Le Cancer, le signe actif, cardinal ou mobile de l’Élément Eau.
Les énergies psychiques qui émanent du rayonnement de ce Signe doivent être immédiatement réémises par l’Homme qui les reçoit, conformément à la nature active [221] du Signe; au contraire de ce que nous avons vu avec les Signes de Terre, elles ne peuvent pas être absorbées par le corps physique. L’être humain (fictif) sous la seule influence du rayonnement d est dépourvu de cette protection physique – le corps de son âme est exposé sans protection, dans une nudité totale. C’est ainsi que naît très tôt en lui le sentiment de nudité psychique et d’absence de protection.
Le Cancer naît déjà avec ce sentiment, qui prend très vite la forme d’une peur prononcée de la vie. La peur est la première caractéristique qui permet de reconnaître le caractère du Cancer. Quoi de plus compréhensible dès lors qu’il commence très vite à chercher toutes sortes d’aides qui doivent remplacer dans sa nudité et sa logique de protection ce que l’Homme de Terre possède déjà par nature: le corps protecteur. Ce remplacement ne peut lui être accordé que par son entourage, qu’il cherche à utiliser, sur le plan psychique, comme une sorte d’enveloppe, afin qu’elle habille sa nudité. Cette enveloppe ne peut être rien d’autre que la sympathie que les autres lui témoignent. Il développe ainsi très tôt une sensibilité particulière pour savoir de quelles personnes lui viennent les courants d’âme amicaux ou hostiles. Il recherche les premiers et fuit les seconds. La première personne dans l’aura psychique de laquelle le Cancer se sent en sécurité dès sa plus tendre enfance est sa mère. Elle est en effet l’être dont il a bénéficié de la protection avant sa naissance et immédiatement après. Cela vaut pour tous les êtres humains sans distinction, mais dans la mémoire du Cancer, ce fait reste organiquement lié d’une manière particulière, de sorte qu’il reste toute sa vie particulièrement attaché à sa mère. C’est vers elle qu’il se réfugie toujours, même plus tard dans sa vie, dans la nostalgie et la pensée, et son influence restera la plus forte tout au long de sa vie. C’est d’elle qu’il reçoit les premières preuves de tendresse, qui sont pour son âme ce que le lait maternel est dans le corps physique. C’est de cette nourriture de l’âme qu’il a particulièrement besoin, et le besoin de tendresse subsiste à jamais. Le désir de sympathie et d’amour, qui n’est au départ qu’instinctif, prend ensuite une forme consciente. Nous le voyons maintenant courtiser la sympathie des autres. Cela ne se fait toutefois pas par l’utilisation de moyens extérieurs raffinés, mais par le biais d’une politique tout à fait étrange qui est à l’opposé de la politique du Capricorne. En politique, le Capricorne est un diplomate de la vie extérieure quand le Cancer un diplomate de la vie [222] psychique. Cette diplomatie se manifeste d’abord dans le choix des personnes dont il s’entoure. Mais même dans ce choix, il n’est pas actif. Il laisse les gens venir à lui et ne garde parmi eux que ceux à qui il a quelque chose à donner, afin de les lier à lui par leur gratitude. Ils doivent constituer pour lui l’enveloppe protectrice qui garde le corps nu de son âme.
C’est pourquoi on voit le Cancer entouré de préférence de personnes qui semblent elles-mêmes avoir besoin d’aide et qui sont donc en quelque sorte inférieures à lui. Ce sont les personnes qu’il n’a pas à craindre parce qu’il se sent supérieur à elles.
Pour la même raison, il évite l’environnement des personnes qu’il soupçonne d’être supérieures à lui. C’est ce qui le distingue du Capricorne, qui aime s’associer à des personnes qui lui sont supérieures, que ce soit sur le plan personnel ou social.
Le Cancer craint toute critique supérieure, et même la critique tout court, et cherche à s’y soustraire tant qu’il le peut. Il est compréhensible que ce que l’on appelle la peur des examens soit particulièrement vivace sous le Signe du Cancer.
Cette peur de la critique ou même de la supériorité des autres peut aller si loin que le Cancer préfère mettre sa lumière sous le boisseau pour ne pas avoir à regarder les autres vouloir l’obscurcir. Il se sent peu adapté à la lutte dans la vie publique. Nous voyons ici le pendant du Capricorne, qui, lui au contraire particulièrement bien équipé pour la vie publique, semble affecté d’une pudeur envers l’âme similaire à celle du Cancer envers le jugement du public. Il ne craint rien tant que le ridicule. Mais s’il arrive enfin que la confrontation avec le public ne puisse plus être repoussée, l’art diplomatique du Cancer se révèle dans sa capacité à éliminer d’emblée ceux qui pourraient devenir des concurrents dangereux pour lui. Il cherche toujours à créer à l’avance les conditions qui feront que l’environnement dans lequel il apparaît lui sera inférieur dans les domaines décisifs. Il aime alors descendre, aller vers ceux auxquels il peut, précisément pour les raisons susmentionnées, servir de professeur, de guide ou de protecteur, afin de s’assurer de leur sympathie. Il est terrible pour le Cancer d’être placé dans un environnement d’où aucune sympathie n’afflue vers lui. Là où il ne peut pas faire autrement, il cherche à les gagner en flattant ces personnes ou en essayant de s’adapter à elles de telle sorte qu’elles ne s’offusquent pas de lui.
On a l’habitude d’appeler cette tactique « hurler avec les loups », dont le rusé Ulysse a su donner de nombreux exemples instructifs. Son astuce de mimétisme, d’abord inconscient puis conscient, dans le but de se protéger, constitue un élément essentiel de la diplomatie de vie du Cancer, là où il se croit trop faible pour pouvoir se battre ouvertement. Mais là où il se croit fort, là où il a trouvé l’environnement dans lequel il peut être le maître, là où il a trouvé pour ainsi dire sa garde personnelle, il a tendance à se comporter en tyran au sein de ce cercle qu’il domine, à contraindre tous ceux qui lui appartiennent à l’aider à porter ses souffrances et aussi ses joies. Il cherche à faire passer sur eux toutes ses humeurs, afin qu’ils s’en approprient et que lui se libère de leur fardeau (tyrannie des sentiments). Dans la mesure où il a gagné la plupart de ceux qu’il a recrutés pour protéger son âme en les servant d’abord avant de les dominer, il existe encore une forte dépendance à l’égard de chacun de ces gardiens, et cette circonstance fait qu’il est très difficile au d, parce qu’il est conscient des difficultés et surtout de l’énorme dépense d’énergie psychique que représente chaque nouvelle acquisition d’un être humain, de voir partir quelqu’un qui était autrefois intégré à son propre environnement. Le Cancer pleure pour chaque âme qui s’éloigne de son domaine.
Mais cette circonstance a encore un autre effet. C’est précisément sa dépendance à l’égard de l’enveloppe protectrice vivante du corps de son âme qui le rend extrêmement sensible à celle-ci; de même que l’Homme de Terre ressent toutes les altérations de son corps physique comme une atteinte à sa santé, de même le Cancer « tombe malade » de manière particulièrement sensible à toutes les mésententes possibles entre lui et sa garde. Et comme un thermomètre fin réagit à tous les changements de température, le d répond immédiatement à tous les changements subtils d’humeur et de sympathie par les humeurs correspondantes de son esprit, ce qui donne comme trait de caractère qui ne manquera presque jamais: le « caprice », le caractère lunatique qui fait que parmi toutes les personnes qu’il a autour de lui, ce ne sont pas toujours les mêmes qui sont au premier rang, mais qu’il alterne facilement et souvent. Mais parmi toutes les humeurs possibles, [224] tant que le rayonnement du Cancer n’a pas été transformé dans le sens du développement supérieur, la douleur l’emporte sur la joie.
Mais c’est précisément pour cette raison que l’on voit, comme c’est le cas pour tous les Signes d’Eau, les d s’enfuir très tôt dans le royaume de l’imagination, qui doit les dédommager de toutes les amertumes et de toutes les offenses de la vie dans le monde extérieur. Nous trouvons ici tout particulièrement le « rêveur éveillé », qui obtient avec une grande facilité, sans effort, tous les succès que son homologue, le Capricorne, doit d’abord conquérir au prix d’une lutte pénible!
Dans ce jardin imaginaire, dont les plantes magnifiques sont arrosées chaque jour avec l’eau de tous les désirs encore insatisfaits, poussent les arbres les plus merveilleux, prospèrent les fruits les plus doux, à la place desquels la vie réelle ne connaît que les raisins acides qui, de toute façon, pendent heureusement trop haut! Mais c’est justement cet exercice de l’imagination qui rend le d capable de servir l’art à sa manière et de se faire ainsi l’interprète subtil d’artistes créateurs – cela le rend tout particulièrement capable Cancer’être un artiste reproducteur dans le domaine de la musique qui, de tous les arts, doit être le plus proche de lui, puisqu’il n’a pas non plus de corps physique immédiat et reste, comme le corps de l’âme, insaisissable.
Jusqu’à présent, nous avons dessiné un tableau dans lequel on ne voit pas encore ce qui distingue le Cancer évolué du moins évolué. Une fois de plus, nous devons garder à l’esprit que la caractéristique de tous ceux qui ne sont pas encore parvenus à un développement supérieur est de s’accrocher à leur propre niveau ou d’être prisonniers de leur ego. Dans notre cas, cet égoïsme est un égoïsme émotionnel, lié à la tyrannie émotionnelle que nous venons de décrire. Et ici, on voit tout de suite ce que le d peut apprendre du Capricorne, qui représente pour lui le Signe de la complémentarité.
le Cancer s’abaisse à des services qui n’ont pour but que de lui donner un droit de domination psychique. Son service n’a aucune valeur éthique tant qu’il n’a pas reconnu la tâche qui lui est confiée en vertu de la particularité de sa disposition. Il lui incombe de mettre en valeur la sensibilité et la vulnérabilité de son corps psychique, qui lui ont été conférées par la naissance, pour le bien des autres. Mais en quoi peut consister cette utilisation, nous pouvons le reconnaître si nous pensons à la correspondance organique du Signe du d. Dans l’organisme humain, le rayonnement du Cancer correspond à l’organe de l’estomac. Celui-ci peut être considéré comme l’antichambre immédiate de l’intestin. Sa tâche est de retenir les aliments jusqu’à ce qu’ils aient été suffisamment travaillés par le suc gastrique pour pouvoir être transmis à l’intestin afin d’être analysés par l’ensemble du corps. Ainsi, le Cancer est l’antichambre psychique de toutes les forces qui doivent agir de manière responsable dans le monde extérieur par l’action de l’Homme. Grâce à lui, cet acte doit être privé de tous les moments qui pourraient nuire au bien de l’âme.
C’est pourquoi, en tant qu’êtres humains hautement développés, se trouvent sous le Signe du Cancer tous ceux que nous pouvons considérer comme les patrons des faibles et des nécessiteux, tous ceux qui mettent toute leur énergie à les guider vers le haut, tous ceux dont la profession principale est d’atténuer les souffrances de l’âme, de consoler et d’insuffler du courage à ceux qui sont découragés, de l’espoir à ceux qui sont désespérés et de la nourriture à ceux qui sont affamés psychologiquement.
Et le Cancer peu développé? Il n’utilise sa sensibilité psychique qu’à son propre avantage, mais celui-ci n’a qu’un caractère négatif. Fuir le déplaisir à tout prix, tel est son mot d’ordre. Il nous offre ainsi l’image d’un Homme dont l’angoisse de vivre ne porte pas d’autres fruits que d’élaborer un système de sécurités personnelles et de se forger ainsi un mode de combat dont la stratégie est purement défensive et dont la tactique principale reste, quoi qu’il arrive, la retraite.
La Planète associée au Signe du Cancer en tant que vecteur de force est la B. Elle correspond à ce qui en nous est tourné vers le côté féminin ou nocturne de notre être, à tout ce qui est réceptif en nous et dans la triade père – mère – enfant, au principe maternel. Nous n’en faisons ici qu’une brève allusion à ce sujet, qui sera abordé plus en détail dans le prochain épisode.