[331] Les réflexions sur les Hommes et le zodiaque nous ont conduit à l’Idée de l’Homme éternel, dont chaque individu n’est qu’une image éphémère, imparfaite et trouble du zodiaque dans son ensemble.
L’idée de l’Homme éternel, la Terre-mère éternelle de l’au-delà, à partir de laquelle les millions d’êtres humains individuels entrent ici en existence au cours des temps, les uns après les autres et les uns à côté des autres, repose dans le zodiaque qui représente, en largeurs d’étoiles fixes, le fond d’existence fixe et éternel de l’humanité. L’Homme individuel, tombé de cette idée dans la temporalité, obéit aux rythmes à court terme d’un monde plus proche de nous, qui reçoit sa loi du temps et sa mesure de la rotation, des cercles et des oscillations des Planètes qui tournent autour de notre soleil.
L’éternité et la temporalité se rencontrent dans l’individu et s’unissent en lui comme un héritage divin et terrestre, pour se séparer à nouveau après un court laps de temps, comme Goethe en parle dans ses Limites de l’Humanité:
Qu’est-ce qui distingue les Dieux des Hommes?
Le fait que de nombreuses vagues
Devant eux marche un fleuve éternel:
La vague nous soulève,
La vague nous engloutit,
Et nous sombrons.
Goethe, Limites de l’Humanité
Or, c’est précisément cette « montée » et cette « descente », c’est le rythme de la vie qui, dans un passé immémorial, devait devenir le point de départ de l’expérience du monde, le témoin toujours prêt, ressenti au plus profond de l’intériorité, de l’universalité de la condition humaine. Le rythme de la respiration et des battements du cœur n’était-il pas comme le rejeton, réduit à sa plus simple expression, de ce qui se présentait dans le ciel en dimensions de plus en plus puissamment étendues, [332] dans le cours du soleil et des étoiles? Et ne devait-il pas entrer dans le sentiment de vie de l’Homme, même si ce n’était qu’un pressentiment obscur, que les étoiles changeantes qui accomplissent leur ronde mesurée sur le fond immuable du ciel des étoiles fixes, de la Lune rapide à Saturne inerte, représentent une chaîne étrangement alignée de messagers supraterrestres qui apportent à l’Homme terrestre la connaissance de la vie éternelle en tant que médiateurs divins entre le temps et l’éternité?
Si nous pouvions assister au déroulement cosmique du mouvement des étoiles au moyen de ce que l’on appelle le « time-lapse » – accélération de la vitesse de lecture – de la technique cinématographique, le planétarium que la société Zeiss a fabriqué à Iéna avec tant d’art et une précision admirable peut nous en donner une faible idée: nous serions alors réellement témoins d’une danse réelle des étoiles.
Mais nous verrions encore autre chose dans ce que ce planétarium peut nous montrer. Au milieu de la danse rythmique générale des mondes, nous verrions l’Homme dans sa propre danse vitale. Nous le verrions se lever le matin de son lit et s’y abaisser aussitôt le soir, s’y élever et s’y abaisser… Nous le verrions naître, grandir et retomber en bière; nous verrions la Terre dans l’alternance rapide de la clarté et de l’obscurité; nous ferions l’expérience, dans les pulsations de notre propre cœur, du métronome ancestral de tout ce qui se passe et donc de notre insertion vivante dans cet immense édifice mondial qui, comme notre cœur, palpite et respire sans cesse.
Ne croyez pas que cette « accélération du temps », qui nous permet cette vision, n’existe que dans l’imagination! Elle vit en fait directement en chacun de nous et n’est rien d’autre que ce que nous appelons la mémoire. La mémoire a le pouvoir de comprimer d’immenses périodes de temps en un seul court instant. C’est de cette force de la mémoire, qui traverse continuellement les temps en suivant le fil conducteur du rythme, que naît cette expérience ésotérique de la ronde des événements mondiaux, que naît aussi la conception astrologique du monde de la fonction Planétaire comme mesure temporelle de toutes les lois terrestres.