2.5.2. Le Verseau

[261] Nous nous tournons maintenant vers le Signe du Verseau.

Aquarius, la modalité fixe, féminine ou Tamas du domaine de l’Air, rassemble toute la force de la connaissance créatrice jusqu’à sa plus haute puissance. Mais cette puissance reste totalement en repos sur elle-même – comme le diraient les physiciens le potentiel reste fermée sur lui-même, sans chercher l’accès à un « extérieur ». Ici se réalise de la manière la plus pure ce qui a été dit de la particularité de ce type d’homme fictif, dont la vie se déroule de manière purement intellectuelle, dans un monde qui est sa propre création mentale et dans lequel ne règne aucune autre loi que celle d’un rapport d’intégration, d’addition ou de superposition mutuelle de tous les éléments de l’être dans le cadre d’un immense édifice dont l’architectonique est celle de l' »espace » mental, tel que nous l’avons décrit dans le deuxième exposé.

Le reflet peut-être le plus immédiat de cette architectonique mentale dans le monde physique qui nous est commun à tous serait l’architectonique du langage humain et de la musique instrumentale pure. On ne peut donc parler d’espace ou de loi spatiale dans ce monde mental que par transposition; en réalité, le monde de l’esprit du Verseau est tout autant au-delà de l’espace physique que le sont le langage et la musique.

Un tel monde, qui est donc complètement détaché de l’espace physique, même s’il est construit selon les lois d’un espace intelectuel, peut être appelé Utopia, selon la méthode de Thomas More, afin d’exprimer clairement ce « ne pas être dans l’espace ». Nous arrivons ainsi à la première caractéristique essentielle de l’Homme Verseau: c’est un utopiste.

Dans cette utopie, l’Homme Verseau se vit comme le moine dans sa cellule, car il est lui aussi un moine, un monakos1, un colon « unique » dans son monde, où tout est en relation avec tout dans des rapports parfaitement saisissables intellectuellement, qui s’unissent dans leur ensemble en un équilibre parfait, de même qu’il est à nouveau soutenu et porté réciproquement par celui-ci, de sorte qu’il en résulte cette mesure suprême de la suffisance par soi-même, qui n’a plus besoin d’aucun soutien extérieur.

Cet « être livré à lui-même » dans son monde confère à l’Homme Verseau sa deuxième caractéristique essentielle: il n’est pas seulement l’utopiste, l’ermite, mais il est aussi l’autarcique – le « fort », celui qui est « le plus puissamment seul », qui sait que c’est dans cette nécessité d’être seul que réside sa force, qui sait que cette force est immédiatement menacée s’il abandonne à la légère sa solitude et quitte l’Utopie [262]. C’est pourquoi il peut lui sembler que le premier commandement est de rester fidèle à lui-même en toutes circonstances; l’intransigeance absolue vis-à-vis de la vie pratique devient le leitmotiv inconditionnel de son comportement.

L’autarcie décrite jusqu’ici ne concerne toutefois que la partie intellectuelle de sa vie. Il s’agit ici d’une exigence d’originalité absolue par rapport à toute réalisation personnelle: ne suivre les traces de personne si le chemin n’a pas été trouvé par ses propres moyens; préserver son indépendance intellectuelle à tout prix!

Lorsqu’on demanda un jour au compositeur Franz Lachner s’il était wagnérien ou brahmsien, il répondit avec indignation: « Ni l’un ni l’autre, je suis moi-même! »

L’Homme Verseau a sa propre vision du monde, sa propre science, sa propre éthique, sa propre psychologie et sa propre logique. Et c’est pourquoi il sent que pour préserver la pureté de cette particularité, il doit non seulement éviter de s’exposer à des influences étrangères, mais aussi de parler de son monde utopique aux autres, pour ne pas le profaner, pour ne pas avoir à le voir ébranlé de l’extérieur. Il doit le garder inaccessible aux pas des autres et rester lui-même inaccessible aux autres dans sa particularité.

L’orgueil spirituel, accompagné de la conscience de ne jamais pouvoir faire partie de la foule, d’être un élu, est donc une autre caractéristique de l’Homme Verseau. Mais c’est précisément parce que, par crainte de la profanation de son monde, il doit tenir à le soustraire à l’emprise des autres, qu’il doit à tout prix garder secrète la noblesse de son élection. Bien qu’au fond de son être, il soit réticent à tout compromis, il doit néanmoins faire semblant d’ignorer cette noblesse et conclure ainsi un pseudo-compromis avec lui-même.

Il doit, comme l’appellent les psychiatres, dissimuler la croyance en sa spécificité et se porter autant que possible comme les personnes « ordinaires » du troupeau.

Il va – et c’est une autre caractéristique de l’Homme Verseau – incognito parmi les autres; comme Haroun al Rachid ou l’empereur Joseph II, il est comme eux condescendant et affable avec une aversion intérieure pour tout ce qui est commun et ordinaire.

« Vous me semblez venir d’une noble maison, vous avez l’air fier et mécontent », agresse Frosch dans la cave d’Auerbach en faisant passer les invités étrangers pour de prétendus nobles.

[263] Dans le tableau général du caractère de l’Homme Verseau donné jusqu’ici, il n’est pas possible de distinguer la différence entre le type tourné vers son moi existentiel du type tourné vers son moi essentiel. Mais il est déjà clair que les traits individuels de cette image peuvent être appliqués sans changement essentiel à deux extrêmes: au sage solitaire et à l’idiot tout aussi solitaire à cause de son implication dans ses propres idées paranoïaques. Malgré toutes les différences entre ces extrêmes, leur ressemblance ne doit pas être si insignifiante. Plus d’un vrai sage a déjà été considéré par son entourage comme un fou et plus d’un fou comme un sage! Diogène était-il plutôt fou ou plutôt sage? Était-il l’un de ces fous dont la folie a une méthode, une méthode cohérente, sans contradiction interne, parfaitement élaborée? Cette idée de la méthode de la folie nous conduit à une notion qui appartient en fait au domaine du signe fixe de l’Air, et parce qu’il est suffisamment intéressant que l’on parle, pour caractériser la méthodologie rigoureuse de la pensée du fou, de l’idée fixe, c’est-à-dire d’une idée qui se révèle absolument incapable de compromis face à la réalité extérieure, parce que l’idée fixe exige que la réalité se conforme à elle, de sorte que la phrase de Protagoras: « L’homme est la mesure de toutes choses » devrait maintenant se lire: « Moi, je suis la mesure de la vérité elle-même, je suis la méthode, je suis la mesure de toutes choses! » Si l’on voulait classer la doctrine de vie ainsi caractérisée parmi les systèmes de doctrine philosophique, on arriverait sans doute à cette conception fondamentale que l’on appelle le solipsisme, c’est-à-dire une conception selon laquelle la seule chose dont l’existence est indubitablement établie est mon moi, notez bien mon moi, et non le moi en général. Cette conception ne peut exister qu’une seule fois dans le monde, à savoir en tant que mienne, elle ne se prête pas à l’enseignement, puisqu’il n’y a personne d’autre que moi qui puisse l’accepter. Mais nous sommes ainsi arrivés au point à partir duquel les chemins du type supérieur et du type inférieur du Verseau se séparent. Tous deux vivent dans leur utopie comme dans leur véritable patrie, mais c’est la nature particulière de cette utopie qui nous permet de reconnaître dans quelle direction évolue le type d’Homme qui l’habite.

Ce qui distingue essentiellement les deux directions possibles ici, c’est la relation avec le « Tu », le problème le plus difficile de tous ceux qui découlent de la nature du Verseau: comment l’Homme Verseau trouve-t-il le chemin vers le Tu à partir de son monde fermé? Trouver ou emprunter ce chemin n’est possible pour lui que [264] s’il accorde aussi au Tu le droit au Moi ou s’il laisse tomber son propre « Moi » surpuissant pour le retrouver, après s’être uni au Tu, sur un plan supérieur dans un Surmoi ou « Tout-Moi », face auquel le « Seulement-Moi », cette unité qu’il sait créé, est sacrifié, pour l’amour du Moi humain supérieur. Lorsque le Surhomme meurt, afin que soit réalisé le simple homme pur, qui doit maintenant trouver, à partir du bien connu de sa nature humaine universelle, le chemin vers l’Autre, qui est, comme lui, de la même noblesse que celle que confère déjà le rang cosmique du seul niveau humain.

Tous les Hommes nés égaux,

Sont une race noble.

Heinrich Heine

Mais pour bien montrer ce qui distingue le type de Verseau tourné vers le moi essentiel de celui tourné vers le moi existentiel, nous allons ici aussi partir de l’organe qui représente le rayonnement du Verseau dans la correspondance cosmique, à savoir: la partie inférieure de la jambe – et plus précisément les mollets, mais surtout les chevilles.

Les membres inférieurs sont la partie du corps humain où naissent les muscles dont la force nous permet non seulement d’avancer, mais aussi, et c’est encore plus important, de quitter le sol, de nous en détacher et de nous élever au-dessus de lui en sautant et en dansant, même si ce n’est que temporairement. Traduit en termes spirituels, ce détachement du « terrestre » signifie avant tout la libération et le détachement des liens du passé, de ce qui est traditionnel, hérité et transmis, de tout ce que Schiller appelle dans Wallenstein l' »éternel passé », « ce qui est valable aujourd’hui parce qu’il l’a été hier ».

Certes, ce qui était valable hier peut aussi l’être aujourd’hui, mais pas parce que c’était valable hier; mais plutôt seulement si on l’a retrouvé aujourd’hui. Ici, on ne dit pas, comme dans le Faust de Goethe « Ce que tu as hérité de tes pères, acquiers-le pour le posséder! », car c’est déjà en soi une malédiction qu’il existe quelque chose comme un héritage. « Fuis-le, afin de pouvoir renaître chaque jour entièrement à toi-même – léger et insouciant! nous enjoint l’Homme Verseau.

[265] C’est pourquoi le véritable Verseau doit être comme le Zarathoustra de Friedrich Nietzsche, le danseur qui s’est débarrassé de toute tradition sous quelque forme que ce soit et qui est la première et dernière autorité sur lui-même.

Mais c’est justement à ce moment-là, à ce court, trop court moment où le danseur se trouve au-dessus du sol, que la lourdeur de la Terre se manifeste à nouveau, qu’il doit revenir pour se repousser à nouveau, etc. Si la Terre ne formait pas le sol, comment utiliserait-il sa force? Ainsi, pour nous en tenir à notre image, il se forme un état dans lequel nous rencontrons deux éléments qui nous montrent clairement comment nous pouvons distinguer le chemin vers le haut, le chemin de l’homme du Verseau tourné vers le moi essentiel de l’autre chemin. L’un des deux éléments est donné par la tragédie de devoir toujours se repousser de la Terre – c’est le chemin de la protestation sans cesse renouvelée contre la lourdeur terrestre; l’autre élément est l’arrivée toujours en bas, après que nous ayons été en haut, que nous ayons joui en haut d’une vue plus libre et plus large que cela n’avait été possible en bas.

Celui qui suit la voie de la protestation vit dans un état de guerre permanent face à un monde d’ennemis qui ne fait que l’éloigner de lui et qui consomme déjà la plus grande partie de ses énergies vitales, lui imposant finalement comme dernier refuge la solitude et l’ascétisme. C’est ici que se dessine devant nous l’image de l' »excentrique », voire du cynique et finalement de l’ennemi de l’Homme, qui doit s’isoler pour tirer la dernière conséquence tragique du fait d’avoir succombé à la grande erreur de croire que la partie qui se détache prétendument du tout puisse jamais être un tout, un ensemble autonome. Mais c’est précisément parce qu’il est contraint de nier ce tout qu’il en résulte pour lui deux confessions de foi qui pourraient plutôt être appelées confessions d’incrédulité et qui jouent le même rôle devant le forum de sa propre conscience que la dissimulation susmentionnée devant le forum de l’environnement. Il est athée sans conviction et irréligieux sans liberté intérieure.

Et de même que le danseur qui se pose de temps en temps sur le sol terrestre peut considérer ce débarquement comme une interruption désagréable mais malheureusement nécessaire de son vol plané, de même le type du Verseau tourné vers le moi existentiel ne prend note de la nécessité de devoir sortir de temps en temps de son exclusivité que dans la mesure où, en ce qu’elle lui fait toujours reconnaître combien tout semble meilleur, plus parfait et plus harmonieux dans sa cellule utopique, dans laquelle il trouve sans friction ni lutte les correspondances spirituelles ou les substituts non avoués [266] de toutes les valeurs dont les images déformées à l’extérieur le dégoûtent tant, lui le noble. Secrètement misanthrope et contempteur du monde à l’extérieur, il les accueille tous, amis ou ennemis, dans la salle du trône de son monde mental, dans une communion spirituelle indestructible; il les a tous recréés ici selon le plan de son propre esprit – un second Prométhée, à son image. Nikolaus Lenau a fait de la tragédie de ce solitaire qui, en conflit avec Dieu et le monde, veut à tout prix préserver son « propre moi », l’idée fondamentale de son poème Faust, avec une force incomparable.

Le moine:

Si tu veux voir et reconnaître le saint,

Il faut que sa lumière brûle dans ton âme

Par sa seule force tu peux le penser,

Oh, qu’elle s’abaisse vers toi en bénédiction!

Faust répond:

Si c’est lui qui est regardé,

Et la lumière et les yeux en même temps,

Il ne voit que lui-même

Dans ma maison, mais pas moi.

et plus loin:

Seul un savoir qui m’appartient et qui est détaché du sien peut me rendre heureux.

Je veux toujours me sentir moi-même:

Je ne veux pas être emporté par les flots sacrés de la mer,

comme la rosée qui s’accroche à l’herbe du rivage.

Si nous opposons maintenant à ce prétendu « surhomme » l’Homme Verseau tourné vers son moi essentiel, qui ne connaît pas la protestation contre la Terre, mais l’art de s’en détacher pour, une fois revenu sur Terre après le « saut », lui offrir ce qu’il a vu en haut, alors l’image dessinée ci-dessus se transforme de manière étrange.

Permettez-moi de décrire, sous forme de vision, ce qui se passe dans ce monde-là. Il se peut que l’Homme Verseau se représente l’utopie d’où il revient après s’être détaché de la Terre, et ce qu’il essaie de faire descendre cette utopie sur Terre. Cette vision doit nous ouvrir les yeux sur quelque chose qui a sans doute toujours existé, mais [267] qui n’a pris des formes tangibles pour tout le monde que de nos jours.

Rappelons-nous que lorsque nous avons abordé le problème du développement, au moment où l’Homme commence lui aussi à imprimer son empreinte dans le sol, poursuivant à son niveau l’œuvre créatrice avec prescience, les symboles des forces créatrices mystérieusement cachés dans son corps physique, comme autant de ses outils et de ses instruments, et en reconnaissant ensuite d’où lui venait son savoir: le poing – le marteau, le mors – les ciseaux, la main de préhension – la pince, l’œil – l’appareil photographique, etc. Que l’homme du Verseau inférieur parle ici de son invention et l’oppose à la nature déraisonnable, il ne convient pas à l’Homme Verseau tourné vers le moi essentiel de penser ainsi.

Mais ce qui vient d’être dit doit nous aider à rendre cette vision plus concrète, car nous voulons maintenant parler d’une invention de l’Homme qui, semble-t-il, n’est pas du tout issue de l’organisation du corps physique, comme les exemples ci-dessus, mais de l’organisation de son corps mental. Cette invention, qui laisse présager l’utopie de l’Homme tourné vers son moi essentiel est la radio.

La radio nous donne l’illusion d’un monde pur de l’esprit, dans lequel les pensées de tous les hommes se côtoient et se mélangent – ici les ondes éthériques, devenues objet, bien commun de la perception; là les choses physiques. Équipé d’une antenne mentale captant toutes ces ondes, chaque être humain deviendrait un habitant direct de ce monde mental. Dans cette utopie, il n’y aurait aucune possibilité d’isolement spirituel; chaque pensée serait immédiatement visible dans l’espace commun de cette utopie. Mais il en résulte immédiatement, avec une logique impérative, une loi qui se distingue très essentiellement de la loi physique du monde matériel, car elle prend, tournée vers l’avenir, la forme d’une exigence, une exigence qui ressemble au pendant de l’impératif catégorique de Kant, l’exigence de penser de telle sorte que chaque pensée individuelle se révèle apte à nourrir et à maintenir la force de l’unique grand courant de pensée commun de la vérité. L’idée qui en découle d’une harmonie générale, entièrement spirituelle, sous le signe de la vérité, peut maintenant être vraiment comparée à la loi non écrite qui guide la coopération des musiciens d’un grand orchestre, par exemple, [268] d’où naît pour chacun l’intuition de ne jamais jouer sa propre voix pour soi seul comme voix principale et d’accepter ses partenaires comme une sorte de mal nécessaire, mais en étant conscient que, en tant que membre nécessaire d’une communauté d’esprits remplis des mêmes aspirations, le but commun ne peut être atteint qu’en harmonie avec eux: la réalisation idéale de l’œuvre d’art ou, en d’autres termes, donner à l’œuvre contemplée spirituellement le corps physique qui en est digne.

Ce qui incombe donc comme tâche à l’Homme Verseau tourné vers son moi essentiel, c’est de donner à l’idée d’une communauté humaine unie dans la pure aspiration à la vérité la possibilité de se réaliser, afin d’en faire la pépinière de l’Homme parfait, dans laquelle le fils de la Terre s’unit au fils du Ciel.

C’est à partir de telles impulsions qu’est né au XVIIIe siècle, à travers les classiques allemands et en particulier Johann Gottfried Herder, l’idéal de « l’humanité » en tant qu’idéal humain général. Dans l’esprit de cet idéal se trouvait l’axiome utopique de la prétention égale de tous les êtres portant la marque de l’Homme à atteindre la plus haute dignité humaine, sans préjudice de toutes les différences d’origine, de nationalité, de langue, de religion, voire même de degré de développement physique, psychique, intellectuel et moral. Toutes ces différences deviennent inessentielles pour le regard spirituel qui reconnaît encore le divin même dans ce qui est dégénéré.

Si nous considérons maintenant l’Utopie, qui constitue le foyer de l’Homme Verseau tourné vers son moi essentiel, nous contemplons une communauté humaine dont les membres sont unis par une indissociable solidarité spirituelle, comme les organes physiques du corps humain lui-même. Mais le sentiment de vie qui rayonne sur chacun à partir de la conscience de cette solidarité est comme l’état d’ivresse d’un amour et d’une gratitude mutuels, qui ne sont nés ni d’un romantisme de nostalgie ni d’un désir sensuel, mais de cette joie de vivre surnaturelle qui représente l’analogue de ce qu’est le sentiment de santé dans le monde physique, un éternel printemps de l’esprit. C’est à une telle ivresse de joie élyséenne que Schiller a chanté son immortel Ode à la Joie, qui s’appliquait en même temps à l’idée de la fraternisation de l’humanité entière, que l’ère du Verseau à venir doit réaliser!

Et maintenant, pour résumer l’essentiel de ce signe qui, parmi les quatre animaux sacrés de la Bible, symbolise l’Homme lui-même dans sa nature la plus profonde, [269] rappelons les paroles que Klopstock fait prononcer à Adam mourant comme une bénédiction pour l’humanité future:

Soyez sages, afin que votre cœur devienne noble… Aimez-vous les uns les autres! Vous êtes des frères! Que l’humanité soit votre joie! Que le plus grand d’entre vous soit celui qui est le plus humain…

La planète Saturne est associée au Signe du Verseau en tant que transmetteur de force, la même planète que nous avons déjà rencontrée en tant que Maître du Signe du Capricorne, le dieu du temps et des semences, le maître de toute semence, sauf que nous l’avons ici devant nous dans sa polarité positive, c’est-à-dire tournée vers l’avenir. Car ce qui est étrange dans le mystère de la semence, ce « symbole » vivant, ou poème de vie, c’est qu’en elle repose à la fois la mémoire du passé et toute la force de l’idéal futur. De même que le germe humain, venu de Dieu et marié à la Terre, veut retourner à Dieu, en arrière et en même temps en avant, issu d’un passé qui signifie en même temps idéal d’avenir, de même l’idéal de l’Homme, toujours en éveil dans son esprit, est de faire mûrir le germe de Dieu comme la semence qui lui a été confiée pour l’avenir, en se souvenant de la dignité qui est imposée au stade humain.

1 μοναχός,monachos(«homme solitaire»), dérivé de μόνος, monos(«seul»). Terme général pour un homme qui mène une vie monastique. À l’origine: ermite qui vit seul, isolé.

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