2.2 Introduction au zodiaque, sa structure, les douze sections, les quatre mondes élémentaires

2.2.1. Les dimensions du nombre 12

[156] Lors de notre dernière conférence, nous avons essayé de comprendre pourquoi le point de l’écliptique de l’équinoxe de printemps est considéré comme le début du zodiaque. L’expérience ésotérique du cercle nous a montré la voie. Le retour cyclique de l’éternel identique pousse finalement l’être humain, lorsque le désespoir d’échapper à ce cercle a atteint son paroxysme, à prendre la décision de le briser violemment afin de parvenir à la liberté de l’autodétermination, hors des chaînes dans lesquelles la nature voulait l’enfermer pour toujours. Ce qui se passe alors ressemble à la guérison d’une grave maladie mortelle – et c’est comme une telle maladie mortelle que l’Homme du passé immémorial, qui ne s’était pas encore éveillé au « je », mais dont le désir était déjà proche de cet éveil, ressentait l’enfermement sans volonté dans le cycle des événements naturels; le sacrifice était ainsi pour lui le seul moyen de le briser, à la manière du sacrifice humain dans la nuit du printemps que pratiquait les Indiens d’Amérique centrale. *

Le printemps sacré – Ver sacrum – des anciens Romains peut être considéré comme un écho tardif de cette coutume ancestrale à une époque déjà historique et chez un peuple à la culture déjà très développée. Ver sacrum, en fait « le printemps consacré à la divinité », était chez les peuples de l’Italie ancienne une offrande aux dieux de tous les produits du printemps suivant dans les périodes difficiles. Les fruits et le bétail étaient réellement sacrifiés; les enfants nés étaient chassés du pays lorsqu’ils étaient adultes, et on les laissait chercher de nouveaux sièges sous la protection de Mars, c’est-à-dire du dieu planétaire associé au Bélier; le Ver sacrum a été vanté pour la dernière fois chez les Romains lors de la deuxième guerre punique en 217 av. JC.

Pour revenir au sens profond du sacrifice, une figure très ancienne a d’ailleurs reçu le nom de « guérison »: en indien, Svastika ( en sanskrit स्वस्तिक, signifiant «de bon présage».) – ou plus précisément peut-être: Sauvastika (en sanskrit सौवस्तिक: «salutaire, être bien») – indique symboliquement cette explosion du cercle; c’est le signe de la croix gammée: l’illustration 8 nous montre la croix dans le cercle, le signe de la périodicité qui a pénétré dans la matière et y a été capturée, en même temps que le signe secret de la planète Terre elle-même, l’illustration 9 l’explosion du cercle aux quatre [157] points caractéristiques, qui correspondent au point vernal, au point automnal et aux deux points solsticiaux:

Illustration 8: la croix dans le cercle: symbole secret de la Terre.
Illustration 9: éclatement du cercle des réincarnations.


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En fait, ces trois derniers points étaient également ressentis comme une sorte de tournant de même nature que le point vernal et jouaient un rôle important dans la vie cultuelle des peuples primitifs. Le point d’automne, dont l’atmosphère fait peut-être autant écho au poème de Lenau qu’à l’expérience du printemps, était le début de l’année chez de nombreux peuples orientaux, en particulier chez les Hébreux, alors qu’actuellement, dans les pays occidentaux, c’est généralement le solstice d’hiver qui occupe cette place. Nous y reviendrons plus tard.

Dans les quatre cas, il s’agit d’un « tournant » ou du franchissement d’une limite. Mais c’est au point vernal qu’a lieu le tournant le plus important et le plus marquant, celui qui, d’un point de vue ésotérique, consiste à surmonter le soi apparent (moi existentiel) pour atteindre le soi véritable (moi essentiel).

Aujourd’hui, notre tâche sera d’approfondir notre connaissance de la structure du zodiaque, une fois que le point de départ de ce cercle aura été déterminé. Essayons donc tout d’abord, en faisant abstraction de toutes les relations scientifiques occultes, de considérer le zodiaque comme un simple cercle géométrique. Dans une certaine mesure, nous avons déjà appris le sens ésotérique de sa division en douze, qui découle de la nature géométrique de la ligne circulaire. Selon un théorème géométrique, le rayon du cercle peut être reporté sur sa circonférence six fois comme corde. Ainsi, la division du cercle en six parties est compréhensible. La division en douze, puis en vingt-quatre, résulte facilement de la division en deux du sixième ou de son prolongement; mais le nombre six reste la mesure de base du cercle. Appliqué au zodiaque, il conduit directement à la division en douze en se combinant avec les quatre points de repère:

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Johannes Kepler, qui traite du même problème dans son ouvrage Schöpfungsgeheimnisse in Weltentiefen (« Secrets de la création dans les profondeurs du monde »), à savoir la division en douze du zodiaque et du cercle en général, arrive à une solution relativement simple, qui a de nouveau à voir avec les nombres fondamentaux 3 et 4 (3×4 = 12). Si l’on construit à partir d’un point de la ligne circulaire le triangle régulier inscrit, puis à partir du même point le quadrilatère régulier inscrit (carré), on obtient comme plus petit arc de cercle le douzième du cercle:

Cette intuition ne lui vient pas seulement de considérations géométriques, mais en premier lieu de l’idée d’une harmonie générale à laquelle la musique lui montre directement le chemin, en tant qu’écho de l’harmonie cosmique universelle à travers les mesures spatiales, devenues sonores, de l’Univers.

Si l’on se représente donc le cercle comme une corde sonore, la moitié de cette corde, le demi-cercle, donne l’octave, le tiers la quinte, le quart à nouveau l’octave, et les trois quarts donnent la quarte de leur note fondamentale, donc les nombres fondamentaux pythagoriciens de l’harmonie!

Au-delà de ces mesures de base, on peut encore réaliser la division en cinq, qui correspond à la tierce. Dans le cercle lui-même, on obtient ainsi une soixantième, une cent vingtième et enfin une division en trois cent soixante degrés ou degrés de la fonction circulaire. Pour ceux qui s’intéressent particulièrement à cette idée de Kepler, nous renvoyons son ouvrage Harmonices Mundi (« L’Harmonie du Monde »).

Illustration 12


Si nous retenons tout d’abord que les nombres 6 et 12 ont été reconnus comme étant intimement et directement liés à l’idée du cercle, alors la voie s’ouvre encore à une autre connaissance, [illustration 12] suffisamment étrange, qui conduit à une relation encore jamais mentionnée entre le cercle et le nombre 7, le nombre des Planètes sacrées: six cercles de même diamètre enferment entre eux un septième cercle de même taille.

Essayons maintenant d’établir une relation interne entre ces considérations géométriques et notre étude sur le point de départ du zodiaque.

Si nous nous souvenons tout d’abord que nous avons compris la figure humaine comme émanant du zodiaque par une sorte de pangenèse, dans laquelle repose son archétype, nous pouvons alors comprendre que la division en douze de cette archétype repose sur la figure humaine sous une forme ou une autre, que la figure humaine doit elle aussi contenir le nombre douze en tant que nombre organique du cercle. Mais nous nous trouvons ainsi à nouveau devant l’antique doctrine de la correspondance mutuelle des douze membres [160] de l’Homme microcosmique et des douze membres du zodiaque. Selon cette doctrine, nous avons les correspondances suivantes:

Les termes « tête », « bras », etc. se réfèrent directement à l’apparence physique de l’Homme, mais d’un point de vue ésotérique, ils se rapportent à la structure du corps humain vécu intérieurement. Cela signifie que lorsque nous parlons de la « tête », nous avons devant nous l’apparence extérieure de ce qui, saisi intérieurement, est le rayonnement du Bélier, et lorsque nous parlons des « pieds », nous avons devant nous ce qui est vécu intérieurement comme le rayonnement du Poisson, et lorsque nous parlons du « cœur », nous avons devant nous, dans la manifestation physique, ce qui est vécu intérieurement comme le rayonnement du Lion, comme nous avons devant nous, dans l’élément « sodium », la manifestation physique de ce qui correspond à la ligne « D » dans le « spectre solaire« .

Si nous considérons maintenant la forme de l’Homme dans ce sens, il s’ensuit tout naturellement que nous devons placer le début du cercle humain entre le « Bélier » et les « Poissons », c’est-à-dire entre la « tête » et les « pieds », la « tête » étant considérée comme le début, les « pieds » comme la fin du cercle humain. Mais comment les « pieds » et la « tête » se rejoignent-ils? Si nous nous représentons la figure humaine courbée en cercle, comme par exemple Kepler l’a fait avec la corde sonore, alors l’achèvement d’une extension du cercle serait l’expérience intérieure unique, progressant d’organe en organe, de l’organisation humaine ou de la structure de l’embryon de Dieu de chaque être humain à son niveau, selon son degré de développement. Mais si l’Homme veut aller au-delà, s’il ne veut pas rester à son niveau, il doit aussi briser ce cercle, c’est-à-dire s’efforcer de se dépasser, de s’élever au-dessus de lui-même [161], de sorte que, dans le nouveau cercle qu’il commence ainsi, son point le plus bas devienne ce qui était auparavant son point le plus haut: il doit mettre les « pieds » au-dessus de la « tête » pour, à partir de là, continuer à grandir, plus haut, il doit sacrifier son cercle humain pour accéder au cercle supérieur.

Lame XII du Tarot…

Une très ancienne figure mystique doit nous rendre cela plus clair.

Dans une série d’images symboliques qui tentent de représenter la signification secrète des 22 premiers chiffres, qui correspondent en même temps aux 22 lettres successives de l’alphabet hébreu ancien (Taro [sic]), apparaît comme symbole du nombre 12, donc du nombre du cercle, l’image du « pendu« , c’est-à-dire d’un homme qui apparaît relevé par un pied, de sorte que toute la figure humaine est pour ainsi dire renversée et que le haut devient ainsi le bas. Mais cette image de l’Homme montre en outre une position tout à fait étrange des membres. La jambe libre est croisée sur celle qui est attachée (croix, carré), mais les bras sont fermés avec la tête en une sorte de triangle, ce qui donne à peu près la figure géométrique qu’on peut voir à gauche.

Ne sommes-nous pas à nouveau en présence du sacrifice humain, même si c’est dans un autre sens? Ce n’est plus la mort corporelle volontaire, c’est la « mort éternelle » saisie spirituellement, comme il est dit dans les paraboles de Tchouang Tseu, qui seule rend l’Homme capable de progresser dans son évolution et le libère du cercle. « Meurs et deviens! », c’est ainsi que Goethe appelle ce commandement au sacrifice.

[162] Si nous observons de plus près la figure du pendu, qui se compose d’un triangle et d’une croix, donc des nombres 3 et 4, ne nous rappelle-t-elle pas, d’autre part, par la juxtaposition de ces nombres, l’ancienne énigme du Sphinx: le matin à quatre, le soir à trois? Sauf que l’exigence est désormais la suivante: faire du soir un nouveau matin, qui puisse hériter de celui d’hier, plus libre, plus riche et meilleur – vers le nouveau jour.

Pour l’instant, nous ne suivrons pas plus loin les traces de la symbolique ambiguë de cette figure, qui nous occupera encore plus tard. Retenons que le nombre 12 nous est apparu directement à partir de l’idée du cercle et que l’intersection entre les « Poissons » et le « Bélier », c’est-à-dire le point vernal, doit être le point de départ ésotérique de cette division en douze.

Mais on arrive aussi à cette division en douze de l’écliptique d’une manière extérieure, empirique, si l’on fait attention au fait que le Soleil rencontre douze fois la Lune lors de son voyage annuel à travers le zodiaque.

C’est ainsi que naissent les douze mois de l’année solaire, qui, calculés chacun à environ 29½ jours, ne remplissent cependant pas complètement l’année… Les difficultés calendaires qui en résultent constituent un chapitre particulier de l’évolution historique du calcul du temps des différents peuples.

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