3.1.5. L’harmonie des nombres

[341] Nous allons maintenant essayer de donner un bref aperçu des différentes phases historiques de cette recherche de la clé numérique pour le plan de construction du monde planétaire.

Nous devons à nouveau nommer Pythagore comme l’ancêtre de tous ces efforts. Le fait que les rapports des nombres simples 3:4:5 étaient à la fois les mesures du triangle pythagoricien le plus simple et les mesures de toute harmonie musicale devait bien suggérer l’idée de chercher la raison originelle de cette concordance des mesures dans une harmonie numérique de l’édifice du monde, dont le reflet vécu intérieurement serait aussi bien la structure intellectuelle de l’arithmétique humaine et sa validité dans l’espace que la structure musicale des sons dans le temps. C’est ainsi que naquit la doctrine de l’harmonie des sphères, qui voyait partout les nombres pythagoriciens et leurs correspondances mentales internes à l’œuvre pour construire le monde, dont l’harmonie se manifestait dans le ciel par l’interaction des sept puissances Planétaires, chacune fournissant sa propre note à la grande musique du monde correspondant aux sept degrés de la série diatonique de la musique terrestre.

Les lois numériques qui déterminent les rapports d’intervalles de la musique terrestre constituent une sorte de reflet des lois de la musique céleste; celui qui pourrait l’écouter serait initié à son secret par elle! C’est pourquoi la géométrie – la mesure dans l’espace – et la musique – le nombre vécu dans le temps – sont intimement liées. C’est ainsi que personne ne pouvait entrer dans le temple de la doctrine pythagoricienne s’il ne possédait pas les mathématiques et la musique!

Environ 2000 ans plus tard, le monde voit apparaître en Kepler l’héritier spirituel de Pythagore. La foi en l’ordre divin de l’univers éclaire la voie de son intuition. Comme le laissent supposer les titres de ses deux œuvres principales, Mysterium Cosmographicum et Harmonices Mundi (tome I; tome II), il se met lui aussi à la recherche du plan de construction du monde, se plongeant dans les secrets des nombres pythagoriques, qu’il retrouve avec la plus grande précision en tant que blocs de construction musicaux déterminant les mesures des fonctions Planétaires. Les vitesses et les périodes de rotation des Planètes sont en relation musicale les unes avec les autres, et il calcule leur tonalité exacte et leur rapport d’intervalles; les écarts et les accords alternent, comme dans la musique terrestre. Enfin, il calcule même l’harmonie originelle du premier jour de la création, la tonalité globale du monde, que seul l’esprit pur peut contempler.

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