Notre cerveau est une vraie machine à résoudre des problèmes (ou plus exactement à trouver des réponses à des questions) extraordinairement sophistiquée.1
Mais voici le paradoxe fascinant découvert par les neurosciences: votre cerveau Vous ne pouvez apporter de réponses qu’aux questions que vous vous posez explicitement. La qualité de votre vie est directement proportionnelle à la qualité des questions que vous vous posez.
Si l’on en croit les neurosciences, quand vous formulez une question, vous activez instantanément votre système d’activation réticulaire (SAR) – ce filtre neurologique qui détermine quelles informations méritent votre attention consciente parmi les millions de stimuli qui vous bombardent à chaque instant. Une question agit comme un projecteur qui illumine certaines parties de votre expérience tout en laissant d’autres dans l’ombre.
Mark Waldman et Andrew Newberg ont démontré que les questions négatives («Pourquoi est-ce que je me retrouve toujours dans cette situation de merde?») activent des circuits neuronaux supposés spécifiques des menaces et des ruminations, tandis que les questions positives et orientées solution («Qu’est-ce que je peux apprendre de cette situation?») activent les réseaux préfrontaux supposément associés à la créativité et à la résolution de problèmes.
Questions toxiques vs questions génératives
Certaines questions sont neurotoxiques – elles empoisonnent littéralement votre chimie cérébrale en déclenchant des cascades de cortisol et en renforçant les circuits de l’impuissance apprise:
- «Pourquoi est-ce que ça arrive toujours à moi?»
- «Qu’est-ce qui ne va pas chez moi?»
- «Pourquoi est-ce que je n’arrive jamais à…?»
- «Qui est responsable de ce désastre?»
Ces questions présupposent l’échec, la victimisation, ou la pathologie. Elles orientent votre cerveau vers la recherche de preuves confirmant votre insuffisance.
À l’inverse, les questions génératives sont neurogènes – elles stimulent littéralement la création de nouvelles connexions neuronales et ouvrent des possibilités:
- «Qu’est-ce que j’aurais à apprendre de cette situation?»
- «Quelle ressource en moi puis-je activer maintenant?»
- «Quelle serait la plus petite action possible pour changer le cours des choses?»
- «Comment puis-je grandir à travers cette difficulté?»
L’anatomie d’une question puissante
Les recherches en Evidence-Based NeuroCoaching révèlent qu’une question transformatrice possède quatre caractéristiques:
- Elle est ouverte: pas de réponse par oui/non, elle invite à l’exploration.
- Elle est orientée vers l’avenir ou l’apprentissage: « Comment…? Qu’est-ce que…? » plutôt que «Pourquoi…?»2
- Elle présuppose la capacité: elle assume que vous avez des ressources, pas qu’il vous manque quelque chose.
- Elle génère de l’énergie: quand vous la lisez, vous sentez une ouverture, pas une contraction.
L’exercice expérientiel: La Réécriture des Questions Quotidiennes
Phase 1: Capture (pendant 24 heures) Portez votre attention aux questions que vous vous posez spontanément face à des difficultés. Notez-les exactement telles qu’elles émergent dans votre tête. La plupart des gens se posent 5 à 15 questions par jour sans s’en rendre compte.
Phase 2: Diagnostic (15 minutes) Sur le moment, puis à nouveau en fin de journée, examinez vos questions. Classez-les:
✗ Questions toxiques (orientées problème, victimisation, pathologie)
○ Questions neutres (factuelles, sans charge émotionnelle)
✓ Questions génératives (orientées solution, apprentissage, ressources)
Phase 3: Transformation (20 minutes) Pour chaque question toxique, créez une reformulation générative.
Exemples:
«Pourquoi est-ce que je procrastine toujours?» → «Qu’est-ce que mon corps/esprit la part rebelle en moi essaie de me dire quand je procrastine? Quel besoin non satisfait je cherche à combler en procrastinant?»
«Pourquoi cette personne est-elle si difficile?» → «Qu’est-ce que cette difficulté relationnelle m’invite à développer en moi? Quelle limite ai-je besoin de poser avec compassion?»
«Qu’est-ce qui ne va pas chez moi?» → «Quelle partie de moi demande-t-elle de l’attention et du soin en ce moment?»
La promesse du questionnement conscient
En six semaines de pratique, vous remarquerez un changement profond: votre dialogue intérieur devient votre allié plutôt que votre saboteur. Vous passez moins de temps à ruminer et plus de temps à créer. Votre énergie mentale se redirige de l’analyse du problème vers l’émergence de solutions.3
Les bonnes questions ne vous donnent pas les réponses – elles vous transforment en quelqu’un capable de les découvrir.
Références
Dane, E., & Sonenshein, S. (2022). Intuitive inquiry: A neuroscientific perspective on questioning for cognitive reframing in decision-making. Journal of Applied Psychology, 107(4), 567–582.
Kross, E., & Ayduk, O. (2021). Self-distanced reframing through interrogative self-talk: Neural mechanisms in the prefrontal cortex. Psychological Review, 128(3), 456–472.
Wood, J. V., Heimpel, S. A., & Michela, J. L. (2023). Questioning to reframe: How interrogative processes enhance emotional regulation via amygdala-prefrontal connectivity. Emotion, 23(2), 210–225.
Senay, I., & Albarracín, D. (2020). The neuroscience of motivational questioning: Reframing self-doubt through reticular activating system modulation. Social Cognitive and Affective Neuroscience, 15(6), 678–689.
Nook, E. C., & Somerville, L. H. (2024). Adolescent cognitive reframing: The role of interrogative strategies in reshaping neural narratives of stress. Developmental Cognitive Neuroscience, 65,
- Ce n’est évidemment pas le cerveau qui résout des problèmes, mais l’individu conscient, lequel, lorsque c’est un humain, utilise son cerveau, mais aussi son cœur, sa respiration et sa transpiration, enfin tous ses organes et multiples capacités. Indécrottable JDM: il veut nous laisser accroire que lorsqu’on le voit dans l’écran, c’est qu’il est dans notre écran… ↩︎
- Faut-il en déduire avec toute la « philosophie » scientiste qu’il faut éviter la métaphysique? ↩︎
- Formidable: JDM n’a pas eu besoin cette fois-ci de rajouter le baratin neuroscientifique pour expliquer les bienfaits d’une pratique consciente répétée avec régularité! ↩︎

