Avez-vous déjà pris une décision «logique» qui vous semblait mauvaise instinctivement, pour ensuite la regretter? Ou suivi une intuition qui n’avait aucun sens sur le papier, mais qui s’est avérée parfaite? Bienvenue dans le monde mystérieux et souvent méconnu de l’intuition, cette connaissance silencieuse qui s’exprime par le senti et non par des mots.
Au-delà du mythe: l’intuition comme intelligence somatique
L’intuition a longtemps été reléguée au domaine du mystique ou du «féminin», considérée comme l’opposé de la pensée rationnelle. Pourtant, les neurosciences contemporaines nous « révèlent » – bien après toutes les sciences sacrées! – une réalité fascinante: l’intuition est la forme de connaissance qui est immédiate, c’est-à-dire sans intermédiaire, donc la compréhension avant et sans la parole – laquelle est nécessairement discursive au contraire du symbole saisi dans l’instant dans sa globalité avant son analyse1.
Antonio Damasio, neuroscientifique de renommée mondiale2, a démontré que ce que nous appelons «intuition» implique les marqueurs somatiques – des signaux corporels subtils qui condensent notre expérience accumulée en sensations instantanées3. Votre corps «sait» souvent avant que votre mental ne comprenne.
ATTENTION, LE PARAGRAPHE QUI SUIT SYNTHéTHISE TOUTE LA SOUMISSION DE JDM à UNE (SOI-DISANTE) SPIRITUALITé SOUMISE AUX DOGMES DU RèGNE DE LA QUANTITé
Le cerveau intuitif: un processeur parallèle ultra-rapide [Waouh, super!]
Quand vous prenez une décision «rationnelle», votre cortex préfrontal traite environ 40 bits d’information par seconde [comment cela se calcule-t-il? au-delà du protocole, quelle est la définition d’une information dans le cadre de la pensée et de l’intuition humaine?]. C’est impressionnant, mais voici le twist: votre système nerveux inconscient traite simultanément 11 millions de bits d’information par seconde [Waouh – et comment a-t-on calculé cela précisément?]. Cette différence est colossale – presque autant que l’abyssale absurdité du propos…
Votre intuition n’est pas magique – c’est votre cerveau qui fait une lecture ultra-rapide de patterns basée sur l’ensemble de vos expériences, votre mémoire implicite, vos apprentissages corporels, et même des micro-signaux environnementaux que votre conscience ne perçoit pas. Mark Waldman appelle cela «la sagesse du cerveau entier» – une intelligence qui intègre simultanément les données du néocortex, du système limbique, et du système nerveux entérique (notre «cerveau intestinal») -> vous, votre conscience, votre bonne volonté, votre ascèse, etc. n’y est donc comme pour rien, tout cela n’est que le résultat programmatique de votre cerveau!
Les trois voix qu’il faut distinguer
Pour faire de l’intuition une boussole fiable, vous devez d’abord apprendre à distinguer trois voix intérieures souvent confondues:
La voix de la peur: rapide, urgente, contractée. Elle dit «Fuis! Danger! » Elle vous pousse à éviter l’inconfort. Localisation corporelle : tension thoracique, respiration bloquée, accélération cardiaque.
La voix du conditionnement: celle de vos parents, de la société, de vos croyances limitantes. Elle dit «Tu devrais… Il faut que…» Elle provoque souvent de la culpabilité ou de la honte. Localisation: tension dans les épaules, lourdeur, fatigue -> tant que ce n’est pas dans le cerveau…
La voix de l’intuition véritable: calme, stable, expansive. Elle dit simplement «Oui» ou «Non» (jamais « peut-être » ou simplement indifférente…) sans justification élaborée. Elle apporte une sensation de clarté corporelle, même si le chemin qu’elle propose est difficile. Localisation: sensation de détente dans le plexus solaire, respiration fluide, sentiment d’alignement.
Cultiver la fiabilité intuitive
Les recherches en neurosciences appliquées (que ferait-on sans elles – les évidences qu’elles sont sensées démontrées n’auraient donc jamais été comprises auparavant?) montrent que l’intuition devient plus fiable avec trois pratiques spécifiques:
- La familiarité avec votre paysage corporel: Plus vous connaissez vos sensations corporelles en état neutre, plus vous détectez les signaux subtils de votre intuition.
- La réduction du bruit mental: L’anxiété chronique et la rumination mentale noient littéralement les signaux intuitifs. Des pratiques de régulation nerveuse sont essentielles.
- Le feedback régulier: Suivre vos intuitions et noter ensuite si elles étaient justes crée un circuit d’apprentissage qui affine votre capacité discriminante.
L’exercice expérientiel: Le Scanner Intuitif des Décisions
Aujourd’hui, choisissez une décision que vous devez prendre (même mineure: quel livre lire, quel chemin emprunter, quelle personne contacter).
Protocole en 5 étapes:
- Ancrage corporel (2 minutes): Asseyez-vous confortablement. Prenez conscience de votre respiration. Scannez votre corps de la tête aux pieds, notant les zones de tension et de détente.
- Présentation neutre des options: Énoncez mentalement l’option A sans argumenter pour ou contre. Observez simplement la réponse corporelle pendant 30 secondes. Où sentez-vous une expansion ou une contraction? Une fluidité ou une résistance?
- Réinitialisation: Prenez trois respirations profondes pour «effacer» la sensation précédente. (Et si mon intuition me dit de prendre 5 respirations?)
- Présentation de l’option B: Même processus. Observez la réponse somatique sans jugement.
- Lecture comparative: Quelle option produit une sensation d’expansion, de légèreté, de fluidité respiratoire? Celle-ci est souvent votre intuition véritable. Si les deux options créent de la contraction, c’est peut-être que ni l’une ni l’autre n’est juste, ou que la peur domine.
Notez dans votre journal: l’option choisie, la sensation corporelle associée, et revisitez dans une semaine pour évaluer la justesse de votre intuition.
Remarque importante: bien que l’intuition soit précieuse, elle fonctionne mieux lorsqu’elle est associée à une réflexion critique et à des informations factuelles. L’objectif n’est pas d’abandonner l’analyse, mais de valoriser ces deux modes de connaissance.
Références
Dahl, C. J., & Davidson, R. J. (2019). Mindfulness and the contemplative life: Pathways to connection, insight, and purpose. Current Opinion in Psychology, 28, 60–64.
Keck, S., & Tang, W. (2020). Enhancing the wisdom of the crowd with cognitive-process diversity: The benefits of aggregating intuitive and analytical judgments. Psychological Science, 31(10), 1272–1282.
Bakken, B. T., Hansson, M., & Haerem, T. (2016). Interaction effects of intuitive and analytic cognitive styles on decision making performance [Conference session abstract]. Academy of Management Proceedings, 2016(1), Article 14419.
- Nous préférons – et de loin – cette présentation à celle typiquement mécanique et quantitative proposée dans le texte original par JDM: » L’intuition n’est pas une forme inférieure de connaissance, mais une intelligence sophistiquée qui traite des quantités massives d’informations à une vitesse que notre conscience ne peut égaler. » La partie en italique ne faisant que reproduire le dangereux mythe dominant nous assimilant à un superordinateur, sans apporter le moindre élément factuel pour démontrer cette assertion malsaine, si ce n’est malséante… ↩︎
- Toujours ce besoin de valorisation qualitative, qui dispense d’aligner les véritables acquis que celui qui reçoit ces louanges gratuites aurait véritablement légué… ↩︎
- Vous y en a parler chinois? ↩︎

