Nous nous tournons maintenant vers le Signe des Poissons, le Signe équilibrant ou communautaire de l’Élément Eau.
Parmi les trois modes de qualité Eau, le Signe des Poissons peut être considéré comme le plus impuissant. Rappelons que les trois Signes du Cancer, du Scorpion et des Poissons sont en effet privés de la protection que seul le corps peut offrir dans le monde matériel. Alors que le Cancer et le Scorpion tirent de leur environnement humain les aides nécessaires à la protection de la vie psychique nue, la nature des Poissons est totalement dépourvue des énergies nécessaires à l’acquisition de ces aides, car elles se consomment et se neutralisent dans la lutte pour l’équilibre entre la polarité active et passive de l’âme. C’est pourquoi le Signe des Poissons est celui qui emprisonne le plus profondément l’Homme dans la vie psychique – tel un rêveur qui ne parvient pas à passer du rêve à l’état de veille, comme un rêveur qui ne peut pas se réveiller.
Essayons de nous rapprocher de cet état par une image que nous prenons directement du symbole de ce Signe zodiacal.
[233] Dans ce symbole, les deux poissons sont placés avec leurs axes longitudinaux parallèles, mais de manière à ce que la tête de l’un soit à la même hauteur que la queue de l’autre. Cet appariement nous rappelle involontairement cette association de deux aiguilles magnétiques que l’on appelle en physique la paire d’aiguilles astatiques.
Chacune des deux aiguilles possède en soi une force magnétique directionnelle, elle a pour ainsi dire son propre caractère, sa propre stabilité; mais si le pôle nord se trouve sur le pôle sud et le pôle sud sur le pôle nord, la paire d’aiguilles devient complètement sans direction. Les forces du magnétisme semblent être annulées sur une telle paire d’aiguilles – en réalité, elles sont simplement détachées du magnétisme terrestre, mais d’autant plus sensibles aux moindres influences qui leur sont communiquées par les modifications des tensions électromagnétiques autour d’elles.
Appliqué à l’Homme, cela signifie quelque chose qui ressemble à ça: l’état d’âme est lui-même sans direction propre, mais il est extrêmement sensible à toute vibration d’âme qui lui parvient de l’environnement. Le natif (fictif) vit donc – en croyant vivre sa propre vie – une vie psychique étrangère qui lui est suggérée et qui lui vient des courants d’âme de l’environnement, comme s’il s’agissait de sa propre vie. Mais cette vie psychique étrangère ne devient pas ici la protection de la sienne, elle s’y mêle au contraire de telle sorte que, dans ce mélange, les frontières s’estompent comme dans un rêve. C’est comme s’il vivait une vie que – pour m’exprimer avec un mot d’Ewers – un autre rêve de lui! Il vit pour ainsi dire sa vie psychique sous la forme de la souffrance, il souffre de la vie, de la sienne autant que de celle des autres. Lorsque Faust, en entrant dans la cellule de Gretchen, prononce les mots:
Toute la misère de l’humanité me touche
il a à peu près exprimé ce que l’âme de l’Homme-Poissons peut ressentir lorsqu’elle doit accepter, à la naissance, d’être incarcérée dans son corps d’Homme. Le natif se trouve ainsi effectivement, tout au long de sa vie, dans un état par rapport à la vie psychique de l’environnement qui fait de celui-ci pour lui non pas un vêtement protecteur, comme c’était le cas pour le Cancer ou le Scorpion, mais un état permanent que l’on pourrait qualifier, pour utiliser un terme moderne, de sorte de détention protectrice!
Si ce qui est représenté ici sous une image se présentait à nous en chair et en os dans la vie, nous aurions l’image d’un fou, d’un malade mental ou d’un hypnotisé – ou encore d’un somnambule que rien ne peut arracher à sa vie de pur rêve. Bref, nous serions face à un être psychiquement malade!
[234] Jusqu’à un certain point, cette appréhension des rêves est la caractéristique de tous les êtres Aquatiques. Ils n’ont pas de corps physique qui les relie directement au monde réel. Mais l’Homme-Poissons ne possède même pas la capacité de se créer un tel corps de substitution, comme le font les deux autres Signes d’Eau. C’est pourquoi il doit prendre conscience plus tôt que les autres êtres humains de la qualité de l’Eau: il comprend ainsi qu’il est un être souffrant et qu’il est prisonnier de sa souffrance! Celui qui souffre, prisonnier du sentiment d’être malade, cherche d’abord à vivre sa maladie de la même manière que l’Homme sain vit sa santé. Celui qui se sent aussi à l’aise dans sa maladie que l’Homme sain dans sa santé, nous pouvons bien l’appeler un maraudeur – dans le sens de quelqu’un en errance. L’Homme-Poissons est d’abord un maraudeur né de la vie. Errer humanum est, chantait Hubert-Félix Thiéfaine (Soleil et Ascendant en Cancer, Milieu du Ciel en Poissons). C’est dans cet état, en tant qu’état permanent, que beaucoup d’Hommes-Poissons fuient le champ de bataille de la vie!
Essayons de nous faire une idée de cet état d’âme dont l’essentiel réside dans l’idée, jamais avouée à soi-même, de sa propre infériorité par rapport aux autres Hommes, mieux équipés pour la réalité et en bonne santé, qui se débrouillent avec facilité là où leur propre force ne suffit pas. Cela a pour conséquence que l’on essaie d’abord de poursuivre sa propre vie de rêve avec une certaine morosité, tant qu’on le peut. Comme toujours dans de tels cas, il faut essayer de faire de la nécessité une vertu ou de mettre en lumière les valeurs positives de sa prédisposition de naissance! Mais cela demande un effort considérable pour pouvoir suivre cette voie.
Dans de très nombreux cas, nous voyons apparaître une tendance à emprunter une voie de compromis et à ne voir la « vertu » que dans le fait de se résigner à son sort. Il se développe alors un style de vie particulier qui conduit à l’exploitation ou même à la revendication de toutes les indulgences auxquelles le malade ou l’inférieur pense avoir droit. Et de même que l’enfant a un droit naturel à être ménagé, de même l’Homme-Poissons qui ne veut pas travailler à sa guérison – appelons-le le type des Poissons tourné vers le moi existentiel – revendique avant tout d’être traité avec un ménagement particulier, parce qu’il est – du moins le sent-il – encore un enfant, un enfant qui ne sera jamais adulte, et surtout un enfant sans défense.
[235] Et pourtant, il n’est pas si sans défense, sauf que la tactique de son style de vie est une tactique copiée sur celle de l’enfant, la tactique du faible, dont la faiblesse consciemment soulignée fait sa force. Elle s’exprime d’abord dans la revendication, comme l’enfant, de ne pas être pris au sérieux, de pouvoir rester, comme l’enfant devant la loi, irresponsable en cas de problème. Mais il en résulte un comportement étrange qui, sans être moral, est néanmoins le plus facile à comprendre dans ses conséquences morales. Nous avons affaire ici à un cas particulier de mimétisme protecteur que nous qualifierons de « mimétisme moral », par opposition au mimétisme passif du Cancer et au mimétisme actif du Scorpion. Si nous nous souvenons que nous avons vu la particularité de la disposition des Poissons dans le fait que cet Homme vit à travers elle la vie psychique de son environnement comme si c’était la sienne, et qu’il est donc ouvert à toutes les impulsions des passions qui l’entourent, nous pouvons comprendre à quel point il doit être capable d’absorber en lui les courants d’âme les plus contradictoires et de les relier entre eux. Mais un sujet moral ne suffit pas pour établir de telles liaisons toujours nouvelles et leur donner un centre de gravité interne; il faudrait qu’il soit si vaste que l’amour et la haine, la cruauté et la douceur, l’espoir et le désespoir, la méchanceté et la bonté, bref tout ce qui est concevable comme contenu de la vie psychique, puissent y entrer simultanément sous toutes les formes imaginables, sans causer de confusion. Pour que cela soit possible, il faudrait qu’un être humain puisse être en même temps tout ce qu’un acteur aux multiples talents représente à tour de rôle sur la scène de théâtre – notez qu’il ne fait que représenter, sans être réellement, sans devoir être. Si nous appliquons cette comparaison avec l’acteur à la nature de l’âme de l’Homme-Poissons, il en résulte avec une clarté effrayante la nature d’un véritable don de mimétisme moral qui permet à cet Homme non seulement de hurler avec les loups, comme nous l’avons vu dans le cas du Cancer, mais de devenir réellement et temporairement un loup qui hurle avec eux, non pas parce qu’il pense que c’est intelligent, mais parce qu’une pseudo-impulsion morale intérieure l’y contraint. Nous arrivons ainsi à une autre caractéristique de la nature des Poissons: la médiumnité morale.
La fuite dans cet état crée cette variété de Poissons, que nous pourrions appeler l’acteur de la vie. De même que le célèbre acteur de cinéma Chaney était appelé l’homme aux mille [236] masques, on pourrait parler ici de l’homme ou de la femme aux mille caractères, à la seule différence qu’il s’agit, dans notre cas, d’un art dramatique plus ou moins inconscient, qui n’est rien d’autre que la tactique de l’enfance, avancée dans la vie mûre, pour s’acclimater à son environnement par les arts de l’imitation.
Mais même ce mimétisme moral, qui peut être suffisamment douloureux et humiliant, n’est pas ressenti comme un acte volontaire, mais comme quelque chose d’imposé, à l’instar d’un ordre suggestif qui efface sa propre volonté morale pour lui substituer celle d’un autre. Ainsi, cette considération nous conduit finalement à une autre caractéristique de la nature des Poissons, qui représente l’autre facette de la maraude: le sentiment d’être une victime, une victime privée de résistance morale, sans défense, un enfant paria de Dieu sur Terre, destiné à passer sa vie dans une rébellion impuissante contre l’emprisonnement psychique, pour finalement chercher dans la résignation la seule issue possible, qui lui épargne la lutte sans espoir pour sa libération.
Jusqu’à présent, nous avons tenté de dresser un portrait de la nature des Poissons, dont nous voulons maintenant désigner l’élément essentiel comme étant la médiumnité. Tout comme le Cancer était le romantique et le Scorpion le magicien, le Poissons est le médium.
C’est déjà là une indication du chemin de développement que nous voyons l’Homme-Poissons emprunter dans la vie.
Deux voies se distinguent maintenant très clairement l’une de l’autre, l’une menant vers le bas, l’autre vers le haut – une voie qui s’enfonce toujours plus profondément dans la maraude, nous l’appelons la voie de la maladie, et une voie qui en sort pour la guérison – nous l’appelons la voie de la la rédemption. Nous pouvons alors clairement distinguer les deux types de base de l’Homme-Poissons: celui tourné vers le moi existentiel et celui tourné vers le moi essentiel. Le premier s’acharne de plus en plus sur sa maladie et « consacre » son existence à la vivre; le second, trouve le chemin de la rédemption et le poursuit victorieusement.
Considérons la première voie, celle du martyre résigné. La vocation de tous ceux qui suivent cette voie est de vivre leur médiumnité émotionnelle de telle sorte qu’ils deviennent une sorte de médium professionnel, soit au sens réel du terme, soit au sens figuré, en s’efforçant de se faire le médium des personnes qui tombent dans leur entourage. Avec un flair subtil, ils cherchent à attirer à eux de telles [237] personnes dont ils seront plus tard la victime ou l’instrument, dont le sens brut de la réalité ou l’égoïsme brutal leur permettra d’endosser un martyre dans la gloriole complaisante duquel ils se croiront élevés dans leur abaissement, pour pouvoir finalement se réfugier à nouveau dans le rêve favori de la belle-famille. Enfin, la dernière tentative d’évasion avant les horreurs d’un réveil soudain est la tendance, fréquente chez les Hommes-Poissons, à utiliser des poisons narcotiques, comme l’alcool, l’opium, la cocaïne, la morphine, etc. Ce n’est pas un hasard si un si grand nombre de médiums y succombent – qu’il s’agisse de vrais médiums professionnels ou d’acteurs médiumniques, particulièrement fréquents parmi les Hommes-Poissons –, car un domaine s’ouvre à eux, qui leur fournit un terrain de guerre secondaire dans la vie, où ils peuvent faire triompher leur penchant pour le mimétisme moral, sans devoir renoncer à eux-mêmes jusqu’au bout.
Et l’autre chemin, la voie de la rédemption?
Permettez-moi tout d’abord de le désigner par les mots que Richard Wagner utilise dans son Parsifal:
Devenir connaissant par la compassion!
Qui d’autre que celui dans l’âme duquel résonne toute la misère de l’humanité, qui d’autre que celui qui, par cet écho, vit en lui la musique de l’harmonie de tout ce qui est élevé et bas et qui anime l’âme humaine, pourrait être capable de résoudre toutes ces dissonances et de les transformer en consonances, en puisant dans ce qui a été la source de la maladie de l’Homme-Poissons inférieur, en se sacrifiant volontairement et en s’engageant de manière compréhensive dans toutes les profondeurs de la confusion de l’âme, il obtient le remède à ces souffrances, s’il les surmonte en lui et montre ainsi le chemin aux autres, leur offre en quelque sorte l’extrait salutaire de son propre chemin de souffrance comme sérum salvateur – la sagesse qui jaillit de la compassion, en bénédiction à tous les hommes! Il ne s’agit ni plus ni moins que de transformer la malédiction de la compassion en bénédiction d’une compassion volontaire, de laquelle seule peut être tirée la connaissance de la rédemption de la souffrance.
Mais pour comprendre cela, partons ici encore de l’organe qui correspond dans le corps humain au rayonnement des Poissons: les pieds.
Avec ses pieds, l’Homme se tient sur la Terre, ils pointent vers la Terre, tandis que sa tête pointe vers le Ciel. Mais par les pieds, nous sommes aussi [238] en contact direct et permanent avec la saleté de la Terre. Aucun Homme n’est jamais si pur que ce contact avec la Terre ne lui laisse quelque chose de sa saleté. C’est ce que l’on entend dans le Faust II de Goethe:
Il nous reste un reste de terre à porter,
Même s’il est en amiante, il n’est pas propre.
Mais cette souillure de la Terre n’est rien d’autre que notre part de ce que le Moyen Âge appelait le péché originel, par lequel nous devons rester liés à la Terre – l’enfant de l’Homme, le fils de la Terre.
C’est de cette région féminine de notre être, tournée vers le « passé », que montent toutes nos souffrances, que montent nos passions; c’est dans cette région que s’accumulent, comme la boue sur les pieds, tous les restes de la boue héréditaire, tous les restes de notre boue du passé, tout ce qui est bas et déformant. C’est pourquoi il est justement donné à l’Homme-Poissons supérieur de pouvoir faire, ce qu’aucun autre Signe ne donne la force de faire: se purifier de cette saleté – de laver les pieds de l’autre, comme le Christ, le Poisson (Ichthys), l’a enseigné aux Hommes. Dans l’Évangile de Jean (chap. 13), on peut lire:
Après cela, il versa de l’eau dans un bassin, se mit à laver les pieds des disciples et les essuya avec son tablier pour qu’il soit ceint…
Pierre lui dit: « Plus jamais Tu ne dois me laver les pieds. »
Jésus lui répondit: « Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi. »
Simon Pierre lui dit: « Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête. »
Jésus lui dit: « Celui qui est lavé n’a besoin de rien, sinon de se laver les pieds, mais il est tout à fait pur »…
Mais gagner cette force de purifier les autres n’est donné qu’à celui qui peut suivre le chemin de l’Homme-Poissons tourné vers le moi essentiel, qui voit dans le « pécheur » celui qui est accablé par le passé, celui qui souffre, le malade qui n’a pas encore réussi à se purifier lui-même de la saleté; ce Poissons-là a pu devenir le médecin savant en transformant la substance pathogène en remède. C’est ainsi qu’apparaît la véritable profession de l’Homme-Poissons supérieur: devenir une aide pour tous ceux qui, encore prisonniers de l’égocentrisme de leur [239] corps d’âme pleurnichard, ne peuvent trouver le chemin vers l’Absolu; mais surtout de devenir un médecin de l’âme pour ceux qui s’efforcent en vain d’échapper à la saleté qui s’est accumulée comme la lie de tout ce qui est bas et lié à la terre, car il sait tout cela, il le sait parce qu’il a été désigné comme l’Homme « à pied » pour vivre et agir dans ces régions de l’âme.
Et maintenant, nous comprenons aussi quelle transformation doit subir ce que nous avons appelé le mimétisme moral qui, dans des cas extrêmes, pouvait aller jusqu’à l’extinction de la conscience morale en général. Elle devient maintenant le « pouvoir tout comprendre » et donc aussi le pouvoir de pardonner, non pas pardonner à la manière d’une clémence impuissante, mais à la manière de cette grâce guérissante et bouleversante à laquelle il est inhérent de garantir: « Désormais, tu ne pécheras plus! »
La Planète qui sert de vecteur de force au rayonnement des Poissons est Jupiter dans sa polarité féminine; il peut suffire ici de signaler que cette puissante Planète procure toutes les forces d’ascension qui se libèrent après chaque type d’élimination des scories, en libérant de la lourdeur terrestre; elle confère les forces alaires de l’espérance et devient ainsi la boussole intérieure pour le chemin vers le haut.
Et maintenant, avant de quitter la région de l’Eau, encore quelques mots sur la relation entre cette région et la région Terrestre en général. Nous avons fait quelques remarques générales à ce sujet dès le début. Mais il est maintenant tout à fait clair comment les signes de Terre et les Signes d’eau, qui se font face (ils sont en opposition dans le zodiaque), se complètent. Ce n’est que par l’interaction de ces deux régions que, d’une part, la terre friable, dure et sèche est ramollie et que, d’autre part, l’eau n’agit dans la substance terrestre qu’en s’infiltrant dans celle-ci. Sans l’eau, le monde terrestre resterait nu et dépourvu de vie, sans la terre, l’eau serait inefficace.
Cette pensée résonne merveilleusement dans le récit de la création de la Bible, où il est dit
Tous les arbres des champs n’étaient pas encore sur la Terre et toute l’herbe des champs n’avait pas encore poussé, car le Seigneur Dieu n’avait pas encore fait pleuvoir sur la Terre…
Qu’est-ce que la pluie?
Le rationaliste dirait: la pluie, c’est de l’eau, c’est H2O. Mais dans la conception de la science spirituelle chinoise, la pluie est comprise de la même manière que nous avons compris l’eau de manière ésotérique: comme le messager des royaumes supérieurs tourné vers la Terre. En flottant très haut dans les [240] régions librement accessibles au rayonnement Solaire, les gouttes d’Eau absorbent ce rayonnement, et lorsqu’elles tombent sur la Terre sous forme de pluie pour s’infiltrer dans le sol, elles transmettent un salut du Soleil à tous les germes de vie qui attendent en bas dans les entrailles obscures de la Terre. Et c’est en frémissant de ce salut que la vie se met à bouger de toutes parts, à la rencontre du Soleil.
Et ce que la pluie est dans le domaine du macrocosme, la larme l’est dans le domaine du microcosme humain. La larme est un messager de la grâce de Dieu, l’Eau de la souffrance, par la force sanctifiante de laquelle la rigueur implacable de l’impitoyable loi d’airain de la nature se dissout. Toutes les larmes qui ont été pleurées dans la douleur et l’angoisse sont l’Eau qui, grâce à sa force positive, peut prendre le chemin vers le haut, à l’encontre du courant de la pesanteur terrestre, en arrachant le passé. Elles sont l’eau qui coule vers le haut.