[405] Nous en avons terminé avec la partie la plus importante de notre travail préparatoire, qui doit nous permettre de comprendre l’étape du processus cosmique par laquelle l’image générale de l’Homme, qui repose dans le Zodiaque, est descendue sur la Terre pour y prendre une forme physique. Sept forces Planétaires sont à l’œuvre pour prêter leur concours à ce processus. C’est grâce à leur action conjointe que se forme le mélange particulier des énergies circulant du Zodiaque vers la Terre, en fonction de leur position géocentrique respective entre le segment du Zodiaque et la Terre.
Il s’agit d’examiner maintenant les répercussions qu’ont les Planètes sur les particularités de chacun des douze Signes du Zodiaque, qui nous sont déjà familières, lorsqu’elles s’inscrivent sur leur trajectoire de rayonnement.
Mais les considérations qui vont suivre devront subir un changement par rapport à celles qui ont été faites jusqu’à présent, car au lieu des Planètes et de leurs particularités, c’est maintenant l’Homme et ses particularités qui se trouvent au centre de notre intérêt.
Une fois de plus, nous nous demanderons de quelle manière le caractère de l’Homme est formé par le mélange des forces Planétaires placées entre le Zodiaque et lui-même ou, en d’autres termes, quelle contribution la Planète apporte, en fonction de sa position dans le thème natal, à la formation du caractère de l’Homme et de quelle manière cette formation est finalement vécue dans la conscience de celui-ci comme une modification ou un trouble particulier de l’image archétypale de l’Homme.
Ce n’est donc plus le Ciel avec ses étoiles changeantes, mais l’Homme qui passe maintenant au premier plan de notre intérêt. Et comme nous l’avons demandé dans le tome II, Le Zodiaque et l’Homme, nous reformulons la question: à quoi ressemblerait l’Homme s’il n’était fait que de Terre, d’Eau, d’Air ou de Feu, et plus loin, à quoi ressemblerait le pur natif du Bélier, du Taureau, des Gémeaux etc.; quelle coloration particulière le rayonnement du Bélier, du Taureau, etc. acquiert-il dans chaque cas par l’interposition d’une Planète déterminée, comme par exemple le Soleil, la Lune, Mercure, etc., si celle-ci se trouve, au moment de la naissance, géocentriquement entre le segment du Zodiaque et la Planète concernés.
[406] Tel Signe du Zodiaque est un Signe de Terre, s’il se trouve dans tel zone particulière du Zodiaque. Mais alors, quel est le mélange de caractères particulier auquel on peut s’attendre lorsque le Soleil est en Bélier, la Lune en Cancer, Mercure en Taureau, Vénus en Poissons, Mars en Lion, Jupiter en Balance, Saturne en Verseau, etc. Examiner la position de chaque Planète dans les douze Signes devient ainsi notre véritable mission dans ce qui suit.
Nous commençons par le couple Planétaire SOLEIL–LUNE.
Comme nous l’avons déjà expliqué, la révélation du moi en nous est le corrélat direct de ce que les deux « luminaires du Ciel », comme la Bible les appelle, éveillent en nous. Mais cette révélation du moi est à double face, elle est partagée entre deux pôles donnés respectivement par le Soleil et par la Lune; le Soleil correspondant à ce que nous ressentons en nous comme notre moi supérieur – que nous aimons à appeler avec Karlfried Graf Dürckheim le moi essentiel –et immuable dans les profondeurs de notre être intime, comparable au noyau de notre « caractère intelligible », et la Lune – le moi existentiel –à ce qui constitue l’enveloppe de ce moi supérieur immédiat ou la surface intérieure du miroir concave de cette enveloppe, comparable au « caractère empirique » qui voile notre « vrai moi » (moi essentiel) comme notre corps voile notre « âme ». Mais de même que nous ne pourrions jamais « voir » notre visage sans ce miroir, de même notre moi immédiat ne pourrait jamais venir à lui sans ce miroir intérieur –Essayez donc de regarder le Soleil en face! – qui ne peut cependant lui montrer que les contours indirects de son être véritable: son image, son moi empirique.
Ce dédoublement du moi, qui est ainsi donné astrologiquement, n’est rien d’autre que la division, qui se répète au niveau humain, de l’être cosmique se révélant en sujet et en objet, lequel a été en quelque sorte séparé de l’être originel en tant que miroir du sujet, dont le symbole graphique a été de tout temps le demi-cercle – B: la Lune – par opposition au sujet – A: le soleil. Ainsi, au Soleil correspondrait le « masculin » en nous, à la Lune le « féminin », au Soleil le divin en nous, à la Lune le reflet et l’éclat du divin.
Comme nous avons pu établir la proportion en son temps, l’apeiron se rapporte au principe Solaire en tant que représentant du principe père, comme celui-ci se rapporte au principe Lunaire en tant que représentant du principe monde, de sorte que le principe Solaire est devenu le reflet immédiat de l’apeiron, et le principe lunaire ou monde son reflet indirect [407]; la révélation de Dieu, qui est vécue en nous comme la révélation du moi, possède aussi son représentant direct dans le corrélat Solaire et son représentant indirect dans le corrélat Lunaire de notre entité humaine.
Mais comment comprendre cela? Essayons d’abord de nous représenter que notre moi ne serait pas divisé en Solaire et Lunaire, mais qu’il serait purement Solaire. Alors il n’aurait que la pensée pure de Dieu en tête, il nagerait dans l’entité Dieu comme la goutte dans l’océan, incapable de s’isoler, de s’individuer, de s’identifier.
Il ne serait pas en mesure d’arriver à lui-même, car il n’aurait pas de distance par rapport à lui-même. Il faut que ce moi puisse s’éloigner de lui-même, qu’il puisse se séparer de lui-même pour se saisir et se saisir dans sa petitesse et sa particularité au sein du divin dans lequel il est inscrit, à son niveau d’être humain, au quatrième niveau de son évolution – en tant que né sur Terre dans sa demeure de poussière.
C’est pourquoi il lui est donné, dans son moi, quelque chose qu’il doit mettre hors de lui, même si c’est encore son moi, son deuxième moi, son moi existentieldans lequel son premier moi – son moi essentiel – « se reconnaît », comme Adam s’est reconnu dans la femme qui a été tirée de lui, son autre partie, qui lui a été adjointe par un deuxième acte de création non plus direct, mais indirect.
Ainsi, du point de vue cosmogonique, la Terre, en tant que demeure de l’Homme, est directement issue du Soleil, tandis que la Lune est tirée de la Terre et n’est donc née du Soleil que de manière indirecte.
Essayons maintenant de voir plus clairement de quoi il s’agit.
L’entité humaine a traversé les stades de développement du minéral, du végétal et de l’animal avant de se retrouver, au quatrième stade, dans un corps de matière terrestre, s’éveillant maintenant dans son moi. Mais cet éveil ressemble à un acte de séparation ou de division, par lequel le moi qui se détache des profondeurs de la conscience sépare tout ce que le moi cachait encore de lui-même jusqu’alors, comme l’enveloppe de l’œuf cachait le petit poussin. Or ce qui est éliminé pour être transformé en miroir, que peut-il être d’autre que le passé encore sans « moi », avec tout le patrimoine de souvenirs, le passé qui se trouve avant l’éveil du moi, le souvenir de tout ce qui, en tant qu’enveloppe préparatoire, a protégé le germe du moi assoupi, avant que celui-ci, au quatrième niveau, celui de la Terre, se reconnaissant dans le miroir de son corps matériel, ne commence à se séparer de celui-ci.
[408] Ainsi, le corporel, le végétal et l’animal, dans la mesure où ils font partie du patrimoine génétique de l’évolution humaine, sont en quelque sorte l’enveloppe du moi qui émerge de celui-ci, comme autrefois la Terre émergeait du Soleil et plus tard la Lune de la Terre.
Ce que nous devons donc reconnaître astrologiquement comme appartenant au domaine Lunaire, c’est la totalité de notre masse héréditaire préhumaine qui, augmentée du patrimoine génétique de notre lignée humaine, nous parvient par notre naissance sur Terre comme l’incarnation de notre moi indirect – cf. l’inconscient collectif de Jung et Yesod dans l’Arbre des Sephirot! –. Celui-ci contient la mémoire organique de tous les chemins du passé de notre évolution et donc aussi de tous les biens héréditaires, bons ou mauvais, ramenés sur ces chemins et qui remplissent le réservoir de l’existence humaine et de ses possibilités.
Mais ce qui n’est pas contenu dans cette réserve, c’est uniquement la volonté, laquelle est éternellement orientée vers le futur.
Nous pouvons déjà voir plus clairement de quelle manière notre moi est réparti entre le Soleil et la Lune.
Essayons à nouveau de nous faire une idée auxiliaire, à savoir que pour notre moi, il n’y aurait que la Lune, mais pas de Soleil, à quoi ressemblerait alors ce moi?
Eh bien alors, comme le lunatique, nous ne vivrions que dans la mémoire de notre passé, le « réactualisant » sans cesse, sans possibilité et surtout sans volonté de le corriger ou même de l’effacer, livrés au tourment de l’éternelle et inéluctable répétition du même. Nous ne ferions que vivre ce que nous avons reçu en héritage du passé, nous ne ferions que vivre une vie corporelle morne, une vie psychique instinctive et passionnellement agitée et une vie spirituelle absolument stérile, uniquement axée sur la répétition de ce que nous avons appris et sur sa conservation mémorielle; nous serions ainsi dépourvus d’enrichissement spirituel, d’aspiration à l’avenir, de force morale, d’éveil du moi.
Ce n’est donc ni le Soleil seul, ni la Lune seule, qui peuvent faire de nous des Hommes. L’éveil à ce stade ne peut se faire que par l’union des deux éléments, ce qui signifie le mariage entre sa partie divine et sa partie terrestre, mariage qui ne s’accomplit que dans l’Homme. Et de même que celui-ci, en tant que miroir du Tout, ne peut être représenté ni par l’homme seul, ni par la femme seule, mais seulement par l’union des deux, de même le moi dans l’Homme ne peut être représenté ni par le Soleil seul, ni par la [409] Lune seule, mais seulement par l’interaction des deux « luminaires célestes ».
Ainsi, nous pouvons déjà reconnaître qu’avec le Soleil, ce qui est concerné est la question morale de notre liberté; là ou avec la Lune, nous avons à faire aux entraves que l’hérédité impose à notre liberté. Par le Soleil nous voulons, par la Lune nous devons. Par le Soleil, nous sommes liés au Ciel ou au supraterrestre, par la Lune à la Terre, aux « affaires mondaines ».
Cela nous ramène à la distinction entre l' »Homme » et de l' »enfant de l’Homme » qui nous a tant occupés dans la sixième conférence des Fondements généraux. On pouvait déjà dire à l’époque que le représentant de la région du Ciel qui se trouve au-dessus de l’horizon au moment de la naissance (la région diurne) était le Soleil, même si celui-ci se trouvait à ce moment-là au-dessous de l’horizon, et que le représentant de la région qui se trouve au-dessous de l’horizon au moment de la naissance (la région nocturne), dont le rayonnement doit donc d’abord traverser le massif terrestre pour parvenir à l’Homme qui vient de naître, était la Lune, même si elle se trouve au-dessus de l’horizon au moment de la naissance.
Dans le sens astrologique et ésotérique, nous devons cependant chercher dans l’Homme lui-même ces deux royaumes du jour et de la nuit, dans l’un desquels règne le Soleil et dans l’autre la Lune. Mais ils deviennent alors les corrélats internes des deux hémisphères célestes avec toutes leurs étoiles, dont l’une se trouve au moment de la naissance au-dessus de l’horizon du lieu de naissance, et l’autre au-dessous. Ainsi, le zodiaque (« en plus des étoiles ») devient également déterminant pour la relation entre les domaines Solaire et Lunaire pour les régions du moi qu’ils représentent.
Il s’ajoute ainsi aux deux éléments de base de la constitution du moi un troisième élément, qui est déterminé et qui, malgré tout, retrouve le lien avec le Zodiaque au-delà du monde des Planètes: l’horizon du lieu de naissance comme ligne de démarcation entre le haut et le bas pour ce point de surface de la Terre où l’Homme céleste s’unit à son ombre terrestre, laquelle, selon une loi cosmique. sort de la mémoire héréditaire du corps terrestre pour se marier avec le moi supraterrestre.
Comme vous le savez déjà, nous appelons Ascendantle point du zodiaque qui, au moment de la naissance, s’élève juste au-dessus de l’horizon; son point opposé dans le Zodiaque s’appelant naturellement le Descendant [410]. Ces deux points correspondent dans la vie individuelle de l’Homme à ce que sont les points de printemps et d’automne par rapport à l’archétype humain reposant dans le Zodiaque. L’Ascendant du natif est son point individuel de printemps, le descendant son point d’automne, la moitié du zodiaque sous l’horizon sa partie nocturne obscurcie, la moitié du zodiaque au-dessus de l’horizon sa partie diurne plongée dans la lumière – même lorsqu’il est à l’heure de la nuit.
C’est pourquoi l’Ascendant joue un rôle essentiel dans la formation de l’ego-entité de l’être humain, dans la mesure où il exprime le rapport particulier entre les parties de sa nature fondamentale et la nature humaine générale qui s’étend sur l’ensemble du zodiaque. Cela détermine les fonctions:
- du SOLEIL en tant que mesure de notre liberté intérieure et morale;
- de la LUNE en tant que mesure de nos liens héréditaires.
L’Ascendant se trouve entre les deux région il sert d’intermédiaire, comme par exemple l’aube entre les royaumes du jour et de la nuit, annonçant le jour qui approche. Nous appellerons tempérament de vie cette attente intérieure du jour, encore à l’aube de la disparition des images de la nuit, l’expression du don de l’aube que le Signe du Zodiaque qui vient de se lever dépose dans le berceau de la personne née.
Le soleil, la lune et l’ascendant ont ainsi été mis en relation plus étroite; nous allons maintenant nous pencher en détail sur cette question.