Capricornus, « à cornes de chèvre » selon l’étymologie latine nous viendrait de la mythologie grecque:
- soit d’Amalthée: la chèvre qui nourrit Zeus lors de son enfance;
- soit de Pan fuyant le monstre Typhon: s’étant transformé en chèvre, il voulut plonger dans l’eau et rata sa transformation, seul l’arrière-train devenant poisson.
« Capricorne » est le nom que les entomologistes francophones ont choisi pour une espèce de coléoptères dotés de très longues antennes; le Signe du Capricorne se dit en allemand Steinbock , soit le « bouc des pierriers » ou « bouquetin », ce qui correspond beaucoup mieux au symbolisme astrologique!
Nous avons affaire au Signe Cardinal (Rajas) et actif de la trilogie des Signes de Terre: le Signe de la semence, qui inspire une action énergique et une tâche claire et bien définie, dont l’essentiel est la réalisation d’une intention, en surmontant toutes les résistances que la force d’inertie de la matière lui oppose. L’accomplissement de cette tâche est ressenti comme une sorte de mission; l’avoir laissée inachevée ou même lui avoir été infidèle crée une détresse des plus graves. « Ne rien faire à moitié est le propre des nobles esprits« , telle pourrait être sa devise. Il en résulte sans [191] doute ce que nous pouvons considérer comme une caractéristique essentielle de la disposition du Capricorne: l’infatigabilité et la ténacité dans la poursuite d’un objectif une fois celui-ci fixé. L’inflexibilité qui est ainsi donnée ne se réfère cependant pas à la dureté de la volonté, ni à une volonté en soi, mais plutôt à un devoir: l’action doit être posée, concrétisée. Ce qui est important, ce n’est pas que j’impose ma volonté, mais que l’œuvre soit accomplie. Et derrière ce but doit s’effacer tout ce qui, dans les domaines de l’Eau, de l’Air et même du Feu, fait obstacle à la réalisation. C’est pourquoi l’Homme, dans la mesure où il apparaît idéalement comme l’incarnation du pur rayonnement du Capricorne, n’est enclin à aucune concession ou compromis intérieur, mais en revanche à toutes les concessions ou compromis extérieurs qui lui permettent de réaliser ses intentions.
Le chemin droit – ce que l’on appelle la ligne aérienne – est rarement le plus court, même pour lui. De même que la fourmi est toujours prête à faire les détours les plus longs, évitant inlassablement les obstacles qu’elle ne peut pas franchir, pour revenir ensuite toujours dans la direction initiale qui mène à son but, de même nous voyons le Capricorne prendre, en évaluant intelligemment ses forces, les détours qui lui semblent les plus « courts » de tous les chemins. Il en résulte cette qualité de sagesse pratique dans la poursuite de ses objectifs que l’on appelle « diplomatie », l’art d’atteindre, toujours par des détours, ce qui semblait être la tâche la plus importante.
Et c’est justement cet art particulier de la persévérance élastique qui lui confère un degré de résistance dans la lutte pour la vie qu’aucun autre Signe n’est capable de donner de manière similaire. L’inflexibilité et la dureté qui en résultent ne s’éprouvent pas seulement dans la lutte contre les résistances extérieures, mais aussi contre les résistances intérieures, et se manifestent en particulier dans l’effort de contenir le moment émotionnel, si important pour les Signes d’Eau qui l’expriment sous forme de toutes sortes de caprices, d’humeurs et autres. Pour sa part, le Capricorne s’efforce de ne pas laisser de telles émotions influencer ses actions, elles doivent rester une affaire privée qui ne regarde personne et qu’il s’efforce de dissimuler. On peut même parler ici d’une certaine pudeur ascétique de l’âme. C’est pourquoi le Capricorne peut souvent paraître froid et pauvre d’esprit, parce qu’il ne se trouve pas facilement prêt à accorder dans sa vie autant de place aux affaires de l’âme [192] que, par exemple, le Verseau. Le Capricorne partage cette caractéristique avec les autres Signes de Terre, mais cela prend chez lui presque la forme consciente d’un devoir: le devoir de ne pas se laisser détourner de sa ligne principale par de telles choses « secondaires ». Mais il en découle d’autres conséquences importantes, qui concernent notamment son comportement vis-à-vis des autres Hommes. Nous pouvons dès lors comprendre – et c’est une caractéristique essentielle du Capricorne – qu’il lui semble particulièrement important de conserver une certaine indépendance, surtout psychique, qui s’applique autant à ses propres processus psychiques qu’à ceux des autres.
Ce désir d’indépendance n’est pas l’expression d’un désir de liberté tel qu’on le rencontre dans les Signes de Feu, mais seulement de l’expression d’un impératif pratique. Nous pouvons donc observer que le Capricorne n’aime pas se voir imposer des obligations qui ne peuvent pas être clairement exprimées dans le sens d’un accord juridique. Il a le sentiment embarrassant de ne pas avoir accompli quelque chose par ses propres moyens et de porter en permanence une dette de reconnaissance dont il ne peut s’acquitter. Clara pacta – boni amici est un principe du Capricorne. C’est pourquoi il se caractérise par le fait qu’il préfère se remercier lui-même de tout ce qu’il accomplit – c’est un selfmademan dans l’âme; c’est pourquoi il préfère assumer seul et sans partage la responsabilité de ses actes. Cette conscience de la responsabilité renforce son estime de soi et la conscience de sa propre valeur, qu’il veut voir reconnue dans ce sens.
Dans la mesure où son champ d’action, dont l’extension et l’intensification constantes lui paraissent particulièrement importantes en tant que modalité active de la qualité de la Terre, s’élargit, le désir de prendre sur soi le poids de la responsabilité s’accroît également dans une mesure toujours plus grande. C’est ainsi qu’il acquiert une aptitude particulière à diriger de manière responsable toutes les entreprises qu’il a mises en place; il en résulte un type particulier d’ambition, que nous pouvons appeler ambition morale, dans la mesure où elle veut être évaluée selon le degré de ses réalisations réelles, surtout de la part de ceux à qui son action profite. C’est là le fondement d’un type d’attachement aux Hommes caractéristique du Capricorne, qui se rapporte en premier lieu à ceux qu’il peut mettre au service de son travail, lequel est à son tour entrepris au profit d’une autre collectivité plus grande. [193] Il peut ainsi apparaître de la même manière comme le véritable maître de ceux dont il se sent en même temps le serviteur. Et du fait que de plus en plus d’Hommes participent à son œuvre, dans cette relation de service particulière, basée sur la réciprocité, dont il est en réalité le commandant en chef, sans tirer de ce fait d’autre profit que la satisfaction de son besoin d’action pour l’estime de soi et l’appréciation publique, s’accomplit la tâche principale de sa vie: être un semeur dans le champ de la Terre.
C’est la raison pour laquelle le pur Capricorne a toujours tendance à s’engager d’une manière ou d’une autre dans la vie publique et à exercer des professions qui lui permettent d’agir de la manière décrite ci-dessus, c’est-à-dire de dominer en servant ou de servir en dominant. Il faut donc mentionner tout particulièrement que l’intelligence de la vie et les dispositions diplomatiques décrites ci-dessus rendent le Capricorne particulièrement apte à exercer les professions qui permettent d’appliquer tous les avantages mentionnés. Dans les cas les plus remarquables, il s’agirait de la profession d’Homme d’État, de politicien ou de diplomate.
Mais si nous ne portons pas notre attention en premier lieu sur la signature extérieure de la profession, et considérons plutôt l’effet de toutes les dispositions décrites dans la vie de l’Homme moyen, c’est-à-dire dans leurs formes plus primitives, il en résulte également un moment de vie très caractéristique et important qui ne fait presque jamais défaut chez le Capricorne: c’est la conception de la simple existence humaine déjà en tant que profession.
« Soyez féconds et multipliez-vous! » Ce commandement ancestral ne résonne-t-il pas à nos oreilles comme la voix de la conscience du primitif qui l’exhorte à laisser dans le monde matériel des monuments visibles de son passage sur Terre, où il n’a pu agir autrement que par le lien avec les descendants qui sont de son sang, à la seule condition qu’il reste à son tour lié à ces descendants par un sentiment clair de responsabilité pour leur existence et le souci de leur développement ultérieur. C’est ainsi que se dessine devant nous l’image du pater familias, de l’ancien du sérail, du patriarche. Ce qu’est le patriarche au sein de sa tribu, c’est, au sens le plus large du terme, chaque Capricorne dans les limites de son activité.
D’après ce qui a été dit jusqu’à présent, nous pouvons manifestement voir qu’il est tout à fait impossible pour le Capricorne de prendre la vie « à la légère », même s’il est né dans la richesse et l’abondance. Il porte sur lui comme le lourd fardeau d’une obligation – celle de devoir agir! C’est pourquoi toute sa vie est empreinte d’un sérieux pesant, qui semble provenir d’un sens de la responsabilité toujours prêt à affronter les conséquences de ses actes, pour autant qu’elles se soient réellement produites. Il convient de mettre l’accent sur cette circonstance, car elle exprime une forme particulière d’expérience de la responsabilité, que nous ne retrouvons pas dans les autres qualités Élémentaires. Il n’appartient pas au Capricorne, une fois qu’une action a été entreprise, d’imaginer après coup combien il aurait été préférable de s’en abstenir. Mais s’il parvient à cette conviction, il s’emploie immédiatement, dans la mesure du possible, à corriger ce qui a été fait, mais il ne montre aucune tendance à s’abandonner longtemps à des regrets angoissants.
Nous avons évité de parler, dans la caractérisation générale du rayonnement du Capricorne que nous avons donnée jusqu’à présent, d’autre chose que de ces caractéristiques qui résultent de la combinaison de la modalité Rajas et de l’Élément Terre. Ce que nous avons décrit de cette manière ne sauraient certainement pas déjà contenir des indications sur la manière dont les énergies émises par le Signe du Capricorne sont traitées par l’Homme individuel et intégrées dans la totalité de son être. Mais pour nous faire une idée approximative des possibilités de modification de la disposition de base que nous venons de décrire dans la vie pratique, nous voulons opposer deux types de Capricorne qui présentent chacun tous les éléments du rayonnement que nous venons de mentionner, mais qui se distinguent l’un de l’autre par leur degré de développement.
Rappelons-nous qu’au début de ce chapitre, nous avons comparé l’image du caractère que nous offre l’Homme individuel à l’ombre portée qu’un objet placé sur le chemin de la lumière projette sur une surface. Nous disions alors que la nature de cette ombre portée dépendait de la source de lumière que nous devons considérer comme constante, c’est-à-dire dans notre cas le Signe du Capricorne, puis de la translucidité et enfin de la proximité de l’objet à la Terre.
Ce sont la translucidité et la proximité à la Terre que nous voulons désigner comme le degré de développement de ce que nous avons appelé ailleurs le « moi » dans l’Homme. Si l’Homme est encore peu éveillé envers son « moi essentiel » – éloigné de la réalisation du Soi, dirait Jung –, nous avons devant nous un degré de développement plus bas; le fils de la Terre est plus attaché à son « moi existentiel » – à la persona dirait Jung – qu’a sa nature divine – l’embryon de Dieu est ainsi encore plus éloigné de sa deuxième naissance que dans l’autre cas. Nous parlerons donc d’un type de Capricorne attaché au moi existentiel et du type attaché au moi essentiel.
En quoi ces deux types se distinguent-ils l’un de l’autre? Nous connaissons déjà appris deux caractéristiques astrologiques essentielles qui peuvent nous aider à saisir l’essence de cette différence.
Toute transformation supérieure n’est possible que par la réception d’impulsions qui nous rapprochent de notre mariage avec le Tout et nous empêchent ainsi de nous isoler et de rester à notre niveau. Tout développement supérieur exige donc toujours l’offrande d’un sacrifice évolutif, qui consiste à être prêt à abandonner joyeusement tout attachement au niveau déjà atteint, afin de nous maintenir en vie dans la conscience que, où que nous soyons, nous ne sommes jamais qu’une partie d’un Tout plus vaste et plus élevé.
Astrologiquement, cette exigence nous est suggérée par deux moments.
La première est que, comme nous l’avons vu la dernière fois, chaque Signe est en relation de complémentarité avec son homologue. Il en résulte directement que l’aide la plus puissante que le type d’Homme sous l’influence du rayonnement du Capricorne reçoit dans son développement supérieur doit être tirée du rayonnement du Cancer.
Le Capricorne et le Cancer sont donc chacun l’aide la plus importante pour l’évolution supérieure, et nous verrons encore – lors la prochaine conférence qui traitera des Signes d’Eau – ce que le Capricorne doit apprendre du Cancer et ce dernier du Capricorne pour se perfectionner en se complétant.
Mais ce dont nous pouvons déjà parler aujourd’hui, c’est de la deuxième désignation générale qui résulte de l’idée même du zodiaque, en tant qu’archétype de la figure humaine, dans la mesure où chaque Signe zodiacal représente un organe du cercle entier [le mot pour « zodiaque » en allemand est Tierkreis – soit le « cercle de l’animal », chaque Signe correspondant donc à un organe de l’animal céleste!]et dont le sens ne peut être compris que dans le contexte de l’organisme entier. Comme nous l’avons mentionné la dernière fois, le genou de l’Homme correspond au Capricorne – le genou étant le rayonnement du Capricorne vécu intérieurement et corporellement. Plus nous saisissons intimement et profondément le sens de ce rayonnement en relation avec l’archétype cosmique de l’Homme, [196] plus il nous devient clair ce que veulent dire, en ce qui concerne le type du Capricorne, les désignations « supérieur » (dirigé vers et par le moi essentiel) ou « inférieur » (dirigé vers et par le moi existentiel).
Qu’est-ce que le genou? Et que signifie « s’agenouiller »?
En considérant en premier lieu son sens physique, le genou est la partie du corps humain sur laquelle agissent les muscles qui portent l’Homme plus haut, lorsqu’il gravit une montagne par exemple, en l’aidant à plier et à étendre ce genou en alternance. Ce sont donc les forces de flexion et d’extension, d’abaissement et de redressement, qui se réalisent à travers la fonction du genou – et c’est entre ces deux phases de l’ascension que se situe ce qui décide du haut et du bas. Ainsi, le Capricorne devient le Signe soit de celui qui veut abaisser les autres pour s’élever, soit de celui qui s’abaisse pour élever les autres, le Signe de celui qui accable les autres de son fardeau pour en faire ses serviteurs ou de celui qui devient le porteur volontaire des fardeaux de tous pour les entraîner avec lui vers le haut.
Au sens ésotérique, il ne peut y avoir de doute sur lequel de ces deux extrêmes caractérise le Capricorne supérieur, dirigé vers et par le moi essentiel… Nous pouvons donc maintenant comprendre pourquoi, symboliquement en tout cas, l’homme le plus élevé de notre tradition chrétienne [Adler est d’excroissance juive!] est né sous ce Signe de celui qui porte la charge et qui s’abaisse – qui s’agenouille! – pour élever ses semblables.
Les lignes suivantes délivrent le sens profond de ce qui précède:
42Alors Jésus les appela tous auprès de lui et leur dit: « Vous savez ce qui se passe dans les nations: ceux que l’on considère comme les chefs politiques dominent sur leurs peuples et les grands personnages font peser leur autorité sur eux. 43Il ne doit pas en être ainsi parmi vous. Au contraire: si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur, 44et si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. 45Car le Fils de l’Homme n’est pas venu pour se faire servir, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup.
Marc 10:42-45
Nous sommes ici en présence d’un sacrifice similaire à celui décrit dans le contexte du Signe du Bélier, sauf que ce qui est accompli par le sacrifice du Capricorne se produit sur le plan physique, sur le plan du travail de la Terre.
On comprend donc qu’à l’époque où cette connaissance commença à se répandre dans l’humanité, la fixation du début de l’année, et avec elle le calcul du temps en général, changea et [197] le début de l’année fut désormais calculé à partir de l’entrée du Soleil dans le Signe du Capricorne. Mais déjà à l’époque de la Rome antique, il existait une institution qui permettait d’illustrer cette doctrine du Capricorne.
Vers le moment où le Soleil entre dans le Signe du Capricorne – le moment du solstice d’hiver – on y célébrait la fête des « Saturnales ». Saturne, le dieu des semailles, qui est aussi le nom de la Planète Maître de ce signe, a donné son nom à cette fête. Or, pendant la durée de cette fête, la coutume voulait que tous les esclaves soient affranchis et symboliquement transformés en maîtres; ils s’asseyaient à la table du festin et étaient servis par leurs propres maîtres.
Parlons encore brièvement, avant de prendre congé du Signe du Capricorne, de la manière dont l’Homme qui ne s’est pas encore éveillé à son moi essentiel reçoit et traite le rayonnement du Capricorne. Il lui manque avant tout la connaissance qu’il fait partie de l’organisme supérieur qui l’englobe. Par conséquent, toutes les caractéristiques du type Capricorne décrites ci-dessus seront bien présentes, mais d’une manière tout à fait égoïste, tournée vers le moi existentiel. Les énergies pleines d' »action » seront gaspillées dans des tâches sans valeur noble. Les tendances mesquines visant à attirer l’attention sur soi prendront de l’importance; la subordination du moment émotionnel à l’importance des faits se transforme en apathie et en froideur, voire en dureté de cœur. L’esprit de famille conduit à limiter tous les liens sociaux et les responsabilités aux quelques membres du cercle familial restreint. L’ambition froide et le besoin de reconnaissance, associés à une activité qui ne s’arrête jamais, complètent le tableau de ce type qui, lourd et comme soumis à une pression constante de devoir faire, portant tout le poids de son propre être, mène la vie fondamentalement sans joie d’un travailleur corvéable qui a le malheur d’être à son propre service.