La collecte et la sélection de la matière sont suivies par la réflexion, la mise en relation et le commentaire.
Il s’agit d’examiner les faits et les pensées, de les ordonner (montage de la pensée: architecture mentale), de les voir sous différents angles. Dans le fond, nous sommes appelé ici à l’étape la plus importante dans notre préparation: celle de la méditation. Selon Schreiner, la prédication chrétienne distingue cinq étapes dans l’exégèse: = interprétation du texte, méditation, exécution, appropriation, réalisation. Nous en tirons quelques indications pour notre domaine souvent très profane:
- Concentrez-vous si possible sur une seule pensée à la fois; éliminez les pensées secondaires.
- Imaginez toujours votre auditoire. Que voulez-vous lui dire ? Où voulez-vous en venir?
- Petit à petit, des idées clés se dégagent. Nous les faisons alors « tourner » dans notre tête!
- La méditation provoque l’intériorisation. Nous ne pouvons y parvenir que si nous nous détachons des rouages de notre environnement. Chaque discours doit grandir lentement en nous. Il faut « vivre avec » le discours pendant un certain temps. Même si nous devons nous occuper intensément des différentes étapes de travail, n’oublions pas de faire des pauses créatives. La loi de la tension et du relâchement s’applique également au travail intellectuel.
Nous ne voulons pas seulement accumuler des connaissances et des impressions, mais aussi nous forger une véritable opinion. Une opinion personnelle fondée – c’est le plus grand projet de construction qui soit. Nous nous trompons sans cesse; nous devons sans cesse peser et vérifier à nouveau.
Cadre extérieur
- La condition extérieure pour un travail préparatoire fructueux est de trouver le meilleur moment pour s’atteler au travail; ce moment est souvent très différent selon les personnes.
- Il faut aussi effectuer le travail intellectuel le plus régulièrement possible.
- Aussi banal que cela puisse paraître, le « traitement ambulatoire » de l’esprit est particulièrement efficace chez les personnes prédisposées à la motricité. περιπατέω était déjà un moyen pour les Grecs de l’Antiquité d’obtenir un riche butin de chasse sur le terrain des pensées!
Les conditions intérieures pour un travail préparatoire fructueux sont les suivantes:
- L’introspection: quelles sont les causes, quels sont les effets d’un état de fait ? Quelles sont les phrases clés, les idées cibles que je dois mettre en avant? Etc. Se poser des questions est le moyen de mettre sa pensée en mouvement. « C’est ainsi : les questions sont à l’origine de ce qui reste. Pense à la question de cet enfant: Que fait le vent quand il ne souffle pas? » (Erich Kästner).
- Méditer en silence, puis exprimer nos pensées à voix haute ou à mi-voix. L’alternance entre la pensée énoncée à haute voix et puis « dans sa tête » mène étonnamment souvent à des clarifications.
- Il faut souvent faire preuve de beaucoup de patience avec soi-même. Le travail patient et systématique de mise en relation, d’articulation judicieuse et de formulation efficace est un temps le plus souvent long de fermentation d’une pensée. Et lorsque la pensée est enfin claire, les mots justes ne se présentent pas toujours immédiatement. On ne saurait trop recommander de réfléchir patiemment aux détails et aux relations. Les Asiatiques voient dans l’incapacité de l’Européen moderne à se comporter de manière méditative un signe effrayant de déclin culturel.
- Il est bon de s’entraîner à résumer en quelques phrases les idées clés et les objectifs du discours (« concentré essentiel », comme un bouillon-cube…). N’oublions pas que les auditeurs doivent comprendre quelque chose ou réagir d’une certaine manière. Le contenu fondamental du discours doit nous apparaître clairement pendant la méditation et nous devons pouvoir le résumer en une phrase synthétique.
- Veillez très tôt à pouvoir respecter le temps de parole prévu. Beaucoup d’orateurs ne gèrent pas leur temps, se privant d’un bon effet.