Bombardement de soldats français à Bouaké

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  • Post last modified:15 avril 2021
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Le 15 avril 2021, la cour d’assises de Paris a condamné à la prison à perpétuité les trois accusés – deux Ivoiriens et un Biélorusse – jugés en leur absence pour avoir perpétré en 2004 le bombardement qui avait tué neuf soldats français dans la ville de Bouaké, située au centre de la Côte d’Ivoire. L’attitude ambigüe des autorités françaises lors de cette affaire n’a cependant pas été mise au clair.

L’affaire a été marquée par une série d’errements du gouvernement français de l’époque puis d’entraves à l’enquête qui ont semé le doute sur la volonté réelle de la France de faire toute la lumière sur l’attaque, à commencer par un épisode qui a occupé une bonne partie des débats du procès : l’incompréhensible refus de Paris, dix jours après le bombardement, de récupérer huit suspects biélorusses – dont Youri Souchkine – arrêtés au Togo et que Lomé proposait de livrer à Paris. Sur cet épisode comme sur d’autres, l’avocat général a semblé privilégier des dysfonctionnements en chaîne, regrettant qu’ils n’aient «pas donné lieu à des excuses», notamment de la part des anciens ministres de l’époque. Cela aurait selon lui «sans doute changé beaucoup de choses sur le plan de la confiance ébréchée» en l’Etat. Certaines parties civiles soupçonnent des responsables français de l’époque d’avoir plombé l’enquête pour ménager le président Laurent Gbagbo, au nom de la «raison d’Etat» diplomatique. D’autres se demandent si la France n’a pas voulu éviter qu’on creuse trop sur ce bombardement perpétré par deux avions que la Côte d’Ivoire venait d’acheter à une sulfureuse figure de la «Françafrique», Robert Montoya, un ancien gendarme de l’Elysée devenu marchand d’armes. D’autres parties civiles et des proches des victimes avancent en revanche l’idée d’une manipulation fomentée par la France afin de justifier une intervention française et provoquer la chute de Laurent Gbagbo afin de le remplacer par son rival, Alassane Ouattara. Ce dernier succédera d’ailleurs à Laurent Gbagbo, chassé du pouvoir en 2011 avec le soutien militaire de Paris après une élection présidentielle contestée. D’après l’instruction, les ambassades, les militaires et agents du renseignement français avaient tous reçu pour consigne de «ne pas se mêler» de cette affaire, considérant que la priorité du moment était de protéger les Français de Côte d’Ivoire. 

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