Il existe de nombreuses idées fausses concernant le prana et le pranayama. Le prana ne signifie pas spécifiquement air ou souffle, bien que beaucoup de gens interprètent le mot de cette manière. Le terme pranayama a des implications bien plus larges que la définition habituelle – «contrôle du souffle». Il est important de comprendre ces termes, ne serait-ce que sur un plan intellectuel, afin de savoir exactement quel est le but du pranayama.
Aspects religieux et traditionnels
Dans l’ancienne écriture appelée le Satapatha Brahmana, il est écrit: «Le prana est le corps du Soi (conscience suprême).» En d’autres termes, le prana est le véhicule ou le médium de la conscience. Dans ce sens, le prana peut être assimilé au concept hindou de prakriti, c’est-à-dire les constituants manifestés de l’univers sous forme de matière et d’énergie. Selon la science moderne, nous savons que la matière n’est en réalité rien d’autre qu’une expression de l’énergie. Nous pouvons donc dire que le prana signifie énergie.
Ce prana ou cette énergie – qu’il s’agisse de l’esprit, du corps, de la matière ou de toute forme (expression) d’énergie – agit comme le médium permettant à la conscience de s’exprimer. Sans prana, la conscience serait totalement incapable de se manifester dans le monde phénoménal pour donner naissance à la myriade de formes de vie dans l’univers. Le prana est l’aspect actif de l’existence, tandis que la conscience est le principe omniprésent, inactif et témoin. Pour que la vie existe, les deux doivent être présents.
Dans d’autres textes scripturaires indiens, on trouve diverses définitions, mais toutes pointent vers le même concept fondamental. Dans la Chandogya Upanishad, le prana est décrit comme la matrice interne, et le vayu (grossièrement traduit par air, mais signifiant en réalité force vitale, énergie, vent) comme la matrice externe de l’énergie. Dans ce contexte, nous voyons cela comme une simple division de la même énergie: le prana désigne ici l’énergie qui se trouve à l’intérieur du corps et constitue le complexe corps-esprit à ses différents niveaux de subtilité. C’est cet aspect qui nous intéresse pendant la pratique du pranayama.
Dans les textes tantriques et divers autres écrits, l’énergie ou le prana est symbolisé par la Mère divine toute-puissante, Shakti ou Kali, ainsi que par diverses autres déesses. Il est considéré comme l’aspect féminin de l’existence, le terrain fertile sur lequel la conscience (représentée par divers dieux, notamment Shiva) peut prendre racine, croître et se manifester dans l’univers. Shakti ou prana est la matrice de l’existence. Le thème principal du tantra est l’unification de Shiva et Shakti afin que la conscience puisse s’exprimer parfaitement à travers le médium de l’énergie, le prana. Shiva est la vue et Shakti est l’œil; Shiva est l’ouïe et Shakti est l’oreille.
Le prana et son contrôle sont au cœur de tous ces systèmes, bien qu’ils portent différents noms.
Le concept de prana était-il connu dans d’autres cultures et religions? La réponse est un oui catégorique, car ce principe n’est pas une invention humaine; il est un aspect fondamental de l’existence. Il ne faut donc pas s’étonner qu’il soit largement mentionné dans les diverses cultures et religions du monde. Examinons quelques exemples.
Dans le christianisme, une grande importance est accordée au vin et au pain servis lors de la Sainte Communion. Ce rituel a une profonde signification symbolique, bien que peu de gens en soient conscients. Le pain est le pain de vie et symbolise exactement cela: l’énergie, le prana ou le principe vital de l’univers. Le vin symbolise l’illumination spirituelle, l’ivresse bienheureuse de la conscience omnisciente. C’est pourquoi ces deux éléments sont consommés lors de la cérémonie: leur union représente l’unité des deux aspects de l’existence, à savoir l’union de la conscience et de l’énergie.
La Bible contient de nombreuses autres références au prana. Par exemple, dans les Corinthiens (10:17): «Car, étant plusieurs, nous sommes un seul pain et un seul corps, puisque nous participons tous à un seul pain.» Ici, le pain ne désigne pas le prana ou l’énergie, mais la conscience. Le passage peut donc se lire ainsi: «Car, étant plusieurs (les êtres humains), nous sommes en réalité une seule conscience et un seul corps (de prana ou d’énergie universelle), puisque nous participons tous à cette unique conscience.» Cela montre clairement la concordance entre les concepts yogiques, chrétiens et indiens anciens.
Dans l’ancienne Chine, le concept d’énergie universelle était répandu. Au lieu de prana, on l’appelait 气 (Qì)1. Comme dans la pensée yogique, les Chinois avaient une compréhension élevée et unitive1 de l’Homme et de sa relation avec l’univers. Ils considéraient que l’univers entier est imprégné d’énergie et que chacun de nous, étant intimement lié à l’univers, est une centrale d’énergie. Selon les Chinois, l’énergie universelle est composée de deux principes en interaction constante et mutuelle appelés yin et yang. Ces principes créent la matière et toutes ses transmutations, tout en manipulant les diverses formes d’énergie. L’univers manifesté était vu comme un tout harmonieux soumis au changement par l’interaction incessante des principes complémentaires et éternellement changeants du yin et du yang. Le yin et le yang peuvent être considérés comme les forces négative et positive, les deux pôles du tout manifesté.
L’énergie ou prana de l’univers est symbolisée par un diagramme (en yoga, nous dirions un yantra ou un mandala) dans lequel les aspects yin et yang sont représentés comme formant les deux parties interdépendantes et imbriquées du tout, chacune contenant en elle le germe ou le potentiel de l’autre. Ces principes sont englobés ou maintenus ensemble par le Tao – la Conscience.

Attention à ne pas considérer cela comme une simple théorie. Ce concept même est utilisé dans le système d’acupuncture, pratiqué en Chine il y a des milliers d’années et toujours en usage aujourd’hui. Le succès de ce système de guérison repose sur le concept de yin et yang. Si les principes yin et yang n’avaient pas une certaine correspondance avec la réalité de l’énergie dans l’univers et dans le corps humain, l’acupuncture serait incapable d’obtenir les résultats qu’elle produit. Même la Chine moderne, matérialiste, a dû accepter l’ancienne théorie pour expliquer les résultats pratiques obtenus sur des millions de patients souffrant de diverses maladies.
Tout au long de l’histoire, l’énergie universelle, le prana, a été largement reconnue. La science moderne a également postulé que la substance fondamentale du cosmos infini qui nous entoure est l’énergie. Sur ce point, science, yoga et autres systèmes anciens sont d’accord. C’est la nature du prana dans le corps qui a suscité des désaccords entre la pensée traditionnelle et la science; cependant, dans les recherches très récentes, la science confirme à nouveau expérimentalement ce que les yogis et les sages anciens savaient intuitivement: le corps physique est enveloppé et contrôlé par un corps d’énergie ou pranique.
Le corps pranique
Discutons d’abord de ce que dit le yoga sur le prana en relation avec le corps humain. Les sciences du yoga et de la physiologie s’accordent sur le fait qu’il existe diverses énergies dans le corps: énergie nerveuse, chaleur, énergie biochimique, etc., qui fonctionnent dans les différentes parties du corps. Ces énergies permettent aux organes, nerfs et muscles de fonctionner et de communiquer avec le cerveau. Sans elles, le corps physique et le cerveau ne fonctionneraient pas. Ces énergies peuvent être classées comme diverses formes de prana. La physiologie se limite à l’étude de ces énergies et de leurs interrelations. Le yoga, en revanche, affirme qu’il existe d’autres formes de prana à l’intérieur et autour du corps, en plus des énergies connues et acceptées par la physiologie. Ces autres formes de prana ont une grande influence sur notre vie.
Le yoga dit que le corps physique est imprégné et entouré d’un corps énergétique connu sous le nom de pranamaya kosha, littéralement la gaine du prana. Cela correspond au corps éthérique décrit par les personnes qui éveillent leurs facultés psychiques. Dans ce corps pranique, le prana circule dans des voies fixes appelées नाडी (nāḍī)2 en terminologie yogique. Beaucoup considèrent ces nadis comme rien d’autre que les nerfs (et souvent les vaisseaux sanguins) du corps physique. Ce n’est absolument pas ce que signifient les nadis. Bien que les nerfs et les vaisseaux sanguins soient des passages pour le flux d’énergie, les nadis désignent les voies de circulation d’une forme particulière de prana, plus subtile que les énergies habituellement considérées par les physiologistes. Ce n’est pas une simple hypothèse: des scientifiques russes ont récemment photographié ces nadis ainsi que le flux de prana.
Prenons l’analogie d’une radio. Une radio est composée de différentes pièces qui remplissent des fonctions spécifiques. Le corps humain est constitué d’organes différents qui accomplissent également certaines tâches. Dans les deux cas, l’ensemble ou le regroupement de ces différentes parties constitue le tout. Imaginez maintenant une personne qui n’a jamais vu de radio. Si on lui disait, avant de l’allumer, que la radio capte des programmes émis par une station à cent kilomètres et reproduit exactement le même son, elle rirait probablement d’incrédulité. «Comment est-ce possible?» penserait-elle. «S’il n’y a pas de connexion visible comme un fil entre la station émettrice et la radio, comment peut-elle reproduire les programmes?» Mais nous savons tous, grâce à la science et en allumant simplement une radio, qu’aucune connexion visible n’est nécessaire: la connexion se fait sous une forme invisible par l’intermédiaire des ondes électromagnétiques. Le corps est comme une radio: il reçoit de l’énergie ou du prana de l’environnement. Quand le corps est en bonne santé et que les nadis permettent une libre circulation du prana, c’est comme une radio bien réglée; elle capte avec une parfaite clarté les énergies qui nous entourent. Un corps malade est comme une vieille radio délabrée; elle ne capte pas aussi bien qu’elle le devrait les énergies environnantes.
Tel est le but du pranayama: accorder le corps et l’esprit à un haut degré de sensibilité, afin que l’on capte ces énergies cosmiques et que la conscience puisse briller à travers notre esprit et notre corps dans toute sa gloire originelle.
Science moderne et prana
La connaissance du prana n’est pas nouvelle dans les milieux scientifiques. Elle a été connue et enregistrée par des personnes à l’esprit scientifique à travers les âges. Malheureusement, leurs découvertes ont généralement été rejetées et ridiculisées, et leurs idées n’ont pas été prises au sérieux. Par exemple, Mesmer, l’un des pionniers de l’hypnose moderne, appelait le champ psychique enveloppant le corps physique «magnétisme animal». Reichenbach, éminent industriel et inventeur de la créosote, a beaucoup recherché sur ce sujet et a nommé cette énergie «force odique» d’après le dieu nordique Odin. Paracelse, Keely, Eeman, Van Helmont, etc., sont tous des personnes pragmatiques et non mystiques qui ont rapporté l’existence de ce corps pranique. Pourtant, personne ne leur a prêté grande attention, trop occupée à poursuivre des études plus concrètes en sciences productives et technologie.
Même lorsque le professeur renommé de neuroanatomie à l’université de Yale, le Dr Harold Burr, annonça en 1935 l’existence de cette gaine énergétique, peu de gens y prêtèrent attention. Il établit que tous les humains, tous les animaux, toutes les plantes – en fait toute matière organique, toute vie – sont enveloppés d’un corps d’énergie ou pranique. Il déclara clairement que ce corps pranique, qu’il appela champ électrodynamique, régule les fonctions de la forme physique, contrôle la croissance, la forme et la décomposition des cellules, tissus et organes. Des études ultérieures dans la même université montrèrent un lien intime entre l’esprit et ce corps pranique. Les perturbations de l’esprit interféraient avec le corps pranique. Pourtant, ce phénomène ne suscita toujours pas d’attention sérieuse. Les gens préféraient enterrer la tête dans le sable.
Ce n’est que relativement récemment, en Russie, en Tchécoslovaquie et dans quelques autres pays, que des investigations sérieuses sur ce sujet ont commencé. Et leurs conclusions paraissent plus mystiques que scientifiques. C’est comme si les scientifiques impliqués s’étaient transformés en mystiques – et d’une certaine manière, c’est le cas.
L’investigation la plus stupéfiante et révélatrice sur le phénomène du corps énergétique a été initiée il y a bientôt un siècle. Elle a ouvert la voie aux recherches actuellement menées dans divers domaines. Elle a ouvert les yeux et les esprits normalement fermés de certains scientifiques à de nouvelles possibilités. Sans cette recherche pionnière initiale, il régnerait encore une atmosphère d’incrédulité autour du sujet du corps énergétique. Cette recherche n’a pas été menée dans des universités ni par des scientifiques, mais par un technicien ingénieux dans sa propre maison, aidé par sa femme. Il s’appelait Kirlian et vivait dans la ville de Krasnodar, près de la mer Noire.
Dans ses recherches, Kirlian apporta une preuve concluante du corps énergétique ou pranique. Beaucoup de gens ne croient rien tant qu’ils ne peuvent pas le voir. Et c’est exactement ce que Kirlian a fait: il a fourni des photographies du corps pranique. De plus, il pouvait produire des photographies du corps pranique pour quiconque venait le voir. Ces photographies n’étaient pas le fruit d’un hasard. Le corps pranique de tous les objets organiques pouvait être photographié à tout moment.
Il utilisait un équipement dans lequel des objets organiques étaient placés dans un champ électrique à haute fréquence. C’est pourquoi la technique est connue sous le nom de «photographie Kirlian à haute fréquence». Le système utilise un oscillateur capable d’émettre jusqu’à 200’000 impulsions électriques par seconde. Cet oscillateur est connecté à divers instruments, dont du matériel photographique et optique, ainsi qu’à deux plaques créant un champ électrique à haute fréquence entre elles. L’objet à photographier est placé entre les deux plaques. Il peut s’agir de n’importe quoi d’animé: une feuille, une fleur, ou toute partie d’un organisme animal ou humain. Que se passe-t-il lorsqu’un objet est photographié dans ces conditions? Des motifs étranges et complexes de lumière sont visibles, imprégnant et émanant de l’objet. L’objet semble vibrer de vie. Des processus, mouvements, signaux, éclats et de magnifiques couleurs iridescentes palpitent dans tout l’objet. Une beauté insoupçonnée se révèle dans les objets organiques dont nous ignorions totalement l’existence. Nous sommes normalement incapables de percevoir ce phénomène vivant et pulsatif qui se produit en nous et autour de nous.
La main humaine apparaissait comme un feu d’artifice, avec des lumières de toutes les couleurs jaillissant, certaines s’estompant rapidement, d’autres restant plus longtemps dans leur éclat. Dans certaines zones de la main, l’activité était intense, tandis que dans d’autres elle était presque léthargique en comparaison. Les lumières, les mouvements et les différentes zones d’activité ne semblaient avoir aucun rapport avec les aspects physiques de la main. Il y avait un certain ordre dans ce spectacle foisonnant, mais il n’était lié à aucun processus physiologique connu.
Que conclurent les scientifiques? Ils décidèrent qu’ils observaient une nouvelle forme d’énergie. Elle n’est ni électrique, ni magnétique, ni thermique. Elle défiait toute classification dans les formes d’énergie connues. Finalement, les scientifiques conclurent que ce phénomène est lié à l’aspect biologique de la nature. Ils l’appelèrent énergie bioplasmique. La bioluminescence émise par cette énergie était la manifestation de particules atomiques ionisées. Mais le phénomène n’était pas un processus interne aléatoire comme on pourrait l’associer à l’émission de particules atomiques. Les photographies montraient des motifs et structures définis suggérant ordre et unité dans l’organisme.
D’autres faits surprenants furent découverts. La bioluminescence indique clairement l’état de santé de l’organisme. En réalité, le corps énergétique signale qu’une maladie va survenir avant qu’elle ne se produise. Chaque organisme – plante, animal ou humain – possède un motif caractéristique lorsqu’il est en bonne santé. Quand l’organisme est malade, le motif change. Cela fut découvert un jour lorsque Kirlian reçut deux feuilles physiquement identiques et fut invité à les photographier. Il fut surpris de constater que les motifs étaient différents, ce qui contredisait ses expériences précédentes. La personne qui avait apporté les feuilles révéla alors que l’une était infectée. Il répéta l’expérience avec divers objets malades, y compris le corps humain, et obtint le même résultat: le corps énergétique différait de celui du même organisme en bonne santé.
Le motif du corps énergétique est un indicateur précis des maladies à venir dans le domaine physique. Il fut conclu que la maladie se manifeste dans le corps bioplasmique bien avant de l’être dans le corps physique. Ce qui se passe dans le corps physique semble déterminé par le corps énergétique. Le corps énergétique est intimement lié au corps matériel et dirige ses activités au niveau physiologique. Bien que cela contredise la physiologie moderne et donc la pratique médicale actuelle, cela ouvre de vastes perspectives pour un diagnostic correct des maladies. Cela offre la possibilité de prédire qu’une maladie va survenir avant qu’elle ne le fasse, permettant ainsi des mesures préventives.
En réalité, à l’avenir, il semble probable que nous reviendrons au vieux système de guérison pratiqué dans l’ancienne Chine. Dans ce système, le médecin était payé par ses patients tant qu’ils ne contractaient aucune maladie. Dès qu’ils tombaient malades, le médecin devait commencer à payer son patient souffrant. Le devoir du médecin était de prévenir les maladies, non pas spécifiquement de les guérir ou de les «rafistoler» comme dans la pratique médicale moderne. Un bon médecin était celui qui empêchait l’apparition des maladies. Les médecins pouvaient offrir cette garantie grâce à leur connaissance intime et leur compréhension de ces énergies psychiques ou praniques.
Cette découverte de quelque chose qui était largement connu il y a des milliers d’années ouvre de nouvelles possibilités pour la relation entre le médecin et ses patients.
Il fut également découvert que le corps bioplasmique des animaux et des humains est fortement influencé par l’état d’esprit. C’est quelque chose de bien connu en yoga, et l’inverse est également vrai: un changement dans le corps bioplasmique ou pranique entraîne des changements correspondants dans l’esprit. C’est la principale raison pour laquelle le flux pranique est manipulé dans les pratiques yogiques de pranayama afin d’apporter des changements positifs dans l’esprit.
La photographie Kirlian montra que le stress mental ou émotionnel tend à brouiller la bioluminescence entourant le corps humain ou animal, ou toute partie photographiée. Les mouvements internes et la luminescence clignotante semblaient chaotiques; ils manquaient certainement de l’ordre normalement détectable. Cette tension a bien sûr des répercussions négatives sur le corps physique. Il s’agit là d’une confirmation scientifique de l’un des principes fondamentaux du yoga: la façon dont nous pensons a une vaste influence sur notre corps physique. Nos émotions, pensées, problèmes mentaux et fatigue se reflètent dans le corps physique via le corps pranique ainsi que le système nerveux. Une approche émotionnelle et mentale détendue de la vie permet au corps pranique de rester en équilibre et, par conséquent, au corps physique de demeurer dans le meilleur état de santé possible.
Comme légère digression, il est utile de souligner que cette étroite relation entre les corps physique et pranique et l’esprit est la raison pour laquelle les pratiques de pranayama sont si efficaces pour apporter une santé vibrante à l’être entier. Le pranayama met les corps physique et pranique en harmonie. Il procure de nombreux bienfaits qui ne sont pas facilement explicables en termes physiologiques, car l’influence s’exerce à travers le corps pranique, qui n’est même pas inclus dans la terminologie physiologique.
Les recherches de Kirlian révélèrent bien d’autres résultats curieux. Les scientifiques furent choqués de découvrir que si une partie de l’organe physique testé était retirée, elle conservait néanmoins son corps bioplasmique. En d’autres termes, si une petite partie d’une feuille était arrachée, le corps énergétique n’était pas affecté. Il en va de même pour les humains ayant perdu une jambe, un bras ou tout autre membre; bien que la forme physique ait disparu, le corps bioplasmique conservait sa forme. Nous ne nous attarderons pas sur les implications de cette révélation.
Les chercheurs ont découvert que le corps bioplasmique émet son propre champ électromagnétique qui peut être détecté et mesuré par des instruments sensibles. Il a été constaté que ce champ change selon l’humeur de l’individu. Nous sommes tous très sensibles à la peur, à la convivialité, à l’agressivité, etc., chez les autres. Nous le ressentons généralement à un niveau subconscient plutôt que conscient. Si un groupe de personnes est détendu et harmonieux, il émet un motif électromagnétique différent de celui détectable en cas de tension dans le groupe. Si une autre personne entre dans le groupe, le champ électromagnétique change à nouveau. La bonne ou mauvaise santé des individus influence également le motif, ce qui indique à quel point nous sommes sensibles à la mauvaise santé des autres.
Ce champ électromagnétique est également influencé par d’autres champs, comme ceux émis par les machines et les vibrations que nous recevons du soleil, de la lune et d’autres corps cosmiques. Ce dernier facteur rejoint l’ancienne affirmation des astrologues selon laquelle notre vie est influencée par les corps célestes. Des phénomènes comme les tempêtes magnétiques solaires et les éruptions d’étoiles lointaines provoquent des perturbations dans tout l’univers. Elles interagissent également avec notre corps bioplasmique et, par voie de conséquence, avec notre esprit et notre corps physique.
Sur ce sujet, il est intéressant de noter que des chercheurs canadiens ont créé artificiellement des ondes énergétiques provoquant différentes réponses chez des individus ou des groupes. Ces ondes ou vibrations interfèrent et interagissent avec le champ électromagnétique du corps bioplasmique. Ils ont réussi à produire artificiellement des ondes qu’une personne extrêmement anxieuse émettrait. Celles-ci ont radicalement et rapidement changé l’humeur de groupes entiers lorsqu’ils y étaient soumis: le groupe entier tendait à devenir déprimé. Des ondes induisant le calme ont également été créées artificiellement.
Les scientifiques soviétiques firent une découverte très importante aux vastes implications pour la pratique du pranayama et son influence sur le corps pranique ou bioplasmique. Comme nous l’expliquerons bientôt, les pratiques de pranayama cherchent à affecter le flux pranique en contrôlant le flux respiratoire. Comment peut-il y avoir un lien? Comment la manipulation de la respiration peut-elle avoir des répercussions sur le corps pranique? Selon divers éminents scientifiques russes, le corps énergétique nécessite un renouvellement constant. Celui-ci est obtenu à partir de l’air que nous respirons. L’oxygène de l’air inspiré cède une partie de son excédent d’électrons libres et d’énergie quantique au corps bioplasmique. Ce n’est pas une simple hypothèse: les scientifiques ont réellement observé ce processus en action.
C’est pourquoi une respiration correcte est si vitale pour notre santé. Non seulement la respiration maintient la santé du corps physique, comme le savent les cercles scientifiques traditionnels, mais elle revitalise et nourrit également notre corps bioplasmique ou pranique subtil. Cela confirme davantage la connaissance des anciens yogis qui considéraient le pranayama comme une partie importante de la vie. Les yogis connaissaient intuitivement l’existence du corps pranique. Cela montre que le prana, et son contrôle par le pranayama, est bien plus qu’une idée commode et fantaisiste.
Ce corps bioplasmique est définitivement lié à la vie. Des objets animés et inanimés ont été photographiés par le procédé Kirlian, et ils ont clairement montré des différences distinctes. Les objets inanimés sont également imprégnés d’énergie ou de prana, mais la luminescence est d’intensité constante. Elle manque d’iridescence, de mouvement et de vie que l’on voit clairement chez les objets animés. Que se passe-t-il quand quelque chose meurt? Cela fut également étudié. On constata que, à mesure que la vie s’écoule lentement de l’organisme, l’intensité et l’ordre du corps bioplasmique diminuent progressivement. Des blobs d’énergie étaient vus s’éjecter du corps bioplasmique et se dissiper dans l’environnement. Finalement, la bioluminescence disparaissait complètement. Cela semblait être le stade où l’organisme était véritablement sans vie. C’est pourquoi cette énergie a été largement connue comme énergie vitale ou force de vie.
Utilisations du contrôle pranique
La guérison pranique est un pouvoir que l’on peut développer par des pratiques yogiques avancées et qui a été utilisé par de nombreux grands saints et médiums à travers les âges. La plupart des gens ont tendance à regarder ce phénomène avec une pointe de scepticisme, mais les scientifiques étudiant le corps bioplasmique commencent à donner une validité scientifique à ce système de guérison. Ils ont photographié les mains d’un guérisseur psychique ou pranique pendant qu’il imposait les mains. On voyait clairement un intense faisceau de bioluminescence jaillir des mains du guérisseur vers le patient. Il semble que le guérisseur recharge le corps bioplasmique d’une personne malade et provoque ainsi la guérison. C’est une vérification supplémentaire de quelque chose qui était entouré d’une aura de superstition.
L’acupuncture a également été étudiée scientifiquement avec des résultats très concluants. Les scientifiques médicaux étaient toujours totalement perplexes face aux merveilleux résultats que l’ancien système d’acupuncture pouvait donner. Cela ne correspondait pas aux schémas de pensée associés à la physiologie et aux théories scientifiques hautement développées du monde moderne. Pourtant, les résultats étaient là. Les anciens Chinois, contrairement aux praticiens médicaux modernes, ne traitaient pas le corps humain comme une collection d’organes physiques séparés. Ils voyaient le corps entier comme une unité et chaque partie comme intimement liée au tout. Nous avons déjà mentionné que les Chinois de l’Antiquité connaissaient le corps pranique. Non seulement cela, mais ils avaient réellement cartographié des voies spécifiques de circulation pranique dans le corps physique. De plus, ils connaissaient sept cents points particuliers sur la peau correspondant à la position de ce flux, qui ne peut normalement pas être détecté. Il est à l’intérieur mais non du corps physique. Des aiguilles pouvaient être insérées en ces points spécifiques d’acupuncture pour manipuler d’une manière ou d’une autre le flux pranique. Si le flux de prana est déséquilibré, la maladie en résulte. Ces aiguilles pouvaient corriger l’équilibre du prana dans le corps pranique et ainsi guérir ou prévenir les maladies.
Les chercheurs modernes commencent à résoudre cette énigme. En utilisant la photographie Kirlian, ils ont clairement vu que le flux de bioluminescence correspond exactement aux schémas de circulation cartographiés par les Chinois il y a des milliers d’années. Bien que les scientifiques modernes utilisent des instruments complexes et que les Chinois utilisaient l’intuition, les résultats sont les mêmes. Les points sur la peau utilisés par les acupuncteurs pour insérer leurs aiguilles correspondaient précisément à des éclats de bioluminescence particulièrement brillants et localisés. À l’avenir, la collaboration entre science et acupuncture devrait pouvoir élever le diagnostic et le traitement des maladies à un haut niveau de perfection.
Le swara yoga est une science ancienne et peu connue. Elle relie les phases de la lune, du soleil, les conditions naturelles dominantes, le schéma respiratoire, etc., aux événements susceptibles de survenir à un individu. Par exemple, elle peut prédire si une personne rencontrera le succès dans une entreprise future. Les découvertes modernes de la science ont donné quelques indications sur le fonctionnement de ce système de swara yoga. L’Homme n’est pas isolé de l’univers comme on le pense communément. Il est lié à l’univers entier via le corps pranique. En tant que tel, les événements externes – mouvement des astres, météo, interactions avec d’autres personnes, vibrations provenant d’autrui ainsi que notre propre constitution interne, humeur et santé – sont intimement reliés. L’Homme fait partie intégrante du cosmos. Le yoga l’a toujours affirmé, et la science moderne le confirme lentement mais sûrement. Le swara yoga, bien que complexe, a beaucoup à offrir à l’homme moderne.
La télépathie et autres phénomènes psychiques font maintenant l’objet d’investigations scientifiques. Il a été découvert que le médium de réception des messages télépathiques est le corps bioplasmique ou pranique. Celui-ci agit comme une station relais qui transmet le message à la perception consciente. Les scientifiques ont détecté des changements dans le corps pranique lorsqu’il reçoit des messages télépathiques. C’est quelque chose que nous avons tous le potentiel de faire, mais nous en sommes incapables en raison de l’insensibilité de notre esprit et de notre corps. À mesure que l’on devient plus conscient, la capacité à percevoir les messages télépathiques et à utiliser d’autres pouvoirs psychiques augmente.
Une autre découverte intéressante faite en Russie est que la stimulation artificielle de points spécifiques influençant le corps pranique peut induire une plus grande sensibilité à la télépathie et à d’autres phénomènes psychiques. Ces points ou zones spécifiques du corps qui peuvent stimuler artificiellement le corps pranique sont connus en yoga sous le nom de चक्र (cakra)3. En yoga, nous considérons généralement une demi-douzaine de chakras importants, mais il en existe d’autres dans tout le corps. Dans diverses pratiques comme le kundalini yoga et le kriya yoga, ces chakras sont stimulés physiquement et mentalement. Cela apporte une conscience supérieure, tout comme la stimulation artificielle des chakras par l’électricité et le massage pratiquée par les scientifiques.
Résumé
Nous avons passé beaucoup de temps à discuter des découvertes et investigations scientifiques sur le corps pranique. Nous l’avons fait afin que le lecteur réalise que le prana n’est pas un simple concept imaginaire. Il est vérifiable et a été confirmé par la science moderne. Le yoga utilise ce corps pranique et le flux de prana pour apporter des changements dans la sensibilité du pratiquant et influencer l’esprit. Cela se fait à travers les diverses pratiques de pranayama.
Les débutants sont souvent sceptiques, et s’ils pratiquent le pranayama, c’est parce qu’ils constatent des résultats tangibles en sachant qu’ils alternent la respiration, augmentant ainsi l’apport d’oxygène dans le corps physique et éliminant davantage de dioxyde de carbone. Bien sûr, cela est vrai et cela seul apporte des résultats merveilleux. Pourtant, nous voulons que vous appréciiez que le pranayama a une implication bien plus grande que ce que l’on considère habituellement.
Les gens d’aujourd’hui ont tendance à écouter les paroles de la science. C’est pourquoi nous avons donné une longue discussion pour montrer que la science moderne a apporté des preuves concluantes du corps pranique, qu’elle appelle « bioplasmique. »
- Dans la tradition mystique chrétienne (notamment chez Thérèse d’Ávila, Jean de la Croix ou les théologiens spirituels classiques), la voie unitive (via unitiva) désigne la troisième et ultime étape du cheminement spirituel :
Voie purgative: purification des péchés et des attaches.
Voie illuminative: approfondissement de la vie de prière et des vertus.
Voie unitive: union intime, transformante et souvent extatique de l’âme avec Dieu; état de contemplation infuse où l’âme vit une unité profonde avec le divin.
C’est l’état où l’amour divin domine totalement et où la distinction entre l’âme et Dieu tend à s’effacer dans une expérience d’union (dans le contexte chrétien: sans confusion, ontologique, contrairement à l’usage en philosophie ou psychologie contemporaines où une expérience ou une conscience «unitive» est évoquée dans le sens d’unité avec le tout, souvent dans des contextes de spiritualité non duel ou transpersonnelle). ↩︎ - La racine verbale √नड् (naḍ) signifie « lier, unir ». Une nāḍī est donc littéralement ce qui relie, met en communication différentes parties du corps (physique ou subtil), assurant la circulation des fluides et de l’énergie. Les textes de Haṭha Yoga (comme la Haṭha Yoga Pradīpikā ou la Śiva Saṃhitā) mentionnent qu’il existe 72’000 (chiffre symbolique si l’en est…) nāḍī ou plus, dont trois sont capitales:
इडा (Iḍā): Canal gauche, associé à l’énergie lunaire, féminine, froide et à la narine gauche.
पिङ्गला (Piṅgalā): Canal droit, associé à l’énergie solaire, masculine, chaude et à la narine droite.
सुषुम्ना (Suṣumṇā): Canal central, le plus important, qui s’élève le long de la colonne vertébrale. C’est par lui que monte la Kuṇḍalinī lorsqu’elle est éveillée. ↩︎ - La racine verbale √क्रम् (kram) signifie « bouger, avancer ». Avec le préfixe, cela donne l’idée de « ce qui se meut, tourne ». Un cakra est donc par essence un mouvement rotatif, une roue. Dans le sens yogique et tantrique, c’est un centre psycho-énergétique dans le corps subtil; un cakra est un centre ou un vortex d’énergie (prāṇa) situé le long de l’axe central du corps subtil, la suṣumṇā-nāḍī.
Ce sont des points de jonction où se croisent plusieurs nāḍī (canaux énergétiques). Ils sont associés à des fonctions psychologiques, des éléments, des divinités, des symboles (lotus avec un nombre précis de pétales) et des mantras.
Le système le plus courant en dénombre sept principaux :
मूलाधार (Mūlādhāra) – à la base de la colonne
स्वाधिष्ठान (Svādhiṣṭhāna) – bas-ventre
मणिपूर (Maṇipūra) – plexus solaire
अनाहत (Anāhata) – cœur
विशुद्ध (Viśuddha) – gorge
आज्ञा (Ājñā) – entre les sourcils
सहस्रार (Sahasrāra) – au sommet du crâne (parfois considéré comme au-delà des cakra) ↩︎

