1.6.1. Les trois perspectives cosmiques

[98] Jusqu’à présent, nous avons essayé de nous faire une idée de la relation de l’Homme avec le monde des étoiles; nous avons pu nous en faire une idée que nous pourrions qualifier de relation organique avec la vie. Aujourd’hui, nous nous proposons de faire un pas au-delà de cette connaissance générale. En cette occasion, nous voulons nous tourner vers l’Homme individuel et personnel, déplacer en quelque sorte la scène de notre observation sur la Terre en général vers un point de surface topographique et individuel d’icelle, où, à un moment unique, un certain individu humain est né.

Nous en arrivons donc à une approche qui vise à réunir en un seul point déterminé dans l’espace et dans le temps, à travers une lentille convergente, tout ce qui rayonne sur la Terre, en partie à partir des étoiles fixes et en partie à partir du monde planétaire – ce point focal représentant précisément l’individu dans sa constitution astrologique. Prendre conscience de cette constitution astrologique, la recréer en esprit, c’est prendre conscience des influences cosmiques qui ont convergé, en cet instant fugitif, sur ce point précis de la surface de la Terre où est entré en existence cet être humain qui, par cette naissance, est destiné à conférer une durée individuelle à cet instant fugitif, plaçant ce dernier comme une ligne de démarcation vivante entre le passé général qui s’est écoulé jusqu’alors et un avenir individuel qui s’ouvre au même moment. Cette ligne de démarcation qui instaure le présent pour ce nouveau-né, sépare, de la même manière que l’horizon géographique de son lieu de naissance, la moitié du ciel invisible de la moitié visible; en elle se trouve la destinée individuelle de l’Homme qui vient de naître. [99] Saisir sa constitution astrologique, c’est établir l’horoscope de sa naissance – c’est-à-dire reconstituer en esprit le foyer de tous les rayonnements cosmiques qui se manifestent à travers la lentille convergente dans la psychée du nouveau-né.

Avant de poursuivre cette idée, permettez-moi de jeter un bref regard en arrière sur ce que nous avons déjà découvert.

Nous avons découvert les deux éléments essentiels de la solidarité cosmique et organique de l’être humain – les deux perspectives sous lesquelles nous pouvons considérer cette solidarité:

  1. Le monde des étoiles fixes – l’abondance de tous les millions et millions de soleils lointains et très lointains, appelé monde des étoiles fixes parce que ses composants nous semblent fixes, immobiles, en raison de leur distance inconcevable – représente en quelque sorte, par son calme et son immuabilité, l’arrière-plan d’éternité du cosmos.
    1. La deuxième perspective présente le monde des Planètes: le Soleil avec les Planètes en orbite autour de lui ainsi que la Lune de notre Terre; un ensemble de sept éléments – avant la redécouverte des plus éloignées – dont les composants oscillent et tournent le long du Zodiaque dans des périodes de temps plus ou moins grandes.

      Cependant, même dans cette perspective, nous n’apercevons pas encore l’Homme individuel, nous ne voyons que le caractère typique des rythmes de vie – il n’est pas encore possible de voir ce qui, au sein des dispositions générales de l’espèce, devient la détermination de l’homme individuel, dans sa relation avec le monde des étoiles.

      Celle-ci ne se révèle à nous que dans la troisième perspective que nous voulons considérer aujourd’hui: la perspective terrestre.

      Lorsque nous parlons de cette perspective terrestre, nous parlons d’une perspective qui, pour l’Homme lié à la Terre, représente en fait la perspective la plus naturelle, voire la première, car c’est celle à partir de laquelle il vit le monde – à partir de la Terre, qui est elle-même une planète qui tourne et qui oscille.

      Mais comme il est lié à cette Terre, comme il se ressent une partie inséparable d’icelle, il ne peut pas se passer d’elle. Ce faisant, il transpose – il ne peut pas faire autrement dans un premier temps – ce qui est en fait le mouvement de la Terre sur le monde des Planètes et des étoiles fixes et voit la sphère céleste tourner autour de la Terre. Ainsi, les trois perspectives s’unissent pour lui en une seule, la perspective humaine! Il fait l’expérience de l’éternel, du temporel et de l’individuel dans le mélange unique de sa constellation de naissance, telle qu’elle se présente vue de la perspective terrestre, et n’apprend que progressivement à séparer les trois éléments les uns des autres – ce qui lui permet de comprendre ce qui, dans son être, appartient à l’éternité, ce qui appartient au temporel et ce qui appartient à la Terre!
      C’est à partir de cette troisième perspective, que l’on peut aussi appeler la perspective naturelle de l’individu, que l’horoscope est établi.

      Les astronomes l’appellent le point de vue géocentrique, le point de vue le plus ancien dans l’histoire de l’humanité post-diluvienne: la Terre, centre immobile de l’univers. Et sur cette Terre immobile, autour de laquelle tournent le Soleil, la Lune et les étoiles selon des lois éternelles, je me trouve en moi-même, comme elle, un centre – un « je » reposant dans l’impérissable « maintenant » de ma conscience, autour duquel l’événement qui ne s’arrête jamais fait glisser de la source inépuisable de l’avenir, [101] de mon avenir, événement après événement, dans le puits du passé, après avoir été, pour un instant inconcevable et fugitif de mon éternel et immuable « maintenant », un contenu présent.

      Le contenu du présent, qui était hier encore dans le giron de l’avenir, appartiendra demain à mon passé. Un événement présent aujourd’hui, un avenir éternel pour les Hommes qui m’ont précédé, un passé éternel pour les Hommes qui viendront après moi!

      Un moment aussi fugitif, le moment de la position des astres au moment de ma naissance, est ce que l’horoscope cherche à retenir, un « maintenant » individuel dans l’omniprésence de la Terre, le maintenant individuel qui constitue ma part de temporalité au sein de l’éternité, pour ainsi dire le point fixe autour duquel tourne tout mon vécu, comme le Ciel autour de la Terre – le point de vue de ma perspective égocentrique jaillissant avec ma naissance.

      Qu’est-ce qui donne à ce thème natal une telle importance qu’il est le point de départ de toute interprétation astrologique? Que signifie, dans le cours des temps et dans la vie cosmique, la naissance d’un être humain sur cette Terre?

      D’un point de vue exotérique, tout pour le natif, rien pour l’univers! Mais nous voulons maintenant essayer de répondre à la question que nous venons de poser sur la base des connaissances acquises jusqu’à présent.

      Source: Das Testament der Astrologie, tome 1, Oskar Adler, 1930-38

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