CHAPITRE XVIII: FÊTE DES MORTS

[330] Il semble naturel qu’en plus de la reconnaissance envers Dieu pour ses saints non spécialement nommés, nous pensions aussi à ces autres morts qui ne peuvent peut-être pas encore revendiquer l’honneur de la sainteté – nos propres morts, ceux que nous avons connus et aimés et peut-être, hélas! dans de nombreux cas, ceux que nous avons pleurés. C’est ainsi que le lendemain de la Toussaint est consacré à la célébration de toutes les âmes, de la puissante armée des morts, notamment en vue de se souvenir de ceux qui sont décédés au cours de l’année écoulée depuis la dernière célébration en leur honneur.

La coutume veut que ce jour-là, les membres des congrégations envoient au prêtre responsable les noms de tous ceux qui les intéressent personnellement et qui sont décédés au cours de l’année, afin que ces noms soient spécialement mentionnés à l’autel et qu’ils puissent participer à l’effusion de force qui accompagne la célébration de la Sainte Eucharistie.

Il est important que nous comprenions exactement ce qu’est cette force, et le bien qu’elle fait aux morts. C’est naturel, même si cela relève seulement de la nature humaine, que de désirer prier pour les morts. Je sais qu’une certaine partie des chrétiens (peut-être pas une grande partie, mais une partie très bruyante) considère qu’une telle prière pour les morts est erronée. Certains ont réussi à se persuader que le progrès n’existe pas et que lorsqu’un Homme meurt, c’est à pour lui la fin à tout jamais [331]; son destin serait scellé pour toujours. Il ne servirait donc à rien de prier pour lui; on suppose même qu’il serait malsain de prier pour lui! Mais il s’agit là d’une illusion née de l’ignorance. Il serait bien plus sage de suivre l’enseignement de l’Église et de son Seigneur, et de se rendre compte qu’il n’y a pas de mort, mais seulement une vie en évolution continue, et qu’à tout moment de cette vie (que ce soit la partie qui se passe ici-bas dans un corps physique ou celle qui se passe dans un autre monde dans un corps subtil) l’Homme peut être atteint par la pensée et par l’amour et peut être aidé tout autant dans une étape de ce progrès éternel que dans une autre.

Avant de pouvoir comprendre le bien que nous pouvons faire aux morts, nous devons penser un peu à l’état des morts. Malheureusement, la partie du monde christianisée est depuis quelques siècles dans l’illusion que rien ne peut être connu avec certitude sur l’état des morts. L’idée semble être que l’Église peut avoir un enseignement à ce sujet; il peut y avoir des spéculations; il peut y avoir des croyances pieuses, mais rien ne peut être connu avec certitude. C’est absolument faux. Il est possible de tout savoir sur l’état des morts; il est possible d’explorer et d’enquêter sur cette partie supérieure du monde précisément comme on peut explorer sur le plan physique des pays jusqu’alors inconnus. Comment obtenir des informations sur le pôle Sud et le pôle Nord, ou sur l’intérieur de l’Afrique? Les Hommes apprennent les conditions dans lesquelles il leur est possible de pénétrer dans ces régions éloignées, et d’en rapporter des nouvelles. Il est également possible pour l’Homme encore dans le corps physique de pénétrer dans ces autres régions supérieures et d’en revenir pour donner son rapport.

[332] Cela a été fait des centaines de fois, et nous connaissons maintenant cet autre monde (bien qu’en réalité il ne s’agisse pas d’un autre monde, mais seulement d’une partie de celui-ci) aussi clairement et aussi sûrement que les parties les moins visitées de la Terre; et il y a autant de preuves de l’existence de ce monde spirituel que de n’importe laquelle des parties peu connues du plan physique. En fait, il y en a plus, car seules une ou deux personnes ont pénétré dans ces régions, alors que de nombreuses personnes ont rapporté des souvenirs du monde de ceux que nous appelons bêtement les morts. Les morts se moquent de nous lorsqu’ils nous entendent utiliser un tel mot! Ils soutiennent en effet qu’ils sont désormais plus vivants qu’ils ne l’étaient, maintenant qu’ils se sont débarrassés du corps physique, ce voile si lourd, cet obstacle si grand à la connaissance réelle des faits de la vie. Quel est donc l’état des morts? Il existe une vaste littérature sur le sujet, à laquelle je dois renvoyer ceux qui souhaitent une réponse détaillée à cette question. Mon propre livre, L’Autre Côté de la Mort, donne beaucoup d’informations, mais les nouveaux volumes sont publiés constamment. Je ne peux en donner ici qu’un aperçu sur le sujet.

Pour comprendre ne serait-ce que cette ébauche, nous devons d’abord fixer dans notre esprit quelques idées fondamentales. Je veux qu’il soit bien clair qu’en avançant ces idées, je ne les présente pas comme de simples croyances pieuses ou des probabilités, et que je ne parle pas par ouï-dire. J’explique des faits que je connais personnellement par des enquêtes et des expériences répétées. En outre, j’invite tout le monde à prendre la peine de se convaincre de ces grandes vérités centrales en les vérifiant de première main. Le [333] premier de ces grands principes est la certitude absolue de l’amour de Dieu. Un autre est la continuité absolue de la vie – l’immortalité de l’Homme; et un autre encore est le caractère raisonnable et juste de tout le schéma de l’évolution. Pour ceux qui ont vraiment étudié ces sujets, l’axiome scripturaire selon lequel toutes les choses fonctionnent ensemble pour le bien est une question non pas de croyance, mais de connaissance.

L’air même qui nous entoure est chargé de tellement de graves idées fausses sur la mort qu’il nous est presque impossible d’échapper à leur influence, à moins de nous mettre particulièrement en garde contre elles. Notamment l’une des pires d’entre elles: l’idée qu’après la mort, les Hommes sont soit récompensés, soit punis pour ce qu’ils ont fait pendant leur séjour physique. Or cela ne se passe absolument pas ainsi – même s’il est vrai que, la vie étant continue, les conditions ultérieures de la vie après la mort dépendent des conditions antérieures de la vie avant la mort, de la même manière que la vie de l’adulte dépend dans une large mesure de la partie précédente de cette même vie, telle qu’elle a été passée pendant l’enfance et la jeunesse. On pourrait penser que, après tout, cela revient à peu près au même, mais ce n’est pas le cas. Prenons un exemple tiré de la vie scolaire pour nous aider à comprendre. Si un garçon travaille bien, il reçoit peut-être une médaille ou un prix; s’il travaille mal, s’il agit bêtement, il reçoit un certain nombre de mauvaises notes, et est peut-être contraint à une obligation d’écrire. Ce sont, vous le constaterez, des récompenses et des punitions, mais ce ne sont en aucun cas des résultats. Elles n’ont aucun rapport avec ce que le garçon a fait ou n’a pas fait; elles ne font qu’exprimer l’opinion du maître à son égard. D’autre part, le résultat d’un bon travail est que le [334] garçon en sait plus, et est donc plus capable d’apprendre; tandis que le résultat de la paresse est l’ignorance, et le manque de pouvoir pour comprendre les leçons futures. Le véritable résultat n’est pas imposé de l’extérieur, mais il est inhérent, naturel, inévitable. Il en est de même pour la vie après la mort. Cette mort est un changement par lequel tous les hommes doivent passer. Ils peuvent être bien ou mal équipés pour en profiter, selon la manière dont ils ont vécu cette étape précédente que nous appellons la vie physique.

Là encore, notre tendance est de considérer cette vie après la mort du point de vue des survivants, et non de celui du mort. Prenons encore un autre exemple, celui de la vie scolaire. Supposons que nous ayons deux camarades d’école très attachés l’un à l’autre, et supposons qu’en temps voulu l’un d’eux passe à la vie collégiale. Nous voyons tout de suite combien il serait égoïste que le plus jeune garçon ne pense qu’à dire: « J’ai perdu mon ami; il aurait dû rester ici à l’école pour moi.Il est évident qu’aucun garçon ne penserait cela; il serait plus enclin à penser: « Il poursuit ses études et son développement; je vais le suivre bientôt, mais il ne reviendra certainement pas vers moi »; et s’il était particulièrement affectueux et serviable, il pourrait aussi penser: « Puis-je l’aider de quelque façon que ce soit? Puis-je faire quelque chose qui lui sera utile dans son nouvel environnement? Oui; je peux lui écrire, je peux lui montrer que je ne l’ai pas oublié, je peux lui envoyer mon amour, et essayer de l’encourager de toutes les manières possibles. »

Ces analogies sont valables; en les gardant à l’esprit, essayons de saisir quelques faits marquants sur nos morts. Tout d’abord, ils sont plus vivants que nous. Ils ne sont pas loin dans quelque [335] ciel imaginaire ou enfer inconnu; ils sont en fait encore très proches de nous. Ils ne se transforment pas soudainement en anges ou en démons; ils sont précisément et exactement ce qu’ils étaient avant qu’ils ne glissent du véhicule de la chair, ce manteau extérieur que nous appelons le corps physique. Ils sont eux-mêmes exactement comme ils étaient avant. Leur amour reste le même; non, il est plus grand que jamais, car il y a maintenant moins de choses qui obstruent son expression. Leur connaissance ou leur ignorance est exactement ce qu’elle était avant. Ils ont en effet la possibilité d’apprendre beaucoup de choses. Nous sommes donc ici sur le plan physique, mais nous ne profitons pas toujours de ces opportunités. Il en va de même pour les morts. Il n’y a personne pour les obliger à apprendre; ainsi, certains d’entre eux font peu de progrès, tandis que d’autres acquièrent une grande quantité d’informations. Il est bon pour eux de savoir, car la connaissance est un pouvoir, mais tous les morts ne sont pas sages, pas plus que tous les vivants. Qu’il soit donc bien clair que leur vie est la même que la nôtre, à l’exception du fait qu’ils n’ont plus de corps physique.

Demandons-nous quelle différence cela ferait pour nous si nous n’avions pas ces corps physiques; alors nous réaliserons exactement quelle est la condition des morts. Nous pouvons voir que ce ne serait pas du tout la même chose pour nous tous. Certains d’entre nous pensent surtout aux choses qui leur appartiennent, comme le confort, la jouissance, les sensations agréables, la bonne nourriture et la boisson, etc. Certains pensent beaucoup à ce que le corps physique leur apporte, mais il y a d’autres personnes qui sont relativement indifférentes à ces questions, dont les joies sont toutes des joies de l’intellect ou des émotions supérieures. [336] Le grand artiste ou le grand musicien oubltit presque son corps physique, et le néglige souvent, simplement parce qu’il est emporté dans les véhicules plus élevés et plus subtils.

Lorsque cet artiste mourra, il ne changera pas. Si le corps physique a été petit pour lui lorsqu’il l’avait, cela ne signifiera pas grand chose pour lui qu’il l’ait abandonné, et il continuera à vivre la même vie, celle de l’art ou de la musique. L’homme de cet autre type, qui a surtout vécu en relation avec son corps physique ici, se trouvera nettement désemparé lorsqu’il l’aura laissé tomber. Il devra se trouver un nouveau centre d’intérêts; sinon la vie sans le corps lui paraîtra terne et sans inintéressante. Ces considérations opèrent tout le temps; ainsi, lorsque nous pensons à quelqu’un qui est décédé, nous n’avons qu’à essayer de nous imaginer la différence que cela ferait pour cet Homme s’il n’avait pas son corps physique, et nous aurons une idée très juste de l’état dans lequel il se trouve.

Il y a une autre facette à tout cela qu’il ne faut pas oublier. Le corps physique est la cause d’une grande partie de nos problèmes et de nos inquiétudes; presque tout notre travail, le travail quotidien auquel nous devons nous soumettre, doit être fait parce que nous avons un corps physique, parce que nous devons lui fournir (ainsi qu’aux autres corps physiques qui nous entourent) de la nourriture, des vêtements et un abri. Sans le corps physique, l’Homme est totalement libre, et peut-être que pour la première fois de sa vie, il ne fait que les choses qu’il veut faire. La plupart d’entre nous passent leur vie à faire des choses que nous préférerions ne pas faire si nous n’y étions pas contraints. Il n’y a pas de telle contrainte pour l’Homme mort. Étant donné qu’il est absolument libre, il peut donc être glorieusement heureux. D’un [337] autre côté, si sa vie ici a été purement matérielle, il risque maintenant de s’ennuyer quelque peu, il peut trouver tout cela inintéressant. Je suppose que beaucoup d’Hommes sans éducation qui assistent à un service religieux ne savent pas le moins du monde ce qui se fait. La musique les dépasse; s’ils ne savent pas lire, ils ne peuvent suivre la liturgie; tout cela les fatigue. Pourtant, ceux qui peuvent comprendre et suivre savent qu’il y a beaucoup à gagner à participer à de tels services; ils nous offrent en effet non seulement un moyen de grâce pour nous-mêmes, mais aussi le moyen d’aider les autres par la force qui est déversée. Mais l’ignorant ne sait rien de tout cela; il trouve tout cela monotone, fatigant. Il en va de même pour les morts.

Dans ces conditions, comment pouvons-nous les aider? Pas par nos actions physiques, puisqu’ils n’ont plus de corps physique. Qu’ont-ils encore en commun avec nous? Ils ont le corps subtil, que Saint Paul appelait le corps spirituel. Nous le divisons, en tant qu’étudiants, en deux parties, le corps astral et le corps mental. Ceux-ci, le mort les a encore, et nous les avons en commun avec lui. Si nous devons l’aider, alors, ce ne doit pas être par nos actes physiques, mais par les actes de ces véhicules supérieurs. Que pouvons-nous faire avec eux pour l’aider?

Une chose que beaucoup d’entre nous ont faite, j’en ai peur, c’est de pleurer les morts que nous avons aimés. C’est la pire chose que nous puissions faire pour le mort. Je ne veux pas paraître un instant antipathique, mais si nous n’avons pas peur de voir les choses en face, nous devons admettre que le deuil est après tout égoïste. Que pleurons-nous finalement? Le fait que [338] celui que nous aimons soit passé dans une vie plus élevée et plus pleine, qu’il se tient plus près de la présence de Dieu, que les opportunités qui s’ouvrent devant lui sont bien plus grandes qu’avant? Ce serait sûrement une chose étrange à pleurer!

Si on y pense, on est en deuil parce qu’on pense l’avoir perdu. C’est une illusion, nous ne l’avons pas perdu. Tout ce que nous avons perdu, c’est le pouvoir de le voir. Il est toujours là, il est toujours près de nous, à portée de main comme il l’a toujours été, mais pas à portée de nos yeux physiques: « Au moment où nous nous endormons chaque nuit, nos yeux physiques ne nous sont plus d’aucune utilité; nous avons quitté le monde dans lequel ces sens fonctionnent; nous utilisons le corps astral, et nous utilisons donc ses sens; et pour ces sens, l’Homme mort est aussi évident que l’Homme vivant l’était pour notre vue physique. Nous pouvons avoir l’illusion, alors que nous sommes ce que nous appelons éveillés (mais qu’il appelle endormi) que nous avons perdu le mort. Cependant, lorsque nous nous réveillons dans son monde, lorsque nous mettons temporairement de côté l’obstruction du corps physique, nous nous tenons côte à côte avec lui et lui parlons exactement comme avant. Nous pouvons penser ici-bas que nous l’avons perdu; il ne pense jamais un seul instant qu’il nous a perdus, parce qu’il détient continuellement cette conscience supérieure. Il nous voit nous éloigner de lui lorsque nous nous réveillons (ou lorsque nous nous couchons comme il l’appelle); nous nous éloignons alors de lui, mais il sait que nous reviendrons dans son monde après quelques heures. C’est comme lorsque nous voyons un Homme s’allonger pour dormir pendant quelques heures; nous ne pleurons pas parce qu’il nous a quittés; nous savons qu’il va se réveiller bientôt reposé et qu’il sera avec nous comme avant.

[339] Faire le deuil de notre ami décédé est la pire chose que nous puissions faire pour lui, car lorsque nous laissons le sentiment de deuil nous envahir, nous nous entourons d’un nuage de dépression. Un clairvoyant le verrait autour de nous comme une brume noire. Pour notre ami mort, cette brume est quelque chose qu’il peut non seulement voir, mais qu’il peut ressentir avec acuité. Il ressent la dépression, elle réagit sur lui et lui fait du mal, car elle le freine dans sa progression. Nous devons nous oublier; je sais très bien combien c’est difficile, mais nous devons être désintéressés; nous devons nous oublier nous-mêmes et oublier notre perte présumée, et nous devons penser uniquement à notre ami et à son grand gain. Ainsi, lorsque nous penserons à lui, nous ne ferons pas le deuil. Nous pouvons faire quelque chose d’infiniment plus noble; nous pouvons aimer. Répandons notre amour sur lui chaque fois que nous pensons à lui; pensons à lui comme s’il vivait encore; pensons à la façon dont nous l’avons aimé dans le passé, et à la façon dont nous l’aimons de plus en plus maintenant avec le temps. Cela aussi, il le ressentira, et il y répondra. Alors nous aidons notre frère, nous l’entourons de la lumière du soleil qui fera ressortir tout ce qu’il y a de meilleur en lui, ce qui aidera son évolution et facilitera son cheminement. C’est ce que nous devons faire.

Devons-nous prier pour les morts ? Oui, si vous le souhaitez, mais même dans ce cas, ne vous méprenez pas. Bien que beaucoup aient bêtement pensé qu’il était mal de prier pour les morts, ce n’est pas du tout le cas; mais si nous devons prendre les mots dans leur sens ordinaire, cela montre peut-être un peu d’ignorance. Si par prière, nous entendons que nous allons demander à Dieu de les aider ou de les bénir, ou encore de se souvenir d’eux, alors autant s’épargner cette peine, car Dieu sait bien mieux que [340] nous ce dont ils ont besoin; et Dieu observe l’évolution de chacune de Ses créatures à chaque instant. « Nous sommes dans Sa Conscience, où que nous soyons, et Celui qui est le Seigneur des vivants et des morts ne perd pas de vue une personne qui se rapproche de Lui. Car c’est cela rejeter le corps physique: c’est attirer la conscience un peu plus près de Dieu, pas plus loin. Il n’a donc pas besoin de nos prières pour le lui rappeler.

La prière est un souhait fort et sincère, et c’est un pouvoir. Une telle pensée est une grande réalité; elle envoie un courant de force, comme le savent tous ceux qui ont enquêté sur le sujet. Il existe une science de toutes ces choses, tout comme il existe une science de la chimie ou de la géologie, et ces questions peuvent être étudiées et testées. Tout cela a été fait, non pas une fois, mais des centaines de fois. Il n’y a aucune raison pour que les gens continuent à ignorer les résultats de cette enquête. On pourrait penser que les gens souhaitent faire leur deuil, qu’ils souhaitent être malheureux, tant ils refusent obstinément d’accepter la vérité lorsqu’elle leur est présentée. Certains ne peuvent pas croire que c’est la vérité. On voudrait leur dire: « Si votre intuition n’est pas encore suffisamment développée pour vous guider dans de telles affaires, laissez au moins votre intellect vous guider. Il existe des livres par centaines sur ce sujet; lisez-les. » Je l’ai fait; il y a quarante ou cinquante ans, j’ai consacré beaucoup de temps à l’étude de cette question de la vie après la mort, et c’est parce que je l’ai fait que je peux maintenant parler de ces choses de façon très claire. Je sais qu’il en est ainsi. Celui qui trouve difficile d’accepter ce témoignage, qu’il étudie le [341] sujet par lui-même, et il finira par arriver à la même conviction. Un Homme a raison de vouloir un fondement solide pour sa foi sur une question aussi importante; c’est de la plus haute importance, car quoi qu’il puisse nous arriver, une chose demeure certaine – le fait que chacun de nous doit mourir. Nous devrions certainement mieux connaître cet état au-delà de la mort, ne serait-ce que pour notre propre sécurité et notre bonheur, et bien plus encore parce que ceux que nous aimons passent derrière ce voile, et plus nous en savons, plus nous pouvons les aider.

Nous pouvons être absolument sûrs que chacune de nos pensées atteint ceux que nous appelons les morts, et que si nous envoyons un souhait sincère et affectueux pour eux, ce souhait affectueux est une puissance définie qui les atteindra et les affectera. Nous n’avons pas besoin d’évoquer la puissance de Dieu. C’est dans la puissance de Dieu que nous vivons, que nous nous déplaçons et que nous avons notre être. Il n’y a rien qui soit à l’extérieur de Lui. Il a fait des lois pour le monde, et en vertu de ces lois, toute cause produit un effet. Notre forte pensée aimante est une cause et produira sûrement son effet. Elle doit le produire. Nous pouvons le voir ou non; cela n’a pas d’importance, mais elle doit produire un effet – sinon l’ensemble de l’univers perd son caractère respectueux des lois.

Les morts nous voient en effet, mais (sauf pendant notre sommeil) pas exactement comme ils le faisaient auparavant; ils n’observent pas nos actions physiques, mais ils sont parfaitement conscients de tous nos sentiments et de toutes les pensées qui sont de quelque manière que ce soit liées au moi existentiel. C’est pourquoi il est d’une importance capitale de ne jamais se laisser envahir par la dépression ou le désespoir, car si nous commettons cette erreur, nous devrions inévitablement les infecter par des sentiments [342] de cette même nature – la toute dernière chose que nous devrions souhaiter faire dans le cas de ceux que nous aimons beaucoup.

Que pouvons-nous leur donner alors? Que pouvons-nous leur souhaiter? L’ancienne prière de l’Église catholique nous le montre de la manière la plus belle et la plus efficace. L’antienne pour les morts se répète: « Seigneur, accorde-leur le repos éternel et fais briller sur eux la lumière de chaque pétale! », ce qui ne veut pas dire que la vie dans le monde astral est nécessairement indolente, bien au contraire, mais que nous souhaitons pour eux un repos parfait des soucis et des problèmes de ce monde physique, afin qu’ils s’ouvrent plus complètement à l’influence de cette glorieuse lumière divine qui brille toujours sur toutes ses créatures. Car Son amour se répand comme la lumière du soleil; c’est à nous et à eux de voir que nous ouvrons nos cœurs à son influence bienfaisante.

La plus grande aide que vous puissiez apporter à vos morts est de vous souvenir d’eux devant l’autel de Dieu – pour envoyer leurs noms afin qu’ils soient déposés devant Lui lors de la célébration de la Sainte Eucharistie. J’ai affirmé dans La Science des sacrements qu’à chaque nom mentionné à l’autel, l’Ange Directeur assigne une part précise de la puissante force divine qui descend à la confession. Que fera cette force pour l’Homme mort? C’est à la discrétion de l’Ange messager qui la porte. Il sait mieux que nous ce que l’on veut, mais elle sera sans aucun doute appliquée à l’apaisement, au renforcement, à l’élévation de l’Homme. Certains morts peuvent encore être dans un état d’inconscience. Alors si cette inconscience est [343] de quelque manière que ce soit préjudiciable, s’il est préférable pour cet Homme d’être réveillé, l’Ange utilisera ce pouvoir pour l’éveiller. Si l’Ange voit que le repos lui fait du bien, la force sera emmagasinée dans son aura, pour se déverser sur lui de la meilleure des manières dès qu’il sortira de cet état d’inconscience et s’éveillera à sa nouvelle vie.

Quelle que soit la condition du mort, la force que nous envoyons lui parviendra et sera utilisée pour son bien. Personne n’a à douter de cela, car nous avons vu des milliers de cas, et nous savons de quoi nous parlons. N’importe qui peut étudier la question, et vérifier nos déclarations. Nos morts sont souvent très proches de nous, mais le voile qui nous sépare est le plus mince à l’occasion du Jour des morts, car le simple fait que tant de personnes pensent simultanément dans le même sens ouvre plus largement les canaux et attire l’attention d’un grand nombre de morts qui, autrement, poursuivraient leurs propres affaires.

Une seule famille, nous habitons en Lui,

Une seule Église, au-dessus, au-dessous,

Bien que maintenant divisé par le ruisseau,

Le ruisseau étroit de la mort.

Nous sommes tous frères, nous pouvons tous nous aider les uns les autres; nous pouvons les aider, comme ils peuvent nous aider, par une pensée bienveillante et une mémoire aimante. Ne négligeons donc pas l’occasion particulière que nous offre l’Église, le jour de la Fête des Morts, de resserrer les liens entre le visible et l’invisible.

Source: Charles W. Leadbeater: The Hidden Side of Christian Festivals, 1920.

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