3.5.2. Conception et naissance

3.5.2.1. La Trutina Hermetis

En ce qui concerne tout d’abord la relation entre la Lune et l’Ascendant et leur part commune dans le patrimoine génétique, on se souvient sans doute encore de l’expression extrêmement concise qu’elle a trouvée dans la très ancienne « règle d’Hermès« . Rappelons-la encore une fois; elle est la suivante: le point du Zodiaque où se trouve la Lune au moment de la conception se lèvera ou se couchera au moment de la naissance, sera donc Ascendant ou Descendant (selon que la Lune augmente ou diminue), et le point du Zodiaque qui se lève ou se couche au moment de la conception détermine la place de la Lune à la naissance.

Dans cette règle, dont la validité exacte est encore difficile à établir à l’heure actuelle, parce que le moment de la conception n’est pas la cohabitation mais l’union de l’ovule et du spermatozoïde, le Soleil n’est pas mentionné, ce qui semble indiquer que les Anciens [411] ne faisaient pas le lien entre l’astre du jour et les conditions terrestres de la conception et de la naissance, mais qu’ils considéraient la maturation et la naissance du fruit comme appartenant uniquement à la région nocturne et au domaine Lunaire. Nous avons déjà pu nous exprimer sur cette question dans nos Fondements généraux du point de vue de la science ésotérique. Mais ici (en supposant que la règle d’Hermès soit toujours correcte), il faut encore souligner que le Soleil est également inclus dans le champ d’application de cette ancienne règle

En effet, si nous considérons que la durée normale de la grossesse chez la femme est d’environ 273 jours (c’est-à-dire neuf mois), nous pouvons en déduire que la position angulaire du Soleil et de la Lune au moment de la conception, augmentée ou diminuée de 90°, détermine en même temps la distance angulaire qui existera entre l’Ascendant ou le Descendant et le Soleil au moment de la naissance.

En d’autres termes encore, la phase de Lune du moment de la conception détermine dans quelle Maison le Soleil se trouvera au moment de la naissance!

Quelques exemples particulièrement frappants peuvent illustrer ce point:

  • S’il y a exactement une Nouvelle Lune ou une Pleine Lune au moment de la conception, l’Ascendant (vs le Descendant) natal se trouvera à la place qui était celle de la Lune au moment de cette conception qui a eu lieu à la Pleine Lune et l’enfant à naître devra avoir le Soleil au Carré de l’Ascendant, c’est-à-dire qu’il naîtra soit à midi, soit à minuit.
  • Si, au moment de la conception, la Lune est exactement au Premier ou au Dernier Quartier, l’enfant naîtra vers le lever ou le coucher du soleil.
  • Si la conception a lieu exactement au moment du lever ou du coucher de la Lune, l’enfant naîtra soit à la Pleine Lune1, soit à la Nouvelle Lune2 et naîtra au lever ou au coucher du Soleil … etc.

Il existe donc effectivement (toujours en supposant l’exactitude de cette Trutina Hermetis) un lien profond non seulement entre la Lune et l’Ascendant, mais c’est aussi la position du Soleil dans les Maisons du thème natal au moment de la conception qui est déterminante [412] de la naissance. Il serait donc facile de prédire l’horoscope d’un enfant s’il était possible de déterminer avec précision le moment de la conception. Peut-être les progrès de la physiologie permettront-ils, dans un avenir proche, une telle détermination et, par conséquent, une vérification empirique irréprochable de cette ancienne règle3. Cette interaction singulière du Soleil, de la Lune et de l’Ascendant en ce qui concerne l’élaboration de la constitution du moi, qui repose sur des faits fondamentaux simples à saisir astronomiquement, oblige la pensée astrologique à rechercher un point commun où se rassemblent, pour ainsi dire comme dans un foyer vital de l’horoscope, l’efficacité de ces trois facteurs essentiels, qui se conforme à la relation inaltérable qui est établie entre la conception et la naissance de l’enfant humain.

3.5.2.2. La Pars Fortunae

Or ce point, que l’on pourrait aussi appeler le point ou la marque individuelle, est connu en astrologie sous le facteur nommé part de fortune (S), non sans raison puisqu’en ce point sont rassemblées tous les facteurs constituant notre moi à la naissance, suggérant ainsi la mesure de notre capacité à être heureux.

Cette Pars Fortunae se trouve en reportant vers le haut ou vers le bas, à partir de l’Ascendant, l’écart angulaire zodiacal qui existe au moment de la naissance entre les positions du Soleil et de la Lune, selon que la Lune est croissante ou décroissante. Si, par exemple, une personne naît à un moment où il y a exactement une Nouvelle Lune ou une Pleine Lune, sa part de fortune coïncidera avec l’Ascendant ou le Descendant, et ainsi de suite. Nous en reparlerons plus tard.

3.5.2.3. Les Nœuds Lunaires

De même que les domaines Solaire et Lunaire se touchent et se séparent simultanément par la ligne qui coupe l’horoscope allant de l’Ascendant au Descendant, les domaines Solaire et Lunaire se touchent et se séparent également en deux autres points du zodiaque, appelés les deux « Nœuds Lunaires » (LM)). Ce sont les points d’intersection entre l’orbite du Soleil (écliptique) et l’orbite de la Lune, laquelle est inclinée d’environ 05°09′ par rapport à la première. Ces Nœuds Lunaires, qui parcourent toute l’écliptique en l’espace d’environ 19 ans, nous occuperont plus tard de manière approfondie. Mentionnons ici qu’ils se trouvent dans une curieuse analogie avec l’Ascendant et le Descendant en tant que points d’intersection entre l’horizon et l’écliptique au moment de la naissance, ainsi qu’avec le point de vernal et le point automnal en tant que points d’intersection entre l’équateur et l’écliptique, de sorte que nous nous trouvons dans le Nœud Lunaire dit « ascendant » (L)), c’est-à-dire le point de l’écliptique où la Lune passe ou passerait si elle se trouvait sur son chemin du Sud au Nord, soit [413] l’analogue du point vernal et de l’Ascendant, et dans le Nœud Lunaire dit « descendant » (M)), l’analogue du point automnal et du Descendant.

Avec les Nœuds Lunaires, nous avons devant nous des points de l’écliptique que nous devons considérer comme uniformément chargés de l’extrait des énergies Solaires et Lunaires, c’est-à-dire des points dont l’efficacité ne se révèle que lorsque leur charge potentielle est actualisée par un moment astrologique quelconque, par exemple par le fait qu’au moment de la naissance, une Planète ou un autre point céleste important prend la place du Nœud Lunaire ascendant ou descendant. Comme le Soleil et la Lune ont à voir avec la corrélation du moi, on peut s’attendre à ce que nous ayons ici une sorte de résultat vital des deux composantes du moi – une sorte de point de gravité vital qui serait en mesure de nous renseigner sur la portée ou sur la solidité interne du lien entre la nature Solaire et Lunaire en nous.

Nous avons réservé le traitement des problèmes qui y sont liés pour plus tard.

3.5.2.4. L’ombre du Soleil

Nous allons maintenant choisir deux désignations pour résumer brièvement tout ce qui a été dit jusqu’à présent sur les caractéristiques du Soleil et de la Lune.

Ce qui est Solaire en nous, nous l’appellerons notre « moi essentiel« , notre moi supraterrestre ou encore notre « première » nature; ce qui est Lunaire se dira notre « moi existentiel » ou moi héréditaire terrestre, que nous nommerons aussi notre « deuxième » nature. Celle-ci représente une sorte de dot que notre première nature trouve dans le corps terrestre, qui lui est donnée comme nourriture pour la route et réserve de renouvellement: la somme de nos « talents » et de nos « inaptitudes », de nos dons héréditaires positifs et négatifs au début du voyage de la vie terrestre – le véhicule avec ses avantages et ses inconvénients.

La première nature, notre naissance divine, n’est pas représentée par la mesure de nos talents, ni par celle de nos dons ou de nos inaptitudes, mais par la mesure de notre « génie » – la capacité d’avoir une part active dans « l’avenir ». Le talent tire sa force de la mémoire de tout ce qui « a été », le génie de ce qui n’a jamais été, mais qui doit seulement être.

Le talent vient de la « mère » (Terre), le génie du « père » (Ciel). Le talent est le soutien du génie, et pourtant sa mission est d’être consommée par le génie, tout comme la « nourriture » ne sert pas à être conservée, mais à être consommée. [414] Si elle remplit sa mission, elle est alors une bénédiction; mais sicette nourriture talentueuse n’est pas consommée pour être transformée en bien du Soleil, elle devient une malédiction qui détruit ce que le Soleil voulait construire!

Cela nous ramène à une idée que nous avons déjà évoquée l’avant-dernière fois, ce que nous avions appelé la Lune « l’invisible » en nous. Et en effet, comme toute ombre, la Lune est une sorte d’ombre du Soleil – ce que Jung avait perçu à sa manière. Peut-être cette « ombre » de la forme Lunaire n’apparaît-elle jamais aussi clairement que lorsque la Pleine Lune « pâle » s’élève au-dessus de l’horizon au moment même où le globe solaire incandescent plonge dans le « royaume de la nuit ».

3.5.2.5. Les différents modes d’interaction des deux Luminaires à la naissance

Pour fixer en nous la nature du Soleil et de la Lune et leur relation mutuelle, nous devons examiner de manière générale les positions réciproques possibles entre les deux Luminaires. Parmi les nombreuses possibilités d’orientation générale, nous retiendrons surtout quatre cas qui résultent de la position des deux Planètes par rapport à l’horizon.

Au moment de la naissance, nous trouvons soit:

a) Soleil au-dessus de l’horizon, Lune au-dessous de l’horizon,

b) Soleil au-dessus de l’horizon, Lune au-dessus de l’horizon,

c) Soleil sous l’horizon, Lune au-dessus de l’horizon,

d) Soleil sous l’horizon, Lune sous l’horizon.

Que se passe-t-il dans chacun de ces quatre cas?

a) Soleil au-dessus de l’horizon, Lune au-dessous

Le premier cas donnera à l’Homme le plus fort sentiment de liberté intérieure, car les énergies Solaires ne seront pas limitées par l’interposition du filtre terrestre (comme cela doit se produire dans les cas c et d), de sorte que la première nature, libérée des charges héréditaires inhibitrices, se tournera vers la vie avec une joie d’exister naïve, tandis que, d’autre part, les inhibitions héréditaires provenant du domaine Lunaire seront considérablement masquées par le filtre terrestre, de sorte que les forces solaires prendront facilement le dessus. De telles personnes trouveront plus tôt que les autres le chemin vers elles-mêmes.

On peut en effet établir comme règle générale que, de la même manière que l’embryon – avant sa naissance – est protégé du ciel étoilé par le ventre de sa mère, il n’est pas encore né dans son vrai moi, de même après sa naissance physique il n’est pas encore né à son moi véritable. En effet, ne vit-il pas dans sa prime enfance encore pleinement sa nature Lunaire, avant [415] de libérer peu à peu le Soleil en lui et de devenir un être humain autonome? Cette percée du Soleil se fait par étapes au cours de la vie, par une sorte de processus de séparation interne, dans lequel le Solaire et le Lunaire se séparent pour ne se réunir qu’ensuite, de la même manière que les deux sexes ne peuvent pas encore se distinguer l’un de l’autre dans l’enfance, puis se fuient en s’opposant, pour s’unir plus tard dans l’amour.

b) Soleil et Lune au-dessus de l’horizon

Dans ce deuxième cas où nous avons les deux astres au-dessus de l’horizon, les forces Lunaires se font sentir beaucoup plus intensément, car le filtre atténuateur fait défaut. Tout ce qui pèse sur le libre développement de la première nature, en termes de liens héréditaires avec le passé et d’inhibitions, se manifeste alors de manière beaucoup plus intense et fait que le sentiment de liberté intérieure de la personne née subit une restriction sous l’effet de cette charge, qui ne s’exprime pas par un approfondissement ou une intensification de la conscience morale, mais par une difficulté à lutter contre les prédispositions pesantes qui sont inscrites dans la vie par l’hérédité. La découverte du « moi » est plus difficile et retardée parce que les deux natures veulent s’imposer avec la même force.

c) Soleil au-dessus de l’horizon, Lune au-dessous

Si le Soleil se trouve sous l’horizon (naissance nocturne), les conditions sont à nouveau différentes. Si les forces Solaires doivent d’abord se frayer un chemin à travers la masse terrestre (Soleil en Maisons 1 à 6), il en résulte une forte orientation vers la lutte évolutive pour la libération du moi de l’emprise de l’hérédité; le natif se trouve doté d’une forte conscience morale ou d’une forte sensibilité morale qui prive son sentiment de liberté de la naïveté que nous avons rencontrée en particulier dans le cas a). Si la Lune se trouve en même temps au-dessus de l’horizon, le poids de l’héritage gagne d’abord le degré d’intensité le plus fort, ce qui est d’autant plus significatif que les ombres d’un passé héréditaire oublié stimulent ici la conscience sans la laisser se relâcher dans la lutte pour l’évolution. C’est ainsi que naissent les personnes dont la lutte intérieure pour l’évolution est la plus forte et chez lesquelles la libération de la nature Solaire est certes la plus longue, mais aussi la plus constante; l’autocritique et l’insatisfaction accompagneront toute la vie!

d) Soleil et Lune au-dessous de l’horizon

La naissance a eu lieu la et la Lune était également sous l’horizon. Bous retrouvons les caractéristiques des naissances de nuit: une forte volonté d’affronter les problèmes du passé. Les natifs entrent dans la vie avec l’intention de « faire mieux », de devenir une bonne personne et d’apprendre de chaque erreur. L’aveuglement simultané [416] de la Lune est moins dérangent que ce qui a été vu dans le cas c); la vie s’écoule avec moins de charges dissonances entre la première et la seconde nature; on est en général enclin à se contenter de ce que la vie nous offre, de s’accorder avec qui nous a été attribuée pour cette fois. La découverte du moi intervient ici aussi plus tard, mais les luttes qui la précèdent sont vécues avec beaucoup moins de conscience.

1 Une de mes amies est née un 04 avril à 03h26, un peu avant le lever du Soleil et… de la Pleine Lune qui avait lieu ce jour-là!

2 L’auteur de ce texte est né juste avant la Nouvelle Lune, un 31 août à… 18h40, soit au coucher du Soleil, conformément encore une fois à la Règle hermétique renforcée par Adler!

3 Le sacrilège que constitue la GPA, tant que cette monstruosité existe, pourrait au moins sauver de ce point de vue l’astrologie, peut-être mise à mal avec les accouchements forcés parce qu’il faut libérer les chambres d’hôpital en tant voulu par la rationalité économique qui commande les politiques dites de « santé ». Cette intervention brutale dans le processus naturel pourrait fausser l’heure de naissance spirituellement idoine (fausser l’aiguille de la balance d’Hermès)!, et donc fausser l’horoscope natal basé sur l’heure de naissance, parce que, jusqu’alors, cela était plus facile que de le baser sur l’heure de conception. Maintenant qu’avec la folie de l’Homme on peut connaître le moment précis de l’insémination artificielle, on connaît aussi avec encore plus de précision l’heure de conception que l’heure de naissance!

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