Mais c’est justement l’astrologie qui nous donne la clé pour reconnaître les points faibles de la constitution de notre caractère, qui offrent des points d’attaque au destin, tout comme l’analyse des rêves nous guide vers les points sombres de notre vie psychique.
Et cela nous ouvre une nouvelle perspective du contexte général, que nous pourrions presque appeler, sur la base des connaissances acquises, le lien moral entre le microcosme et le macrocosme! Car mes souffrances et mes douleurs ne sont-elles pas comme une sorte de manifestation de maladie dans la vie de l’organisme global, dont je suis une petite cellule insignifiante?
Et travailler à ma propre guérison n’est-il pas un devoir moral suprême dans le sens de la vie globale, d’où proviennent les forces de la vie universelle, non seulement vers moi, mais aussi vers les plus proches et les plus lointains…! Les douleurs et les souffrances de l’individu sont les signes avant-coureurs de son éveil; plus les souffrances sont grandes, plus le moment de l’éveil est proche. Mais si l’Homme s’éveille à la connaissance de son devoir moral, alors il reconnaît aussi le sens cosmique de cette force du devoir, alors il acquiert aussi, avec cette connaissance, la force d’intervenir de façon transformatrice dans le contexte cosmique lui-même! Car les forces qui sont à l’œuvre dans le cosmos sont l’expression de la même loi qui, à l’intérieur de l’Homme, détermine sa force morale; la loi morale est la loi suprême de l’évolution du monde lui-même.
La part morale de l’homme dans l’événement mondial, aussi petite soit-elle, le place ainsi comme force motrice dans l’ensemble du monde; et la doctrine ésotérique de l’utilisation de cette force – la troisième et dernière partie de la doctrine secrète – s’appelle la magie !
L’astrologie, l’alchimie et la magie forment ensemble le patrimoine de connaissances de la doctrine ésotérique!
- L’astrologie est l’étude de l’intégration de l’homme dans l’ensemble du cosmos.
- L’alchimie est la doctrine de la transformation de ce qui est inférieur en ce qui est supérieur!
- La magie est l’étude de l’utilisation et de la direction des forces qui guident l’évolution!
Ou encore:
- Astrologie: la science secrète de la nature.
- Alchimie : la doctrine secrète de l’évolution.
- Magie: l’éthique secrète. [49]
Pour la pensée exotérique, la loi naturelle et l’éthique sont apparemment sans rapport. Elles représentent deux formes de légalité entre lesquelles il n’est pas possible de trouver un pont. Or entre les deux se trouve, comme une chose étrangère, « sans sens » pour la science exotérique, le chemin de souffrance du « développement » de l’Homme supposé sans point de départ et sans but !
Emmanuel Kant, devant le regard visionnaire à partir duquel s’est révélée l’évolution du système solaire, recule devant l’incompatibilité de ces contradictions, que la simple critique de la raison ne peut combler. A la fin de son immense ouvrage La Critique de la raison pratique, il écrit ces mots mémorables : « Deux choses remplissent l’esprit d’une admiration et d’un respect toujours nouveaux et croissants, à mesure que la réflexion s’en occupe plus souvent et plus durablement: Le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. Je ne dois pas les chercher et les supposer comme voilées dans les ténèbres ou dans l’exubérance, à l’extérieur de mon champ de vision; je les vois devant moi et je les associe directement à la conscience de mon existence. La première commence à partir de la place que j’occupe dans le monde extérieur des sens, et étend le lien dans lequel je me trouve face à l’infiniment grand, avec des mondes sur des mondes et des systèmes de systèmes, au-dessus encore des temps illimités de leur mouvement périodique, de leur début et de leur continuation. Le second commence par mon moi invisible, mon individualité, et me représente dans un monde qui a une véritable infinité, mais qui n’est sensible qu’à l’intelligence, et avec lequel (mais par là aussi en même temps avec tous ces mondes visibles) je me reconnais, non pas comme là, dans une liaison simplement accidentelle, mais dans une liaison générale et nécessaire. La première vue d’une quantité innombrable de mondes annule pour ainsi dire mon importance, en tant que créature animale qui doit rendre à la planète (un simple point dans l’univers) la matière dont elle est issue, après avoir été dotée pendant un court laps de temps (on ne sait pas comment) de la force vitale. La seconde, au contraire, élève infiniment ma valeur, en tant qu’intelligence, par ma personnalité, dans laquelle la loi morale me révèle une vie indépendante de l’animalité et même de tout le monde des sens, du moins autant qu’on peut le déduire de la détermination utilitaire de mon existence par cette loi, qui n’est pas restreinte aux conditions et aux limites de cette vie, mais va à l’infini. »
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[51] Kant devait s’arrêter à cette dualité. Mais le fossé qui sépare les deux mondes, le « monde extérieur » et le « monde intérieur », ne peut être comblé que par la connaissance ésotérique. Ce n’est que lorsque les sources de la connaissance intérieure se sont ouvertes, sources auxquelles Kant savait également puiser, mais sur lesquelles il gardait sagement le silence, que s’ouvre le chemin vers une astrologie qui n’est plus un « art des étoiles » profane et superstitieux, mais une vision du monde dans laquelle le ciel étoilé et la loi morale s’unissent en un tout.
La loi morale en moi dirige mon regard vers le ciel au-dessus de moi et me fait pressentir un lien qui se transforme en connaissance lorsque j’ai reconnu que ces deux choses:
- Le ciel étoilé en moi et
- la loi morale au-dessus de moi,
ne font qu’un!
Source: Das Testament der Astrologie, tome 1, Oskar Adler, 1930-38