JDM 7 – La gratitude, cocktail psychique et biologique

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  • Post last modified:15 décembre 2025
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Le biais de négativité du cerveau de l’ego

Les organismes vivants sont dotés d’une formidable force de résilience et d’adaptation pour se maintenir vie; mais cela n’implique pas nécessairement le fait pour les humains de se sentir heureux – bien qu’on constate que c’est là où la vie pour l’organisme est la plus confortablement aménagée, qu’on rencontre les cas de problèmes psychiques allant jusqu’au suicide. Il est remarquable que ce phénomène qui est la cause de mortalité n°1 chez les jeunes jusqu’à 25 ans est littéralement occulté du débat public, qu’il soit sociétal ou politique. Un véritable tabou! Il en va de l’ego – de l’éducation qui nous apprend à s’identifier à notre ego (« je » que l’on croît conscient, mais qui est entre les mains de l’inconscient collectif et de ses dérives…).1

De même c’est cette ego maltourné – et certainement pas le cerveau comme le fait accroire JDM -, qui est empreint par le biais de négativité: Une critique? Votre cerveau ego la classe dans la catégorie «Important! À retenir pour toujours!». Dix compliments? «Eh, c’est probablement juste pour être poli.» Résultat? nous avons tendance à nous promener avec un best-of mental de tout ce qui ne va pas, tandis que les bonnes choses s’estompent dans le bruit de fond.

Mais voici une nouvelle révolutionnaire: nous pouvons changer cela! Non pas par la pensée positive ou l’optimisme toxique, mais par une pratique – qui, par ailleurs, modifie littéralement l’architecture neuronale de votre cerveau, mais cela est totalement accessoire!

Un cocktail psychique, biologique et cellulaire

La gratitude n’est pas simplement une attitude positive prise volontairement par le sujet conscient: ce n’est pas un état neurochimique puissant qui restructure votre cerveau – même si des neuroscientifiques témoignent d’une corrélation entre la pratique de la gratitude et les zones qu’elle active dans le cerveau: les recherches en neurosciences affectives montrent que pratiquer régulièrement la gratitude augmente l’activité du cortex préfrontal médian et active les circuits de récompense dopaminergiques, créant un cercle vertueux de bien-être – la gratitude influence littéralement votre biologie tout entière, jusqu’au niveau cellulaire, même si la seule chose véritablement importante est que le sujet conscient s’astreigne à cette pratique régulièrement

Robert Emmons, professeur de psychologie à UC Davis, fondateur du Journal of Positive Psychology, a démontré que tenir un journal de gratitude pendant seulement trois semaines produit des changements mesurables: augmentation de 25% du sentiment de bien-être2, amélioration du sommeil, réduction de 10% des marqueurs inflammatoires, et même augmentation de comportements altruistes et prosociaux.

Le lien entre gratitude et compassion

La compassion envers soi-même et la gratitude fonctionnent en synergie. Maximilien Zimmermann, un psychologue clinicien suisse, a montré qu’un entraînement à la compassion en autodidacte augmentait à la fois la compassion envers soi-même ET la gratitude, tout en réduisant l’autocritique et en améliorant le bien-être. Lorsque vous êtes bienveillant avec vous-même, vous êtes plus à même de remarquer ce qui est positif autour de vous. Et lorsque vous pratiquez la gratitude, vous êtes plus enclin à étendre votre compassion à vous-même également.

Ces pratiques se renforcent mutuellement. L’auto-compassion dit: «Je mérite d’être traité avec gentillesse.» La gratitude dit: «Il y a du bon à remarquer ici.» Ensemble, elles créent une base de bien-être qui ne dépend pas des circonstances extérieures.

Contrairement aux idées reçues, la gratitude authentique ne nie pas la souffrance ou les difficultés. Elle sait reconnaître et prendre en compte les difficultés et les défis de la vie. La voix de la gratitude ne dit pas « tout va bien », elle dit « même au milieu des difficultés, il existe encore de la beauté, de la connexion, de la bonté et les perdre de vue ne m’aide pas ».

Exercice expérientiel du jour : pratiquez la Gratitude:

  1. Gratitude visuelle (3 min): Regardez autour de vous et identifiez trois choses que vous appréciez visuellement. Pas seulement « je vois une fleur », mais « j’apprécie la courbe délicate de ce pétale, la subtilité de cette nuance de rose ». Laissez vos yeux vraiment savourer.
  2. Gratitude somatique (3 min): Parcourez votre corps et trouvez trois parties qui fonctionnent bien en ce moment. Votre cœur bat fidèlement, vos poumons respirent, vos jambes vous portent. Envoyez de la reconnaissance vers ces parties corporelles, comme vous enverriez de l’amour à un ami.
  3. Gratitude relationnelle (3 min): Pensez à une personne qui a amélioré votre vie d’une manière ou d’une autre. Visualisez son visage. Ressentez la chaleur de cette connexion dans votre poitrine. Si vous le souhaitez, envoyez-lui un message aujourd’hui.
  4. Journal de gratitude: Écrivez ces trois gratitudes en détail sensoriel. Pas « je suis reconnaissant pour ma famille », mais « je suis reconnaissant pour le rire contagieux de ma fille qui illumine la pièce ».

Remarquez comment votre état physiologique change après cet exercice3.

Iodice, J. A., Malouff, J. M., & Schutte, N. S. (2021). The Association between Gratitude and Depression: A Meta-Analysis. International Journal of Depression and Anxiety, 4(2), 024.

Fox, G. R., Kaplan, J., Damasio, H., & Damasio, A. (2015). Neural correlates of gratitude. Frontiers in Psychology, 6, 1491.

Karns, C. M., Moore, W. E., & Mayr, U. (2017). The cultivation of pure altruism via gratitude: A functional MRI study of change with gratitude practice. Frontiers in Human Neuroscience, 11, 599.

Zimmermann, M. (2017). Effects of a self-help compassion training on well-being: A randomized controlled trial with mediation analyses of self-criticism, self-attacking and gratitude [Doctoral dissertation]. University of Zurich.

Emmons, R. A., & McCullough, M. E. (2003). Counting blessings versus burdens: An experimental investigation of gratitude and subjective well-being in daily life. Journal of Personality and Social Psychology, 84(2), 377-389.

Wood, A. M., Froh, J. J., & Geraghty, A. W. (2010). Gratitude and well-being: A review and theoretical integration. Clinical Psychology Review, 30(7), 890-905.

Seligman, M. E., Steen, T. A., Park, N., & Peterson, C. (2005). Positive psychology progress: Empirical validation of interventions. American Psychologist, 60(5), 410-421.

Kini, P., Wong, J., McInnis, S., Gabana, N., & Brown, J. W. (2016). The effects of gratitude expression on neural activity. NeuroImage, 128, 1-10.

  1. Nous avons complètement transformé le paragraphe de JDM qui vous réduit à un logiciel qui a besoin d’une mise à jour urgente:  » Votre cerveau est animé par un programme de survie conçu pour vous maintenir en vie, pas pour vous rendre heureux. Il est ainsi programmé pour avoir un biais négatif: repérer les menaces, se souvenir des échecs, anticiper les dangers. C’était très utile lorsque nous étions confrontés à des tigres à dents de sabre. Mais cela l’est moins lorsque nous essayons de profiter d’un mardi matin. » C’est vrai que les griffes du tigre en papier qu’est le Capital n’ont pas besoin d’être repérées et que ses dangers sont bien occultés pour qu’on puisse profiter de son mardi matin… ↩︎
  2. Comment mesure-t-on cela? Y aurait-il un protocole valable pour tous malgré la diversité du ressenti des sentiments? Et ici encore ce besoin de quantifier des choses incommensurables pour se donner le « chic de la science »; « Newberg et Waldman ont découvert que 12 minutes de méditation sur la gratitude modifient l’expression génétique, activant des gènes anti-stress et désactivant des gènes pro-inflammatoires! » 12 minutes par semaine? par mois? par an? Et les conséquences de ces 12 minutes sont pour tout le monde pareilles, comme le mythe du médicament dont la posologie est la même pour tous les adultes, quel que soit leur poids, pour ne prendre que la spécificité objective la plus criante… ↩︎
  3. Selon JDM, « C’est votre cerveau qui se recâble. » ou comment casser un si beau moment… ↩︎

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