2.1.3. Le zodiaque comme spectre de vie

Dans le zodiaque repose l’Idée de l’Homme, sa forme idéale, sous la forme d’une bande spectrale à douze membres, fermée en cercle, dont nous avons déjà examiné en détail la structure dans son sens général.

La répartition géocentrique des Planètes sur les différentes régions de ce cercle au moment de la naissance détermine la manière particulière par lesquels les couleurs fondamentales de cette bande spectrale sont transmises à l’être humain par l’intermédiaire des planètes. Le zodiaque et les Planètes forment ainsi ensemble l’image de l’Homme qui est destiné à prendre forme sur la Terre. Mais ce n’est que la surface de projection qu’est la Terre elle-même qui donne à l’image de l’Homme, rayonnée depuis les cieux, la possibilité de devenir visible, en captant cette image et en la structurant à son tour de façon particulière selon son essence, [144] en la mesurant en quelque sorte à l’aide d’une deuxième échelle à douze éléments, qui provoque la répartition du rayonnement total d’une image de l’Homme qui lui parvient dans les six régions au-dessus et au-dessous de l’horizon, entre lesquelles la masse entière de la Terre elle-même se trouve comme un immense filtre. Ce n’est qu’à partir de cette deuxième transformation du rayonnement cosmique, qui inclut maintenant non seulement la fonction zodiacale mais aussi la fonction Planétaire, qu’apparaît la forme de l’Homme qui nous est directement accessible: l’Homme dans sa forme visible sur Terre – dans la forme sous laquelle il se présente à nous dans la pratique de la vie.

Il ressort directement de ce qui vient d’être dit ce qui doit différencier l’analyse psychologique et l’analyse astrologique du caractère. La psychologie ne saisit que l’élément physique final d’un processus de création, que l’observation astrologique cherche à saisir dans toute son étendue. Elle observe en quelque sorte l’histoire de la formation de l’ombre projetée, regarde dans l’atelier cosmique et met à nu les éléments qui s’unissent pour former la caractéristique globale de l’être humain! Mais c’est précisément pour cette raison qu’elle doit aussi parvenir à une représentation fondamentalement différente de l’essence du caractère de l’Homme. Elle peut bien reprendre la distinction entre caractère empirique et caractère intelligible, mais avec la restriction que ce « caractère intelligible » de l’Homme ne saisit pas non plus le véritable « moi ». Car le véritable « moi » de l’Homme, qui est, comme le dit le Bouddha, « au-delà des boucles de la Maya », repose dans l’archétype de l’Idée de lhumain, dans ce zodiaque dont les rayons ne parviennent à la scène terrestre qu’à travers le filtre Planétaire, donc déjà dans une sorte d’opacité, avant même d’atteindre la Terre; il en résulte que ce qui nous apparaît comme le caractère individuel qui colore telle personne représente déjà une certaine modification du pur germe humain, qui se situe donc en général au-delà de l’horoscope. L’horoscope nous révèle ainsi le type particulier d’altération du caractère d’un individu, que ce soit dans le bon ou le mauvais sens, mais pas le caractère lui-même – seulement des propriétés d’un degré différent de constance et de valeur; et même la distinction si subtile entre personnalité et individualité, qui nous rendra encore de très précieux services par la suite, se rapporte à une frontière seulement floue au sein d’une analyse de l’Homme, qui est certes plus étendue que tout art de la distinction psychologique, mais qui reste pour l’essentiel dans les limites du monde de Maya.

[145] Si nous résumons maintenant ce que l’analyse astrologique de l’individu humain est capable d’accomplir, nous voulons retenir brièvement ce qui suit:

Le noyau de l’homme – son noyau divin – se trouve au-delà de l’horoscope, insaisissable pour l’Homme. Sa forme d’apparition (embryon de Dieu) ou sa phase de développement (caractère de l’individu) présente trois signes distinctifs essentiels; elle ressemble – nous pourrions maintenant modifier la comparaison choisie au début – à un arbre dont les racines se trouvent dans le zodiaque, dont le tronc forme le monde des planètes et dont la cime touche la Terre et se lie à elle. La base des racines est représentée par les trois fois quatre éléments du zodiaque, le tronc par les neuf planètes, dix planètes si l’on tient compte de la nouvelle découverte de Pluton, la cime ou la ramification finale par les douze correspondances terrestres des Signes du zodiaque ou ce que l’on appelle les Maisons. Celles-ci sont le lieu de la mise à l’épreuve du « moi » de l’Homme, là seulement il acquiert les forces de la connaissance de soi, de la correction et de la poursuite de son développement.

[PK: Par analogie, on peut penser ici aux objets mathématiques. Ce sont des entités Idéales (archétypiques), dont nos représentations forment la première « déformation » (au niveau encore Planétaire, on peut représenter une droite en dessinant une courbe, pourvu que l’on se tienne à cette représentation tout au long de la démonstration). La deuxième transformation a lieu lorsqu’on applique ces objets Idéaux sur la Terre – ou depuis icelle dans le monde physique –: les droites, par exemple, prennent alors une épaisseur qu’elles n’ont, par définition archétypale, pas – au sens strict du terme, les droites n’existent pas dans la nature! De la même manière que le caractère « pur » du Gémeau, de la Vierge, etc. n’existe pas dans la nature, mais seulement dans l’Idée. Ce qui n’empêche pas de travailler avec ces Idées archétypales pour comprendre le caractère individuel – autant empirique que quasi-essentiel, en saisissant justement ce qui le sépare des archétypes. C’est ainsi d’ailleurs que fonctionne la physique. Pensez à la loi de l’inertie: « Tout corps suffisamment éloigné de tout autre corps perdure à vitesse constante et en translation continue. » Or, dans la nature, aucun corps n’est suffisamment éloigné de tout autre corps pour vérifié cette loi. Celle-ci ne sert strictement qu’à mesurer sa non-applicabilité intrinsèque!]

Nous sommes maintenant en mesure de comprendre que si nous voulons saisir astrologiquement et cosmiquement ce que les psychologues appellent le caractère de l’Homme, nous ne saisissons pas quelque chose de permanent et d’immuable – mais nous saisissons une phase de développement de l’individu humain qui est en migration, nous saisissons les possibilités qui lui sont données comme une sorte de viatique pour cette migration. Nous apprenons à connaître ces possibilités avec toutes les tentations d’en user et d’en abuser, avec toutes les inhibitions qu’elles comportent, et nous apprenons ainsi à construire l’image vivante de l’être humain incarné, dans laquelle la « personnalité » (moi existentiel) et l' »individualité » (moi essentiel) trouvent leur place en tant qu’éléments différents et pourtant apparentés.

L’essentiel de la compréhension astrologique de l’Homme reste que, précisément parce qu’elle doit être consciente de ne pas avoir accès au véritable « moi » de l’Homme, elle ne doit jamais tomber dans l’erreur qui est si proche de la connaissance psychologique de l’Homme – juger les Hommes, vouloir évaluer leur être fondamental de façon moralement décisive.

Plus que jamais, la phrase du Sermon sur la montagne s’applique ici:

« Ne jugez pas! »

(Luc 6:37)

Et comme Socrate disait autrefois qu’aucun Homme ne fait le mal pour le mal, mais seulement parce qu’il se trouve dans l’ignorance, dans une ignorance plus grande que les autres Hommes meilleurs, toute recherche astrologique sur le caractère doit être consciente du fait que le [146] noyau le plus intime de chaque Homme est de nature divine, Mais que le tronc de l’arbre de vie humain est assez souvent malade et que sa cime est plongée dans des régions défavorables – peut-être justement parce que cet Homme est sur le point de se débarrasser d’une scorie et que cela ne peut se faire qu’en jouant le rôle du mal – il doit jouer le rôle du mal pour se débarrasser de cette scorie dont il n’était pas encore mûr pour se débarrasser d’une autre manière! –. Il n’a pas pu le faire autrement parce qu’il était trop ignorant, parce qu’il n’a pas encore pu réfléchir à sa vraie nature!

Notre tâche se dessine maintenant clairement devant nous. La connaissance astrologique de la construction de l’être humain doit contribuer à réduire « l’ignorance » et ainsi à diminuer de plus en plus le « mal »! Alors, de cette connaissance de l’Homme peut émaner une bénédiction dont la force ne tarit jamais, tant que la [147] foi en la divinité de la véritable nature humaine ne s’affaiblit pas. Notre tâche se divise donc logiquement en trois parties. (1) L’étude du zodiaque et des impulsions qui s’y trouvent pour le développement de l’Homme et les types primitifs de la formation du caractère constitue la première partie de la tâche; elle a encore à faire à l’image généralement inaltérée de l’Homme et – conformément aux douze sections du zodiaque – à développer douze types d’Hommes.

(2) L’étude du monde Planétaire en relation avec le zodiaque constitue la deuxième partie de notre tâche. C’est ici que se révèle déjà la manière dont les possibilités globales offertes par le zodiaque sont limitées et spécifiées pour l’individu, comment cette limitation se manifeste dans un sens favorable ou défavorable, et quels sont les freins et les atténuations que subit la pure animation zodiacale (archétype) par la position des différentes Planètes dans ses sections.

Par ce type d’observation, la caractéristique de l’individu humain est déjà interceptée avant qu’il n’ait encore pleinement atteint la Terre. Je parle ici expressément de la caractéristique de l’Homme, et non du « caractère », car cette désignation entraîne toujours avec elle quelque chose de cette évaluation morale dont la connaissance astrologique de l’Homme doit fondamentalement s’abstenir! Cependant, nous verrons quelle part essentielle revient à la fonction morale elle-même dans la construction de l’image globale de l’Homme; en tant que telle, elle doit être étudiée dans l’image globale de l’Homme avec le même soin que les autres éléments, comme une partie de sa caractéristique globale.

(3) La troisième partie comprend le domaine de l’enracinement de l’Homme sur la Terre, la mise à l’épreuve de son être individuel face à la résistance de la matière terrestre; en termes astrologiques, l’étude de l’importance particulière que revêt la répartition des sections du zodiaque (les Signes) et des Planètes dans les régions au-dessus et au-dessous de l’horizon pour l’épanouissement de l’être humain sur la Terre: l’ombre portée de l’Homme « zodiacal » sur la Terre et les tâches de son travail terrestre, le travail sur la Terre, dont il intègre les fruits dans son « ego » en migration. C’est ici seulement que se forme ce que nous avons appelé, au sens le plus large du terme, le destin de l’Homme.

Notre première et plus importante tâche est donc de déterminer les caractéristiques de l’individu humain et son rapport avec le destin sur la base de son thème natal.

[148] Il s’agira donc tout d’abord d’étudier la constitution du caractère de l’Homme sur la base de sa constellation [PK: – ou plutôt, en astrologie tropicale, de son Signe –] de naissance. Nous devons reconnaître les différents éléments de cette constitution, apprendre à séparer ce qui est relativement constant de ce qui est variable, ce qui est important et stable de ce qui est moins important et changeant. Ainsi, la première exigence qui en découle naturellement est de connaître les influences qui émanent du zodiaque, dans lequel, comme nous l’avons expliqué dans les « Fondements généraux », repose l’archétype de l’Homme, dans lequel nous devons donc supposer le siège des forces qui fondent la constance du caractère humain ou la caractéristique générale de la nature humaine en tant que telle.

Selon la partie du zodiaque dont les radiations parviennent à l’Homme qui vient de naître, soit en raison de sa position particulière par rapport à l’horizon du lieu de naissance au moment de la naissance, ce qui fait qu’une moitié de ses radiations reste « souterraine », soit en raison du mode particulier de répartition des Planètes à l’intérieur du zodiaque en tant qu’intermédiaires de ces radiations, il en résultera une image de base de l’Homme individuel dont la composition sera différente.

L’analyse de cette image de caractère sur la base des lois astrologiques présente une grande similitude avec l’analyse dite spectroscopique de la lumière émise par différentes substances à l’état incandescent. En effet, de même que les lignes sombres apparaissant dans le spectre solaire – appelées « raies de Fraunhofer » – trahissent la présence de certaines substances chimiques dans le corps du soleil, dont la nature résulte de la section de la bande spectrale totale dans laquelle elles se trouvent, de sorte qu’une signature chimique semble donnée par ce fait étrange, qui s’attache aux différents endroits bien définis du spectre solaire, on peut également parler d’une signature astrologique particulière qui s’attache aux différents lieux du zodiaque et qui joue, en ce qui concerne l’analyse astrologique du caractère, un rôle semblable à celui des raies de Fraunhofer dans l’analyse chimique. Cette analogie ne doit pas être vue ou cherchée plus loin qu’une comparaison, mais elle doit nous montrer clairement ce qui sera notre prochaine et plus importante tâche, maintenant que nous voulons nous tourner vers l’étude du zodiaque en détail: l’étude des différentes sections de ce cercle ou, en d’autres termes, des douze régions ou Signes du zodiaque, dont les noms et l’ordre vous sont déjà familiers.

Laisser un commentaire