¡PolicÍas por la libertad!

Entre une policière espagnole et l’AFP, qui désinforme le plus ?

 Publié le 30/03/2021 à 12:02

Suite à l’appel vidéo lancé par une policière espagnole incitant les spectateurs à enquêter sur ce qu’elle considère être «un recul inquiétant de la démocratie et des libertés» au sein de pays comme la France et l’Espagne, qu’elle qualifie de «dictatures sanitaires», l’AFP-Factuel, le service de vérification de l’Agence France Presse, lui a répondu en dénonçant les incohérences et autres fausses informations que l’agence pilotée par qui vous savez soutient déceler dans le discours de la policière. Problème: l’AFP s’appuie elle-aussi sur des informations erronées pour asseoir sa démonstration. Pire, elle ne peut l’ignorer, puisque France Soir l’en avait déjà avertie.

Sonia Vescovacci est, comme nous le rapporte le site Publico cité par l’AFP dans son article, officier du Corps national de police espagnole (CNP). Elle est également à la tête du collectif policiàs por la libertad, un collectif qui avait notamment appelé fin 2020 les agents des forces de l’ordre espagnoles à ne pas verbaliser les citoyens ne portant pas de masque ou ne respectant pas les restrictions sanitaires.

Dans sa dernière vidéo rapidement devenue virale, la policière dénonce des «lois liberticides, absurdes et sans fondement scientifique» et appelle les citoyens et les journalistes à enquêter sur «les anomalies, les mensonges et les incohérences» existant autour de la crise actuelle, ainsi que sur cette «dictature sanitaire» qui, selon elle, fera «prochainement place à une dictature économico-techno-sanitaire».


Considérée par les uns comme une « lanceuse d’alerte », elle est moquée et raillée par les autres. L’AFP en tête.

Dans son papier, l’Agence France Presse isole quatre points contenus dans les propos de Sonia Vescovacci qu’elle considère comme fallacieux :

(i) Les tests PCR sont frauduleux

(ii) Les masques sont inutiles et toxiques

(iii) Il existe des traitements capables de mettre fin à la pandémie

(iv) Les vaccins sont toxiques

Bref, quatre points que seule la mauvaise fois spectaculaire et la corruption sont capables de remettre en doute!

Par exemple, (i) «l’inventeur de ce test, le prix nobel Kary Mullis, a bien expliqué que ce test ne pouvait pas servir à diagnostiquer de maladies et encore moins le covid… encore moins si l’on l’utilise couramment comme des cycles d’amplification supérieurs à 25 comme c’est le cas à 99%». Le test de Mullis sert à diagnostiquer la présence du virus, pas de la maladie – pour mémoire, nous sommes constitués de virus, qui sont de loin nos ancêtres. Virus ne veut donc pas dire maladie, même si nous pouvons éprouver des passages où nous vivons une éruption virale maladive – qui nous nettoie, en fait.

Le test PCR est bien en mesure de détecter des traces de virus, mais il n’est pas capable de qualifier dans quelle proportion il s’est développé dans l’organisme sur lequel on a détecté sa présence, tout comme il n’est pas en mesure de déceler si vous êtes malade.

Même en médecine allopathique, la différence entre un individu qui abrite un virus et celui qui est malade est bel et bien de taille. Une différence si notable que nous pourrions trouver là motif à nous interroger sur la fiabilité des tests positifs au Covid quotidiennement recensés sur des personnes « asymptomatiques » et en pleine possession de leurs moyens.


« Le nombre de cycles, on s’en fiche » ?

Une nuance qui devient d’autant plus importante puisque, comme le rappelle Sonia Vescovacci, ce test devient de moins en moins fiable dès lors qu’on «l’utilise couramment avec des cycles d’amplification supérieurs à 25».

La policière fait ici référence à la méthodologie utilisée lors de la recherche de virus à l’aide de ces tests. Plusieurs cycles d’amplification sont effectués sous diverses conditions. Plus vous effectuez de cycles, plus vous avez ainsi de chances de déceler la présence d’un virus. Une méthodologie expliquée dans cette vidéo des Hôpitaux universitaires de Genève et reprise en exemple par l’AFP dans son article.

Ce manque d’informations autour de la fiabilité d’un test en cas de dépassement d’un certain nombre de cycles est d’autant plus dommageable que cette question n’est quasiment jamais soulevée dans la presse, tout comme la vidéo des Hôpitaux universitaires de Genève ne l’explicite pas non plus. À l’inverse, ils sont nombreux à dénoncer une aberration autour de ce sujet. C’est notamment le cas de cette vingtaine de scientifiques dont l’étude remet en cause l’utilisation des tests PCR sous leur forme actuelle.

Et ils ne sont pas les seuls. Au Portugal, des juges ont qualifié de «discutables» les résultats obtenus par ces tests, notamment concernant ces ambiguïtés touchant aux cycles d’amplification.

En Belgique, un «grand média», la RTBF, ira même jusqu’à communiquer le nombre de cycles réalisé, selon eux, dans le plat pays : «entre 30 et 35». Mieux, la RTBF interrogera Frédéric Cotton, responsable de l’un «des cinq plus grands labos belges». qui admettra «[qu’]aujourd’hui, on n’a peut-être pas intérêt à autant amplifier le virus parce que le risque est d’en détecter parfois des traces d’un virus qui n’est plus infectieux, d’un virus entre guillemet mort».

Frédéric Cotton ajoutera, avec un certain bon sens que l’AFP aime à occulter dans ses analyses, que «cela dit, on devrait pouvoir donner au médecin un résultat de dépistage où le nombre de cycles seraient mentionnésce qui lui donnerait une meilleure idée de la contagiosité de son patient Covid. (…) N’empêche en attendant, une standardisation, les labos pourraient commencer à donner une évaluation de la quantité de virus (faible, moyenne ou forte), ce serait un progrès.»

Un progrès qui permettrait surtout d’offrir de la transparence à l’étude scientifique et publique relative à la fiabilité de ces tests, puisque selon Frédéric Cotton, il suffit de communiquer sur la quantité de virus détectée à chaque cycle pour avoir une idée bien plus précise de la contagiosité, et donc de la charge virale d’un individu. De quoi y voir beaucoup plus clair dans la différenciation à réaliser entre les cas les plus graves et ceux les plus anodins.

Dans Hold-up, le documentaire de Pierre Barnéras, qui avait défrayé la chronique l’an dernier et dont les approximations et diverses projections subjectives avaient permis de dénaturer son travail journalistique aux yeux de l’opinion publique, figurait l’extrait d’un reportage de 8 Mont-Blancune chaine de télévision savoyarde disponible sur le cable. Dans cet extrait, un analyste était interrogé sur le nombre de cycles d’amplification effectué dans son laboratoire (à partir de 11’06 »)Ce-dernier expliquait alors devant la caméra procéder à des recherches allant jusqu’à 50 cycles, ponctuant sa phrase par «ce qui fait qu’on est très très très très sensible (sic)».

Qu’importe l’avis que chacun s’est fait sur Hold-Up, ce passage est extrait d’un reportage réalisé par une rédaction de journalistes, dont le travail ne peut pas, faute de contradiction probante, être remis en question.

De quoi à nouveau relancer nos interrogations concernant les cas asymptomatiques et en bonne santé. De la même manière, redescendre sous la barre des 5’000 cas par jour fixée par Emmanuel Macron pourrait dès lors apparaître comme particulièrement difficile à atteindre si toute personne abritant une infime part de virus, potentiellement « mort entre guillemets », était obligatoirement testée positive.

En effet, si vous allez au bout de la lecture des différents papiers proposés par l’AFP, vous constaterez qu’en ce qui concerne la partie de son article touchant aux « traitements capables de mettre fin à la pandémie », et donc à la question de l’hydroxychloroquine, elle continue d’appuyer l’ensemble de sa contre-argumentation sur 3 études scientifiques qui, contrairement à ce qu’affirme l’agence de presse, ne démontrent en réalité pas que cette molécule est inefficace pour lutter contre le Covid (ndla : Cf le point 5/ de notre papier).

Deux d’entre elles, Solidarity et Discovery, ont administré des doses de cheval à leurs patients, qui plus est sans avoir associé la molécule à aucun antibiotique, rendant ainsi caduque tout constat fiable sur le traitement proposé par le professeur Raoult. Des doses véritablement dangereuses au regard des posologies préconisées par l’Agence nationale de sécurité du médicament. La troisième étude, Hycovid, a, pour sa part, clairement eu tendance à prouver l’inverse de l’interprétation à laquelle se réfère l’AFP, puisqu’elle montrait qu’associée à l’azithromycine, l’hydroxychloroquine obtenait des effets sensiblement positifs sur les malades atteints de Covid-19. Le trop faible nombre de patients concernés et la trop courte durée de l’étude n’ayant pas permis de confirmer ces résultats.

Bis repetita sur le sujet des masques, où l’AFP contredit l’idée qu’ils puissent être inutiles et toxiques. Là encore, l’agence de presse usera de multiples arguments pour expliquer pourquoi le masque est bien utile dans certaines situations et conditions, tout en omettant de préciser dans lesquelles il ne l’est pas et en ne mentionnant pas le fait que l’Organisation mondiale de la santé, elle-même, n’est pas en mesure de prouver scientifiquement qu’il le soit. Le même procédé est utilisé concernant leur toxicité (ndla : cf les points 1/ et 2/ de notre précédent papier).

Que l’AFP puisse faire des erreurs, voire qu’elle puisse colporter plusieurs fausses informations dans ses articles, est de l’ordre du tolérable. A fortiori durant une crise où se mêlent de multiples incertitudes. Nul n’est parfait… même s’il fut un temps où cela impliquait une démission immédiate de son équipe dirigeante. En revanche, ce qui intrigue davantage sur les motivations qui animent maintenant la parution de ses articles, c’est que, même une fois alertée, l’AFP choisisse tout de même de s’obstiner à répéter des démonstrations interminables qu’elle sait pourtant biaisées, et donc fausses, le tout en promotionnant toujours la même idée directrice sans jamais chercher à opposer ses arguments aux informations contradictoires les plus pertinentes.

En bref, l’AFP ne s’embarrasse à présent plus à chercher la vérité. Elle la décrète directement et distribue ensuite ses bons points.

 Wolf WAGNER est journaliste indépendant. Auteur: Wolf WAGNER pour FranceSoir

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