2.2 Introduction au zodiaque, sa structure, les douze sections, les quatre mondes élémentaires

2.2.2. Les quatre Éléments

Jetons maintenant un regard d’orientation générale sur la succession des douze sections du zodiaque, en partant du Signe du Bélier. Nous avons déjà expliqué que celle-ci révèle une sorte de structure spectroscopique du zodiaque. Selon les anciens enseignements, cette structure spectroscopique contient une séquence triple de quatre signes qui, en commençant toujours par la catégorie du Feu, passe par la Terre, l’Air et l’Eau, lorsqu’on avance dans le sens de la course du Soleil à travers le zodiaque. En progressant dans le sens inverse, on obtient la suite: Feu, Eau, Air, Terre.

Le Feu et l’Air, l’Eau et la Terre ne peuvent donc jamais se succéder. Quel est donc le sens de ce « rythme » dans le cercle?

Avec cette question, nous entrons dans un domaine dont il n’a été question jusqu’ici que de manière très générale, un domaine qui, dans un certain sens, est à nouveau lié au problème du cercle et de son nombre – le nombre six et son double –, le domaine de la sexualité cosmique ou de la sex(6)ualité cosmique.

[163] Nous avons déjà expliqué dans l’introduction que le critère de toute révélation est la division du Un originel en sujet et objet, ce dernier étant le sujet lui-même qui se manifeste, qui se confronte dans l’acte de la révélation de soi. C’est ainsi qu’à l’originaire qui repose en lui-même s’ajoute sa manifestation comme conséquence d’une désunion qui ne peut être supprimée que par un troisième élément, c’est-à-dire par l’effort d’intégration visant à rétablir l’unité. Ce troisième élément est celui par lequel l’ensemble du cours du monde est mis en marche et maintenu – le véritable Spiritus rector de l’événement mondial, qui se manifeste maintenant à la conscience humaine sous le triple aspect de l’espace, du temps et de la causalité. Mais les deux éléments originels – le sujet en soi et le sujet vu dans le miroir de lui-même: l’objet –, sont ceux que nous devons considérer comme les formes originelles de l’opposition en général, qui apparaissent comme le masculin et le féminin.

Est désormais masculin tout ce qui demande à être objectivé, tout ce qui demande à extérioriser une intériorité pour l’y faire devenir « réalité ». Est désormais féminin tout ce qui exige d’accueillir cette pulsion d’objectivation pour façonner l’objet à l’aide de celle-ci et prêter à la volonté de création qui se manifeste dans cette pulsion masculine la matière dans laquelle elle s’exprime. Le féminin devient ainsi un réflecteur ou un résonateur du masculin. Sans ce résonateur féminin, l’impulsion masculine se perdrait et se gaspillerait dans l’infini – sans l’impulsion masculine, le féminin resterait une attente vide et stérile, une simple possibilité sans capacité; sans l’impulsion féminine, le masculin resterait une simple action sans réalisation. Seule l’harmonie du masculin et du féminin produit ce que l’on peut appeler le réel, le formé délimité, la chose, l’objet, qui constitue l’essentiel de toute « apparition » dans ce monde révélé.

Dans tout ce qui est devenu réel ou matériel, les oppositions primitives du masculin et du féminin continuent de vibrer et acquièrent dans la matérialité une sorte de troisième sexe, le sexe « matériel », comme effet de combinaison, comparable à l’ombre portée qu’une surface recueille de quelque chose qui a son lieu au-delà de cette surface.

Car le masculin originel ainsi que le féminin originel sont au-delà de la perceptibilité.

Si nous appliquons ce qui vient d’être dit à ce qui est devenu perceptible dans le monde des phénomènes lui-même, celui-ci se présente à nouveau à nous sous la forme d’une sorte de construction par degrés de son devenir, chaque degré supérieur apparaissant, par rapport au degré inférieur, comme émettant l’impulsion ascensionnelle, c’est-à-dire masculine, avant d’avoir été emprunté par le bas; et féminine, lorsqu’il est quitté dans l’ascension pour atteindre le degré supérieur. Chaque marche sur l’échelle de l’ascension, si elle ne doit pas rester la dernière, doit être transformée en résonateur d’une impulsion plus élevée, c’est-à-dire transformée au féminin, afin de pouvoir porter plus haut. C’est pourquoi la force de poussée qui se manifeste dans l’évolution est son côté féminin, parce qu’elle représente la composante répulsive de quelque chose qui n’est pas encore réalisé et qui, venant du futur, veut se marier avec le présent. C’est ce que Goethe appelle l’éternel féminin qui nous attire.

F= »Feuer » = Feu
L= « Luft » = Air
W= « Wasser » = Eau
E= « Erde » =Terre

Ce qui vient d’être dit doit aider à comprendre une particularité de la structure du spectre zodiacal, qui se révèle dans l’évaluation sexuelle de ses sections, selon laquelle un élément masculin, donc un Signe de Feu ou d’Air, est toujours suivi d’un élément féminin, donc un Signe d’Eau ou de erre, et ainsi de suite, conformément aux deux phases de la vibration originelle.

L »illustration ci-contre nous montre une ligne ondulée verticale qui se retourne sur elle-même, avec six crêtes et six creux.

Rappelons maintenant que les quatre Éléments correspondent aux quatre niveaux d’organisation des règnes organiques, à savoir:

  • la Terre correspond au règne minéral;
  • l’Eau au règne végétal;
  • l’Air au règne animal;
  • le Feu au règne humain. Nous voyons bien que nous devons aussi attribuer les deux membres terminaux de cette série, c’est-à-dire le minéral et l’Homme ou la Terre et le Feu, aux qualités opposées, la Terre à la qualité féminine, le Feu à la qualité masculine.

Mais au sein même de l’être humain, comme on le sait encore, à la Terre correspond le corps matériel, au Feu la volonté. Ils représentent les pôles opposés d’une série, entre lesquels l’Eau, plus proche de la Terre, donc féminine par rapport au Feu, et l’Air, masculin par rapport à la Terre, se présentent donc : – – +. L’Air, quant à lui, plus proche du Feu, se présente comme masculin par rapport à la Terre et à l’Eau, féminin par rapport au feu, soit : + + -. La Terre est donc l’élément absolument féminin, le Feu l’élément absolument masculin; l’Eau est mixte, mais plus féminine en fonction de l’élément marin, l’Air est mixte, mais plus masculin en fonction de l’élément spirituel de l’Homme.

La ligne ondulée représentée dans la figure ci-dessus prend alors la forme suivante :

Nous devons compter parmi le féminin absolu tout ce qui est devenu, tout ce qui s’est exprimé dans la matière et s’y est figé, tout ce qui a pris forme dans le monde des corps: Terre –––.

Nous devons compter au masculin absolu tout ce qui n’émet que des impulsions sans jamais pouvoir être influencé par la matière ou même en dépendre. C’est le législateur suprême en tant que volonté suprême : le feu+++.

Au féminin à prédominance masculine : –+– nous devons ajouter tout ce qui a certes déjà à voir avec la création, c’est-à-dire non pas avec la forme déjà achevée et marquée dans la matière, mais qui est tourné vers le côté négatif de ce processus de création [166], c’est-à-dire vers l’expérience de toutes les souffrances et douleurs d’une perturbation involontaire de la persistance qu’entraîne le fait d’être modifié dans le processus de création, comme les douleurs de l’accouchement: Eau –+– , la région de la douleur du développement.

Au masculin prédominant avec une influence féminine : +–+, nous devons compter tout ce qui concerne également la création, mais son côté positif, la saisie judicieuse et la participation joyeuse et active au développement: Air, la région de l’envie de développement.

Toute douleur liée au développement est féminine, tournée vers le passé, elle est « devenir » en tant que forme passive et souffrante du temps auxiliaire: être. Tout désir de développement est tourné vers le futur, est « devenir » comme forme active, active, « futur » du même auxiliaire.

Dans cette caractéristique, nous reconnaissons sans autre ce qui a déjà été exposé dans une occasion précédente. Nous reconnaissons dans +++ (Feu) notre moi moral, dans +–+ (Air) notre force de connaissance, dans –+– (Eau) notre âme et dans ––– (Terre) notre corps.

Mais tout d’abord, nous voulons déduire de ce qui précède que l’ordre des quatre Éléments dans le zodiaque est effectivement possible dans un double sens.

Commençons par le Bélier, c’est-à-dire le Feu, suivi de la Terre ou de l’Eau, puis de l’Air et enfin de l’Eau ou de la Terre.

La série F–T–A–E etc., qui commence à 00° du Bélier, c’est-à-dire dans le sens de la course du Soleil, construit l’Homme en progressant de la tête aux pieds, c’est-à-dire du Feu à l’Eau – de haut en bas. Elle nous montre l’Homme dans l’action de l’impulsion céleste, comme rayonnant du zodiaque, l’archétype macrocosmique de son organisation, dans son aspect masculin.

L’autre direction, partant du 30° du Poisson, opposée à la course du Soleil, donc dans la direction de la précession des équinoxes, construit l’Homme en progressant des pieds vers la tête, donc de bas en haut, c’est-à-dire E–A–T–F. Elle nous montre l’Homme dans son aspect féminin, reçu de la Terre et irradié en retour par celle-ci, l’enfant de l’Homme, le fils de la Terre, l’Homme microcosmique qui veut s’élever.

Ce n’est que l’union de ces deux aspects qui forme l’Homme tel que nous l’avons devant nous en chair et en os.

[167] Les anciens symboles du Feu et de l’Eau ont toujours été: pour le Feu, le triangle dont la pointe est dirigée vers le haut et pour l’Eau, le triangle dont la pointe est dirigée vers le bas.

L’union des deux symboles en un seul signe donne l’étoile à six branches, le symbole de la sexualité du monde ou le signe du macrocosme.

Plongé dans la contemplation de ce signe, dans lequel semble se dévoiler le mystère de la création, Goethe fait prononcer à son Faust ces mots extasiés:

Je vois dans ces traits purs

La nature en action s’étend devant mon âme…

Comme tout se tisse en un tout! L’un agit et vit dans l’autre!

Comment les forces célestes montent et descendent et se passent des seaux d’or!

Avec des ailes parfumées de bénédiction

Du ciel à travers la terre, résonnant harmonieusement dans tout l’univers!

Et encore une chose !

Si nous considérons encore une fois le cercle spectral du zodiaque comme une structure purement géométrique, en fonction de ce qui se présente dans son cours comme opposé au sens géométrique du terme, nous arrivons alors à une autre sorte d’opposition que celle considérée jusqu’à présent. Deux signes du zodiaque forment ensemble un groupe d’opposition du même genre. La Terre s’oppose (à 180°) toujours à l’Eau, l’Air au [168] Feu. Ici aussi, nous sommes en présence d’une sorte d’opposition sexuelle secondaire, qui doit cependant être évaluée d’une autre manière. Ici, la comparaison avec les couleurs dites complémentaires du spectre solaire s’impose. Les couleurs complémentaires, comme le rouge et le vert ou le jaune et le bleu, se complètent, c’est-à-dire que leur mélange produit une sorte de neutralisation de leurs propriétés dans le sens d’un rapprochement avec le « blanc » de la lumière solaire totale, même si l’intensité est réduite. Chacune des deux couleurs complémentaires peut donner à l’autre ce qui lui manque pour former un tout – sa complémentarité.

Dans ce rapport de complémentarité mutuelle, qui représente aussi une sorte d’opposition sexuelle au sein du même genre, se trouvent:

le Feu et l’Air d’une part, la Terre et l’Eau, d’autre part, c’est-à-dire les Signes:

+ Bélier et Balance – – Taureau et Scorpion +

+ Lion et Verseau – – Vierge et Poisson +

+ Sagittaire et Gémeau – – Capricorne et Cancer +

On a ainsi à l’intérieur du zodiaque:

a) six groupes d’oppositions à deux membre (« les six complexes »)

b) quatre groupe Élémentaires à trois membres

c) trois groupes de modalités à quatre membres:

Pour faciliter la compréhension des schémas donné ci-dessus, nous répétons ici le dessin déjà contenu dans le premier tome:

[170] Tournons-nous maintenant vers les quatre triplicités et essayons de comprendre – toujours de manière générale – comment elles se présentent à la conscience humaine lorsqu’elles sont vécues de manière ésotérique.

La triplicité Terre – l’élément absolument féminin –, le monde entier perceptible par les sens ou le monde en tant que manifestation matérielle. Nous y sommes intégrés par notre corps matériel, soumis par lui aux mêmes lois que celles qui agissent dans ce monde de la matière – les lois physiques et chimiques. De même que nous ne recevons directement des informations sur ce monde que par les organes sensoriels de notre corps, de même nous ne pouvons agir directement dans ce monde que par les organes de ce corps, en influençant le déroulement des événements sur le plan mécanique et physique, c’est-à-dire sur le plan moteur par la force de nos muscles ou le chimisme de notre métabolisme matériel et peut-être aussi par les émanations physiques de l’organisme entier.

L’élément Terre a cependant ceci d’essentiel que tout ce qui se présente à nous, revêtu de l’attribut du corporel, représente l’expression finale, c’est-à-dire la réalité irrévocable, fixée dans la matière et donc définitive, de toutes les impulsions, qu’elles proviennent du domaine physique, psychique, spirituel ou moral. Toute réalité fixée dans la matière, ou ce qui est réalisé, est donc ancestral, c’est-à-dire lié au passé; cela donne des informations sur quelque chose qui n’était pas encore dans la matière, cette réalisation en est l’incrustation, comme par exemple les rochers de craie sont l’incrustation d’une vie qui fut un jour.

C’est pourquoi les relations fondamentales de l’espace, du temps et de la causalité, telles que nous les vivons dans le monde matériel, reçoivent une couleur d’expérience valable pour celui-ci et uniquement dans celui-ci, qui porte tout à fait les critères de l’aspect du passé. Dans le monde terrestre, l’espace domine, le temps et la causalité sont ici secondaires.

La catégorie de l’espace ou de l’expansion dans le monde matériel est une sorte de droit de propriété irrévocable de chaque corps sur son existence et en même temps sa position de défense contre toute tentative de toucher à ce droit. L’expansion est la multiplication de ce droit et en même temps la déclaration de guerre contre le droit du voisin. L’espace est l’éternelle barrière qui sépare les corps des corps. Tout rapprochement ou franchissement de l’espace n’est qu’une « mesure » ou une sorte de rattrapage des distances dans la course toujours vaine du monde vers la restitution du passé. [171] Cette « mesure » crée la signification de la catégorie du temps dans le monde matériel. Elle aussi est tournée vers ce qui est déjà advenu; dans les domaines du monde physique, des trois aspects du temps: passé, présent et futur, il n’y a en fait que le passé, car tant le présent que le futur semblent liés au passé, c’est-à-dire qu’ils sont conditionnés par ce qui est déjà devenu réalité !

L’avenir n’a pas de réalité dans le monde matériel et ne peut être considéré comme tel que dans ce monde matériel dans la mesure où l’on attend de lui la réalisation d’un événement quelconque sous une forme matérielle. Le temps dans le monde matériel est l’écart mesuré entre l’attente et l’arrivée de sa réalisation dans la matière. Seul le temps écoulé peut être mesuré!

Pareillement, la causalité, qui, comme le temps dans le monde physique, n’est pas directement compétente, acquiert, appliquée à celui-ci, un caractère purement rétrospectif; elle a tendance à chercher la détermination causale de tous les événements présents et futurs dans le passé et à se baser sur celle-ci. C’est ainsi que naît une perspective purement axée sur le passée, spécifique au monde terrestre; appelons-la la perspective « historique » ou encore la perspective « chronologique ».

Au sein de cette particularité du monde terrestre, qui n’est que brièvement esquissée, les trois pôles du genre Rajas, Tamas et Sattwa se présentent comme trois impulsions, dont la première est dirigée vers l’augmentation de la réalité dans la matière, donc la réalisation de ce qui n’a pas encore été réalisé, la deuxième vise à préserver et à protéger ce qui a déjà été réalisé et la troisième, équilibrante, à relier les deux autres impulsions de manière profitable dans le sens de la meilleure utilisation possible ainsi que de l’obtention d’un critère immuable et fixé objectivement en vue de la maîtrise de tous les phénomènes reconnaissables dans le monde matériel. (Capricorne: Rajas, Taureau: Tamas, Vierge: Sattwa).

La triplicité Eau – qui appartient encore à la catégorie féminine, mais qui n’est déjà plus absolument féminine (+––) se présente à l’expérience ésotérique comme le monde des processus psychiques, des passions et des pulsions, de la douleur et du plaisir, de la haine et de l’amour, comme le monde des désirs et des craintes, des espoirs et des désespoirs. Tout ce qui vient d’être cité correspond dans ce monde aquatique à ce qui, dans le monde de la matière, constitue les réalités de ce monde. Mais nous n’avons pas accès à ces réalités par notre corps physique; nous ne pouvons ni les percevoir avec les organes des sens [172] du corps, ni les influencer directement par les organes de ce corps. Et pourtant, les réalités décrites ci-dessus nous touchent avec une force directement perceptible.

Ce monde aquatique a lui aussi ses lois, dans lesquelles nous sommes inclus, nous sommes également intégrés dans ce monde par une sorte de corps qui nous appartient, tout comme le corps physique nous appartient et est à son tour soumis aux lois du monde extérieur de l’âme.

Nous appelons cette partie du monde aquatique par laquelle nous nous sentons en quelque sorte délimités à l’intérieur du monde des réalités psychiques par rapport à un « monde extérieur » notre corps astral, en suivant l’usage linguistique des sciences secrètes.

C’est par lui que nous sommes intégrés dans le monde psychique. En lui aussi se présente à nous une sorte d' »extérieur », en lui aussi agissent les trois relations fondamentales de l’espace, du temps et de la causalité, mais d’une manière totalement différente. Ce qui se présente dans le monde aquatique comme la catégorie de l’espace ne se détermine pas, comme dans le monde physique, comme la « coexistence », la juxtaposition absolue, selon les trois dimensions de l’espace, mais comme une forme d’être ensemble; et la mesure de la distance spatiale dans le monde de l’âme devient le degré d’intensité de cet « être avec », de l’indifférence extrême au rejet hostile ou à la pulsion d’union la plus brûlante.

Le degré de notre désir ou de notre crainte, de notre affection ou de notre aversion devient la mesure de l’espace dans le monde de l’âme et crée la perspective spatiale de l’âme, selon laquelle nous apparaît proche et grand ce qui nous est « proche » sur le plan de l’âme, lointain et petit ce qui nous est éloigné sur ce même plan. C’est pourquoi il n’y a pas de mesure constante dans l’espace de l’âme qui puisse être représentée sous une forme fixe. Si l’on essayait de transposer cette mesure dans l’espace physique, elle y apparaîtrait comme un mouvement pulsant selon une loi totalement irrationnelle, et dont toutes les dimensions sont « imprévisibles », « c’est-à-dire une structure qui n’a pas de forme constante, mais qui, comme l’eau, prend à chaque instant la forme du récipient dans lequel elle est versée.

Dans la mesure où cette mesure de l’âme s’avère donc dépendante du monde des désirs de l’Homme, la catégorie spatiale de ce monde est également liée au passé et reçoit la loi de ses relations des contenus de l’âme que l’Homme obtient à partir des désirs, qui représentent justement ce récipient invisible préformé dans lequel se déverse la réalité de l’eau, l’équivalent psychique de la matière terrestre.

[173] Mais la catégorie du temps se présente aussi différemment dans la mer que dans le monde terrestre. Ses trois aspects, passé, présent et futur, s’écoulent ici d’une manière étrange, dans la mesure où tout ce qui se passe dans ce temps de l' »âme », même s’il se présente après son déroulement dans le monde physique réel dans une série claire – donc: passé, présent, futur – ne se laisse pas ordonner dans une telle série, mais apparaît dans l’ensemble comme déjà passé, mais peut être échangé à volonté à l’intérieur de ce « passé », de sorte qu’il n’y a pas ici, au sens physique temporel, de plus tôt ou de plus tard durablement immuable. La mesure du plus tard ou du plus tôt réside dans le degré d’effort de l’âme qui est fourni pour calmer les émotions psychiques ou pour « en finir » avec elles, pour les « oublier » et les transformer; l’analogue à cela serait ce que nous avons appelé dans le monde physique le franchissement de la distance.

Dans le monde psychique, comme dans le monde physique, le temps n’est pleinement présent qu’avec son aspect passé, mais ce passé est ici variable, il peut être effacé et, après son effacement, il crée la perspective d’un avenir qui n’est pas lié au passé – une perspective qui est impossible dans le monde physique.

L’espoir est l’aspect futur dans le monde psychique – le monde physique, lui, est sans espoir! Mais la catégorie de la causalité présente également un autre visage dans le monde aquatique.

Tandis que la causalité physique, avec ses lois d’airain, passe sans ménagement au-dessus de la tête de l’Homme, l’englobant certes dans son cours implacable avec ses activités matérielles, mais l’excluant complètement avec son âme et n’accordant aucune part à sa pensée et à sa volonté dans son action, la causalité dans le monde de l’âme nous montre l’Homme enfermé dans son contexte d’une toute autre manière. Certes, cette causalité est également tournée vers le passé, non pas de telle sorte qu’elle nous représente l’Homme comme un pur esclave du passé, soumis à lui par la contrainte d’airain de la nécessité, mais dans cette solidarité qui est changeante selon le degré de notre lien de culpabilité, comme se manifeste intérieurement notre implication dans le déroulement des événements de l’âme.

C’est pourquoi, alors que dans le monde physique le passé, d’où provient toute causalité – éternellement immobile –, est devenu à jamais immuable, parce qu’il n’existe dans le monde physique aucune sorte de causalité qui, prise dans le temps, possède une force rétroactive [174], la causalité psychique se montre dotée d’une telle force qu’elle est capable d’effacer le passé psychique – d’effacer la culpabilité et de donner ainsi à la causalité une direction qui va du présent vers le passé – capable de relâcher sa rigidité et d’assouplir la dure contrainte de sa violence – d’éliminer le passé ou de le pardonner et de modifier ainsi le cours de la causalité; en somme: de faire couler l’eau en amont!

Dans ce sens, la causalité psychique est également tournée vers le passé, mais nous avons nous-mêmes une part essentielle à sa force; à la place de la nécessité désespérée clairement donnée du monde physique, comme la causalité s’y présente, l’idée des possibilités illimitées apparaît comme son expression dans le monde aquatique! Au sein du monde aquatique brièvement décrit, les trois modes de l’actif, du passif et de l’équilibrant (Rajas – Tamas – Sattwa) se manifestent à nouveau comme la disposition permanente à augmenter l’intensité de la vie psychique dans le sens de la sensibilité la plus élevée (Cancer), comme la formation de cette disposition à recevoir la force psychique la plus élevée (Scorpion) et enfin comme la disposition à utiliser la sensibilité psychique pour la purification et la transformation (Poissons).

La troisième triplicité, ou triplicité Air, nous conduit dans un domaine qui, contrairement aux deux décrits précédemment, est dominé par les impulsions masculines, c’est-à-dire créatrices – le domaine du monde spirituel, le royaume des idées et des pensées, des formes pures et des formations ++–.

Nous n’avons pas non plus de lien direct avec ce monde spirituel, ni par le corps physique, ni par le corps psychique. Les formes de ce monde ne nous sont directement accessibles que par ce que nous pressentons en nous comme le substrat de notre fonction spirituelle ou de connaissance – appelons-le notre corps spirituel ou, selon l’expression technique de la doctrine secrète, notre corps aérien ou mental.

Ce monde spirituel est rempli des réalités qui représentent les archétypes qui ont pris forme matérielle dans le monde physique; c’est en son sein que sont fabriqués les récipients invisibles dans le monde physique, dont les contours ne deviennent visibles que lorsque le flux de la matière y est versé. La fabrication de ces formes et leurs relations mutuelles sont soumises aux lois du monde spirituel, dans lequel nous sommes impliqués avec notre corps mental, comme nous sommes impliqués avec notre [175] corps physique dans les lois physiques et chimiques du monde terrestre.

Mais alors que ces dernières se trouvent sous l’aspect du passé ou de la nécessité, de la forme féminine de la loi naturelle – les lois mentales sont les lois des énergies créatrices orientées vers l’avenir et produisent ainsi les pré-images pour tout ce dont les post-images imparfaites apparaissent sur le plan physique comme les réalités physiques.

Dans le monde spirituel, il n’y a pas d' »événement », mais seulement de la création, et toute « connaissance » dans ce monde est une production ou une forme active dans la substance mentale. La connaissance est donc une force active, un savoir-faire, une activité artistique tout à fait créative. C’est pourquoi les langues anciennes ont une seule racine linguistique – gen, g-n – pour « produire », « engendrer », « donner naissance »: gignere et « reconnaître »: gnoscere.

Les relations qui naissent de cette légalité mentale entre les réalités spirituelles se présentent ici aussi sous le triple aspect de l’espace, du temps et de la causalité.

Dans l’espace mental, les structures mentales n’apparaissent pas les unes à côté des autres, comme les structures de l’espace physique, ou les unes avec les autres, comme les structures de l’espace psychique, mais « les unes dans les autres », la mesure de l’espace mental devenant une mesure de la concentration ou de la déconcentration mentale, c’est-à-dire du rassemblement ou de la dispersion des formes créées dans l’esprit, dans lesquelles les réalités du monde mental doivent être aspirées pour devenir « nôtres ». Dans son ouvrage La critique de la faculté de juger, Kant appelle ces deux dimensions spatiales du monde spirituel la faculté de généralisation et la faculté de spécification.

Grâce à ces deux fonctions fondamentales, les réalités du monde spirituel sont maintenues dans un rapport d’ordre, d’attribution et de supériorité mutuels, grâce auquel naît ce qui se présente dans le monde terrestre comme la causalité « efficace » ici. Les rapports causaux terrestres sont l’ombre des « rapports spatiaux » spirituels dans le domaine de l’air.

Le processus mental ou de connaissance est donc une production constante des formes dans lesquelles nous abritons les contenus mentaux, c’est donc en fait un « puisement » dans le réservoir de la substance mentale au moyen du récipient que nous fabriquons à chaque fois. Mais ce qui assure à ces formes et à leurs rapports mutuels la pérennité et la solidité, c’est une sorte de contrainte interne qui possède la même force inéluctable que la causalité physique. Nous l’appelons la logique ou la force créatrice de la pensée.

C’est par la force de cette logique que l’immense construction des réalités spirituelles est maintenue, c’est par elle que naît cette fermeté intérieure, fondée sur elle-même, immuable et durable, que nous appelons la vérité. La loi de l’espace qui règne ici est le « l’un dans l’autre », l’archétype de toute loi mathématique.

L’effort spirituel qui doit être fourni pour façonner et maintenir ces formes conduit à la catégorie du temps sur le plan spirituel. Mais ce qui est étrange, c’est que l’aspect mental du « temps » se rapproche dans sa spécificité de ce qui est ressenti dans le domaine physique comme « espace », c’est-à-dire comme ce qui sépare les réalités spirituelles ou les formes et repousse sans cesse leur intégration complète dans une réalité unique qui comprend tout en dessous et en elle.

Ce qui se présente donc dans le mental comme « temps » est l’analogue de ce qui signifie « espace » dans le physique, l’espace mental se révélant quant à lui dans le monde extérieur des sens comme la somme des lois mathématiques qui y règnent.

Mais dans la mesure où la fonction temporelle mentale, en tant que travail ou effort de création ressenti intérieurement, est tout à fait orientée vers l’avenir, son but devient quelque chose qui était en fait en même temps le début de toute révélation: le monde avant sa division, l’intégration globale du monde ou le retour de toutes choses – apocatastase –, le retour à l’unité. Et sur ce troisième plan, celui de l’Air, on retrouve à nouveau les trois catégories:

  • l’actif (Rajas): création des formes (Balance);
  • le passif (Tamas): placer les formes dans le système (Verseau);
  • le compensatoire (Sattwa): recherche des critères de valeur des

formes (Gémeau).

Et maintenant encore quelques mots sur la quatrième triplicité, le triangle de Feu. Le monde du feu ou le monde divin de la volonté originelle, qui s’expérimente dans le moi existentiel de chacun par révélation directe du moi essentiel (Soi), représente le monde le plus élevé d’où découlent toutes les impulsions de révélation; ce monde, que nous pouvons aussi appeler, en tenant compte du moi humain, le monde des impulsions morales, est au-dessus de l’espace, du temps et de la causalité, qui ne sont rien d’autre que ses trois aspects de révélation, tels que nous les avons connus dans [177] les trois nombres 1, 2 et 3, qui forment ensemble l’unité révélée.

L’expansion de la volonté crée la catégorie de l’espace pour les trois autres mondes, l’Air, l’Eau et la Terre, la volonté du monde qui s’expérimente en elle-même crée le temps et celle qui se connaît crée la causalité ou la loi suprême du monde manifesté.

Mais ces trois aspects de l’expansion, de l’expérience de soi et de la connaissance de soi sont en même temps les trois modes de la qualité du Feu, tels qu’ils s’exercent activement dans les signes du Bélier, passivement dans celui du Lion et en équilibre dans celui du Sagittaire!

Si nous jetons encore un bref regard sur les trois croix par lesquelles les quatre signes de la même modalité sont mis en relation, il en résulte la répartition des signes du zodiaque en trois groupes de quatre membres chacun.

Les membres du groupe Rajas sont aussi appelés les Signes Cardinaux, ceux du groupe Tamas, les Signes Fixes, et enfin ceux du groupe Sattwa les Signes Mutables (dit aussi équilibrants ou communautaires).

La plus grande puissance se révèle dans les Signes Fixes, car c’est en eux que se rassemble toute l’énergie des règnes Élémentaires correspondants, ils sont la caisse de résonance des énergies émanant des Signes Cardinaux. En eux reposent toutes les possibilités non encore utilisées des différents règnes; ils sont donc considérés comme le véritable réservoir des forces des quatre règnes, et ce sont eux qui sont désignés dans la Bible comme les quatre animaux sacrés, comme par exemple dans la vision d’Ezéchiel:

04 J’ai vu : un vent de tempête venant du nord, un gros nuage, un feu jaillissant et, autour, une clarté ; au milieu, comme un scintillement de vermeil du milieu du feu.

05 Au milieu, la forme de quatre Vivants ; elle paraissait une forme humaine.

06 Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes.

[…]

10 La forme de leurs visages, c’était visage d’Homme et, vers la droite, visage de lion pour tous les quatre, visage de taureau à gauche pour tous les quatre, et visage d’aigle pour tous les quatre.

Ezéchiel 1

[178] Devant et à droite, les Éléments masculins: Air – Verseau (Homme) et Feu – Lion.

À gauche et derrière, les Éléments féminins: Eau – Scorpion (aigle) et Terre – Taureau (bœuf).

En raison de l’accumulation de force, nous voulons également appeler ces Signes les Signes potentiels ou magiques.

Nous appellerons les Signes Cardinaux, ou Signes du tournant, les Signes décisifs, parce qu’ils sont placés aux points d’inflexion, et enfin les quatre Signes Sattwa, c’est-à-dire le Sagittaire (Feu), le Poisson (Eau), le Gémeau (Air) et la Vierge (Terre), dans lesquels se préparent l’utilisation, l’élaboration et la transformation supérieure, les Signes alchimiques.

Nous avons maintenant acquis une image de la particularité du rang de chaque section du zodiaque. L’image de l’Homme naît de la convergence de leurs rayonnements individuels.

Nous aurons à examiner comment l’être quadruple qu’est l’Homme, qui porte en lui l’harmonie des quatre puissances du monde grâce aux substances de son corps de Terre, d’Eau, d’Air et de Feu, reçoit et traite les radiations des différentes sections du zodiaque, et nous parviendrons ainsi à douze types d’Hommes que nous aurons pour tâche de décrire dans les prochains exposés.

Mais pour l’instant, résumons encore une fois brièvement ce qui était le but de notre étude d’aujourd’hui: reconnaître comment chaque être humain, venu au monde ici-bas, irradié par le Ciel, reçu par la Terre, demande à aller vers le haut, porté par tout ce qu’il peut élaborer ici en tant qu’acteur, souffrant, connaissant et voulant, lorsque, en traversant l’Élément Terre, il entrevoit là, dans l’ombre périssable des contenus matériels, les formes spirituelles, dont les réalités terrestres ne sont que des images, puis en traversant l’Élément Eau, il comprend l’insuffisance de tout ce qui l’entoure dans les mille formes ondoyantes de l’attente et de l’angoisse jamais satisfaites, pour enfin, dans le royaume de l’Élément Air, échapper au passé et mûrir pour l’action créatrice, vers le plan suprême du Feu divin.

[179] Car

Tout ce qui est éphémère n’est qu’une parabole,[Le monde physique]

L’insuffisant, ici devient l’événement,[Le monde astral]

L’incompréhensible, ici cela est fait.[Le monde mental]

L’Éternel-Féminin nous attire vers lui.[La direction vers Dieu]

C’est avec cette parole de Goethe, qui, tel un legs béni, indique la direction à toute aspiration véritablement humaine, que nous voulons maintenant conclure ces considérations générales sur la structure du zodiaque.

Laisser un commentaire