Ce n’est qu’à travers cela qu’une connaissance de l’intérieur – ou, comme nous l’avons dit, une connaissance secrète, ésotérique, de tout ce qui est à l’extérieur – est possible, parce qu’elle est une immersion dans la connaissance de Dieu. Plein d’une telle connaissance, le vieux mystique Goethe nous dit:
N’était-ce l’œil ensoleillé,
Le soleil ne pourrait jamais le voir;
N’était-ce pas en nous la puissance de Dieu,
Comment le divin pourrait-il nous ravir?
Wär’ nicht das Auge sonnenhaft, – Nie könnt’ die Sonne es erblicken, – Wär’ nicht in uns des Gottes Kraft, – Wie könnt’ uns Göttliches entzücken?
Mais il n’est pas l’heure de nous étendre sur cette pensée! Il suffit de montrer comment ce que Rama Krishna a voulu exprimer par la parabole du grain de sel, précisé aussi par l’image de l’étoile à cinq branches, apparaît dans l’esprit du scientifique moderne, et comment le corps humain peut effectivement être appelé un pont d’ici à là et constituer ainsi un point de départ important pour la fondation de la science ésotérique en général et de l’astrologie en particulier.
Mais ce corps humain, que nous avons appris à connaître comme un lien physique entre le savoir profane et le savoir ésotérique, n’est pas le seul pont. Il existe un autre pont entre ici et là, qui est de nature purement spirituelle. Lui aussi nous est donné sous la forme d’un « savoir » qui est en quelque sorte banal, mais qui, formé scientifiquement, possède la valeur de la plus haute et ultime exactitude. Cette science, qui présente un double visage, pour ainsi dire, l’un, « secret », tourné vers l’intérieur, et l’autre, profane, tourné vers l’extérieur, c’est la mathématique. Les mathématiques possèdent en effet tous les critères de la science ésotériques, puisque toutes ses connaissances peuvent être acquises en toute pureté à partir du seul intérieur. Pour cette raison, la connaissance mathématique est également immédiate, elle ne repose sur aucune expérience extérieure; chacun est le témoin direct de la vérité, à l’intérieur de laquelle sa connaissance est générée et construite encore et encore entièrement de l’intérieur d’elle-même. La connaissance mathématique, comme le fait de notre identité, ne nécessite aucune preuve extérieure.
On pourrait maintenant penser que les résultats des mathématiques, malgré leur cohérence interne fermée, pourraient aussi être considérés comme une simple imagination, si nous n’étions pas confrontés au fait, qui doit d’abord sembler un miracle, que les résultats de cette « imagination » peuvent non seulement être appliqués à cet étrange monde extérieur, mais nous révèlent même les lois de cet événement extérieur, qui n’acquièrent leur valeur scientifique que parce qu’elles peuvent être exprimées d’une manière ou d’une autre sous la forme d’une formule mathématique.
C’est ce fait qui donne aux mathématiques leur valeur de pont entre l’intérieur et l’extérieur. En effet, de même que les formes cristallines du cube, de l’octaèdre, du tétraèdre, etc., nous apparaissent à l’extérieur comme des formations naturelles nées de forces extérieures, de même les formes géométriques idéales qui les sous-tendent naissent en revanche de manière purement spirituelle à l’intérieur de nous-mêmes par une genèse spirituelle et indiquent une liaison secrète entre l’extérieur et l’intérieur comme une source commune. Les mathématiques sont la révélation vivante de la vie secrète du nombre lui-même, et toutes les parties – partes – qui ont surgi de l’unité ont surgi de l’unité, comme dans la multiplication des cellules, par division (partus = naissance!). C’est en ce sens que Lao-Tseu dit des nombres: le un engendre le deux, ces deux produisent le trois et le trois tous les autres nombres.
Toute connaissance mathématique naît de l’unité, de la connaissance secrète vivante unifiée. Mais dans les limites de cette connaissance ésotérique des nombres, ils ne se présentent pas comme des mesures d’extension dans l’espace et le temps, mais comme le système naturel de l’interrelation vivante-organique entre l’Un et les parties qui en sont issues, en lesquelles il se différencie intérieurement. Ce qui est expérimenté intérieurement de cette manière à travers le nombre est la conscience de l’unisson entre le Tout en tant que grande Unité et Moi en tant que petite Unité, ou la forme générale de la cohérence cosmique continue dont nous avons parlé au début: de l’Un et de ses parties.
Il existe encore un autre exemple quotidien de cette expérience, qui nous est donné immédiatement comme un écho terrestre semi-mondain de cet unisson cosmique: la musique. La musique est l’expérience intérieure immédiate des chiffres. C’est une sorte de message sur la connexion intérieure du monde dans son ensemble, et dans ce sens les anciens parlaient aussi de l’harmonie des sphères – et Goethe en parle par la bouche de Raphaël dans son Faust:
Le soleil résonne d’une manière ancienne,
Dans des sphères fraternelles, des chants compétitifs.
Die Sonne tönt nach alter Weise – In Brudersphären Wettgesang.
Source: Das Testament der Astrologie, tome 1, Oskar Adler, 1930-38