Mais quel est l’effet de cet étrange processus de déplacement des Signes sur les constellations?
L’Homme, considéré dans son existence individuelle, ne peut absolument pas faire l’expérience de cet effet. Raison pour laquelle ce phénomène – la précession des équinoxes – ne se rapporte pas non plus à la vie individuelle de l’Homme, mais à la vie de l’humanité, dans laquelle la vie de l’Homme individuel s’intègre comme la cellule dans un organisme d’ordre supérieur.
Cependant, au niveau de la vie de l’humanité, la modification du zodiaque primaire en zodiaque secondaire produit quelque chose de similaire à ce qu’on connaît en musique, lorsque l’on transpose un morceau dans une autre tonalité:
- Rien ne change dans les relations entre les différentes notes, seule l’harmonie générale change.
- Le morceau de musique reste le même, mais on humeur fondamentale est différente.
De même, la transposition cosmique des sections du zodiaque entraîne un changement d’ambiance dans la structure générale des bases culturelles de l’humanité, qui donne aux différentes époques leur coloration particulière.
C’est ainsi qu’a commencé il y a environ 2000 ans ce que l’on appelle « l »Ère des Poissons » (le point vernal s’est déplacé dans la constellation des Poissons à l’époque de Jésus Christ), environ 2000 ans avant la naissance du Christ, c’était l’Ère du Bélier (Moïse), et c’est ainsi que nous nous trouvons maintenant au début de l’ère du Verseau, dont l’ombre se profile depuis un certain temps déjà.
Les Indiens parlent de l’apparition sur Terre, tous les 2000 ans environ, d’un guide qui transmet à l’humanité les nouvelles impulsions, harmonisant le développement de l’humanité avec la nouvelle étape du zodiaque céleste et lui donnant ainsi la nouvelle ambiance de base dans laquelle le zodiaque solaire apportera ses forces à l’humanité pour les 2000 prochaines années. Nous y reviendrons plus tard.
Nous pouvons donc voir dans le zodiaque, c’est ainsi que nous appellerons désormais le cercle solaire, une sorte de projection du zodiaque originel. Son point de départ se situe toujours à l’intersection de l’équateur et de l’écliptique, que le Soleil atteint au début du printemps, au point vernal, et dont l’importance considérable dans la vie cultuelle des peuples primitifs a déjà été soulignée dans une occasion précédente.
Mais ce zodiaque a également sa projection dans la troisième perspective, la perspective terrestre. Alors que – selon cette perspective géocentrique – le Ciel des étoiles fixes tourne autour de la Terre, que le cercle des animaux solaires (qui représentent les constellations du zodiaque et les Signes du même nom) se déplace lentement à l’intérieur du [122] Ciel des étoiles fixes, cette deuxième projection du zodiaque sur la Terre produit un cercle à douze membres qui, de ce point de vue géocentrique, reste immobile, comme le point de surface de la Terre: nous avons là le lieu de naissance de l’individu humain, pour qui ce lieu semble naturellement être, de prime abord, le centre du monde!
Dans cette troisième perspective, celle de la Terre, on retrouve les correspondances du cercle zodiacal. Ce que signifie pour la Terre entière l’équateur, par lequel la moitié nord du ciel se sépare de la moitié sud, correspond, pour le lieu de naissance de l’individu humain, à l’horizon qui sépare le haut du bas; et ce que signifient pour la Terre entière les points d’intersection entre l’équateur et la trajectoire du Soleil comme points de printemps et d’automne, signifient, pour l’individu humain là où il naît, les points d’intersection entre l’horizon et la trajectoire du Soleil: nous avons là l‘Ascendant, le point du zodiaque qui vient de se lever, correspondant au point du printemps, et le descendant, le point du zodiaque qui vient de se coucher, correspondant au point de l’automne, tandis que, d’autre part, les deux points d’intersection entre le méridien du lieu de naissance – ou, plus exactement, sa projection sur la sphère céleste et l’écliptique – correspondent aux deux points solsticiaux. Ces quatre points de repère « terrestres » donnent naissance aux quatre quadrants de l’écliptique, dont deux se trouvent au-dessous de l’horizon au moment de la naissance, et les deux autres au-dessus; chacun des quadrant étant divisé en trois sous-sections, lesquelles réalisent complètement la projection de la constitution du zodiaque en douze parties.
Nous arrivons ainsi à un troisième type de division de l’écliptique, sa division en douze parties, dont le point de départ se situe à l’est, sur la ligne d’horizon du lieu de naissance. La démarcation de ces douze segments résulte de la rotation axiale de la Terre sur elle-même, de sorte que la véritable clé pour établir les frontières entre les segments est obtenue à partir de la position de l’équateur par rapport à l’horizon du lieu de naissance. Pour ce qui concerne ce dont nous voulons partager aujourd’hui, il suffira de constater que cette division reflète les douze régions du firmament, dont six restent cachées du Soleil, tandis que les six autres appartiennent reçoivent ses directement ses rayons. Ces douze régions qui sont la transposition des constellations zodiacales dans la matière terrestre, s’appèlent les Maisons – les « Maisons astrologiques » –, [123] et nous les comptons de 1 à 6 en commençant à l’horizon est (Ascendant) et qui ne sont pas illuminés par le Soleil, et de 7 à 12 celles qui, au moment de la naissance, reçoivent les rayons Soleil, en commençant à l’horizon ouest (Descendant).
Si nous nous souvenons de ce que nous avons dit la dernière fois, nous pourrons reconnaître dans ces douze Maisons une espèce de table d’harmonie terrestre pour les rayons célestes, laquelle s’ajoute à la musique céleste résultant de l’harmonie de l’ensemble de la constellation – une sorte de timbre par lequel cette musique céleste, qui n’était jusqu’alors perceptible qu’à l’oreille spirituelle, reçoit maintenant le son terrestre et matériel. Ce reflet terrestre-matériel de la musique céleste, qui indique en quelque sorte leur correspondance terrestre à chacun des douze tons de l’échelle zodiacale, est transmis dans son ensemble à l’individu en fonction de son lieu de naissance, qui donne l’ambiance fondamentale dans laquelle le natif baigne.
De même que nous rapportons en musique la vie globale de l’œuvre et tous ses événements à un son fondamental ou, en termes généraux, à un centre de gravité spirituel et sensoriel qui est en même temps le point de départ pour l’évaluation de toutes les relations tonales qui se produisent au cours des événements musicaux, de même cette ceinture de douze Maisons contient dans son ensemble tout ce qui donne à la musique cosmique et céleste son centre de gravité terrestre dans la vie de chaque Homme en particulier – nous avons là l’analogue de la sensation de tonalité ou de ce que nous avons appelé au début de nos recherches « la capacité de destin »: son implication individuelle dans le mouvement mondial. La répartition des Signes du zodiaque et des Planètes dans les Maisons, nous informe de ce qui, dans ce rayonnement céleste s’inscrivant sur la Terre, est lié à l’hérédité, au royaume terrestre du passé (Maisons 1 à 6) et ce qui appartient au royaume de l’espérance de la liberation (Maisons 7 à 12).
Nous obtenons ainsi un argument supplémentaire en faveur de l’importance du moment de la naissance: la configuration des Maisons, telle qu’elle prend forme depuis la perspective terrestre, nous révèle l’image cosmique de la conception originelle de l’Homme, image qui est la clef pour saisir comment le natif appréhendera en son for intérieur toutes les situations qu’il est destiné à vivre.
Tout ce qui va advenir?
Certes, les astres continuent à se déplacer, ils ne se sont pas arrêtés au moment où tel Homme est né. Cependant, pour le natif lui-même, qui est devenu à proprement parler le gardien et le conservateur de cette pensée cosmique libérée avec lui dans son corps terrestre [124], son horoscope représente la doctrine du Ciel, la clé de tout ce qui est à venir, parce que tout ce qui lui parviendra plus tard des confins du Ciel ne pourra prospérer que sur le sol que sa nativité lui a donné, et c’est ce sol qu’il doit cultiver, qu’il soit, à l’origine de sa naissance, bon ou mauvais – c’est le seul qu’il a à disposition!
Il s’avère que la nature de ce sol – son aperception originelle – peut être déduite de la constitution de l’horoscope.
Pour comprendre cela, il est nécessaire de jeter à nouveau un regard sur le monde planétaire, sur ces sept Planètes sacrées qui, comme nous l’avons expliqué précédemment, relient l’idée originelle de l’Homme macrocosmique à l’Homme terrestre comme une sorte de cordon ombilical pulsant. Le thème natal de chaque être humain nous indique, si je puis dire, la phase particulière de la pulsation de ce cordon ombilical dans l’harmonie conjuguée des sept éléments, en fonction des intervalles individuels de ses tons d’origine!
Aux sept Planètes de l’ancienne astrologie sont venues s’en rajouter récemment trois autres – à savoir Uranus, découverte vers la fin du XVIIIe siècle; Neptune, découverte vers la fin du XIXe siècle; et enfin Pluton, découverte seulement de nos jours (1930). Ces trois Planètes sont au-delà de l’orbite de Saturne autour du Soleil. Elles jouent un rôle important dans l’astrologie récente; nous en parlerons plus loin plus en détail.
En astrologie, ces intervalles entre les différentes planètes sont appelés « aspects ». Leur mesure est l’angle, exprimé en degrés d’arc, sous lequel elles sont vues depuis la Terre.
Or, depuis Pythagore, la science sait que le rapport de hauteur ou d’intervalle entre deux sons dépend de la mesure des longueurs de cordes vibrantes ou, pour le dire plus précisément, de la mesure des longueurs d’ondes des vibrations sonores; si celles-ci sont dans certains rapports numériques simples, comme par exemple 1:2, 2:3, 3:4, 4:5, 5:6, il en résulte des accords simples, harmonieux, faciles à comprendre – bref: agréables –; , mais si les longueurs d’onde sont dans des rapports numériques plus complexes, comme par exemple 8:9, 9:10, il en résulte des relations plus difficiles à comprendre, insatisfaisantes, inquiétantes, inharmonieuses; et si les rapports numériques sont encore plus compliqués, il en résulte finalement l’impossibilité de saisir la relation ainsi donnée (3:13, 12:17, etc.) – fe tels intervalles restent étrangers à la musique.
Il en va de même pour les positions angulaires des Planètes, telles qu’elles se présentent du point de vue géocentrique. Seules les positions angulaires qui résultent de la division cosmique du cercle en douze, c’est-à-dire les angles dont la plus grande mesure commune représente un douzième du cercle, entrent ici en ligne de compte comme essentielles. Seuls ces aspects permettent à l’Homme de saisir les relations entre les Planètes, que ces relations soient harmonieuses ou non, c’est-à-dire qu’elles lui faciliteront ou lui compliqueront le travail sur la terre agricole, lui prépareront un terrain plus ou moins favorable à son activité et le placeront ainsi devant des tâches plus ou moins difficiles.
L’accord global qui résulte de l’harmonisation des aspects planétaires est donc déterminant pour l’humeur cosmique dans laquelle le nouvel Homme naît. C’est d’elle que dépendra l’écho de l’image céleste en constante évolution; à quels moments les possibilités contenues dans le thème natal seront appelées à se réaliser, quand ce qui n’était jusqu’alors que potentiel pourra devenir actuel dans le cours de la vie, quand l’heure de la maturité et de la récolte approchera… – comme on peut le lire chez Schiller dans Wallenstein:
Les astres célestes ne font pas seulement le jour et la nuit, le printemps et l’été – au semeur, ils n’indiquent que les moments des semailles et de la récolte.
Les actions de l’Homme aussi sont un ensemencement dicté par la fatalité, semées dans les terres sombres de l’avenir, livrées aux forces du destin dans l’espoir.
Il est donc nécessaire d’explorer le temps des semailles, de lire l’heure juste des étoiles, de scruter les maisons du ciel, pour voir si l’ennemi de la croissance et de la prospérité ne se cache pas dans ses recoins, en y faisant du tort.
Il en résulte pour nous une division en deux parties dans ce cours d’astrologie:
- La première partie de cet enseignement s’occupera de la constitution de l’Homme; elle cherchera, en tenant compte des trois perspectives, à saisir son unicité individuelle sur la base de la configuration céleste que forme sa naissance. [126] Pour le dire autrement, elle cherchera à comprendre le caractère de l’individu en relation avec sa capacité de destin, pour reconnaître ensuite la tâche cosmique particulière qui est assignée au natif, si sa vie ne doit pas rester vaine.
- La deuxième partie de cet apprentissage éclairera la vie du natif dans son déroulement, afin de lui faciliter, dans les moments où les nécessités du destin mûrissent pour lui permettre son accomplissement – que ce soit pour lui une joie ou une douleur –, la connaissance qui doit l’aider à quitter le chemin de l’insensé, à ne pas s’attacher à un plaisir éphémère, ni à craindre une douleur tout aussi éphémère, mais à continuer à travailler sans relâche au perfectionnement et à la purification de son être – sur le chemin de sa deuxième naissance.
Dans son grand poème didactique la Sagesse du brahmane, Friedrich Rücken parle de cette deuxième naissance avec des mots magnifiques; nous voulons les faire résonner ici:
Le sanskrit sacré, qui s’est perdu depuis longtemps dans la bouche des Hommes, appelle trois choses deux fois nées. D’abord l’oiseau, qui est né une première fois sous forme d’œuf, puis une seconde fois de la coquille. Ensuite, il appelle ainsi la dent qui pousse dans la bouche de l’Homme, d’abord plus faible, puis sur une base solide. En troisième lieu, il appelle ainsi le sage, enfanté une première fois par sa mère, puis par l’Esprit. L’oiseau qui n’est pas né deux fois reste au nid, et la dent qui n’est pas née deux fois n’est pas solide. Le sage ne se tiendra pas ferme dans la sagesse et ne volera pas, s’il n’est pas sorti de l’autre naissance.
Et maintenant, avant de conclure cette introduction qui devrait nous mettre d’accord sur notre travail futur… revenons encore une fois au tout début!