2.3.1. Les quatre Éléments et leur relation avec les quatre types d’Homme (vision idéale)

Quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous.

Marc 10:43-44

[180] Nous sommes maintenant suffisamment préparés pour pouvoir commencer à développer les champs de rayonnement du zodiaque en particulier, et à dessiner ainsi les caractéristiques principales des douze types idéaux de la race humaine, tels qu’ils découlent directement du zodiaque. Nous aurons ainsi devant nous douze images de caractères, dont trois correspondent à un groupe élémentaire particulier, c’est-à-dire:

  • trois sous-espèces du type principal de Terre, correspondant aux régions du zodiaque Capricorne, Taureau et Vierge;
  • trois sous-espèces du type principal Eau, correspondant aux régions du zodiaque Cancer, Scorpion et Poisson;
  • trois sous-espèces du type principal Air, correspondant aux régions zodiacales de la Balance, du Verseau et du Gémeau;
  • et enfin trois sous-espèces du type principal Feu, correspondant aux trois régions zodiacales du Bélier, du Lion et du Sagittaire.

Il faut cependant souligner dès le début qu’il ne peut s’agir ici que de types purs, dont chacun représente une sorte de composante individuelle dans l’image globale de l’Homme, dans lequel de nombreuses composantes individuelles s’unissent pour former dans leur ensemble le véritable Homme vivant. Si nous nous mettons donc à caractériser ces composants individuels avec la plus grande précision possible, notre procédé ressemble en un certain sens à la réalisation d’une image en couleur au moyen de ce que l’on appelle la trichromie. Si nous considérons par exemple la première impression partielle en couleur – jaune –, certaines parties de l’image finale y apparaissent déjà dans leur couleur correcte, mais d’autres parties, qui présentent maintenant la couleur jaune, montreront dans l’image finale une couleur mixte quelconque, comme l’orange, le vert ou le rouge-brun, tandis que d’autres parties de l’image totale seront totalement absentes de la première impression.

[181] Nous devons garder cela à l’esprit pour ne pas tomber dans l’erreur de prendre de tels dessins de types généraux pour des images de caractères à part entière, voire définitives, une erreur dans laquelle tombent facilement de nombreux débutants, trop impatients d’appliquer les connaissances partielles encore très imparfaites qu’ils acquièrent au début d’un long apprentissage.

Dans un premier temps, nous n’avons donc affaire qu’à une caractéristique générale de ces douze champs du zodiaque. Pour aujourd’hui, notre tâche sera de caractériser, parmi les quatre types d’Hommes purs – Terre, Eau, Air et Feu –, le premier type cité et ses trois sous-espèces, c’est-à-dire les types Capricorne, Taureau et Vierge. Pour lancer cette étude, nous allons nous demander, en nous appuyant sur la comparaison faite plus haut avec la technique de l’impression en trois couleurs – dans notre cas, une impression en quatre couleurs –, comment l’Homme qui ne porterait que des lunettes « Terrestres » se vivrait et verrait le monde à travers ces lunettes spécifiques.

De telles lunettes ne lui représenteraient tout que dans une seule couleur, celle de ses lunettes. Tout ce qui possède cette couleur lui apparaîtrait clairement, de façon claire et lumineuse, tout le reste serait moins clair, plus sombre, faible et flou jusqu’à être méconnaissable, sans importance à côté de la couleur de la Terre et ne pouvant être saisi qu’en relation avec celle-ci. Il en sera de même pour les trois autres catégories. En d’autres termes: seul ce qui possède la couleur de ses propres lunettes apparaît comme le réel proprement dit, le monde, si tant est qu’il vaille la peine d’être vécu, n’est mesurable qu’à l’aune de cette couleur, et la valeur de sa propre vie n’est mesurable qu’à l’aune des valeurs que cette couleur véhicule.

Si, à la fin de leur vie terrestre, les porteurs de ces quatre lunettes étaient amenés à faire le bilan de leur vie et à avouer ce qui leur a semblé le plus important dans cette vie, nous obtiendrions quatre réponses différentes:

  • Le porteur des lunettes Terre devrait avouer: ce qui était important pour moi dans la vie, c’était en premier lieu la manière dont j’agissais dans le monde extérieur. L’Important était toutes les relations avec les objets de ce monde et surtout mes actes et mes actions, dans la mesure où ils me permettaient d’intervenir de manière transformatrice dans les événements matériels, inexistant – et donc sans importance – tout ce qui n’était pas parvenu à l’achèvement ou qui était resté bloqué dans la simple intention. C’est par l’action, par elle seule, que se détermine ma place dans le monde. Face à l’importance de ce que j’ai pu faire et réaliser par mon action et que j’ai finalement pu laisser en héritage matériel, toutes les autres déterminations de la valeur de la vie pâlissent dans la rétrospective, [182] tous les sentiments impuissants, les élaborations demeurée dans les pensées et les plans qui ne sont pas parvenus à l’exécution paraissent dérisoires – nuls.
  • L’Homme qui porte des lunettes Eau parlerait différemment. S’il devait faire le bilan de sa vie, le réel immédiat du monde matériel ne lui apparaîtrait pas comme le plus important; toutes les actions et les changements qui en découlent dans l’environnement seraient secondaires par rapport aux expériences de l’âme, qui sont au premier rang des priorités. Ce n’est pas la manière dont nous faisons les choses, mais la manière dont nous vivons nos souffrances et nos sentiments qui devient maintenant la chose la plus importante. Comment j’ai souffert et porté la joie, et comment j’ai fait en sorte que les autres se réjouissent ou souffrent! Et comment ai-je été moi-même transformé intérieurement par la joie et la souffrance? Ce ne sont pas les biens matériels qui ont rendu ma vie digne d’être vécue, ni leur possession, ni même mes performances dans le domaine matériel – toute cette réalité fait pâle figure face au monde de mes sentiments et de mes souffrances, qui me semblent rétrospectivement aussi doux que les joies bien plus rares. Rien qu’à cause d’eux, la vie valait la peine d’être vécue!
  • L’Homme qui porte des lunettes Air parlera encore différemmen. Certes, il a lui aussi « fait » et « souffert », comme l’Homme-Terre et l’Homme-Eau, mais tout le contenu de cette action et de cette souffrance s’efface maintenant devant l’importance que la pensée a prise dans sa vie, s’efface devant le pur bonheur de ces heures-là, pendant lesquelles il pouvait se retirer dans son monde spirituel et, de ce port protégé contre toutes les tempêtes de la vie, observer les activités et les souffrances, mais aussi les joies des Hommes, comme s’il était assis sur le siège d’une loge au théâtre, afin de tirer de ce spectacle sa philosophie de la vie, dans laquelle il pouvait demeurer sans être dérangé, ce qui constitue le contenu de son bonheur de vivre. La joie la plus élevée et la plus pure de la vie est liée à l’activité intellectuelle, à l’ivresse de l’enthousiasme dans la création ou dans la connaissance qui en découle. Si l’Homme-Air » tirait à la fin de sa vie terrestre le bilan de celle-ci, il ne s’interrogerait pas sur les effets matériels que sa vie terrestre a laissés dans l’environnement, ni sur le contenu de ses joies et de ses souffrances psychiques. C’est seulement ce qu’était sa pensée, sa recherche spirituelle, sa connaissance et sa conception intellectulle, comment il aspirait à la vérité, qu’il se soit trompé ou qu’il l’ait trouvé – c’est pour cela qu’il valait la peine d’avoir vécu.
  • Et il en va tout aussi autrement de l’Homme aux lunettes de Feu. Pour lui, le monde entier apparaît avant tout comme un immense lieu d’épanouissement des [183] forces de la volonté. Derrière tout ce qui se manifeste dans les événements matériels terrestres, dans les douleurs et les joies de l’âme, derrière toutes les aspirations intellectuelles et spirituelles, il voit comme dernière et seule réalité réelle la direction fondamentale d’un vouloir, dont la couleur lumineuse fait pâlir tout le reste! Les valeurs les plus élevées au nom desquelles la vie vaut la peine d’être vécue, et qui en même temps ne justifient que lui-même devant le tribunal de sa propre conscience, se rattachent à sa nature morale. S’être écarté pour une raison quelconque du commandement de son propre vouloir conscient est le pire reproche, l’accusation la plus dure qu’il puisse se faire à lui-même – avoir conduit sa volonté moralement purifiée à la victoire, sa seule justification pour tous les efforts de la lutte que la vie lui a imposée.

Ces quatre types idéaux ne se rencontreront évidemment pas dans leur pureté totale, car cela supposerait que dans le thème natal de l’Homme concerné, un seul Élément ait des répercussions astrologiques; il y aura néanmoins de nombreuses personnes, ayant une constellation natale dans laquelle les influences d’une certaine qualité Élémentaire prédominent à tel point, qu’elles se reconnaîtront immédiatement dans l’un des tableaux brièvement dessinés ci-dessus!

En dehors du cercle des idées astrologiques, on a souvent essayé de classer les hommes en quatre groupes en fonction de leur caractère, comme le montre par exemple la doctrine des quatre tempéraments, qui se réfèrent toutefois davantage à la diversité des humeurs affectives fondamentales telles qu’elles se manifestent dans les manifestations de la vie. On distingue ainsi:

  • le tempérament colérique – violent et endurant;
  • le tempérament sanguin – violent mais bref;
  • le tempérament flegmatique – difficile à bouger sur le court terme;
  • le tempérament mélancolique – difficile à bouger… dans la durée.

Cette doctrine se référait à l’hypothèse selon laquelle quatre sucs corporels étaient à la base de l’ancienne théorie des « pathologies humorales »: la bile jaune, le sang, le mucus et la bile noire, et leur mélange dans l’ensemble de l’organisme; il s’agissait donc essentiellement de l’Homme « liquide » et des différents états de mélange et de séparation des sucs. Mais ce qui peut nous intéresser ici, c’est d’abord le fait que ces quatre humeurs étaient mises en relation particulière avec les quatre Éléments, à savoir: [184]

  • la bile jaune avec l’Élément Feu;
  • le sang avec l’Élément Air;
  • le mucus avec l’Élément Eau;
  • la bile noire avec l’Élément Terre.

Cette attribution se limitait, pour ainsi dire, à l’apparence physique de l’Homme et était tout à fait au service de l’art de la guérison. Pour autant, elle n’était pas dépourvue de relation cosmique. On peut peut-être mieux le comprendre si l’on se souvient que, pendant un certain temps, on a vu dans les Éléments l’expression de certains mélanges qui se présentaient comme différents degrés de température de l’humide ou du sec.

Ainsi, le Feu et l’Air sont chauds, l’Eau et la Terre sont froids; mais le Feu et l’Air se distinguent par le fait que ce dernier est de nature humide, l’Eau et la Terre par le fait que la Terre est absolument sèche, tandis que l’Eau est humide.

La Terre et le Feu se ressemblent en ce qu’ils manquent tous deux d’humidité, l’Eau et l’Air en ce qu’ils manquent tous deux de sécheresse; en même temps, la Terre et le Feu d’une part, l’Eau et l’Air d’autre part, sont des opposés du froid et du chaud.

Nous ne suivrons pas pour l’instant plus avant le symbolisme cosmique qui réside dans cette conception, il convient seulement d’attirer l’attention sur le rôle que jouait cette doctrine dans la mythologie nordique, telle que Ludwig Uhland la décrit dans Le mythe de Thor :

L’être chaotique originel Ymir, appelé également Oergelmir, l’Ancien, à partir du corps duquel le monde a été créé, était un Jötun (« Jötun »: à peu près ce que nous appelons la matière) et l’ancêtre de tous les Jötuns. Ymir lui-même est devenu par le fait que, dans l’abîme de Ginnungagap, les courants de glace, Elivagar, venus du côté froid du nord, de Niflheim, le monde du brouillard, se sont mis à fondre devant les étincelles qui s’envolaient de Muspellsheim, le monde du feu du sud, et les gouttes se sont animées.

Nous rencontrons une autre quadripartition, déjà plus proche de la doctrine des quatre Éléments, dans le plan du programme de nos universités sous la forme des quatre facultés. Il s’agit ici d’une répartition de l’ensemble des sciences humaines selon les domaines d’intérêt qu’elles doivent servir, et il apparaît clairement que ce sont effectivement ces quatre domaines de travail de l’Homme qui constituent le degré de répartition de cette quadruple division [185]:

  • La faculté de théologie, ou domaine de l’enseignement divin, tire sa légitimité du domaine du Feu;
  • la faculté de philosophie, comme on le comprend aisément, du domaine de l’Air;
  • la faculté de médecine, qui s’occupe de la guérison des douleurs et des maux, du domaine de l’Eau;
  • et enfin la faculté de droit, comme on peut facilement le voir, ainsi que les sciences sociales et politiques, du domaine de la Terre.

Maintenant, avant d’entrer plus en détail dans les différents groupes Élémentaires, caractérisons nous aussi l’essentiel de ces groupes par quatre désignations:

  • Les représentants du groupe Terre, nous les appellerons brièvement les travailleurs d’icelle, les ouvriers qui la cultive; ce sont les exécuteurs ou les finisseurs; dans la vie, ce sont les classiques ou encore les réalistes.
  • Les représentants du groupe Eau, nous les appellerons les romantiques de la vie, les exaltés et les mystiques, ainsi que les grands amoureux et les extatiques.
  • Quant aux Hommes du type Air, nous les appellerons les philosophes, les chercheurs et les idéalistes;
  • et enfin les Hommes du type Feu, les prêtres, les orateurs, les héros et les prophètes.

Nous arrivons ainsi nous aussi à une sorte de répartition des Hommes en quatre castes, à l’instar des anciens Indiens et Chinois, mais nous devons rester conscients du fait que les limites ainsi fixées n’existent jamais pleinement dans la vie réelle, que chaque Homme vivant représente plutôt un mélange particulier de ces quatre énergies individuelles, dans lequel l’un ou l’autre Élément peut bien sûr prédominer. C’est peut-être ici que s’applique le mieux le mot par lequel Gautama Bouddha caractérisait la valeur de la division en castes:

De même que les quatre fleuves qui se jettent dans le Gange perdent leur nom dès qu’ils déversent leurs eaux dans celles du fleuve sacré, de même tous ceux qui croient au Bouddha cessent d’être des brahmanes, des kshatriyas, des vaishyas et des sudras.

Nous sommes maintenant armés pour, dans nos prochains articles, commencer à exposer en détail les différentes régions du zodiaque – nous les appellerons désormais brièvement les Signes du zodiaque – avec la plus grande précision possible.

Nous commencerons par les SIGNES DE TERRE.

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