[117] Jusqu’à présent, nous avons essayé de nous frayer un chemin vers la connaissance astrologique en nous faisant une image de la place l’Homme dans l’univers, non pas seulement et simplement en nous bornant à la dimension empirique et ses expériences ordonnées statistiquement, mais en considérant la communauté de vie organique avec le cosmos sous une l’angle d’une logique impérative, puisqu’en approfondissant la question, cette communauté de vie devrait être maintenant devenue une connaissance intérieure. Ce qui a été présenté jusqu’ici devrait servir à faire de cette connaissance une évidence intime!
Aujourd’hui, il s’agit de conclure cette introduction et de nous rendre compte en même temps de la tâche qui nous attend; en d’autres termes, nous allons développer dans ce chapitre notre plan de travail à venir. Pour ce faire, nous n’allons, cette fois, pas nous concentrer sur l’Homme, mais sur l’astrologie elle-même, dont les tâches doivent nous apparaître clairement à l’aide de l’horoscope. Par « horoscope« , nous entendons l’enregistrement exact de la position des astres telle qu’elle se présente au moment et sur le lieu de naissance; il s’agit bien sûr d’une vision géocentrique.
L’établissement de l’horoscope ressemble donc à une sorte de photographie instantanée qui fixe à un moment donné l’image du Ciel toujours en mouvement. Son calcul est une affaire purement astronomique qui ne présente aucune difficulté grâce aux nombreux outils dont on dispose aujourd’hui.
Notre tâche est maintenant d’apprendre à reconnaître, en analysant la structure de cette image céleste reflétée depuis la Terre – ὡροσκόπος –, les dispositions, le caractère fondamental et le destin qui attend le natif – en une phrase: comprendre la place et le rôle que joue cet être humain dans les événements cosmiques en général, et comment cela cela résonne dans son âme! Les paragraphes suivants de notre étude seront consacrés à cette travail immense et difficile.
[118] En considérant cette image des astres, il est important de garder à l’esprit la part de chacun des trois perspectives dont nous avons parlé la dernière fois: le Ciel des étoiles quasi-fixes, considéré comme éternellement immobile d’un côté, la Terre conçue comme immobile de l’autre et, entre les deux, le monde planétaire oscillant et tournant, auquel nous attribuons tout ce qui se déplace entre ces deux immobilités supposées.
Il nous faut immédiatement corrigé le deuxième présupposé: nous savons bien que la Terre n’est pas au repos; elle est elle-même sans cesse en mouvement rotatif et giratoire, de sorte que, stationné sur elle, son mouvement est projeté sur l’ensemble du monde des étoiles.
Plus précisément, ce sont essentiellement trois types de mouvements terrestres que nous transposons en perspective sur le monde des étoiles et qui s’engrènent étrangement les uns dans les autres, un peu comme les rouages d’un mécanisme d’horlogerie:
- La première de ces rotations est la rotation de la Terre autour de son axe; cette rotation donne naissance aux deux pôles terrestres et, entre eux, à égale distance des deux pôles, à ce que l’on appelle l’équateur terrestre. La durée d’une telle rotation de la Terre autour de son axe est appelée un jour. La projection de l’équateur terrestre sur le firmament s’appelle l’équateur céleste.
- Le deuxième mouvement de la Terre est la rotation autour du Soleil; la Terre tourne autour du Soleil dans une orbite qui a la forme d’une ellipse circulaire; nous appelons la durée d’une telle orbite une année.
D’un point de vue géocentrique, les deux mouvements forment une résultante dont les deux éléments sont relativement faciles à distinguer. Par suite de la rotation de l’axe de la Terre, la sphère céleste semble tourner une fois par jour autour de la Terre; par suite du second mouvement, le Soleil semble, au cours d’une année, décrire une trajectoire circulaire sur la sphère céleste qui tourne chaque jour autour de la Terre et qui, après une année, revient sur elle-même. Cette trajectoire, qui est en fait la trajectoire de la Terre projetée sur le fond du ciel des étoiles fixes, est appelée écliptique. Les autres planètes se déplacent approximativement sur cette trajectoire, laquelle détermine également la position du zodiaque dans le ciel. Le « zodiaque » est en fait le nom ésotérique de ce que les astronomes appellent l’écliptique!
Si l’axe de la Terre était perpendiculaire à son plan orbital, l’écliptique et l’équateur céleste se rejoindraient en une seule ligne. Mais il n’en va pas ainsi: l’axe de la Terre est incliné sur son orbite autour du Soleil avec un angle de 66°33′, et cette [119] circonstance, qui est d’une importance énorme pour la vie humaine, fait que l’écliptique et l’équateur se coupent sous un angle de 23°37, de sorte qu’il en résulte ces deux points d’intersection qui constituent les repères des saisons, qui, de tout temps, ont fait prendre conscience à l’humanité du caractère cyclique et de la périodicité du cours de sa vie. Lorsque le Soleil traverse l’équateur céleste du sud au nord, c’est l’équinoxe de printemps pour les habitants de l’hémisphère nord, et ce point est appelé depuis les temps les plus reculés le point vernal; six mois plus tard, lorsqu’il atteint le point d’intersection opposé, c’est le deuxième équinoxe de l’année, les nuits s’allongent à nouveau – le Soleil a passé le point automnal.
- Aux deux rythmes terrestres dont nous venons de parler s’en ajoute un troisième, dont la durée est estimée à près de 26 000 ans, et qui est dû à une rotation étrangement lente de l’axe terrestre lui-même. Tout en conservant son inclinaison par rapport à l’écliptique, il effectue un déplacement circulaire extrêmement lent le long de la surface latérale, formant un double cône – le mouvement d’une toupie.
Nous allons voir aujourd’hui comment la combinaison de ces trois mouvements de la Terre est en relation intime avec les trois perspectives évoquées la dernière fois, et comment celles-ci s’éclairent sous un jour nouveau.
Ce mouvement circulaire de l’axe de la Terre, dont nous venons de parler, a pour conséquence que les points d’intersection entre l’écliptique et l’équateur, c’est-à-dire les points de printemps et d’automne, migrent avec lui, c’est-à-dire parcourent toute la circonférence du zodiaque au cours d’un cycle d’environ 25 600 ans, avant de revenir au point de départ – c’est l' »année platonicienne« . Ce fait, connu en astronomie sous le nom de déplacement du point vernal – ou, plus communément de précession (précession parce que le mouvement du point vernal est opposé au mouvement apparent du Soleil) des équinoxes, nous occupera plus tard de manière très détaillée. Pour l’instant, nous allons considérons ce fait que sous son pouvoir de clarification de la représentation que nous avons proposée de l’interpénétration par l’intermédiaire des trois perspectives.
Dans un premier temps, rappelons-nous que nous avons considéré le zodiaque et sa structure en douze partitions comme l’incarnation de l’archétype macrocosmique de l’Homme, c’est-à-dire le lieu d’où l’Homme microcosmique tire ses forces vitales par le biais des Planètes, comme [120] à travers un cordon ombilical cosmique ayant sa référence sur la voûte céleste des étoiles fixes. C’est là que se trouve comme en arrière-plan l’existence et de vie de notre « moi », qui peut être pressenti grâce à l’approfondissement ésotérique. Ce faisant, nous comprendrons alors que ce qui nous vient de l’archétype de l’Homme céleste nous est transmis en premier lieu par le Soleil lui-même, et ne peut nous atteindre que sous la forme qui correspond au degré de développement de notre Soleil intérieur.
Si la position de la Terre joue le rôle d’un filtre entre le Ciel nocturne et l’Homme qui vient de naître, le Soleil se place, lui, tel un filtre entre l’ensemble du macrocosme et l’humanité: notre accessibilité aux points sensibles du zodiaque ne nous atteint qu’en passant par le filtre du Soleil; notre interprète céleste – le médiateur pour l’humanité des forces célestes. Certes, les autres Planètes participent également à une telle médiation, mais seul le Soleil dirige les rayons célestes directement vers le noyau de l’être humain, vers son moi essentiel.
Il en résulte une conséquence de la plus haute importance: le zodiaque qui entre tout d’abord en ligne de compte astrologiquement pour nous les Hommes, n’est pas du tout ce qui a été désigné comme la voûte céleste sur laquelle son comme collées les étoiles fixes, mais seulement ce que le soleil nous en transmet. Il s’agit donc d’un zodiaque secondaire, image du zodiaque primitif et originaire, dont la transposition de la partie qui constitue le ruban circulaire que le Soleil illumine année après année dans le Ciel, et dont le Luminaire se charge des énergies que lui donnent les étoiles – quasiment – fixes à chacun de ses passages.
Ce ruban est comme une ceinture dont la boucle est formée par les lieux d’équinoxe et de solstice. Chacun de ses points est traversé une fois au cours d’une année platonicienne, en considérant les étoiles fixes au repos.
Lorsque nous parlons des douze partitions du zodiaque – Bélier, Taureau, Gémeaux, etc., – nous ne parlons pas des constellations formées par les étoiles fixes du même nom, qui représentent pour nous en quelque sorte le zodiaque originel, mais des douze sections de la trajectoire du soleil, qui ne coïncident qu’une fois tous les 25 600 ans avec les régions des constellations. C’est ainsi qu’à notre époque, par exemple, le point vernal – le signe du printemps et donc, en astrologie tropicale, le Signe du Bélier –, à partir duquel nous comptons les sections du zodiaque, a déjà atteint le début de la constellation des « Poissons » et est sur le point d’entrer dans la région zodiacale du « Verseau ». Afin [121] d’éviter toute confusion, il a s’agit donc de distinguer les sections du zodiaque que traverse le Soleil, selon le point de vue duquel on parle: d’un point de vue terrestre, saisonnier, on parlera de Signes; du point de vue sidéral, de constellations – là où se trouve effectivement le Soleil indépendamment de notre point de vue terrestre.