Les épîtres aux Colossiens et am: Éphésiens, puis les épîtres pastorale’, sans parler de celle de Jude et de la Petri, nous montrent bien qu’un certain syncrétisme tendait a s’ébaucher a l’intérieur même des communautés; il nr consistait pas seulement en compromis pratiques tels que la participation aux repas sacrés des païens, naguère reprouvée à Corinthe, rnais en doctrines qui presageaient le gnosticisme: spéculations transcendantales sur des êtres intermédiaires analogues aux futurs Éons, ou aux démons du platonisme.
Ce fut au milieu de ces troubles circonstances que l’Apocalypse parut. Nous essaierons plus tard d’en mieux fixer la date; toujours est-il que cette prophétie fut donnée a l’Eglise en Asie Mineure, et dans la période qui va de la mort de Paul a la fin du premier siècle.
On parle de la sombre horreur de l’Apocalypse, et le nom même en est devenu quelque chose d’effrayant. Cette impression n’est pas juste. L’inspire veut au contraire fortifier les volontés, armer les Chrétiens d’une confiance inébranlable dans la toute puissance et la fidélité du Sauveur qu’ils attendent. Son livre tient bien a l’Évangile. II est le complément de la Bonne Nouvelle, et, comme l’Évangile, un message d’espérance, de courage et de joie.
Sans doute I’Apocalypse annonce I’imminence d’atroces combats; mais elle promet une victoire absolue a tons ceux qui tiendront ferme. Bien plus, la violence même de la lutte est le signe du triomphe certain. Car tout ce qui arrivera a été déterminé d’avance au ciel.
Le Dragon, a été expulsé du firmament d’où il exerçait son pouvoir, il est tombé au ras de terre, et sa rage même est un signe qu’il se sent vaincu; lui et ses suppôts. Dieu lui permet de répandre mille calamités sur tout ce qui est purement terrestre, et châtie encore par ses anges et ses fléaux le monde coupable, voué à la destruction. Mais ces malheurs ne sont pas pour les élus. Ceux-ci sont marqués au front d’un signe divin, pour être épargnés, en ce sens du moins que les châtiments les purifieront au lieu de les perdre. Le seul vrai danger pour eux, c’est de se laisser séduire, d’adorer la Bête. Malheur aux peureux, aux lâches, à ceux qui ne croient pas à la victoire du Christ; ce qui les attend, eux, c’est l’« étang de feu » et la « seconde mort ».
Source: L’APOCALYPSE PAR LE P. E.-B. ALLO, professeur a l’Université de Fribourg (Suisse), deuxième édition – PARIS, 1921.