A n t i p r e s s e 3 0 1 – par François Stecher
Comment? Quatre morts étiquetés «Covid» sur cinq n’en seraient pas? 80 % d’erreurs d’attribution, cela mérite un tam-tam de tous les diables, des enquêtes fouillées, des commissions parlementaires. Ou bien pas… Les nouvelles qui contredisent le récit officiel, on les publie puis on les évite en grand arc de cercle comme un cimetière hanté.
Le 31 août, le quotidien allemand Die Welt publiait un article dont le titre proclamait «le Corona n’est pas la cause de 80 % des décès qui lui sont officiellement imputés» („Corona bei 80 Prozent der offiziellen Covid-Toten wohl nicht Todesursache“). Cet article est un entretien réalisé par la journaliste Elke Bodderas avec Bertram Häussler, médecin et sociologue, qui dirige un institut indépendant de recherche dans le domaine de la Santé basé à Berlin, l’IGES. Il s’agit d’un établissement à la compétence établie et au sérieux reconnu, qui met à la disposition de tous un „Pandemie-Monitor“ depuis août 2020.
En réalité, derrière le titre accrocheur, le docteur Häussler explique que cette surestimation est observée depuis le mois de juillet 2021, et il ne se prononce pas sur les mois précédents. Son explication est simple: il y a désormais en Allemagne plus de 3,8 millions de personnes qui ont survécu à une infection au coronavirus; statistiquement, une centaine d’entre elles meurent chaque jour de diverses causes. Parmi les morts estampillés «covid» par le Robert-Koch-Institut (RKI) depuis
juillet, on en trouve un très grand nombre dont l’infection remonte à plus de cinq semaines avant la mort — et n’est donc très vraisemblablement pas la cause du décès. Cette incapacité du RKI à se doter des outils de suivi de l’épidémie — on parle bien de l’organe mi-Institut Pasteur, mi – haute Autorité de Santé, qui, sous la férule du médecin vétérinaire (tiens, tiens…) Lothar Wieler assiste
directement le ministre fédéral de la Santé Jens Spahn dans la préparation des décisions et la conduite de la lutte — avait déjà été observée par le même Häussler dans un article paru le 15 janvier 2021 dans le journal médical Ärzte Zeitung (Deutschland im Corona-Blindflug (aerztezeitung.de)).
Dans cet article, il pointait du doigt le fait que le RKI avait «poussé une bosse» de 7’000 morts survenues entre le 1er novembre et le 14 décembre 2020, avant de la résorber sur deux jours,
les 07 et 08 janvier 2021. Sa conclusion, déjà sans appel à l’époque: les mesures concoctées par Wieler et ses adjoints, adoptées par Spahn puis imposées par Merkel aux Länder ne reposent
sur aucune donnée fiable, faute d’avoir mis en place les outils de recueil, de traitement et d’analyse de l’information nécessaires.
À l’été 2021, force est de constater que l’on n’a pas beaucoup progressé. Évidemment, puisque nous nous trouvons pris dans le maelström d’une terrible pandémie qui vide les maisons, jonche les rues de cadavres, rassemble les survivants en pleurs — mais en combinaison NBC — devant les berceaux vides et les fauteuils roulants désormais immobiles, ces informations — à commencer par le titre du 31 août, ont dû provoquer un tollé, un tsunami d’émotion et de révolte, une controverse s’est certainement engagée avec d’éminents spécialistes, un journaliste ou mieux, un éditorialiste a entrepris de rassembler, mettre en perspective ces carences, et en cause la politique du gouvernement… Eh bien, en fait, non. Rien du tout. Encéphalogramme plat. Bien sûr, il s’est trouvé quelques tweetos pour diffuser l’info sur le réseau et s’interroger ou exprimer leur colère. Pour le reste, R.A.S.
Ce qui nous amène à faire ce constat, dont l’évidence est hélas cinglante: la presse mainstream, les médias de grand chemin, laissent paraître presque toutes les informations — il y a évidemment des sujets tabous, on les reconnaît à cela que lorsque l’on s’en rapproche, un signal caractéristique, un mot-clef, est émis, qui fait passer le souffle des Nazgûl pour une brise de printemps égayant les cerisiers en fleur. Ces informations peuvent être vraies ou fausses, ou contenir un mélange savamment dosé de vérité et d’erreur — ou de mensonge. Peu importe: il en émane une impression
très forte de pluralisme, d’ouverture d’esprit, de prédisposition au débat contradictoire.
Le point essentiel est là: il n’y a pas d’approfondissement, pas de mise en perspective, pas de synthèse — aucun effort pour tenter de dégager la vérité des événements, d’éclairer les intentions de ceux qui prirent les décisions et de mesurer ce que l’enchaînement des faits doit à la fatalité, au Système ou au libre choix de tel ou tel. Les fils de la pelote sont présentés, mais personne ne vient les tirer, patiemment, l’un après l’autre. Le bon grain et l’ivraie ne sont pas passés au tamis et séparés. Ce qui en sort, c’est un kaléidoscope de faits, de mensonges, de demi-vérités, que l’on peut agencer à sa guise et selon sa fantaisie, sans risque d’être contredit, pour peu que l’on ait la maîtrise du Verbe. Pour l’observateur subjugué, quel plaisir ineffable de voir ainsi restaurer l’ordre dans le chaos. Ainsi le Conteur ravira l’âme de l’enfant en tirant de sa malle à jouets certaines figures auxquelles il donnera vie, et celles-ci porteront son récit, donnant à l’univers ainsi créé une cohérence si forte que bien peu pourront résister à son charme.