Nouvel an – 1er janvier 2022
Il n’y a pas de raison particulière pour que le 1er janvier soit choisi comme le début d’une année, mais c’est le jour habituellement adopté par toutes les nations qui ont hérité de la grande civilisation romaine. Les hindous et les bouddhistes, ou encore les Chinois, choisissent un jour tout à fait différent. Le choix du début de l’année est en effet arbitraire – bien que déterminé par la culture du pays. Sur l’ellipse que dessine la Terre en tournant en une année autour du Soleil, il n’y en effet aucun point plus privilégié que les autres. Ceux qui argumenteraient pour l’aphélie se verrait contester par les tenants du périhélie, etc.
Le jour de l’an n’est pas, à proprement parler, une fête ecclésiastique. Dans l’Église, c’est le dimanche de l’Avent qui signale le début de notre année! Le 1er janvier n’est que ce qu’on appelle « l’octave de Noël », car nous ne commémorons pas la prétendue circoncision. L’effusion de force liée à une fête telle que la nativité est si importante que l’Église lui consacre une semaine entière. La célébration se poursuit ainsi jusqu’au huitième jour, appelé « l’octave ». Le Jour de l’An, nos pensées sont donc encore toujours tournées vers la grande fête de Noël et tout ce qu’elle nous apporte.
À l’époque médiévale, toutes les affaires s’arrêtaient au moment de chacune des grandes fêtes ecclésiastiques. Désormais, les nations sont bien trop pressées, trop matérielles, trop essoufflées par l’excitation de la course folle à la richesse, pour arrêter ainsi toute leur machinerie à intervalles irréguliers; ou même réguliers: pensons à ce que sont devenus nos dimanches – une nécessité d’une pause hebdomadaire acceptée souvent à contrecœur, et qui sert de moins en moins pour se recueillir et célébrer la source de la vie. Seule l’invention d’un virus, dont le marketing assuré par les médias de grands chemins nous a fait croire qu’il était d’un type tellement nouveau, qu’il fallait maintenant se confiner et s’inscrire frénétiquement pour recevoir une injection à répétition donnant droit à un passeport qu’il faut présenter masqué pour accéder aujourd’hui aux différents lieux qui font société. Décidément, que le transhumanisme sorte vainqueur ou non, la civilisation humaine ne reviendra pas, après ces tribulations lucifériennes, sur les pas de la société de consommation spectaculaire – c’est déjà ça de gagné!
Néanmoins, l’Église est toujours prête à saisir toute occasion de la vie civile à laquelle son peuple s’intéresse innocemment, et à lui donner sa bénédiction. C’est pourquoi, le premier jour de la nouvelle année, nous nous réunissons dans la maison de Dieu pour lui rendre un culte et pour participer au grand sacrement qu’il a ordonné. Il n’y a certainement pas de meilleure façon de commencer la nouvelle année! Si pour beaucoup de gens des grandes villes, aliénés par le travail, ressentent le besoin de vacances et de repos, il n’en demeure pas moins qu’il est toujours bon de consacrer un peu de temps à notre Seigneur, et de se prosterner plein de joie devant Lui en exprimant notre gratitude pour le passé et notre confiance en l’avenir!
La plupart des personnes qui réfléchissent sérieusement à la nouvelle année la considèrent comme une occasion de prendre de bonnes résolutions, de faire une sorte de bilan mental et moral; elles se remémorent leurs résolutions à l’aube de l’année précédente et doivent généralement constater avec regret qu’il y a un certain écart – voire un écart certain – entre les promesses et les résultats. Une telle contemplation est sans doute salutaire; mais il est inutile de perdre du temps en vaines lamentations ou en repentir. Notez l’erreur par tous les moyens, mais surtout pas de blâme: la seule repentance qui vaille quelque chose est la résolution de ne pas recommencer!
Dieu est Amour – mais l’Amour ne peut opérer que s’il y a ceux sur qui il peut être prodigué et qui en sont le miroir; c’est pourquoi Dieu peut s’exprimer plus pleinement, plus parfaitement, lorsque nous nous élevons vers le Lui, afin qu’il déverse sur nous le splendide flux de son Amour, que nous pouvons alors, à notre petite échelle, faire rayonner. »
En prenant nos résolutions pour la nouvelle année, les étudiants sérieux du plan divin devront inévitablement fixer leurs yeux sur le but final qui leur est assigné. Nous savons tous qu’il est de notre devoir de progresser, car il existe un schéma d’évolution spirituelle dont nous faisons partie; aussi sommes-nous destinés à nous améliorer en vieillissant. Nous nous soucions tous de Dieu, et c’est vers Dieu que nous devons tous retourner. Les gens se demandent parfois pourquoi, si tel est le cas, tous ces efforts de développement sont nécessaires; si nous étions divins au début, pouvons-nous être plus que divins à la fin? Y a-t-il un réel progrès? Il y en a un: si nous émanons de Lui comme de simples étincelles – bien que divines -, nous devons revenir à Lui comme en tant que de véritables soleils rayonnant Sa gloire sur tout ce qui nous entoure, apportant aide et bénédiction à ceux qui croisent notre chemin. Nous retournons vers le même Dieu qui est notre source originaire, mais nous retournons à Lui à une octave supérieur.
Notre progrès est ainsi une nécessité pour la perfection de l’évolution de ce grand système dont nous faisons partie. C’est pourquoi nous devons absolument progresser, pas à pas, année après année, à la fois en termes de connaissances et dans nos actes. Et la vie quotidienne nous offre les meilleures possibilités pour changer notre caractère, en nous efforçant de traiter ceux qui nous rencontrons avec bienveillance, gentillesse, douceur et bonté. Il y a sans doute des Hommes qui ont mauvais caractère, qui sont facilement irritables; mais ce n’est pas parce qu’il est naturel pour l’Homme d’avoir mauvais caractère, mais parce que dans leur cas, le corps astral ou émotionnel aime l’excitation et le désordre. Ce corps astral a une vie qui lui est propre et, pour ses propres besoins, il pousse l’Homme à l’irascibilité. Non pas que celui-ci soit malin et qu’il veuille faire du mal; on peut même douter qu’il se rende compte de son trait de caractère qui le pousse à agiter son environnement afin de pouvoir ressentir l’agréable excitation d’une vibration aride et orageuse. Si nous sommes irritables, cela signifie que dans nos vies antérieures, nous nous sommes soumis à cette émotion; nous ne nous sommes pas opposés fermement à elle. Il n’est cependant jamais trop tard pour changer; ce que nous n’avons pas su ou pas pu changer dans les vies antérieures, nous pouvons – tenter de – le faire maintenant. Dominer nos émotions et maîtriser notre colère seront de belles marques de progression dans la présente incarnation! Nous devrons de toute façon y arriver un jour ou l’autre, car tant que nous ne l’aurons pas fait, nous ne pourrons jamais nous élever au niveau que Dieu a prévu pour nous. Nous pouvons tomber cent fois, mais nous devons toujours nous rappeler qu’il y a exactement la même raison de se relever la centième fois que la première. Il est inutile de s’asseoir et de dire que nous avons essayé tant de fois, mais que nous ne pouvons pas le faire. Nous devons le faire; d’autres l’ont fait, donc nous pouvons le faire; ce n’est qu’une question de détermination et de persévérance.
Et voici pourquoi il est certain que nous pouvons réussir en fin de compte: quelle que soit la force qu’une habitude a générée en nous, elle doit être limitée. Bien qu’elle ait eu beaucoup de temps pour acquérir cette force, elle ne peut pas avoir gagné une quantité infinie. Aussi devons-nous nous mettre à pied d’œuvre pour corriger cette mauvaise habitude, en ayant en tête l’image d’une personne qui essaie de creuser son chemin pour sortir de prison et qui, certes, ne sait jamais à quel moment le dernier coup de pioche peut lui ouvrir la voie de la libération, mais qui sait que ce moment doit venir si elle persiste suffisamment longtemps.
Quelles résolutions allons-nous donc nous imposer pour la nouvelle année? L’une d’entre elle pourrait être de perpétuer l’esprit de Noël tout au long de l’année! Si, pendant la période de Noël, nous avons été plus gentils, plus disposés à aider, plus amicaux, plus prêts à voir le meilleur et non le pire en tout, continuons en adoptant la même attitude tout au long de l’année. Ayons les mêmes sentiments, la même élévation, la même prise de conscience. Il peut nous sembler que les autres ne vont pas faire l’autre moitié du chemin. Or cela ne modifie notre devoir! Il faut deux personnes pour se disputer, aussi devons-nous continuer dans notre sentiment fraternel; si l’autre pauvre ère ne le comprend pas et ne nous le rend pas, c’est exclusivement son affaire. C’est malheureux pour lui, mais cela ne nous fait pas vraiment de mal – si nous y réfléchissons bien!
Nous devrions toujours nous rappeler qu’aucun mal ne peut nous arriver, sauf de nous-mêmes. D’autres personnes peuvent nous dire des choses offensantes à notre égard ou à propos de nous; elles peuvent nous attaquer de diverses manières; mais, après tout, cela ne doit faire aucune différence pour nos sentiments! Que sont les mots? Ce sont seulement des vibrations de l’air. Si nous n’avions pas entendu ce que l’autre a médit à notre propos, nous ne serions pas le moins du monde dérangés; mais parce que nous en entendons parler, nous nous excitons car nous nous sentons offensés et blessés. Mais cette réaction est indue si l’on considère les faits tels qu’ils sont réellement. Quelqu’un vous calomnie; il a joué le rôle du diable, car le diable est l’accusateur des frères; il a répandu sa goutte de venin et fait de son mieux pour empoisonner l’air doux de Dieu; mais si vous n’entendez rien de tout cela, vous vous en allez sereinement; son crime méprisable vous laisse parfaitement indifférent. Mais si vous entendez son mensonge, vous êtes troublé. Or le malin n’a rien fait de plus que lorsque vous ne l’entendiez pas. Cela signifie que le changement est en vous, et l’erreur que vous avez commise est de vous laisser aller à ressasser et à ruminer une faute qui devrait être oubliée.
Le Seigneur Bouddha a enseigné que la mémoire juste est l’une des étapes de la noble voie octuple qui mène à la félicité. Chacune de ces étapes comporte de nombreuses interprétations à différents niveaux de pensée; mais dans notre cas, la signification directe est que nous devons être attentif à ce dont nous devons nous souvenir et ce que nous devons oublier. En théorie, il faut devenir capable de contrôler sa mémoire pour se souvenir de ce qui est agréable et utile et oublier ce qui est inutile et désagréable. Certes, dans la pratique, oublier vraiment – et pas seulement être dans le déni ou le refoulement -, faire comme si la méchante diffamation n’avait jamais été prononcée, ou comme si nous l’avions pas entendue, c’est assurément une tâche difficile.
Non pas parce que le vrai moi, l’âme, souhaite revivre à une telle abomination, mais parce que le corps astral, un de nos véhicules dont nous devons apprendre à conduire, à maîtriser consciemment, aime cet état d’excitation et essaie de maintenir une atmosphère orageuse. Nous devons reconnaître ce fait et dire à notre corps émotionnel, en le regardant calmement et avec bienveillance: « Non, je ne te permettrai pas de bouleverser mes dispositions. J’ai l’intention de garder la nouvelle année aussi libre que possible de ces petites interférences. Je refuse d’être ennuyer parce qu’un Homme ignorant a fait des déclarations atroces et insensées. » Les hommes ignorants font toujours des déclarations insensées dans le monde entier, et cela n’a pas d’importance, sauf pour eux, car cela leur fait subir un karma extrêmement mauvais.
Faisons de ce Nouvel An un long Noël, afin que le Christ puisse vraiment naître dans nos cœurs. C’est là un idéal élevé – et bien sûr, nous l’oublierons parfois. Mais continuons et persévérons tant que nous pouvons. Tout au long de l’année qui s’ouvre devant nous, essayons sincèrement de tout prendre dans l’esprit le plus heureux et le plus gentil – essayons de ne pas nous quereller, de ne pas nous offenser, de faire de cette année une véritable année de fraternité. La majorité des gens vivent aujourd’hui dans une atmosphère de perpétuelle incompréhension des autres, parce que, bien trop souvent, ils attribuent aux gens des motifs pour ce qu’ils font et disent. C’est une grande erreur de traverser la vie en supposant que tous ceux qui nous entourent pensent constamment à nous, et que tout ce qu’ils font ou disent est calculé d’une certaine manière par rapport à nous. La situation est tout-à-fait différente; chaque personne regarde généralement son environnement de son propre point de vue, et ses pensées, ses paroles et ses actions sont susceptibles d’être, sinon exactement égoïstes, en tout cas égocentriques. C’est pourquoi, en lui attribuant des motifs, nous lui faisons souvent gravement tort; et nous le faisons parce que nous avons cultivé l’esprit de discrimination au détriment du sens de la sympathie et de la synthèse – bref de la sagesse intuitive. L’intellect discriminant est en soi une belle chose, et je ne veux pas dire que nous en avons trop, ou que nous ne devrions pas le développer; mais nous nous trompons souvent sur sa portée, et nous exagérons tellement sa valeur que nous ne laissons pas de place à des facultés incontestablement plus élevées.
Faisons donc en sorte que notre règle soit de rechercher les points d’accord plutôt que de désaccord, de chercher des perles plutôt que des défauts, d’essayer de trouver chez nos frères les qualités que nous aimons, plutôt que de mettre trop l’accent sur celles que nous n’aimons pas. Faisons de chaque année une année de fraternité, de sympathie et de compréhension mutuelle, car ce faisant, nous ferons tout pour que ce soit une année heureuse, non seulement pour nous, mais aussi pour les autres autour de nous.
Certes, il existe des milliers de points de vue différents; il y a des gens dont les idées, sur presque tous les sujets auxquels nous pouvons penser, sont très différentes des nôtres. L’instinct naturel de l’humanité semble être de se méfier de ces personnes et de ne pas les aimer; et chez les ignorants et les personnes sans éducation, ce sentiment de méfiance et d’aversion se transforme souvent en haine absolue. Or il semble qu’en cette période de fin d’un Temps, le besoin d’une résolution confraternelle, telle que nous l’avons décrite plus haut, soit encore plus nécessaire que d’habitude.
En effet, face à la Bête de l’Événement, il est essentiel que les gens de bonne volonté fassent la paix entre eux, n’accordant au malin que leur indifférence, car l’énergie conjointe doit être focalisée sur la construction de ce nouvel âge annoncé de l’Homme que symbolise le Verseau sous aspect lumineux – le début d’une nouvelle Ère où les Hommes seront moins mesquins et moins égoïstes, auront une vision plus large, agiront fraternellement pour la communauté dans son ensemble – non pas pour une classe ou un parti, mais pour tous. Essayons de nous faire un peu plus confiance, de donner à chacun le crédit de la bonne intention que nous savons avoir nous-mêmes. Chaque homme est globalement bien intentionné; il pense d’abord à lui-même; mais si on lui présente des faits, il est généralement disposé à agir de manière raisonnable et rationnelle. Dans de nombreux cas, les faits ne lui sont pas présentés; il n’obtient qu’une distorsion de la vérité. C’est ainsi que naissent la confusion, la suspicion et la haine, rendant la concorde presque impossible.
Efforçons-nous, dans la mesure du possible, de tendre vers l’unité et le progrès mutuel. Dans la communauté de l’Homme nouveau, il y aura bien sûr beaucoup de différences d’opinion; c’est dans la confrontation des idées que mature le progrès de chacun! Mais ces différences ne conduiront plus à la méfiance. « Tout comprendre, c’est tout pardonner! » Nous voyons un Homme faire quelque chose qui nous semble affreux, tout à fait inconvenant, dangereux peut-être – pour nous-mêmes ou pour les autres -. Si nous comprenions exactement pourquoi cet Homme fait cette chose, si nous pouvions voir l’action telle qu’il la voit, nous ne serions peut-être pas du tout d’accord avec lui, mais au moins nous pourrions le comprendre et lui donner notre pardon une fois mis hors d’état de nuire. C’est parce que nous ne prenons pas la peine de nous comprendre les uns les autres que tant de souffrance arrive dans ce monde. Si chacun essayait de se mettre à la place de l’autre, comme un frère devrait le faire, nous nous rencontrerions et discuterions dans un esprit totalement différent – dans un esprit qui rendrait possible le compromis; dans un esprit qui nous permettrait d’arriver à une certaine compréhension mutuelle, afin de pouvoir vivre ensemble fraternellement, et non comme des animaux voraces essayant de se déchirer l’un l’autre.
Que ce soit l’une de nos pensées du Nouvel An: l’amour fraternel et la compréhension mutuelle. Essayons de comprendre; alors nous serons capables de pardonner – et souvent d’aider. Un vieux livre juif raconte qu’un jour, Abraham, alors qu’il campait dans le désert, a été accosté tard dans la nuit par un vieil homme qui lui a demandé de l’aide pour se loger et se nourrir. Le patriarche le reçut immédiatement, comme les hommes le font dans ces pays primitifs, mais lorsque vint le moment de se sustenter, l’étranger refusa de se joindre à Abraham dans sa petite grâce action de grâce à Dieu. Celui-ci se leva alors avec colère, et chassa l’homme sans nourriture ni repos, disant qu’il n’y a pas de place dans sa tente pour un mécréant. Mais cette même nuit, Dieu vint en vision à Abraham et lui dit : « Où est l’étranger que j’ai envoyé pour être ton hôte? » Et Abraham répondit dans la confusion : « Seigneur, il n’a pas cru en Toi; il a refusé de Te rendre grâce; alors je l’ai chassé dans la nuit. » Dieu répondit: « J’ai supporté cet homme pendant soixante-dix ans; ne pouvais-tu pas le supporter pendant une nuit? »
Dieu nous supporte tous. Nous ne pouvons pas encore comprendre comme Lui, mais au moins nous pouvons essayer; et soyons sûr que plus nous nous approchons de la compréhension et de la tolérance, plus nous nous approchons de Lui et de Son Esprit. Que la nouvelle année qui s’ouvre devant nous soit donc une année d’amour fraternel et de compréhension mutuelle. Apprenons à coopérer avec d’autres personnes, et nous aurons déjà accompli un long pas sur le chemin de l’unité finale. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons espérer une nouvelle année vraiment heureuse; cela ne signifie pas une année sans aucune peine, sans aucun nuage, car cela ne se peut pas être – et ne serait peut-être pas non plus vraiment heureux pour nous! -; mais une année où nous nous rapprocherons toujours plus de Dieu, Lui à qui nous devons cette opportunité.
Source: Charles W. Leadbeater: The Hidden Side of Christian Festivals
Le chapitre original traduit en français se trouve ici.