Nous nous tournons maintenant vers le Signe du Lion, la modalité fixe ou Tamas de la qualité Feu.
Dans ce Signe, la force du vouloir se rassemble et mûrit au plus haut degré de concentration, s’élève à la plus haute puissance du « Je » et s’y affirme en tant que volonté consciente de vivre. Cette « affirmation de soi » ne doit être comprise ni comme un processus physique, ni comme un processus psychique ou mental, mais comme la sensation de vie intemporelle la plus immédiate, enracinée dans le moi, de l’être toujours présent. « Je suis qui je suis » pourrait être l’expression d’un tel sentiment de vie qui s’affirme. Pour comprendre cela, nous devons d’abord partir de la Planète, qui est le transmetteur de force du rayonnement du Lion et en outre, [293] comme nous l’avons déjà expliqué, le véritable intermédiaire entre le cercle primaire des étoiles fixes et le cercle secondaire des animaux solaires (le zodiaque) – nous voulons parler du Soleil lui-même, le centre de notre cosmos – à ne pas confondre avec le centre de l’univers.
Le Soleil, appelé Planète au sens astrologique du terme parce qu’il semble, d’un point de vue géocentrique, se déplacer entre les étoiles fixes, n’est pas seulement la plus significative des Planètes, mais aussi, dans sa forme actuelle, la mère originelle commune à toutes les autres Planètes, la source de toute la vie Planétaire, la dispensatrice de lumière, de chaleur, l’émettrice de toutes les autres énergies dites actiniques1. Si nous essayons de saisir ésotériquement ce qui nous vient ainsi du Soleil, cela devient en nous le symbole direct de la révélation du moi (Tipheret), car il a sa correspondance dans le noyau terrestre héliotique de la Planète Terre elle-même, c’est-à-dire dans le Feu terrestre intérieur. Mais ce que nous appelons lumière et chaleur prend également une signification ésotérique très particulière. La « lumière », l’Aur de la Bible, qui, créée au premier jour de la création, se trouve au début de la révélation du monde, est aussi la condition de base de toute révélation. C’est la polarité de la vibration originelle opposée aux « ténèbres », dont les phases opposées se comportent l’une par rapport à l’autre comme le jour et la nuit, comme l’être révélé et l’être non révélé.
4 Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres.
5 Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit.
Genèse: 1
Mais le mot Aur révèle déjà plus que le simple fait d' »être dans l’aimé », il va bien au-delà de tout ce que l’on a l’habitude de se représenter exotériquement sous le terme « aimé ». Ce sont surtout les trois signes phonétiques de ce mot archaïque qui indiquent une triplicité se révélant dans l’éclat de la lumière, que l’on peut tout à fait mettre en parallèle avec la trinité de l’acte de révélation de l’unité elle-même, mais qui se présente ici à nous dans un sens particulier:
- A, la première lettre de l’alphabet, aleph, indique le point de départ de la révélation: être = être originel;
- R, Resch, Kaput, tête: être saisi dans la conscience;
- V, Waf = clou, aiguille, indique l’union de la conscience et de l’être dans l’acte de se saisir soi-même de l’être.
C’est cet acte trinitaire de l’illumination de la révélation de soi qui détache la lumière originelle des ténèbres, et cette « lumière » brille simultanément à l’intérieur et à l’extérieur, ce n’est que dans cette lumière que l’extérieur devient reconnaissable comme étant en même temps intérieur. C’est dans l’Aur que réside la possibilité de toute perception sensorielle, c’est-à-dire de la découverte de quelque chose qui est en dehors de nous et qui pourtant peut être trouvé en même temps en nous: [294] e mystère de la révélation du monde. C’est pourquoi la syllabe Aur constitue également la racine commune de la langue pour tout ce que les sens nous apportent du lointain extérieur. N’est-il pas assez étrange que les Grecs anciens, par exemple, aient utilisé le même mot que celui qui signifie « entendre » dans notre langue pour désigner le « voir »: au mot allemand « hören » correspond le mot grec horan, qui signifie « voir », les deux expressions étant formées à partir de la racine Aur. En latin, aura, aurora sont des phénomènes lumineux, tandis que auris est l’oreille, et en grec, ops, la voix, et optikon, ce qui est lumineux, etc. Chez les Perses: Ahura Mazda, Ormuzd, le grand être solaire, indique cette force qui coule vers la Terre à travers le Soleil, mais qui n’est pas la lumière au sens physique du terme, mais la révélation de la lumière originelle, la clarté vécue dans la conscience, dans laquelle seul le monde, et surtout le Soleil lui-même, devient visible en tant que corps céleste. Le « monde en tant qu’apparition » reflète ce qui vit en nous en tant que luminosité de la conscience.
Il est intéressant de noter que la conception de l’acte visuel de la part des platoniciens et des épicuriens s’inscrivait entièrement dans le cadre d’une telle conception fondamentale, qui rapportait la lumière extérieure et la lumière intérieure à une racine commune. L’œil émet des rayons qui rencontrent les rayons émis par les objets et reviennent ensuite vers l’œil avec la sensation de ces objets (Leonard Landois, Lehrbuch der Physiologie).
Si nous essayons de nous rendre compte de manière vivante et intime de cette immersion dans le rayonnement de la lumière originelle, nous aurons alors saisi l’essentiel de ce que nous pouvons appeler le rayonnement du Lion, la modalité Tamas de l’Élément Feu. Mais la « chaleur », appréhendée de manière ésotérique, prend également une signification particulière. Si, dans la lumière, nous ressentions l’extrême de la révélation du monde, nous vivons dans la chaleur l’intensité de notre participation à la révélation ou de la participation de notre moi au fait de la vie universelle.
Essayons de nous rendre compte de ce fait par une image que nous empruntons d’abord à l’observation exotérique de la nature. La chaleur est, d’un point de vue physique, le réservoir universel de toutes les énergies actives dans le monde. De ce réservoir, des quantités d’énergie s’écoulent sans cesse dans toutes les directions, prêtes à se transformer et à revenir chez elles après s’être réfléchies, elles s’écoulent vers toutes les parties du cosmos, les baignant, les réchauffant et les nourrissant, [295] comme par l’ardeur d’un amour qui englobe tout avec la même intimité. Mais si nous pouvions, avec des yeux formés au cosmos, suivre le cours de ce rayonnement et observer en particulier comment il est absorbé par les organismes vivants, nous observerions alors des choses étranges. Selon les enseignements de la physiologie, l’aspect extérieur du processus de vie organique se présente comme une sorte de combustion lente du substrat matériel de la vie, c’est-à-dire des composants chimiques des corps cellulaires, dont l’indice de combustion reconnaissable extérieurement constitue justement la « chaleur vitale ». Mais si nous pouvions suivre ce processus de combustion lente des substances organiques au moyen d’une sorte de film en « accéléré », comme on l’appelle dans la technique cinématographique, nous verrions à la place de chaque être vivant une petite flamme – une petite flamme flamboyante sur laquelle se répète en miniature le miracle biblique du buisson ardent, le miracle que la forme vivante ne se consume pas dans ce Feu, mais qu’elle se révèle au contraire dans sa vraie nature seulement à travers cette flamme. Et si nous pouvions à nouveau observer le même processus non pas au moyen d’un accélérateur, mais d’un « ralenti », qui devrait bien sûr aller bien au-delà de ce que nous avons l’habitude de voir au cinéma en tant que ralenti, nous ne serions plus témoins d’un événement optique, mais nous ressentirions les vibrations de la chaleur, désormais extrêmement ralenties, comme des sons et finalement comme des chiffres.
Toutes ces flammes et ces flammèches, dont les couleurs vont du rouge le plus sombre au blanc le plus lumineux, et tous les sons, du plus grave au plus aigu, et toutes les températures, du froid le plus glacial à l’ardeur la plus brûlante, nous renseignent sur l’immense échelle des différentes intensités de la symphonie vitale de l’univers, dont le Soleil est pour nous le messager, selon les mots de Goethe:
Le Soleil résonne à l’ancienne dans les sphères de la fraternité.
Vous et moi sommes, dans cette symphonie mondiale, de petites flammes Solaires avec leur propre lumière, leur propre chaleur et leur propre son, éclairées par la « lumière » universelle et intégrées dans celle-ci, participant à l’Aur.
Cela devait être dit au préalable, afin de montrer clairement ce qui vibre dans le sentiment de vie immédiat, s’affirmant lui-même, et qui constitue la disposition de tous les Hommes qui incarnent le pur rayonnement du Lion.
Nous allons maintenant essayer de dessiner en quelques traits la caractéristique principale [296] de l’Homme fictif symbolisant le Lion pur. Celui-ci possède avant tout une vitalité très forte qui, chargée d’un optimisme presque élémentaire, atteint un tel degré dans le sens de la nature Tamas du Signe du Lion qu’elle rayonne sur l’entourage autant que la force magique de la nature du désir que nous avons vu chez l’Homme Scorpion. L’Homme Lion aime aussi s’entourer de personnes sur lesquelles il peut faire rayonner sa joie de vivre et d’aimer. Mais sa relation avec cet environnement est bien différente de celle de l’Homme Aquatique, dont nous avons pu constater dans l’ensemble qu’il était en fait fortement dépendant de son entourage. Pour l’Homme Cancer, son environnement représente une sorte de protection de l’âme, pour l’Homme Scorpion, la nourriture de l’âme toujours indispensable, pour l’Homme Poissons, le substitut de la force directrice intérieure manquante. À l’opposé, on trouve l’indépendance intérieure de l’Homme Lion vis-à-vis de son entourage, dont il n’a en fait pas du tout besoin, mais qu’il aime pourtant, parce qu’il peut lui faire don de sa joie de vivre et que celle-ci lui revient par rayonnement, de sorte qu’il se voit dans son reflet comme le reflet de son propre Soleil et de sa force vitale. « Vivre et laisser vivre » est en quelque sorte sa devise. Il y a là une certaine ressemblance avec le processus de réflexion que nous avons connu chez l’Homme Scorpion, mais ce qui fait la différence, c’est l’indépendance psychique de l’Homme Lion vis-à-vis des autres.
Il en résulte un fort sentiment de valeur personnelle, qui entraîne un haut degré de conscience de soi et un sentiment d’importance de sa propre personnalité, auquel s’ajoute ce que nous appelons communément la fierté2. Mais cette fierté ne provient pas, comme par exemple chez l’Homme Verseau, de l’idée d’être quelque chose d’unique ou d’exceptionnel; elle n’est en effet pas du tout perçu par l’Homme Lion comme une qualité réelle, mais elle naît seulement du jugement de son environnement, elle est pour ainsi dire la réaction mentale par laquelle l’entourage accuse réception de l’indépendance intérieure clairement ressentie par l’Homme Lion vis-à-vis de ceux qui l’entourent. Mais la gaieté intérieure et la couleur de fond joyeuse de l’ensemble de l’attitude face à la vie sont liées au fait que l’on trouve généralement très tôt une tactique de vie qui vise à tenir à l’écart tout ce qui dérange le confort et la joie d’exister et surtout à éviter d’endurer les souffrances et les tourments psychiques ou à les vivre avec compassion. De même que l’Homme Cancer se méfie de tout environnement dont il soupçonne qu’il n’est pas bienveillant à son égard, [297] l’Homme Lion évite la compagnie des personnes tristes ou psychologiquement oppressées, ou bien il cherche à intervenir immédiatement pour les aider, en raison du sentiment de malaise que la présence de telles personnes provoque en lui. L’Homme Lion n’aime voir personne souffrir, comme il fuit lui-même toute souffrance pour sa propre personne.
Cela tient au fait qu’il n’est généralement pas un psychologue qui fouille dans les profondeurs et les abîmes de la vie de l’âme, et qu’il est même étranger à tous les problèmes de l’âme qui tourmentent tant les hommes Aquatiques. C’est pourquoi il n’est pas non plus un « connaisseur de l’Homme » au sens où l’entendent ceux qui considèrent que les combats de l’âme qui font rage, tantôt consciemment, tantôt inconsciemment, à l’intérieur de l’Homme avant qu’il ne se ressaisisse finalement pour passer à l’acte libérateur, constituent le substrat essentiel du jugement de l’Homme. Conformément à sa nature Feu, la seule chose importante pour l’Homme Lion dans l’évaluation d’autrui est le résultat final de ces conflits intérieurs, et il peut le prédire avec une étonnante certitude, parce qu’il voit dans l’autre avant tout celui qui veut et parce qu’il sent que, dans toutes les décisions, seule compte finalement la force éthique de ce vouloir. De même que l’Homme Lion n’éprouve aucune tendance à entrer dans les conflits psychiques ou spirituels des autres, sur lesquels il passe outre avec un humour compatissant, il n’est pas non plus, en ce qui concerne sa propre personne, un ruminant, un bricoleur ou même un Homme d’humeur, et il est ainsi hautement indépendant des fluctuations momentanées du baromètre psychique. Comparé au caractère capricieux qui ne fait presque jamais défaut chez l’Homme Aquatique, ou à la timidité mentale et à la prudence critique de l’Homme Aérien, l’Homme Lion apparaît à son entourage avec une sérénité bienfaisante. Celle-ci, associée à sa propre indépendance vis-à-vis des autres Hommes et de leurs jugements, lui confère une forte supériorité dans les relations morales, l’indifférence aux critiques des autres le rend intrépide, courageux et généreux3.
L’Homme Lion n’aime pas non plus se ridiculiser, même si la honte n’est pas pour lui une catastrophe, comme elle peut l’être pour l’Homme Cancer par exemple; il la surmonte avec le même humour bienveillant qu’il surmonte celle des autres.
Il semble maintenant important de distinguer ici aussi le type Lion tourné vers son moi existentiel du type tourné vers son moi essentiel. On peut tranquillement dire que, dans le cas présent, les différences [298] se manifestent extérieurement, précisément parce qu’elles ont leurs racines dans la moralité de l’Homme, comme si l’Homme Lion tourné vers son moi existentiel était une sorte de diminutif moral de l’Homme Lion tourné vers son moi essentiel, ou une sorte de Lion nain – de même que le chat, par exemple, peut apparaître comme une image réduite du grand lion –, un Homme Lion qui est en retard dans sa croissance morale intérieure, dont les qualités prédisposées à la grandeur sont condamnées à l’estropier dans le « petit chat »!
En partant de cette idée, il ne sera pas difficile de donner les caractéristiques de l’Homme Lion tourné vers le moi existentiel. La joie de vivre débordante, l’affirmation de soi, la tendance à éviter ce qui est sombre et laid se transforment en jouissance, en chasse aux plaisirs, associées à la tendance à se soustraire à toutes les conséquences malheureuses de ses propres actions, c’est-à-dire en insouciance dans toutes les affaires de la vie. En ce qui concerne les relations avec les autres, la comparaison avec le chat peut nous rendre quelques services. Le chat aussi, comme le lion, est un animal royal: il n’a que faire des Hommes qui le caressent et le cajolent volontiers; il peut ressentir de grandes quantités de bienveillance et de témoignages d’amour, mais quand il en a assez, il s’étire et s’en va tout simplement, comme s’il voulait montrer aux Hommes son dédain royal pour de si bas témoignages d’estime. Il en va de même pour l’Homme Lion tourné vers le moi existentiel: il supporte volontiers qu’on lui témoigne de l’amour, dont il ne prend toutefois que ce qui flatte sa propre valeur. Ensuite, il s’en va, lui aussi, sans aucun sentiment de reconnaissance. Ce fait se manifeste tout particulièrement dans le domaine érotique. Ici, la tendance est d’oublier le partenaire, non seulement avec légèreté, mais aussi de le mépriser, une fois qu’il a fait son devoir d’objet de plaisir.
Le plaisir de se moquer et de rabaisser ce qui est en dehors de sa propre capacité de compréhension cache trop souvent la peur inavouée de faire face à sa propre infériorité. Ce que nous avons appris à connaître comme insensibilité – ou autrement dit: la répugnance à descendre dans les profondeurs des conflits psychiques et spirituels – se manifeste chez le Lion tourné vers son moi existentiel comme une image déformée dans un style de vie que nous pouvons désigner au mieux par les mots légèreté et irresponsabilité, [299] et comme il manque ici le grand support de l’élan vital, cette insouciance, combinée avec les autres particularités de la nature du Lion déjà mentionnées transformées en mesquinerie, s’unit pour former l’image peu réjouissante d’un philistin du plaisir de vivre. Au surplus, ce type de Lion tourné vers son moi existentiel est doté des caractéristiques de la complaisance et de la tendance à rabaisser et à se moquer avec une pitié ironique des natures plus profondes qui vivent dans toutes sortes de conflits spirituels.
Il en va autrement de Lion tourné vers son moi essentiel. Tout ce que nous avons reconnu jusqu’à présent comme étant conforme à la nature du Signe de Feu Fixe prend une autre signification à son niveau. L’orgueil devient le sentiment de la dignité de l’Homme. Le regard supérieur sur les luttes de l’âme chez autrui, qu’il n’est pas capable de reproduire lui-même en son for intérieur, devient une sorte de regard humoristique indulgent sur celui qui, dans sa constitution psychique, est moins disposé au bonheur que lui, à qui il manque quelque chose pour être heureux, quelque chose que ce Lion aimerait lui donner. Il aimerait faire le bonheur de toutes ces personnes, leur communiquer sa propre nature Solaire.
La « frivolité » du type tourné vers le moi existentiel devient chez le Lion tourné vers le moi essentiel une compréhension qui lui apprend que l’Homme qui, dans sa vie psychique, ne s’occupe encore de rien d’autre que des passions et de leur combat, doit être racheté en l’aidant à sortir de l’absence de liberté de son vouloir, dans laquelle il est tombé à cause de la prédominance excessive de sa vie instinctive, en lui insufflant l’idéal de la vraie joie de l’existence qui s’affirme elle-même. Ce Lion devient ainsi le consolateur de ses semblables, et l’on peut dire sans crainte de se tromper qu’il émane de lui un effet qui fait qu’en sa présence, on oublie la souffrance et que l’on se redresse, toujours grâce à son courage débordant de vie, comme sous la force des rayons du Soleil qui réchauffent et illuminent.
Dans ce contexte, l’optimisme pour la vie prend une signification particulière, que nous pouvons peut-être décrire au mieux comme une sorte de confiance en Dieu devenue organique et plus ou moins inconsciente. L’Homme Lion tourné vers son moi essentiel est tout à fait porté par le sentiment que tout doit virer au bien et que la victoire finale du Bien sur le Mal est une loi universelle immuable. Si l’on pouvait enfermer la doctrine de vie qui en découle dans un système philosophique, il en résulterait une philosophie qui serait un lien entre le [300] stoïcisme et l’épicurisme. Du stoïcisme, ce Lion en tirerait la maxime de ne jamais considérer les événements extérieurs de la vie comme pouvant toucher notre vrai moi, ni dans le bonheur ni dans le malheur, et de l’épicurisme la croyance en la valeur de la joie, contrairement au stoïcisme qui méprise le monde extérieur même avec ses joies.
Nous avons appelé le Lion le « Signe du vainqueur ». L’Homme Lion, quel que soit son type, se complaît dans la conscience de la force que le vainqueur tire de sa victoire. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il tient la force en si haute estime dans la vie; la force l’impressionne, il n’aime pas la mollesse. C’est pourquoi on aura peu d’effet sur lui si l’on fait appel à sa sentimentalité, mais beaucoup si l’on sait le saisir par sa conscience de la force et le flatter.
C’est en partant de l’organe qui correspond au rayonnement du Lion dans le corps humain – le cœur – que nous allons au mieux rendre justice à la nature de la véritable mission humaine qui incombe au Lion tourné vers son moi essentiel. De même que le Soleil est le centre de tout notre système Planétaire, le cœur est également le centre vital organique du corps; c’est de là que partent les flux sanguins vers tous les organes, y compris le cœur lui-même. Tant que le cœur bat, le corps humain vit. Le cœur est le siège de la volonté de vivre, de la volonté organique de vivre et de la force vitale. Dans le rythme des battements du cœur se répète la loi originelle de tout développement de la vie, il est la vibration devenue organique sur laquelle repose, comme sa troisième manifestation, l’unité trinitaire de l’acte de révélation – l’AUR –, et c’est dans ce sens que les anciens appelaient AO(u)R – TA le grand vaisseau du cœur qui fait affluer le sang vers le corps dans une large ramification. Cette considération nous ramène justement au symbole du Soleil, dans lequel on trouve aussi la relation directe avec le cœur: le cercle avec le point central signifiait en effet pour nous le point de départ de la révélation.
[301] Si nous considérons le cercle vide comme l’œuf qui s’éveille à la vie, alors ce point central signifie la première apparition de l’ébauche du cœur sous la forme d’un petit point palpitant et sautillant, qu’Aristote a appelé le « point sautillant », punctum saliens, la correspondance corporelle de la grande respiration universelle qui unifie à nouveau tout, ou du principe par lequel les millions de cellules réunies dans l’organisme humain reçoivent leur unité qui les réunit, reliées en tant qu’unité partielle aux millions d’unités partielles de ce type pour former les organismes immédiatement supérieurs, etc. C’est ainsi que le cœur devient, à l’intérieur du corps humain, une sorte de gouverneur ou de vice-roi de la vie organique dans le corps, comme le Soleil est roi dans le système Planétaire. C’est pourquoi les anciens appelaient cet organe Cor, Koiranos, Kyrois – Cherr, devenant en allemand Herr(« Seigneur » en français), puis Herz(le « cœur »).
Nous sommes maintenant en mesure de comprendre quel peut être le sens ésotérique de cette dignité royale qui fait du Signe du Lion le signe royal κατ’ εξοχήν, soit le représentant de la plus haute dignité humaine. Être le gardien de cette dignité est la véritable tâche de l’Homme Lion tourné vers le moi essentiel, et saisir avec une conscience responsable que de la préservation de la dignité humaine, dont il est le gardien désigné, dépend la possibilité même du développement supérieur de l’humanité.
Schiller disait de l’artiste:
La dignité de l’humanité est remise entre vos mains.
Et il déclarait aussi:
Que le chanteur aille donc avec le roi, vous habitez tous deux sur les hauteurs de l’humanité!
Le commandement le plus intime de l’Homme royal est de ne jamais descendre en dessous du niveau qu’il a déjà atteint et de toujours soutenir moralement, par son propre exemple, tous ceux qui constituent son entourage, non pas en leur donnant des ordres ou des conseils, mais grâce à la force magique que lui confère sa noblesse par la grâce de Dieu, de telle sorte que cela apparaîtrait comme une trahison à tous les autres qui l’entourent s’ils ne se sentaient pas dignes de lui.
1 Du grec ancien ἀκτίς, ἀκτῖνος, aktis, aktinos (« rayon »). (Photographie) Se dit d’un éclairage qui provoque une réaction chimique et impressionne une pellicule.
2 On ne s’étonnera donc pas dans la forte surreprésentation des natifs avec le Soleil en Lion parmi la clique qui occupent les plus hautes fonctions dans nos gouvernements…
3 À l’image du Christ!