JDM 1 – Observer attentivement notre discours intérieur

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  • Post last modified:2 décembre 2025
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La voix invisible qui façonne votre réalité

Vous entretenez une conversation continue avec vous-même1. Ce dialogue intérieur incessant n’est pas neutre: il façonne vos émotions et votre perception de la réalité. Mark Waldman et Andrew Newberg, pionniers des neurosciences contemplatives, ont démontré qu’un seul mot négatif peut activer votre amygdale et déclencher une cascade de plus de 100 hormones de stress, affectant votre chimie cérébrale pendant plusieurs heures. 

Le discours intérieur négatif chronique crée des autoroutes neuronales de la souffrance. Chaque fois que vous vous critiquez durement, que vous catastrophisez, ou que vous ruminez, vous renforcez ces circuits. Pour y remédier, la première chose à faire n’est pas de changer ce discours, mais simplement de l’observer

Les trois formes toxiques du dialogue intérieur 

  • Le critique impitoyable: « Tu es nul. Tu échoues toujours. Tu ne seras jamais assez bon. » Cette voix active les circuits de honte et sabote votre confiance. Elle se déguise souvent en « motivation », mais ne fait que paralyser. 
  • Le catastrophiste anxieux: « Et si tout s’effondrait? Et si je perdais tout? Ça va forcément mal tourner. » Ce pattern maintient votre amygdale en hyperactivité chronique, générant anxiété et épuisement. 
  • Le juge perpétuel: Non seulement cette voix vous juge, mais elle juge constamment les autres, créant un état de tension relationnelle et d’isolement. 

L’exercice expérientiel: Le Témoin Bienveillant 

Étape 1 : Capturer sans juger (Journée entière) 

Portez un petit carnet ou utilisez votre téléphone. Aujourd’hui, dès que vous remarquez une pensée autocritique, notez-la exactement telle qu’elle apparaît. Pas besoin de l’analyser – juste la capturer. Exemple: « Je suis tellement stupide d’avoir dit ça. » ou « Je n’y arriverai jamais. » 

Étape 2 : Catégoriser les patterns (Soir, 15 minutes) 

Relisez vos notes. Identifiez les thèmes récurrents: autocritique, catastrophisme, comparaison aux autres, perfectionnisme. Remarquez si certaines situations déclenchent systématiquement ces voix (réunions, interactions sociales, moments de solitude). 

Étape 3 : Nommer la voix (5 minutes) 

Donnez un nom à votre critique intérieure – quelque chose de légèrement absurde qui crée de la distance: « Gertrude la catastrophiste », « Marcel le perfectionniste », « Le juge sévère ». Cette personnification vous permet de voir que cette voix n’EST pas vous. 

Étape 4 : Dialogue conscient (10 minutes) 

Écrivez un court dialogue avec cette voix. Demandez-lui: « Qu’essaies-tu de me protéger en étant si dure? » Souvent, le discours négatif provient d’une tentative maladroite de vous protéger de la déception ou de la vulnérabilité. Comprendre son intention permet de la transformer.

La promesse de l’observation consciente 

Chris Manning souligne que vous ne pouvez transformer que ce que vous pouvez observer. En devenant le témoin de votre discours intérieur plutôt que son prisonnier, vous activez la capacité de penser sur votre pensée. Cette distance crée la liberté. L’observation bienveillante de vos patterns mentaux est déjà une forme d’intervention. Vous n’êtes pas vos pensées – vous êtes la conscience qui les observe. Cette distinction change tout. 

Aujourd’hui, commencez simplement à écouter. Vraiment écouter. Votre discours intérieur révèle la carte de votre monde intérieur. Observer cette carte est le premier pas vers la transformation. 

  1. Références :
  • [1] Wilkinson, S., & Rappe, S. (2025). Dialogism and inner speech. Journal of Consciousness Studies, 32(7), 128-145. 
  • [2] Ghamari Kivi, H., et al. (2023). Role of types of inner speech in the prediction of symptoms of anxiety, depression, somatization, and distress. Practice in Clinical Psychology, 11(4), 313-322. 
  • [3] Hoffart, A., Øktedalen, T., & Langkaas, T. F. (2015). Self-compassion influences PTSD symptoms in trauma-focused cognitive-behavioral therapies. Frontiers in Psychology, 6, 1273. 
  • [4] Ghamari Kivi, H., et al. (2023). Role of types of inner speech in prediction of symptoms. Practice in Clinical Psychology, 11(4), 313-322. 
  • [5] Bohlmeijer, E., et al. (2010). The effects of mindfulness-based stress reduction therapy on mental health. Journal of Psychosomatic Research, 68(6), 539-544. 
  • [6] Ecological momentary assessment study (2025). Distanced self-talk and emotional regulation research. 
  • [7] Latinjak, A. T., et al. (2010). The study of self-talk thought content effects on tennis players. Perceptual and Motor Skills, 111(1), 249-260. 
  • [8] Giunti Mur, G., & Carrión, G. (2025). Private self-awareness as mediator of inner monologue and emotional self-regulation. Universidad Peruana Cayetano Heredia.¨
  • [9] Jo, H. J., et al. (2024). Neural effects of one’s own voice on self-talk for emotion regulation. Brain Sciences, 14(7), 637.  
  1. Les neuroscientifiques d’environ 50’000 à 70’000 pensées par jour – cela ne peut impressionner que les personnes fascinées par le règne de la quantité. Puisque le terme « pensées » n’a pas été définis, il sera facile de « prouver » ce genre d’affirmation absolument pas scientifique; en plus on a le « environ » de 40% pour garantir cette assertion qui n’a, en fait, aucun intérêt. De même, dans cet article article qui est à l’origine l’œuvre de Jean-Dominique Michel, j’ai enlevé quasiment toutes les références à la neuroscience et au « fonctionnement » du cerveau, sans que le message en soit modifié – au contraire, le voilà allégé de tout un jargon qui se dit scientifique, mais qui est absolument inutile, sauf pour ceux qui croient qu’il explique véritablement quelque chose alors qu’il ne fait, que « sauver les apparences« . ↩︎

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