3.4. Nature et valeur des symboles planétaires

[387] Nous avons pu faire un bon pas en avant la dernière fois. Dans une réflexion qui, il est vrai, avait pour condition préalable tout ce que nous avions déjà acquis en matière de philosophie naturelle et d’ésotérisme, ainsi que nos connaissances sur la structure du zodiaque, l’essence de la signification cosmique et humaine des sept Planètes sacrées et de leur fonction nous est apparue à un degré qui constituera désormais pour nous la base du travail de recherche qui nous attend encore.

Si nous avons évité de nous rattacher à une quelconque tradition ou école astrologique, nous pouvons, maintenant que nous avons posé les bases de notre recherche future, jeter un coup d’œil sur certains éléments de base des doctrines traditionnelles de cette discipline.

Il faut tout d’abord penser aux théories que Ptolémée développe sur le fonctionnement des Planètes, dont il met la nature en relation avec la synthèse de la chaleur, du froid, de la sécheresse et de l’humidité, comme nous l’avons décrit lors de l’examen des quatre Éléments.

Ptolémée enseigne:

  • le Soleil est chaud et sec; plus il s’élève, plus son pouvoir de chauffage et de séchage est grand. Sa nature est donc ardente.
  • La Lune, en revanche, est humide. Elle est voisine de la Terre avec son atmosphère de brouillard; elle possède cependant aussi un peu de chaleur, qu’elle emprunte au Soleil. Sa nature serait donc principalement aqueuse.
  • Saturne, la Planète la plus éloignée du Soleil et des vapeurs terrestres, est donc à nouveau froide et sèche. Sa nature serait donc essentiellement terreuse.
  • Mars est dévorante et brûlante, sa nature est ardente, comme le montre la couleur rouge (!) de sa lumière; proche du Soleil, sa nature est apparentée à celle du Soleil.
  • Jupiter, qui se trouve entre Mars et Saturne, est donc de nature « tempérée », c’est-à-dire intermédiaire; il est donc chaud et en même temps un peu humide. Sa nature serait donc aérienne.
  • Vénus ressemble à Jupiter, mais elle est plus humide et moins chaude.
  • Mercure, enfin, est à la fois ardent et aqueux, l’un et l’autre l’emportant tour à tour.

De cette observation découle également la différence de sexe des Planètes, car l' »humide » est féminin et le « chauffant » masculin. C’est pourquoi la Lune et Vénus sont féminines, le Soleil, Saturne, Mars et Jupiter masculins, tandis que Mercure est hermaphrodite. L’ancienne tradition selon laquelle il y aurait parmi les sept Planètes deux « malfaiteurs » – à savoir Mars et Saturne – et deux « bienfaiteurs » – Vénus et Jupiter – s’explique par le fait que toute fertilité, en tant qu’expression de la promotion de la vie, est liée à la combinaison de la chaleur et de l’humidité, alors que la chaleur sèche (Mars) et le froid sec (Saturne) ont un effet destructeur sur la vie.

Le langage symbolique des Planètes

En revanche, nous rencontrons un autre courant de pensée si nous nous laissons guider par les traces de pensée qui se présentent à nous sous la forme de ces signes symboliques très anciens qui étaient le moyen d’expression le plus important du langage des mystères des peuples anciens.

Ils essayaient de transcrire leurs pensées dans un langage de signes qui, parce que ces signes reflétaient les lois éternelles des nombres et de leurs fonctions, devaient jeter un pont entre toutes les différences de temps, de pays et de races avec leurs particularités linguistiques et, en tant que semence de pensée pure, trouver le chemin vers une pensée non liée à des mots ou à des concepts, donc pure. De tels symboles hiéroglyphiques, répandus sur toute la Terre, constituent, comme nous l’avons déjà montré dans le premier tome, les éléments de signes dont se composent les symboles Planétaires tels que le cercle, le cercle avec un point central, le demi-cercle et la croix.

Depuis toujours, on a vu dans ces symboles plus que de simples « signes », car ils devaient fixer dans une image graphique ce qui, au-delà du mot et du concept, était devenu directement la vision de l’esprit, dont le contenu, jamais épuisable par le mot et le concept, « concentré » dans un simple signe, attendait d’être rendu vivant et interprété par la pensée discursive, comme la plante attend sa résurrection à partir du symbole naturel de la graine, dans laquelle se rassemble tout le contenu, jamais entièrement épuisable en détail, de la plante vivante qui en pousse.

Ainsi, ces symboles doivent devenir les semences impérissables de toutes les interprétations spirituelles qui en découlent, lesquelles seraient alors capables de répéter, pour ainsi dire « ontogénétiquement », la phylogenèse de l’évolution de l’esprit, [389] dont le symbole – et sa vérité déjà présente avant d’être pensée – serait le fruit pour la postérité. Mais ce qui devait constituer la vérité vivante de ces symboles, c’est qu’ils représentaient dans leur ensemble des valeurs mathématiques, c’est-à-dire des valeurs numériques, par lesquelles était exposé l’ordre d’un développement de l’Esprit qui, sur la base de la même logique, gagnait la série des phases de développement issues de l’unité par division, par laquelle la révélation elle-même (logos) se produisait à partir de l' »unité », de sorte que la loi de la série numérique devait être parallèle à celle de la révélation du monde.

Et comme les Anciens utilisaient dans leur langue la même racine pour « partager » (partire) et « enfanter » (pari) et la même racine gn pour naître et connaître, on devrait pouvoir lire dans la série des nombres la loi de révélation du monde ou la série de ses degrés d’objectivation et de ses formes, si seulement ces symboles numériques étaient eux-mêmes construits selon les lois mathématiques. Il devrait alors s’avérer que tous les symboles de ce genre ne représentent pas des assemblages artificiels, mais, comme les nombres eux-mêmes, des réalités – des réalités vivantes, réelles et toujours actives –, dans lesquelles on peut voir directement les réalités spirituelles, dont les « interprétations » variant des millions de fois constituent dans leurs dernières manifestations les réalités du monde physique. Et lorsque, par exemple, le Faust de Goethe prononce les mots suivants en voyant le signe du macrocosme:

Je regarde dans ces traits purs

La nature agissante se trouvantdevant mon âme,

alors nous pouvons bien comprendre dans quel sens nous devons comprendre ces symboles, qui signifient à la fois les plus hautes réalités spirituelles et physiques!

Mais en tout cela, il ne faut jamais oublier que nous avons devant nous, dans les symboles, des formations qui, dans la mesure où elles sont formées dans l’espace physique et ainsi arrachées à la pure vision de l’Esprit, ne sont plus l’expression directe de vérités spirituelles, mais déjà des exemplifications ou des commentaires de ces vérités, même si elles sont encore de nature très générale!

Il faut faire ici la distinction importante entre de telles formations symboliques qui se présentent en même temps comme des formations naturelles [390], comme par exemple le cercle, la sphère, la croix (axe de la sphère en rotation avec l’équateur), le carré (surface du cube comme forme cristalline), les cinq corps platoniques (également des formes cristallines), l’étoile à cinq branches (issue de la surface du dodécaèdre), le triangle équilatéral (surface du tétraèdre, etc.), le triangle équilatéral (surface de la sphère, etc.), la ligne serpentine (forme d’oscillation), le cône et le double cône, l’ellipse, la parabole et l’hyperbole en tant que trajectoires de planètes et de comètes d’une part, et des formes symboliques qui n’apparaissent pas en tant qu’entités naturelles, mais qui représentent des combinaisons de symboles naturels, parmi lesquels il faut compter une partie de nos symboles Planétaires, mais aussi beaucoup d’autres, comme par exemple le svastika, certains Signes du zodiaque et des symboles hiéroglyphiques de différents types, sur lesquels il n’est pas possible de s’étendre ici.

Or, il ne fait aucun doute que ces symboles de second ordre illustrent également des faits du monde spirituel qui restent imperceptibles aux simples sens dans le monde physique, comme par exemple le svastika peut bien rendre visible une rotation de la croix, les forces tangentielles qui apparaissent ici pouvant apparaître comme les « crochets » de la croix, etc. Mais à partir du moment où de tels symboles permettent déjà plusieurs interprétations, en partie contradictoires, ils commencent à devenir une source de danger pour les chercheurs spirituels qui s’imaginent pouvoir substituer le symbole aux connaissances pures, pour lesquelles il ne doit constituer qu’un moyen de fixation en vue de la transmission, et s’apprêtent à en déduire, à l’aide de la pensée logique, des vérités ultimes et indubitables, dont la validité leur paraît aussi assurée que la connaissance mathématique elle-même, alors qu’à l’inverse, ces symboles eux-mêmes ne représentent déjà plus que des reflets ou des projections planes de vérités pures, qui sont au-delà de l’espace et du temps. Il en va de même pour la structure acoustique du langage.

Si nous nous tournons maintenant vers la contemplation des symboles Planétaires, ils peuvent devenir pour nous une source d’enseignements profonds; en effet, plus nous nous y plongerons, plus nous prendrons conscience que les vérités qu’ils cachent ne pouvaient pas être exprimées de manière plus précise que par ces chiffres ou ces signes géométriques qui, comme les chiffres eux-mêmes, ont pour vocation essentielle de représenter en même temps ce qu’il y a de plus général dans ce qui est clairement concret.

Considérons maintenant les symboles Planétaires tels qu’ils nous sont parvenus par la tradition: [391]

A : Soleil

B : Lune

C : Mercure

D : Venus

O : Terre

E : Mars

F : Jupiter

G : Saturne

Nous reconnaissons dans les signes ci-dessus différentes combinaisons de O, A, O, +, donc ces quatre signes que nous avons déjà reconnus comme les valeurs numériques primitives zéro, un, deux, trois ou les nombres ordinaux 1, 2, 3 et 4. Ils symbolisent pour nous (les nombres purs ne sont pas du tout représentables en tant que suite de degrés spirituels) le processus de révélation vécu rétrospectivement dans l’esprit en quatre suites de degrés qui correspondent en même temps aux quatre Éléments:

1. O : Le monde potentiel (apeiron, אין סוף) en tant que monde limite entre l’être et le non-être – le Zéro.

2. A : La révélation de soi (Moi) en tant que centre du cercle avec périphérie en tant que circonférence du Moi ou écho du Moi dans la conscience de soi – le premier membre de la Trinité, émanation – le Un.

3. O : Le Moi-réflexe en tant que Soi-objet, rencontre de soi ou reflet dans la révélation de soi, le deuxième membre de la Trinité, réception – le Deux.

4. + : L’identité du moi dans la révélation de soi entre le sujet et l’objet, la connaissance de soi dans l’acte d’équation comme le toujours-revenir de la division et de l’unification; le troisième membre de la trinité, l’oscillation et la rotation, le tourbillon et la périodicité du rythme – le Trois.

Ce n’est pas ici le lieu de rendre autonome ou même de poursuivre cette réflexion déjà faite à plusieurs reprises, ni d’exposer encore une fois comment, après que ces quatre étapes ont conduit à l’expression complète de la révélation dans la matière, celle-ci, après l’accomplissement de toutes les possibilités ainsi offertes, retourne maintenant dans l’apeiron, et comment, logiquement, le symbolisme ainsi parvenu à la représentation de la quadruplicité doit maintenant aussi saisir les trois autres étapes qui marquent les stations du chemin du retour.

Ce qui nous importe en ce moment, c’est de montrer comment les symboles Planétaires, qui ne sont pas attestés en tant que tels avant le Xe siècle après JC, du moins dans la littérature profane, peuvent être interprétés et le sont le plus souvent.

Si nous laissons la série des symboles Planétaires agir sur nous, nous remarquons que le cercle avec point représente le soleil, le demi-cercle la [392] Lune; les autres symboles Planétaires montrent dans l’ensemble a) le cercle sans point ou b) le demi-cercle associé à la croix; un seul (Mercure) présente la combinaison de tous ces éléments.

Le groupe a) comprend Mars et Vénus; au groupe b) appartiennent Saturne et Jupiter.

Les symboles de Mars et de Vénus doivent donc indiquer une relation plus étroite entre la première et la troisième phase de l’acte de révélation tripartite, les symboles de Saturne et de Jupiter une relation plus étroite entre la deuxième et la troisième phase, une différence essentielle dans l’appréciation de ces relations étant toutefois exprimée par le fait que les symboles de Vénus et de Jupiter portent la croix en bas, alors que les symboles de Mars et de Saturne sont en haut. L’interprétation de cette disposition est généralement donnée comme suit: la croix, composée d’une droite horizontale et d’une droite verticale, réunit deux tendances, dont l’une, représentée par la droite verticale, exprime la direction du haut vers le bas ou inversement et correspond à l’énergie rayonnée par le « haut » ou à l’effort de volonté de l’Homme qui se « dirige » avec son aide (Rajas, axe masculin de la croix). L’autre, représentée par la droite horizontale, exprime la surface d’accueil et de réception (Tamas, axe féminin de la croix) et correspond en l’Homme à toutes les tendances à la persévérance.

Les contraires qui s’unissent ici nous sont déjà suffisamment connus. La croix annonce l’union accomplie entre le masculin et le féminin sous la forme des réalités réalisées et confondues dans la matière et symbolise ainsi le monde du corps avec sa propre loi de « nécessité ».

Comme nous l’avons déjà mentionné, les quatre symboles Planétaires sont en étroite relation avec ce monde de la croix, à savoir: D et E d’une part, F et G d’autre part, et l’on remarque sans peine que deux types d’opposition et d’union sont ici évoqués.

D et E ont en commun le cercle;

F et G ont en commun le demi-cercle;

D et F ont en commun le fait que la croix est placée sous le cercle et le demi-cercle;

G et E ont en commun le fait que la croix est placée au-dessus du cercle et du demi-cercle.

Mais les contradictions sont ainsi déjà données: [393]

D et E sont opposés par la position de la croix,

F et G également;

D et F sont opposés par le cercle et

E et G par le demi-cercle.

Si nous tenons compte de toutes ces similitudes et oppositions, il ne peut plus guère y avoir de doute sur le mode d’interprétation que nous devons appliquer à ces symboles: par ces symboles Planétaires qui représentent un cercle ou un demi-cercle élevé au-dessus de la croix, il s’agit d’indiquer des aides qui, pour ainsi dire, rayonnent dans l’Homme depuis les domaines de l’avenir, le remplissent des idéaux des mondes supérieurs, lumineux, non soumis à la matière et à son poids, et lui donnent ainsi la force de surmonter la croix et, après avoir échappé à la vallée de larmes qu’est la Terre, de retourner, uni à soi-même après l’accomplissement du travail humain, aux sources originelles de l’Esprit.

C’est pourquoi Vénus et Jupiter, dont les symboles nous présentent ce but idéal de l’évolution humaine comme déjà atteint, sont considérés comme les grands clairvoyants, les bienfaiteurs.

Bienfaiteurs et malfaiteurs

Par ces symboles Planétaires qui présentent un cercle et un demi-cercle sous la croix, on veut attirer l’attention sur des aides d’un autre genre, des aides qui ne proviennent pas de l’avenir, mais des domaines du passé, et qui attirent le regard de l’être humain sur toute la lourdeur du travail qu’il doit encore accomplir dans la matière terrestre, sur la lourdeur terrestre qui pèse sur tout ce qui, autrefois des hauteurs lumineuses des mondes supérieurs, s’est condensé dans la matière et doit maintenant être à nouveau libéré de la matière par le travail de l’être humain.

C’est pourquoi Mars et Saturne, dont les symboles nous font prendre conscience de l’oppression et de la lourdeur de cette tâche immense avec une insistance particulière, sont aussi considérés comme les porteurs de malheur, comme des malfaiteurs.

Si nous considérons à nouveau le rapport entre les symboles D et F d’une part et E et G d’autre part, nous voyons que ce qui nous est promis dans le premier cas comme élévation au-dessus de la condition terrestre peut se produire en deux étapes, l’une s’attachant au masculin en nous (cercle sur l’axe vertical), l’autre au féminin en nous (demi-cercle sur l’axe horizontal). Nous voulons ainsi exprimer que ce sont deux types de bénédictions et deux types de malédictions qui se présentent à nous de manière symbolique.

[394] Vénus – la bénédiction qui provient de la masculinité originelle libérée en nous; Jupiter – la bénédiction qui provient de la féminité originelle libérée en nous; Vénus – la félicité dont nous remplit l’amour qui espère, qui fait confiance, qui « élève »; Jupiter – la félicité dont nous remplit la foi qui espère, qui fait confiance, qui « élève ». Tous deux sont associés à l’Homme comme des ailes qui le portent vers le pays de l’avenir, qui n’est autre que la patrie originelle d’où il a été abandonné dans un lointain passé pour cultiver la Terre à la sueur de son front, dont le fruit, après avoir surmonté le poids de la Terre, devait être le moi libéré, reconquis à nouveau (agere – ego).

De même, il faut comprendre le rapport entre les symboles de Mars et de Saturne, dont le premier, E, représente la croix avec son axe vertical pesant sur le cercle (masculin), et l’autre la croix (ce qui est très important) pesant également avec son axe vertical sur le demi-cercle (principe féminin). Il s’agit ici d’indiquer deux étapes de la charge ou de la détresse, qui concernent d’une part le masculin en nous, qui vit toute sa force non pas comme provenant de la liberté, mais comme provenant du « devoir », contre la contrainte duquel il se révolte en vain, tandis que dans la partie féminine, ce « devoir » n’est pas chargé de la « force », mais de l’endurance de la force, et se présente donc comme le « déchirement » de toutes les impuissances qu’entraîne l’expérience des nécessités inéluctables.

La particularité déjà mentionnée du symbole de Saturne, qui fait que les deux symboles des deux dernières Planètes citées n’ont pas de rapport avec l’axe féminin de la croix, semble indiquer que c’est précisément là où le sentiment d’impuissance face au poids de la Terre devrait atteindre son degré le plus élevé que se trouve le lieu de naissance de la résistance la plus énergique: au point le plus bas de l’humiliation, où doit commencer la transformation de la malédiction en bénédiction.

Parmi les symboles Planétaires, il n’y en a qu’un seul qui est composé de trois éléments de signes. Il s’agit là d’indiquer une fonction qui est essentiellement liée à la médiation entre les trois niveaux: Cercle, Demi-cercle et Croix, à la fonction de libre mobilité entre tous les opposés, qui ne peut être réservée qu’à la connaissance: C.

Ces allusions peuvent suffire pour l’instant; il est en effet de l’essence du symbole de ne jamais pouvoir être épuisé par des mots.

Amour et foi

[395] Une remarque supplémentaire démontre la profondeur particulière de ce symbolisme des signes. Dans son œuvre principale Arcana coelestia (Secrets célestes), Swedenborg a laissé une interprétation de la nature de ce que la Bible entend par les deux luminaires célestes, d’après les explications qui lui ont été révélées par les « anges ». Le Soleil et la Lune qui, en tant que deux figures du moi en l’Homme, expriment directement leur lien intérieur avec la divinité, deviennent, dans la conception de Swedenborg, les forces de l’amour (Soleil) et de la foi (Lune). Toutes deux nous relient à Dieu dans notre for intérieur, car elles maintiennent ouvert le chemin vers Lui. Mais cette compréhension renvoie indéniablement aux symboles Planétaires et nous montre clairement comment Vénus et Jupiter doivent effectivement être considérés comme des bienfaiteurs, car, comme le montrent leur symbole, l’amour (Vénus) et la foi (Jupiter) interviennent dans la vie humaine en tant que vainqueurs de la détresse terrestre. Mars et Saturne, par contre, deviennent des « malfaiteurs » parce que, comme le montrent leur symbole respectif, l’amour et la foi sont ici encore ensevelis sous le poids de la détresse terrestre, de sorte qu’au lieu du sentiment de bonheur de la clarté intérieure que procurent l’amour et la foi, le sentiment d’abandon de Dieu et d’obscurité intérieure subsiste aussi longtemps que la « conversion » n’a pas eu lieu.

Il faut cependant souligner ici encore une fois avec toute l’insistance possible que la logique interne reste malgré tout imparfaite sur un point qui est justement de la plus grande importance pour l’édifice doctrinal de l’astrologie pratique. Car même s’il est devenu clair pour nous que les symboles Planétaires décrits jusqu’à présent sont parallèles, dans les conditions de base de leur construction, au chemin de la révélation saisi ésotériquement, il manque maintenant le lien le plus important avec la pratique de l’astrologie, à savoir la preuve impérative que les symboles cosmiques désignés par les noms des Planètes correspondent réellement aux corps célestes concernés, que par exemple l’étape de l’évolution cosmique désignée par le symbole D correspond réellement au corps céleste Vénus, le corps céleste qui tourne autour du Soleil entre la Terre et Mercure, etc.

S’il manque la confirmation astronomique du bien-fondé de l’application de ces symboles aux différentes Planètes substantielles, le nombre de sept Planètes n’épuise pas non plus toutes les possibilités du chemin. Des signes comme N (autrefois utilisé pour la Terre, maintenant connu sous une forme modifiée comme symbole de Mars: E; nous en parlerons plus tard en détail) ou V, F ou b, N ou a etc. n’ont pas pu être utilisés.

[396] Ces doutes ne doivent pas être exprimés ici sans indiquer le moyen de les dissiper. Pour l’instant, on peut déjà considérer comme prouvé qu’il ne peut pas y avoir, dans l’état actuel du monde, plus de sept étapes dans son évolution, c’est-à-dire du minéral à l’Homme – en passant par le végétal et l’animal – qui doit ensuite « acquérir » pas à pas, sur trois autres étapes, l’héritage des règnes animal, végétal et minéral comme ses corps psychique (astral), mental et moral (éthérique).

Pour illustrer la cohérence du système de « symboles », il convient de se référer encore une fois à l’ordre des mondes Planétaires que nous avons donné à l’aide du caducée lors de l’évocation de la doctrine rosicrucienne:

Ici apparaissent en fait huit noms de Planètes, Vulcain devant être considéré comme l’achèvement de « Saturne », qui doit désigner, non pas la marionnette de Jean-Michel président de la Ripoublique Sodome et Gomorrhe française, mais le point de départ de l’évolution de notre système solaire.

Si nous considérons maintenant cette représentation, qui nous montre ici à nouveau une ligne descendante (de Saturne à Mars) et une ligne ascendante (de Mercure à Vulcain), en plus de la transformation de la Lune en Jupiter et du Soleil en Vénus dans le sens déjà suggéré, il en résulte un ordre des symboles suivant: Saturne, Soleil, Lune, Mars, Mercure, Jupiter et Vénus – ordre qui n’a apparemment aucun rapport avec l’ordre astronomique des corps planétaires que nous connaissons.

Or, on peut montrer que cet ordre des symboles est malgré tout en étroite relation avec l’ordre des planètes astronomiques. Si nous plaçons ces dernières dans l’ordre que nous connaissons [397] (Ptolémée) aux sommets de l’étoile à sept branches, leurs liaisons diagonales donnent effectivement la série ci-dessus, qui s’exprime également dans la succession des jours de la semaine selon les noms des planètes correspondantes.

Nous n’avons pas l’intention d’approfondir l’analyse des symboles à ce stade. Si cela est nécessaire, nous le ferons lors de la discussion des Planètes prises individuellement. Les relations mythologiques qui se rattachent aux noms des Planètes ne doivent pas non plus servir de point de départ à une interprétation de leur valeur astrologique. Si les symboles géométriques appartiennent tout à fait au monde spirituel et aux lois qui y sont actives, les mythologies et les symboles qui s’y manifestent représentent déjà des habillages de vérités spirituelles et « supra-spirituelles » dans des formes matérielles, tout à fait immanentes au monde des apparences, qui appartiennent donc pour l’essentiel au domaine de la poésie et de la création de fantômes. Les formes anthropomorphes de ces créations ressemblent à bien des égards aux créations oniriques et se rencontrent assez souvent avec elles en ce qui concerne leur origine à partir de noms et de mots qui, de leur côté, présentent déjà des sceaux de complexes symboliques à saisir spirituellement. Nous voyons ici la source de la possibilité d’interprétation profonde des poèmes à mystères et, plus tard, des œuvres poétiques profanes, dont les personnages représentent dans l’ensemble des personnifications anthropomorphes de vérités spirituelles et supra-spirituelles.

Si les symboles géométriques étaient des formations du monde intellectuel (domaine de l’Air), les événements mythologiques sont déjà imprégnés des formations du monde psychique (domaine de l’Eau), avec ses pulsions et ses passions. Ils perdent leur valeur de symbole et se rapprochent de ce que l’on a appelé, par opposition au symbole, l’allégorie.

[398] De même que les figures animales des fables sont en fait des personnifications ou des projections anthropomorphes des différents éléments de notre âme animale, de même les figures divines des mythologues sont la transformation anthropomorphique ou la réduction des entités Planétaires suprahumaines au niveau de l’Homme qui lutte encore pour s’élever hors de l’animalité. Mais nous retrouvons un terrain solide sous nos pieds lorsque nous apprenons à reconnaître le monde physique dans son ensemble comme le symbole de vérités supraphysiques. C’est pourquoi, pour le véritable chercheur, la plus fiable de cette « réalité » physique du monde qui nous entoure reste le monde des paraboles, que seul celui qui est devenu mûr pour percer les symboles du monde spirituel est capable d’interpréter. Dans ces conditions, les symboles et les mythes, sans oublier les lois et les faits du monde physique, doivent être utilisés comme les images symboliques des vérités intellectuelles (domaine de l’Air) et supra-spirituelles (domaine du Feu).

Le concept d’aspect

Il nous incombe maintenant de mettre en pratique les connaissances acquises en les proposant au service de l’interprétation de l’horoscope individuel. Il s’agira tout d’abord de reconnaître la signification particulière que revêtent les rayons des sections du zodiaque pour l’Homme individuel, du fait que certaines Planètes assument la fonction de messager au moment de la naissance, conformément à leur position géocentrique. Naturellement, ce message sera différent en fonction de la Planète qui le transmet. En outre, il sera important de connaître l’interaction des sept messages entre eux, ce qui donnera dans tous les cas une sorte d’harmonie qui, comme en musique, sera plus simple ou plus compliquée et qui devra donc être considérée, sans tenir compte de l’arrière-plan zodiacal, comme un facteur essentiel dont dépendra ce qui, dans la disposition de base de l’Homme, aura un effet harmonique ou disharmonique et qui pourra contribuer à faire ressortir ce qui – comme la dissonance en musique – semble avoir besoin d’être résolu, c’est-à-dire ce qui, dans la conscience de l’Homme, est un problème – son problème vital spécifique.

L’étude de ces harmoniques nécessite de les décomposer, comme on le fait en théorie musicale, en deux harmoniques [399] distinctes et de déterminer d’abord le rapport de réciprocité entre les harmoniques simples de deux planètes, puis d’étendre progressivement ce procédé à toutes les autres Planètes.

La notion d’intervalle en musique s’appelle aspect en astrologie, qui renvoie à des types particuliers d’interactions entre deux – ou plusieurs – Planètes, sans tenir compte de l’arrière-plan zodiacal des Signes. Ce n’est qu’à l’occasion d’un exposé ultérieur que nous examinerons ces différentes images ou « aspects » Planétaires. Pour l’instant, il suffit de rappeler que l’on entend par « aspect » l’angle que forment entre elles les lignes droites qui traversent la sphère du zodiaque en mettant en contact deux Planètes.

Depuis toujours, les angles de ± 60° (« sextiles ») ou ± 120° (trigones) ont été considérés comme « harmonieux », c’est-à-dire qu’ils étaient considérés comme favorables ou amicaux. Par contre, les grandeurs angulaires de ± 90° (« carrés ») ou ± 180° (« oppositions »), ont été décrétés « disharmonieux », c’est-à-dire défavorables, tandis que ce que l’on appelle une conjonction, c’est-à-dire une position angulaire autour de 0°, était interprétée différemment selon la nature des deux planètes qui se réunissent dans leur action de cette manière.

Synthèse

Nous avons maintenant terminé l’essentiel de notre travail préparatoire concernant le problème des Planètes et sommes ainsi prêts à entrer dans la partie spécifique de notre travail de recherche. Mais avant cela, revenons encore une fois au point de départ. Essayons encore une fois de nous abandonner à l’ambiance cosmique telle qu’elle se manifestait dans le simple chant et la danse des femmes radakas1. Un sentiment étrange peut alors nous envahir, qui est à la fois un sentiment d’étrangeté et de générosité. C’est à nouveau comme si des pensées, telles que celles que nous avons pu décrire à la fin des Fondements généraux, voulaient s’emparer de nous.

Et pourtant, nous pouvons déjà regarder les étoiles un peu différemment, après avoir reconnu dans les étoiles changeantes des messagers de l’infini qui semblent déjà s’adresser à nous avec le langage qui nous est familier dans l’âme, comme des êtres qui leur appartiennent, citoyens de leur planète sœur, la Terre, et enfermés dans la même loi de rotation et de circulation – enfermés dans le rythme du temps et du devenir, avec dans le cœur la nostalgie secrète et pleine d’espoir pour [400] les royaumes de l’éternité. Placé au milieu du passé et de l’avenir, selon une loi infiniment sublime de la périodicité de toutes les essences révélées – un hôte égaré et errant des temps? Permettez-moi de faire une simple comparaison qui nous permettra de mieux comprendre de quoi il s’agit.

Supposons qu’un Homme arrive en retard à un concert. Celui-ci a déjà commencé depuis longtemps lorsqu’il arrive et qu’il assiste à un morceau de musique dont il n’a pas entendu le début. Mais curieusement, les sons qui l’entourent s’organisent malgré tout en une impression psychique et spirituelle, même si ce n’est probablement pas la bonne! Mais pourtant, l’harmonie des sons ne lui échappe pas, il s’y réfère même – il essaie de la saisir et oublie peu à peu qu’il n’était pas là « depuis le début ». Mais ici, nous voulons interrompre la comparaison pour l’éclairer par une autre.

Nous sommes tous placés, par notre naissance, dans un contexte dont nous ne connaissons pas le « début ». Mais notre naissance sur la planète Terre n’est-elle pas, elle aussi, comme un saut dans un wagon de chemin de fer en marche, au milieu d’un train rapide qui file à toute allure, dont nous ne savons ni d’où il vient, ni quelle est la destination de son voyage? Mais cette comparaison n’est pas plus que l’autre une simple comparaison. Car la Terre, en tant que planète en orbite, est effectivement un tel train rapide, qui traverse les espaces à une vitesse incompréhensible, avec tous les invités qu’il porte, un retardataire dans le concert des étoiles par rapport à d’autres frères et sœurs plus âgés, et à nouveau un printemps par rapport à des frères et sœurs plus jeunes qui sont venus après lui.

Poussons maintenant un peu plus loin cette comparaison. Au moment où ce saut a placé l’Homme dans le wagon de chemin de fer, commence pour lui une nouvelle étape de son voyage, qui le relie désormais à tous les camarades voyageurs qu’il rencontre dans le train, grâce à la direction commune de la marche. Ainsi, pour chacun d’entre nous, qui entre là au milieu de la musique des étoiles par la naissance, son histoire se lie au contenu de cette œuvre musicale, qui était pourtant déjà en cours à ce moment-là. Cette « préhistoire », il ne la connaît pas, il doit l’ajouter, pour ainsi dire, et le matériau qu’il peut utiliser pour cette seule poésie, il ne peut le prendre que dans son passé, qui se trouve devant la porte de la salle de musique – avant sa naissance. Mais c’est précisément cette histoire antérieure qu’il doit inventer, consciemment ou inconsciemment, car c’est seulement sur la base de cette histoire antérieure que les sons de l’œuvre musicale s’ordonnent dans un contexte qui n’appartient d’abord qu’à lui – mais qui se rapproche du véritable contexte dans la mesure où cette invention se rapproche de la vérité, à mesure que son œil intérieur s’ouvre à ce qui était en réalité le passé de son parcours antérieur, disparu de sa mémoire, à mesure qu’il devient plus mûr pour recevoir et comprendre dans sa conscience les messagers du passé et reconnaître en eux les mêmes essences qui le relient à l’avenir.

Tout le travail nécessaire à la maturation de cette connaissance et toutes les expériences qui y sont liées sont-elles au total le contenu de notre destin, puisque nous sommes ou devons – voulons ou même pouvons – être les passagers du train?

En vérité, ce destin – que peut-il être d’autre que la synthèse sans cesse renouvelée, avec plus ou moins de succès, d’une ligne de conduite tracée – d’un avenir tracé – et de son propre passé, non encore percé à jour dans le contexte de cet avenir?

Organiser cette synthèse de manière judicieuse doit devenir la prochaine tâche de l’Homme. Mais il ne peut l’organiser de manière judicieuse que s’il connaît la direction du train – car le « d’où » ne devient clair pour nous que lorsque nous avons compris le « où »!

Revenons maintenant à notre comparaison. L’Homme qui est ainsi jeté dans le train rapide est d’abord complètement désorienté, il ne connaît qu’un « présent » sans rapport clair avec le passé et l’avenir. Il devrait être désespéré de cette situation, et pourtant, étrangement, il ne l’est pas du tout.

Je ne sais pas d’où je viens;

Je ne sais pas où je vais;

Je m’étonne d’être si joyeux.

Eh bien, il a toutes les raisons de ne pas être désespéré!

Certes, en tant qu’étranger, il se trouve d’abord dans le train rapide qui file à toute allure, une énigme pour lui-même, sans être dérangé par cette devinette, sans être accablé par son ignorance sur « l’origine de son voyage ». Car il n’est pas seul dans le train – il y rencontre des compagnons de voyage, et il rencontre surtout ses parents, les aînés, qui sont pour lui les porteurs des lois de leur passé, qui doivent d’abord remplacer la sienne, oubliée, il rencontre des gens qui étaient déjà [402] dans ce train avant lui, qui ont un temps d’avance sur lui, et il vit dans cette rencontre apparemment fortuite avec les compagnons plus âgés et dans son intégration dans leur histoire de vie le substitut de son lien avec le passé et l’avenir – le substitut d’abord, avant que sa mémoire intérieure ne soit éveillée.

Eh bien, en vérité, éveiller cette mémoire intérieure pour révéler le sens profond de ce lien – si l’astrologie ne pouvait rien dire à ce sujet, elle serait inutile, son étude sans but. Le sentiment réconfortant d’être inclus dans la ronde des étoiles était déjà présent dans les chants et les danses festives des radakas, qui remplissaient leur âme d’espoir et de joie; mais ce sentiment devrait pouvoir être approfondi intérieurement et vécu spirituellement par tous ceux qui ont véritablement intégré l’astrologie en eux.

C’est précisément pour cela qu’il est important de comprendre que ces compagnons de voyage qui, comme les Anciens, attendaient déjà notre arrivée dans le train pour nous prêter leur passé pendant un certain temps, pour l’amour de notre avenir, jusqu’à ce que nous nous trouvions nous-mêmes, ne peuvent être rien d’autre que les sept Planètes sacrées qui devraient devenir pour nous à la fois les messagères du passé et de l’avenir; ce sont elles qui rétablissent toujours la gaieté intérieure de l’Homme sur tous ses chemins, chez tous ceux qui sont de bonne volonté.

Si nous jetons maintenant un regard en arrière sur notre passé, nous voyons s’élever devant nous une série d’évolutions qui part du monde minéral, passe par les plantes et les animaux et aboutit à notre présent dans la condition humaine. Après avoir traversé trois règnes, ce n’est qu’au quatrième niveau que l’être humain a reçu la capacité de connaître le fait de cette évolution – parce que ce n’est qu’à ce niveau qu’il a eu connaissance de la vie des étoiles! Ce n’est qu’à présent, en vivant sur Terre en tant qu’être humain, qu’il peut relier le passé et l’avenir, car ce n’est qu’à présent qu’il reconnaît, en survolant le passé, les étapes qu’il lui reste à franchir pour « transformer » le passé en « levier » de l’avenir. Car il sent maintenant qu’il y a en lui quelque chose qui, comme l’héritage du passé, se rapporte à la matière, comme du temps du minéral, se rapporte à tout ce par quoi il est relié à la matière du chemin de développement corporel qui pèse sur lui comme la pierre. Lorsqu’il ressent son lien avec ce passé comme un fardeau et une détresse, encore incapable de le transformer – il a alors son expérience Saturnienne (minéral – pierre).

[403] Mais s’il sent ce qu’est en lui l’héritage du monde végétal, ce que signifie maintenir la joie organique de l’affirmation de la vie dans toutes les fonctions végétatives de l’existence, abandonnée à l’ivresse de la vie dans sa pure pulsionnalité – tourné vers le soleil –, alors il a son expérience Solaire, telle qu’elle est fondée dans la mémoire intérieure de son stade végétal passé depuis longtemps.

De plus, s’il ressent en lui l’animalité, c’est-à-dire l’activité des passions, du désir et de la convoitise, de l’amour et de la haine, avec tout ce que cela implique d’attachement aux pulsions et aux instincts, s’il est soumis à leurs forces sans critique et sans pouvoir, s’il est banni par hérédité, s’il est soumis à l’héritage animal des ancêtres, s’il n’a pas la capacité de s’en arracher ou de l' »acquérir », alors il a son expérience Lunaire.

Mais lorsqu’il sent s’éveiller en lui la révolte contre tout ce qui lui a été transmis, lorsqu’il sent monter en lui la « décision » de faire sauter le « verrou » de sa prison du passé, afin de libérer et de trouver son « soi » encore en germe, lorsque tout ce qui pousse à cette libération l’irradie en le libérant de ses entraves, tout d’abord comme une contrainte devenue organique de se libérer – alors il a son expérience Martienne.

Et nous sommes ainsi parvenus à la ligne de démarcation entre le passé et l’avenir – nous touchons au « présent », à la Terre en tant que lieu de décision. Il s’agit – pour rester dans le langage symbolique des mystères – de placer la croix hors du cercle et de le faire éclater. Si l’on y parvient, si l’on réussit à placer le cercle « au-dessus » de la croix et à tenir la Lune transformée en coupe prête à recevoir l’impulsion du futur et à produire ainsi « intérieurement » le symbole de Mercure, alors l’expérience Mercurienne entre en scène – c’est-à-dire la prise de conscience de la nécessité du changement.

Lorsque cette expérience s’est produite, le chemin vers le haut, le chemin de retour vers le monde le plus élevé d’où il a rayonné, est devenu libre – alors il lui tombe comme un voile des yeux, et le passé prend tout à coup un sens, parce qu’il indique maintenant le chemin vers l’avenir, qui ne pouvait pas être emprunté sans cette connaissance. Lorsque l’être humain, ainsi illuminé, vit en lui la conscience victorieuse de la force qui a triomphé de l’emprise de l’animalité et que, dans ce sentiment de victoire, son âme est remplie d’une espérance pleine de foi en l’ascension qui lui est désormais offerte, il a alors son expérience Jupiterrienne.

Mais lorsque la transformation de tous les instincts vitaux, de la croissance et de la joie du soleil, de la lumière et de la chaleur s’intériorise en pleine conscience et est vécue maintenant comme la fonction vitale la plus intime, ce qui, dans la [404] vie végétale, était le métabolisme et la respiration se transforme maintenant en sentiment de l’unité universelle comme contenu de la vie, alors « l’amour » qui réconcilie et unifie tout entre en scène comme le sens intérieur de l’expérience Vénusienne.

Et lorsque l’Homme parvient finalement à vivre en lui la transformation de Saturne ou de l’héritage minéral, c’est-à-dire à ressentir ce qui était le fardeau et à reconnaître tout ce qui était auparavant pour lui un poids et une détresse dus à la lourdeur de la matière minérale, comme la loi de l’inviolable volonté divine, qui a donné à son développement la base solide, le sol ferme pour pouvoir s’en élever, et à apprendre ainsi à « accueillir la divinité dans sa volonté », comme le dit Schiller, alors il a son expérience Vulcanique, qui le détache complètement de la Terre et de son poids.

Toutes ces expériences peuvent résonner obscurément dans l’âme de l’Homme qui, sans savoir d’où il vient et où il va, peut être si joyeux qu’il s’en étonne lui-même – aussi joyeux que les femmes radakas qui, par leur danse, s’inscrivaient en toute confiance dans le rythme des étoiles. Mais ce que ces femmes pouvaient ressentir dans leur âme n’est rien d’autre que ce que nous appelons, à notre sens, « astrologie ».

Et nous comprenons maintenant pourquoi il ne suffit pas de regarder le zodiaque comme l’archétype éternel de l’Homme; nous comprenons pourquoi il est nécessaire d’explorer notre position entre le temps et l’éternité, d’explorer comment le passé et l’avenir se séparent à travers notre présent personnel. Mais nous comprenons aussi que ce « présent » ne peut jamais s’arrêter – qu’il se détermine lui-même par la mesure de notre capacité de transformation et de notre disposition à la transformation et que nous devons continuer à avancer dès que nous avons reconnu où nous nous trouvons, plus loin, toujours plus loin… en nous souvenant du chemin!

1 [NdT] Nous n’avons aucune idée à qui et à quoi l’auteur fait allusion ici.

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