Surya namaskara se compose de cinq aspects essentiels. Chacun d’entre eux doit être pratiqué pour obtenir les meilleurs résultats possibles. Ces aspects sont les suivants:
- Les postures physiques: il existe douze postures physiques qui correspondent aux Signes du zodiaque. Au cours de son voyage apparent dans les cieux, le soleil traverse tour à tour chacune de ces maisons célestes1. Il reste dans chaque constellation pendant environ trente jours et on dit qu’il triomphe de chaque Signe lorsqu’il entre dans son domaine.
- La respiration: l’ensemble du mouvement de surya namaskara, du début à la fin, est synchronisé avec la respiration. Chaque position est associée à une inspiration, une expiration ou une rétention de la respiration. Rien n’est forcé ou artificiel, car la respiration correspond au modèle que l’on ferait normalement en relation avec le mouvement physique. Une respiration automatique correcte devrait donc se produire naturellement sans aucune instruction préalable. Cependant, des détails sur la relation correcte entre le mouvement et la respiration sont donnés pour s’assurer qu’elle est parfaite, car c’est une partie importante de la pratique. Sans synchronisation entre la respiration et le mouvement, de nombreux bénéfices de surya namaskara sont perdus.
- Les mantras: à chacune des douze positions de surya namaskara est associé un mantra spécifique. Un mantra est une combinaison de syllabes, de sons ou de phrases, réalisée par d’anciens sages et largement connue en Inde depuis des milliers d’années. Ce sont des sons évocateurs qui, par leur pouvoir vibratoire, ont des effets subtils, mais puissants et pénétrants sur l’esprit et le corps. Lors de l’exécution de surya namaskara, un mantra particulier est répété silencieusement ou à haute voix à chaque position. Lorsque surya namaskara est combiné à une respiration correcte et à ces bija mantras (sons de semence), l’esprit et l’intellect tout entiers sont énergétisés. Ces bija mantras créent une vibration et c’est elle qui crée l’énergie. Les mantras peuvent avoir ou non des significations spécifiques, mais les vibrations qu’ils créent doivent atteindre toutes les fibres de l’être. Puisque les mantras de surya namaskara sont des sons énergétisés, lorsqu’ils sont répétés à haute voix, clairement et avec dévotion, ils procurent les plus grands bienfaits possibles à ceux qui les prononcent, que ce soit en accélérant la guérison d’un mal, en permettant d’acquérir la stabilité de l’esprit et la maîtrise de soi, ou en dissolvant les tensions causées par le mode de vie moderne. Les bija mantra bija de surya namaskara sont les suivants:
- Om hram
- Om hrim
- Om hrum
- Om hraim
- Om hraum
- Om hrah
Et voici les mantras complets, un pour chaque mouvement de l’exercice:
- Om Hram Mitraya Namah – Mitra : ami
- Om Hrim Ravaye Namah – Ravi : brillant
- Om Hrum Suryaya Namah – Surya : belle lumière
- Om Hraim Bhanaye Namah – Bhanu : splendide
- Om Hraum Khagaya Namah – Khaga : qui se déplace dans le ciel
- Om Hrah Pushne Namah – Pushan : donneur de force
- Om Hram Hiranyagarbhaya Namah – Hiranyagarbha2 : centré sur l’or
- Om Hrim Marichaye Namah – Marichi : Seigneur de l’aube
- Om Hrum Adityaya Namah – Aditya : fils d’Aditi
- Om Hraim Savitre Namah – Savita : bienfaisante
- Om Hraum Arkaya Namah – Arka : énergie
- Om Hrah Bhaskaraya Namah – Bhaskara : vers l’illumination
NB: Nous vous conseillons vivement de perfectionner d’abord les mouvements physiques et la synchronisation de la respiration avant d’essayer d’intégrer les mantras dans le surya namaskara afin d’en tirer le maximum d’avantages.
- Conscience: il s’agit d’un élément essentiel de surya namaskara. Le pratiquer mécaniquement, sans conscience, réduit considérablement les nombreux résultats bénéfiques qu’il promet.
- Relaxation: cette pratique ne fait pas strictement partie de surya namaskara. Cependant, il s’agit d’une pratique supplémentaire nécessaire qui doit absolument être effectuée après avoir terminé les séries. Toute technique de relaxation peut être adoptée, mais la meilleure méthode est shavasana.
1 [NdT] L’auteur n’indique pas à quel Signe correspond la première posture. Je considère que c’est une bonne station pour Sol Invictus (ou, si l’on préfère, le solstice d’hiver – dans l’hémisphère Nord), le moment où le soleil revient en force – chargé du souffle (OM) originel, vibration qu’il densifie dans son rayonnement – pour enjouer le monde manifesté. Alors la rétention de la respiration précédent les louanges à l’œuf correspond au solstice d’été (dans l’hémisphère Nord). Le cycle commencerait donc ici avec le Signe du j correspondant à la première posture. Ce que nous dit Oskar Adler des fonctions de ce Signe lorsqu’il est tourné vers son moi essentiel me semble bien résonner avec l’intention que manifeste cette première posture.
2 [NdT] Ailleurs, l’auteur nous donne une traduction bien plus parlante de ce terme; il en parle comme de la « matrice cosmique » (p.16), de « l’œuf d’or entrepôt de la matrice d’or » (p.26). Citant le Rig Veda:
Au début de la création, il y avait hiranyagarbha, puis sont venus tous les êtres vivants, tous les êtres qui existent, et il était le protecteur de tous.
l’auteur suggère (p.93) que les Hindous ont connaissance depuis longtemps de ce que nous envisageons depuis très récemment sous le terme de vide quantique, « cette matrice universelle, où tout existe à l’état potentiel » là où réside Bindu (p.115); enfin, dans le glossaire p.276 est donné la définition suivante: « l’œuf d’or; la matrice de la conscience, le siège de la conscience suprême dans la couronne de la tête; connu sous le nom de sahasrara chakra ». – Notre préférence va à la méditation sur les qualités essentielles et ésotériques de l’œuf, telle qu’abordée par exemple par notre interprétation des suggestions proposées par Oskar Adler. La salutation se distingue en deux phases: de 1 à 6, l’énergie primordiale descend dans la matière (phase d’involution – ou matérialisation de l’esprit); puis de 7 à 12, c’est la remontée, ou phase d’évolution – la spiritualisation de la matière. Le moment charnière est celui de cette œuf d’or, qui éclot lorsqu’on reprend une inspiration après la seule phase de rétention de la respiration dans tout le processus!
Reste que cette « remontée » vers la Source apparaît linéaire – c’est-à-dire progressive. Or la Tradition qui s’exprime avec la polarité du Yin-Yang nous dit que plus le monde s’obscurcit – par la marchandisation y compris du corps sacré: pensez à la politique actuelle de mutilations encouragées des enfants pour le profit de BigPharma, BigPsycho et autres vendeurs d’adénochrome à la Abramović –, plus il se rapproche du retour à l’Âge d’Or, par ce qui s’apparente, si l’on utilise un concept du Zeitgeist d’aujourd’hui, à un saut quantique, car plus on s’approche de quelque chose de complètement Yin (ou Yang) plus cela signale son total renversement imminent: dans la Théorie des Cycles, après la chute de l’Âge d’Or au Kali Yuga – en passant par l’Âge d’Argent puis l’Âge de Bronze – la remontée se fait directement au Satya Yuga (Âge d’Or), sans passer par (Dvapara Yuga (Âge de Bronze) ni Treta Yuga (Âge d’Argent).
Nous en concluons que le Hiranyagarbha du surya namaskara, qui, comme le souligne l’auteur en préambule, n’est pas une pratique propre au yoga, concerne l’Homme individuel, qui connaît une vie linéaire en trois temps comme le Soleil dans une journée, et pas l’humanité prise dans les cycles correspondant à la rotation du soleil sur la bande du zodiaque (qui lui prend 25’920 ans, c’est-à-dire une année platonicienne, pour faire un tour).
Une question surgit à l’instant à l’esprit du traducteur: si l’on pense que les réincarnations nous permettent de venir solder nos fautes commises dans les vies antérieures, c’est-à-dire de nous bonifier jusqu’à « un jour » – c’est-à-dire dans une certaine vie à venir –, devenu saint, sortir du cycle des réincarnations, comment se fait-il que ces stages de formation à la sainteté qui nous sont proposés sur Terre ne coïncident pas avec un cycle d’élévation de l’humanité correspondant aux pas accomplis, même minimes, sur la voie de la sagesse, mais au contraire avec un cycle de chute continue dans plus d’obscurité jusqu’au moment de l’Apocalypse?
Une piste de réponse se trouve sans doute chez Guénon – qui s’est toujours moqué de la vision new age de la réincarnation –, et plus particulièrement de son œuvre L’Homme et son devenir selon le Vêdânta, que nous nous proposons de reprendre prochainement.