Mais si nous cherchons à saisir ésotériquement ce que peuvent signifier ces quatre degrés de densité de la matière cosmique, si nous essayons à nouveau de faire émerger des profondeurs de la conscience humaine ce que peut être le sens de cette série de compressions à quatre Éléments — alors nous nous rendons compte que nous sommes effectivement conduits à retrouver en nous ces quatre états d’agrégation dans les profondeurs de l’âme-esprit comme le patrimoine génétique du minéral — Terre, solide; du végétal — Eau, liquide; de l’animal — air, gazeux; et enfin : Feu — embryon de Dieu, Homme!
Dans ce cas, l’état solide devrait tout d’abord signifier symboliquement ce qui représente notre enveloppe la plus extérieure — c’est-à-dire le corps vivant par lequel nous sommes intégrés dans l’environnement matériel; l’état liquide — l’Eau — correspondrait à l’état déjà beaucoup moins solide de la vie émotionnelle et pulsionnelle. L’état gazeux — l’Air — correspondrait à un état encore plus mobile, comme celui de la souplesse et de la libre activité de l’intellect; et enfin, le Feu correspondrait à ce qui dépasse encore le corporel, l’instinctif et même la pensée: la force de la volonté en nous — nous retrouvons-là donc là les quatre patrimoines héréditaires du développement humain à son stade actuel.
Mais essayons maintenant de voir ce qui n’avait d’abord qu’une valeur symbolique à travers une image que l’on peut vraiment qualifier de gigantesque et qui doit nous montrer ce qui vient d’être suggéré dans les dimensions cosmiques — l’image cosmique de l’état de la Terre elle-même.
Si nous cherchons à regarder la Terre dans son ensemble comme nous regarderions une étoile lointaine — c’est-à-dire de manière assez extérieure —, nous verrions quand même quelque chose d’assez étrange: d’abord l’écorce terrestre solide — que nous appellerons « Terre »; par-dessus, les fleuves et les océans — nous les appellerons « Eau »; au-dessus, donc « plus haut » dans l’espace, l’atmosphère — qu’on appellera « Air »; et enfin, à la limite de la stratosphère, les rayons cosmiques de l’espace, dont les plus puissants proviennent du domaine solaire — nous les appellerons « Feu ».
Il s’agit tout d’abord, vu de l’extérieur, d’une certaine stratification ou d’un certain ordre des Éléments au-dessus de la surface de la Terre.
Mais essayons maintenant de donner une forme à cette image en pénétrant, tout d’abord de manière assez « extérieure », dans les profondeurs de la Terre, en essayant de pénétrer sous la croûte terrestre jusqu’à l’intérieur de la Terre. Là aussi, nous trouvons quelque chose d’étrange: sous la croûte terrestre, nous trouvons à nouveau — l’eau; sous l’Eau — les gaz (l’Air) et, en dessous, comme noyau le plus intérieur de la Terre, le Feu, le noyau dit « héliotique » (solaire). Et maintenant, imaginons que cet intérieur de la Terre, avec cette quadruple stratification des Éléments qui correspond à l’extérieur, soit quelque chose qui appartienne à la « vie intérieure » de la Terre, c’est-à-dire quelque chose d’ « intérieur », non pas spatialement, mais psychiquement; alors les quatre degrés de la matière seraient quatre degrés d’une vie intérieure. Si nous nous laissons aller à cette impression de manière très vivante, il en résulte une vision ésotérique semblable à celle que nous avons décrite l’avant-dernière fois, lorsque nous avions parlé du rapport entre le macrocosme et le microcosme, mais qui éclaire justement ce rapport sous un nouvel angle. La relation entre les quatre Éléments de l’expérience intérieure et les quatre Éléments extérieurs, en dehors de la croûte terrestre, nous permettrait tout d’abord de reconnaître que cette croûte terrestre, comme la peau dans cette vision précédente, représente une sorte de frontière et en même temps un lien entre l’intérieur et l’extérieur de ces quatre Éléments, de même que le corps physique de l’homme dans son ensemble était le pont entre la connaissance exotérique et la connaissance ésotérique.
Appliquée à l’Homme, la Terre devient ainsi la partie matérielle du corps humain — le représentant du règne minéral, dans la mesure où il est intégré à l’homme lui-même. La Terre est notre corps en tant que phénomène matériel. Mais qu’est-ce que l’Eau sous la croûte terrestre, qu’est-ce que l’Eau vécue intérieurement?
Eh bien, de même que la Terre est la représentante du minéral-matériel, l’Eau est la représentante du deuxième niveau de vie, le règne végétal, le niveau de vie qui se situe au-dessus du règne minéral terrestre, le règne végétal vécu intérieurement, l’Air le règne animal vécu intérieurement et enfin le règne humain vécu intérieurement, le règne le plus élevé en nous, la révélation du « moi » — le Feu. Si nous cherchons ainsi à pénétrer dans les profondeurs [74] de l’être humain à l’aide de cette image cosmique de la structure de la Terre, nous traversons avec ces couches l’histoire de l’évolution de l’Homme lui-même. Mais cette traversée est plus qu’un simple rappel historique du chemin évolutif de l’Homme, long de plusieurs millions d’années, et de son ascension à partir des règnes inférieurs, elle ressemble maintenant au processus alchimique d’assimilation lui-même, que l’Homme rencontre aujourd’hui comme s’il avait déjà vécu ce qui a été traversé au cours des trois étapes préliminaires de l’incarnation, c’est-à-dire la Terre, l’Eau et l’Air, digéré pour ainsi dire à l’aide du Feu, absorbé dans son corps et assimilé à celui-ci — donnant pour ainsi dire à la Terre du règne minéral, à l’Eau du règne végétal, à l’Air du règne animal le parfum du stade humain.
Et c’est ainsi que nous arrivons au mystère le plus profond de l’incarnation, que nous avons pu recevoir du zodiaque.
Source: Das Testament der Astrologie, tome 1, Oskar Adler, 1930-38