Depuis son entrée fracassante dans le club des puissances nucléaires, en octobre 2006, la Corée du Nord est mise au ban des nations. Instrumentalisée par Washington, la « communauté internationale » a mobilisé les grands moyens. Résolutions onusiennes, sanctions économiques et manœuvres militaires se succèdent, sans relâche, pour isoler le régime fautif. Rangée par les États-Unis dans la catégorie des « États voyous », la République populaire démocratique de Corée est dans la ligne de mire. La propagande occidentale dépeint Kim Jong-un sous les traits d’un tyran sanguinaire faisant joujou avec la bombe, mais cette description ne repose sur aucun fait. La stratégie nucléaire nord-coréenne, en réalité, est purement défensive. Dissuasion du faible au fort, sa finalité est d’exposer l’agresseur à des représailles insupportables, et non de prendre l’initiative des hostilités. Prudents, les Nord-Coréens veulent échapper au sort de l’Irak et de la Libye, pulvérisés par les États-Unis et leurs supplétifs au nom de la « démocratie » et des « droits de l’homme ». Le bellicisme prêté à Pyongyang relève plutôt d’une inversion accusatoire dont le « monde libre » est coutumier : prompts à donner des leçons de morale, les États-Unis sont pourtant les seuls à avoir utilisé l’arme nucléaire. Contrairement aux États-Unis dont la doctrine prévoit la possibilité d’une attaque préventive, le programme nucléaire de la Corée du Nord indique à ceux qui voudraient l’attaquer qu’ils s’exposent à des représailles.
Imagine-t-on une guerre qui anéantirait 60 millions d’Américains en les carbonisant avec des bombes incendiaires ? C’est ce que la Corée du Nord a subi entre 1950 et 1953. Utilisant des armes de destruction massive, les généraux du Pentagone ont méthodiquement massacré 3 millions de personnes, soit 20 % de la population de ce petit pays qui osait leur résister.
Une caractéristique majeure de l’esprit américain a favorisé cette transposition de la « démocratie américaine » à l’échelle du monde : c’est la conviction de l’élection divine, l’identification au Nouvel Israël, bref le mythe de la « destinée manifeste ». Tout ce qui vient de la nation élue de Dieu appartient derechef au camp du Bien. Cette mythologie est le puissant ressort de la bonne conscience yankee, celle qui fait vitrifier des populations entières sans le moindre état d’âme, comme le général Curtis Le May, chef de l’US Air Force, se vantant d’avoir grillé au napalm 20 % de la population coréenne.
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