[366] Nous sommes maintenant suffisamment préparés pour commencer à déterminer la signification spécifique de chaque planète pour l’être humain en tant que porteur du message de l’éternité ou, en d’autres termes, pour étudier la valeur propre de son pouvoir de tamisage par rapport au rayonnement du zodiaque.
De même que l’œil, en tant qu’organe sensoriel intégré à l’organisme humain, possède le pouvoir particulier de tamiser, parmi la multitude d’influences qui s’abattent sur l’Homme, précisément celles qui appartiennent à la lumière et à ses couleurs, de même que l’oreille possède le pouvoir de tamiser, parmi la multitude d’événements vibratoires qui entourent l’Homme, précisément les ondes sonores, de même pouvons-nous supposer, à l’inverse, que les Planètes représentent dans leur ensemble une sorte d’organes sensoriels par lesquels le cosmos éclaire l’Homme, pour ainsi dire, de sept fenêtres différentes: par le Soleil, l’Homme visite et explore ce qui est solaire en lui, par la Lune, ce qui est lunaire, par Mercure, ce qui est mercurien, par Vénus, ce qui est vénusien, par Mars, ce qui est martien, par Jupiter, ce qui est jupitérien, par Saturne, ce qui est saturnien. Car de même que, d’un point de vue cosmogonique, tout ce qui est humain provient, dans sa substance, du corps solaire aussi bien que la substance des sept Planètes, de même, dans l’Homme, leur nature septuplement distincte afflue dans l’unité de la nature humaine, et, d’une manière qui nous est certes encore mystérieuse, s’y mêlent le message du passé et celui de l’avenir dans l’omniprésence de sa conscience.
Ce spectre septuple de la disposition et de la capacité à concevoir de l’Homme terrestre n’est donc rien d’autre que le ministère septuple du message de Dieu à son égard, par lequel l’idée de l’Homme éternel, de l’Adam Kadmon, dont l’archétype repose dans le zodiaque, s’infiltre dans chaque individu humain.
On serait donc tenté de chercher dans la corporéité même de l’homme sept portes par lesquelles ce message suprasensible lui parviendrait, comme les organes des sens physiques, l’œil, l’oreille, le nez, le palais et la peau, représentent de telles portes pour le perceptible de l’environnement physique – sept portes d’entrée suprasensibles [367] ou le corrélat microcosmique des sept Planètes dans l’Homme.
L' »affaiblissement« des Planètes – ou Planètes « en Exil »
Si, par exemple, la Planète Mars traverse le champ de rayonnement du Bélier ou du Scorpion, dont elle représente le transmetteur de force directement adapté à eux, elle émet alors pour ce rayonnement le filtre équivalent et accordé; mais si elle passe par les zones de rayonnement des Signes opposés, c’est-à-dire la Balance ou le Taureau, alors elle devient un filtre négatif pour ces champs, comme par exemple le disque rouge, en tant que filtre devant le rayonnement vert, est apparemment effacé ou « détruit » par celui-ci, il apparaît assombri, voire même noir, et devient incapable de laisser passer le rayonnement vert maintenant couvert. C’est à cet état de fait que se rapportent les expressions « affaiblissement » ou « anéantissement » de la Planète lorsqu’elle passe par un Signe opposé à celui auquel elle est associée. Il en découle que:
- la Lune est en Exil en Capricorne;
- Mercure en Sagittaire et en Poissons;
- Vénus en Bélier et en Scorpion;
- le Soleil en Verseau;
- Mars en Taureau et en Balance;
- Jupiter en Gémeaux et en Vierge;
- Saturne en Cancer et en Lion.
Toutefois, l’expression « en Exil » ne nous révèle que le côté négatif du processus correspondant, car tant la radiation zodiacale que la planète conservent la force spécifique qui leur est propre. Mais cette force parvient maintenant à l’Homme d’une autre manière, rencontre l’organe récepteur correspondant à l’individualité Planétaire d’une autre manière que dans le cas où cette apparente « annihilation » ne s’est pas produite.
Mais notre apprentissage n’est pas encore assez avancé pour que de telles considérations nous préoccupent actuellement autrement que sous un simple rapport formel. Il nous manque encore la condition la plus importante: la connaissance de la signification spécifique pour l’Homme de chaque Planète en tant que messager entre l’image originelle de l’Homme et l’individu humain éphémère – ou, en bref, la connaissance de la fonction astrologique des différentes Planètes.
Pour ce faire, nous allons maintenant faire une réflexion qui s’appuie à nouveau sur les deux piliers de la connaissance ésotérique qui constituent la base générale de toutes les connaissances astrologiques ésotériques: le nombre et le corps humain.
Le Septénaire
Si nous partons du fait que la nature septuple et séparée du cosmos Planétaire converge dans l’Homme vers l' »Un » de la nature humaine, nous nous trouvons tout d’abord devant la question de savoir comment il faut se représenter cette convergence, comment la fusion du septénaire dans l’unité est possible, ou quelle nécessité intérieure fait que l’unité devient le septénaire, de sorte que l’équation ésotérique: 1 = 3 prend maintenant la forme : 1 = 7 = 1.
La conception, qui s’est maintenue tout au long du Moyen Âge, de la nature humaine en tant qu’unité trinitaire se reflète dans la doctrine populaire du corps, de l’âme et de l’esprit en tant que trois essences. Le terme « esprit » y correspond à ce que nous avons appelé l’Élément « Air » et l’Élément « Feu », l' »âme » à l’Élément « Eau » et le « corps » à l’Élément « Terre ». Mais si l’on sépare le Feu de l’Air, on obtient une quadruplicité, la volonté ou le sujet moral apparaissant comme la confirmation, ressentie dans le moi, de l’unité dans la triplicité.
Aujourd’hui, alors qu’il nous incombe de déterminer l’énergie spécifique de chaque Planète, et que nous pouvons supposer qu’elle se présentera sous la forme d’une sorte de succession étroitement liée au caractère septuple de la nature humaine elle-même, il est tout d’abord important de partir d’une connaissance claire, susceptible d’amener l’équation 1 = 3 = 7 = 1 à une évidence immédiate.
Toute triplicité dans l’unité doit pouvoir être représentée sous la forme des trois Gunas: Rajas, Tamas et Sattwa. Mais dans la mesure où chacune de ces trois unités partielles correspond à nouveau au triptyque, nous devrions arriver à une distribution en neuf. Or, ces trois sous-unités ne sont en fait pas séparés les uns des autres, mais rassemblés dans le point focal interne de l’Unité indissociable. Comme le montre la figure à droite, la triplication continue des trois rayons de l’unité donne un septénaire et non une distribution en neuf.
Si nous plaçons aux points de division du dessin ci-dessus les Signes du zodiaque correspondants ou les Planètes associées à ces Signes, nous obtenons la figure suivante:
Ce qui doit attirer l’attention dans la figure ci-dessus, c’est le fait d’une curieuse réciprocité entre les branches Rajas et Tamas, dont chacune est occupée par les mêmes paires de Planètes, mais dans une permutation symétrique continue de leurs signes:
- Rajas avec Mars positif et Saturne négatif,
- Tamas avec Mars négatif et Saturne positif,
- Rajas avec Vénus positive et Lune négative,
- Tamas avec Lune positive (Soleil) et Vénus négative,
alors que la branche Sattwa de la triplicité septuple ne comporte que les deux Planètes manquantes dans Rajas et Tamas, Jupiter et Mercure, toutes deux à la fois dans leur rang positif et négatif.
Il y a là un mystère que les connaissances déjà acquises nous permettent de percer facilement, si nous sommes décidés à les appliquer de manière conséquente. Si nous persistons à voir dans les Planètes un lien entre le zodiaque et l’Homme, ou entre l’univers et l’individu humain, et si nous nous souvenons que l’Homme nous est apparu comme l’image projetée ou réfléchie de l’univers par une sorte de pangenèse, alors la même triplicité ou trinité qui constitue la loi de révélation du cosmos doit aussi se retrouver dans l’Homme, mais avec des Signes polaires inversés.
Et de même que nous avons pu dire la dernière fois, par exemple, du soleil de ce monde qu’il est vu de « là-bas » ce que la lune est vue d’ici, de même les fonctions Rajas, Tamas et Sattwa doivent se présenter dans [370] un ordre inversé correspondant, selon qu’elles appartiennent au cosmos ou à l’Homme. « Si j’expire dans le cosmos, le cosmos m’inspire, si le cosmos expire en moi, alors je l’inspire. »
Si nous essayons de comprendre ce que Rajas, Tamas et Sattwa signifient pour l’individu humain, c’est-à-dire pour le microcosme qu’est l’être humain, on peut dire sans hésiter qu’il s’agit d’action:
- Rajas signifie toute sorte d’action active ou d’émission de force, Rajas est l’action;
- Tamas toute sorte de réception d’action, d’impression, d’influence, toute sorte de souffrance – dans l’idée du fait de devoir supporter – résultant d’une action extérieure étrangère: Tamas est la passion.
- Mais Sattwa, en tant qu’équilibre entre les deux, ne peut signifier que la force d’équilibrage ou de comparaison, c’est-à-dire la connaissance et le fait d’être connu (le même par le même).
Attardons-nous un peu plus longtemps sur cette pensée, qui est le point de départ de la connaissance de la fonction Planétaire en détail. Ainsi, ce qui est Rajas vu de « là-bas » est Tamas vu d’ici et vice-versa. Mais ce qui est Sattwa vu de là-bas est aussi Sattwa vu d’ici. La première conclusion importante qui s’impose à nous est la suivante. Les Planètes Mercure et Jupiter ont un rapport avec la « connaissance », elles sont des messagères dont « l’énergie spécifique » est la fonction de connaissance (Sattwa).
Mais qu’en est-il des autres Planètes? Ici, lorsqu’il s’agit d’acquérir des connaissances fondamentales, il est tout à fait nécessaire de procéder par étapes. C’est pourquoi il convient de revenir à l’idée avec laquelle nous avons ouvert notre réflexion d’aujourd’hui. Nous avons comparé les sept Planètes avec une sorte de fenêtre à travers laquelle le cosmos voit l’Homme, fenêtre qui correspond en même temps à sept organes sensoriels suprasensibles de l’Homme, qui sont justement accordés à ces « fenêtres », de sorte que l’organe récepteur de l’Homme, accordé de la même manière, est mis en vibration par chacune des sept Planètes. Si nous partons de la représentation de telles fenêtres macrocosmiques et microcosmiques et que nous nous rappelons les vers de Goethe-Plotin:
[371] Si l’œil n’était pas »ensoleillé »1,
Le soleil ne pourrait jamais être vu…
nous pourrions alors prolonger ces vers de la manière suivante: Si l’être humain n’était pas lunaire, mercurien, vénusien, martien, jupitérien et saturnien – jamais il ne pourrait « voir » ces Planètes… . Cette « vision » ne doit pas être comprise de manière sensorielle et optique comme pour le soleil, mais dans le sens d’une expérience intérieure, de sorte qu’au message solaire transmis par l’œil solaire s’ajoute l’expérience « intérieure » du soleil ou l’expérience de la lumière intérieure, comme au message de Vénus l’expérience intérieure de Vénus, etc.
Les « couleurs » des Planètes
Or, ce qu’il en est de cette « expérience intérieure » du rayonnement Planétaire, l’expérience quotidienne nous en donne un exemple éloquent en ce qui concerne la perception des couleurs; elle nous montre comment, au contenu perceptif, s’ajoute toujours un état d’âme dépendant de la nature de la couleur, qui reste souvent inconscient, mais sur lequel repose en grande partie l’effet psychologique de certaines couleurs et compositions chromatiques en peinture. Certaines interprétations symboliques populaires des couleurs proviennent également de ces expériences d’humeur intérieure, comme par exemple:
- le bleu comme couleur de la fidélité et du dévouement,
- le rouge comme couleur de la colère et de la véhémence, et à nouveau, dans ses nuances délicates, comme couleur de l’amour sexuel,
- le blanc comme couleur de l’innocence, etc.
Nous ne parlerons qu’ultérieurement des rapports ésotériques plus profonds qui peuvent être à la base de telles expériences de couleurs. Il est cependant plus que probable que les expériences Planétaires primitives incluent également leurs manifestations colorées. En effet, les différentes Planètes émettent des lumières de couleurs différentes:
- la lumière de la Lune est blanche argentée.
- La lumière de Mercure est jaunâtre.
- La lumière de Vénus est violet clair.
- La lumière du Soleil est d’un blanc éblouissant avec une nuance d’orange.
- La lumière de Mars est d’un rouge sombre.
- La lumière de Jupiter est d’un bleu éclatant.
- La lumière de Saturne est brun verdâtre…
1 Sonnenhaft en allemand signifie littéralement « capable de soleil » – soit, pour l’œil, capable de voir.