Pranayama – préambules pour l’art oratoire

Om

Nous ne voulons pas attraper de l’air, mais puiser le souffle dans l’air. Car en effet, on se souvient que प्राण (prāṇa) est le souffle vital et qu’en latin, spiritus – l’esprit – signifie le souffle! Au début – de la manifestation – était le Verbe qui est souffle et donc esprit, ainsi que vibration: .

L’élan vital des Occidentaux et le प्राण des Indiens correspond peu ou prou au 氣 (ch’i /tɕʰi˥˩/) des Chinois et à son frère jumeau japonais, le 気, kanji qui se lit き (ki).

Nous y retrouvons explicitement le lien entre le souffle et l’énergie, au confluent d’une vision matérielle de l’énergie et d’une conception énergétique de la matière.

Le souffle 氣, comme les méridiens de l’acupuncture, n’existe pas au sens où les pierres existent. C’est une dynamique, un flux, un courant, comme ceux qui animent la mer et comme eux sans matière propre ni limites définies. C’est une variante de l’archétype jungien – le modèle sans forme qui donne cependant une multiplicité de formes concevables à l’archétype lorsqu’il se matérialise.

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Nous saisissons donc en pleine conscience et avec beaucoup de gratitude cet air qui va alimenter notre प्राण et notre 氣 intérieur, et nous le faisons si possible par le nez: l’air est ainsi réchauffé et filtré. Si l’on respire uniquement par la bouche, la gorge s’assèche rapidement; il en résulte une élocution rugueuse et des inflammations.

Respirer correctement

De nombreuses personnes ne stockent qu’un peu d’air sous leur clavicule. Mais utilisons tout notre « soufflet », c’est-à-dire privilégions la respiration profonde (respiration du ventre et ouverture du diaphragme) et la respiration sur les flancs. Pourquoi nous contenter de la respiration haute, si habituelle chez les Occidentaux toujours pressés et stressés, qui provoque des crispations, surtout lorsque, de surcroît, nous soulevons les épaules. Bref, nous respirons correctement lorsque la paroi abdominale se gonfle et lorsque les flancs s’étirent.

Pratiquez quotidiennement la respiration profonde, si possible à l’air frais (un minimum de 20 respirations). Expirez d’abord et laissez l’air s’écouler tranquillement et silencieusement jusqu’aux coins les plus éloignés des poumons. Imaginez-vous en train d’apprécier le parfum des fleurs!

Élocution et respiration

Nous devons économiser notre souffle: faire beaucoup avec peu d’air. Entraînons-nous à soutenir notre respiration:

  1. nous prononçons chaque mot d’une phrase de manière extrêmement lente et étirée;
  2. nous parlons à un rythme normal et le plus longtemps possible sur une seule respiration. Exercez-vous à prononcer sans effort sur un seul souffle cette citation:

« Dans le souffle, il y a deux sortes de grâces:
aspirer l’air, s’en décharger;
cela oppresse, cela rafraîchit,
tant la vie est merveilleusement mélangée.
Tu remercies Dieu quand il te presse,
et remercie-le quand il te libère. »

Goehte

Règle de base

N’inspirer que lorsque le sens permet une pause. Quand l’élocution est rapide, nous n’avons parfois que le temps de respirer rapidement, pas de respirer pleinement. La maîtrise d’une bonne respiration est une condition préalable pour produire un discours de qualité et riche en résonances.

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