Un vieux dicton dit:
C’est une infirmité vile,
quand les gens parlent comme les livres,
mais il est bon pour chacun de lire
les livres qui parlent comme les hommes.
À ses débuts, le néo-allemand était ta langue écrite et non une langue parlée. Un style de chancellerie qui fait parfois frémir, d’une soumission sans limite, vissé, ampoulé, peu naturel. Cela a parfois beaucoup déteint sur la langue parlée – pas à son avantage.
On ne se rappellera jamais assez que le discours est la véritable langue originelle et que l’écriture est un ordre pour surmonter le caractère éphémère du bruit de la langue.
Christian Winkler
Quelque chose que les Français n’arrivent quasiment plus à reconnaître, leur soumission aux diktats de l’Académie et à Monsieur Grévisse dans le langage parlé les conduisant à leurs absurdes interruptions pour corriger le locuteur en plein milieu de sa phrase avec leur pédant « en bon français, on dit… » – outre le fait que ces mêmes prétentieux font généralement étalage de leur indigence lorsqu’il s’agit d’aborder n’importe quelle langue autre que leur langue maternelle…
Remarquons qu’aujourd’hui, le style d’écriture tend à emprunter quelque chose au style de discours plutôt que l’inverse. La spontanéité et la fluidité du style du discours peut en effet avoir un effet fécond sur le style d’écriture souvent sec et peu vivant.
Cependant, le mépris de l’orthographe et de la grammaire, dans les tweets notamment, montre que les personnes qui sortent aujourd’hui de l’école n’y ont rien appris (sauf à se demander quel sexe elles pourraient choisir?!); elles sont donc incapables de réfléchir (c’est l’objectif que poursuit actuellement le Grand Capital – l’Homme ainsi amputer de la capacité de penser se trouve presque réduit à l’état d’animal; il peut alors facilement être manipulé par la peur pour enrichir Big Pharma…). Le « bon français » a donc une place, mais elle se situe essentiellement dans la langue écrite.
Un discours n’est pas un écrit!
F. Th. Vischer
Un discours n’est pas une dissertation oratoire, car il n’agit pas seulement par son contenu et sa forme, mais aussi par la manière vivante dont il est présenté. Il crée des interactions entre l’orateur et l’auditeur; il est conçu pour un moment précis et s’adresse à un auditoire déterminé. Un discours simplement écrit ressemble à un déjeuner simplement raconté.
L’aperçu suivant suggère quelques différences entre le style du discours et le style d’écriture:
Discours
- Effet produit par le contenu et la présentation.
- Sélection des faits et des idées.
- Rédaction par mots-clés avec possibilité de variation. (Espace laissé aux idées spontanées; seules les tournures particulièrement marquantes sont définies).
- Plus de répétitions et de résumés que dans le cas d’un texte, car les auditeurs ne peuvent pas se référer à ce dernier. Limitation dans le temps: exécution unique.
- S’adresse en premier lieu à un groupe de personnes déterminé.
Écrit
- Effet uniquement grâce au contenu.
- Aussi complet que possible.
- Unique et littéralement fixé; stylistiquement peaufiné jusqu’au bout.
- Diction plus stricte, moins de répétitions et de résumés, car le support consultable – pas de restrictions dues au temps ni au caractère unique de l’exposé.
- S’adresse en premier lieu à des individus indéterminés.