; « mutable » = Sattwa. गुण) signifie « fil, corde ; qualité, propriété ; subdivision, catégorie ; mérite »1. En philosophie indienne, le concept a un sens différent dans l’hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme.
2 Ces deux termes « favorable » et « défavorable » n’étant pris au pied de la lettre que par les – trop nombreux – astrologues bouffons; les Carrés et les Oppositions sont les moteurs de la transformation, là où les Trigones et les Sextiles sont des capacités et des dons que trop souvent ceux qui en bénéficient ne s’en rendent pas compte.