1.5.4. Les symboles des planètes et les symboles des nombres

Munis de cette réflexion, tournons-nous maintenant vers la question de savoir quel rôle les sept planètes doivent remplir en tant qu’intermédiaires entre le zodiaque et l’Homme. Nous comprenons tout d’abord que le sens intérieur de ces nombres, tel qu’il se manifeste à partir de l’expérience de la périodicité, est en quelque sorte comme acte de révélation sans cesse renouvelé dans la conscience. Car ce que nous avons appelé la révélation du moi en nous est comme un miroir de la révélation originelle elle-même, que nous devons, en devenant conscients de notre moi, vivre toujours à nouveau et toujours sous une forme telle que ces nombres et leur fonction deviennent la norme de notre propre fonction de conscience, dont la loi de vie doit maintenant être la même que celle des nombres. Ainsi, le cosmos et son auto-révélation deviennent l’unique et véritable maître de tout ce qui peut être connu en vérité; les mathématiques et leurs lois, l’unique source d’où jaillit le vrai savoir, et l’Homme qui peut s’abreuver à cette source devient le véritable discipulat, c’est-à-dire celui qui s’éveille toujours avec une nouvelle jeunesse: le Mathetés, comme l’appelaient les Grecs, qui est alimenté par le savoir cosmique.

Il n’est pas étonnant que les anciens aient directement tiré leurs symboles numériques de cette connaissance de la révélation originelle: trois est égal à un – et qu’ils les aient représentés par des signes qui étaient en même temps les symboles graphiques et géométriques de la révélation du monde; et il n’est pas étonnant que ces mêmes symboles leur aient également servi à saisir la fonction des planètes.

Figure 1.5.08

Les symboles numériques que nous rencontrons sont:

(1e) le cercle vide: le non-révélé (zéro).

(2e) Le cercle avec point central: le point de départ de la révélation Rajas – le pôle masculin.

(3e) Le cercle divisé en deux par le diamètre: le pôle féminin Tamas.

Et enfin (4e) le cercle à croix inscrite, le cercle doublement divisé en deux Sattwa: l’oscillation périodique.

À partir de ces quatre symboles graphiques, qui sont d’abord des valeurs numériques, l’astrologie a composé les valeurs fonctionnelles des sept planètes, comme suit:

À ce stade de notre apprentissage, il ne peut pas encore être question d’étudier la fonction des différentes planètes. Mais ce qui est déjà important pour nous, c’est de pénétrer le sens général de ces symboles graphiques qui doivent nous montrer comment la pensée ésotérique s’est représentée le rapport entre le nombre et la fonction planétaire d’une part, le nombre et le processus d’évolution d’autre part. Car c’est en fait ce rapport qui devait être exprimé par ces symboles.

Le cercle vide a toujours été le symbole de l’état non révélé du monde – sa phase nocturne, dont il n’est sorti que par l’acte de révélation trinitaire. (En sof de la Kabbale.) On ne peut rien dire de cette phase; ni qu’elle ait existé, ni qu’elle ait cherché à exister, rien de ce qui pourrait être dit, pensé ou imaginé ne s’applique à elle, même la penser en général est déjà une erreur, car alors déjà elle existerait – au moins en pensée – alors qu’elle est absolument au-delà de toutes les possibilités de l’imaginable ou du compréhensible. Les Indiens appellent cette phase (Para-Brahman) « la nuit de Brahma », par opposition au « jour de Brahma » la phase révélée du monde. Le cercle vide ou la nullité peut donc être considéré rétrospectivement, c’est-à-dire comme le premier niveau de la série des nombres ajouté après coup, auquel se rapporte la triplicité unifiée suivante de l’être révélé, comme dans l’acte de révélation lui-même, le 2 par rapport au 1 ou le féminin par rapport au masculin.

Le deuxième symbole, le cercle avec point central, désigne le début de l’acte de révélation, l’illumination du Moi, c’est-à-dire du Moi-non-Moi et pourtant à nouveau Moi, ou le début de la rencontre avec soi-même. [93] Le point central symbolise la révélation du moi, la périphérie le réflexe du moi.

Si le point s’élargit jusqu’au diamètre, le troisième symbole apparaît: l’expression de la division parfaite. Le complexe global du cercle se divise maintenant en deux parties; il indique la division entre le masculin et le féminin et oppose le second au premier. Le cercle et le demi-cercle s’opposent comme le jour et la nuit.

Le quatrième symbole, la croix dans le cercle, qui est en même temps le signe secret de la planète Terre elle-même, se présente comme l’expression de la réunification des polarités entrées en opposition par une union et une séparation récurrentes sous la forme de la périodicité de la vibration qui se manifeste maintenant dans la matière: la vibration devenue réalité densifiée. Ce symbole correspond au degré de densification de la Terre, comme le signe du demi-cercle correspond à celui de l’Air et le cercle à point central à celui de l’Eau.

Spéculaire (reflétant), allant activement vers l’avenir masculin.

reflété, passif, orienté vers le passé féminin, conservateur, adoptant plastiquement la forme.

fonction de compensation dont la matière est pénétrée, périodicité des événements.

sont comme les extrémités d’une série.

À l’aide des symboles que nous venons de décrire, l’échelle septuple dont il a déjà été question aujourd’hui peut maintenant être représentée à peu près de la manière suivante:

Figure 1.5.10

Comparons à ce sujet les paroles de l’ancien gnostique Valentin (2e siècle après J.-C.), citées par Martin Buber dans ses Confessions extatiques: [94]

Wie alles hangt, sehe ich im Geist.
Wie alles getragen wird, erkenne ich im Geist.
Das Fleisch sehe ich an der Seele hangen,
Die Seele von der Luft getragen werden,
Die Luft am Äther hangen,
Aus dem Abgrund aber sehe ich Früchte entsprossen,
Aus dem Mutterschoß ein Kind entsprossen.

Comment tout est suspendu, je le vois dans l’esprit.
Comment tout est porté, je le vois dans l’esprit.
Je vois la chair suspendue à l’âme,
L’âme est portée par l’air,
L’air est suspendu à l’éther,
Mais de l’abîme je vois des fruits pousser,
Du sein de la mère, un enfant.

Nous arrivons ainsi à des signes qui ressemblent effectivement aux symboles planétaires et qui coïncident même en partie avec eux.

Il ne nous appartient pas pour l’instant d’approfondir l’essence de ces symboles originels, qui sont répandus sur toute la Terre et font partie du patrimoine de connaissances de tous les peuples. Les sagesses les plus profondes sont cachées en eux, et leur étude est comme la lecture du Livre des Mondes lui-même; oui, sans une immersion plus profonde dans le sens de ces signes, qui sont eux-mêmes comme des traces sacrées que l’esprit cosmique a imprimées dans la pensée humaine comme des hiéroglyphes cosmiques, à l’instar du sceau de noblesse par lequel il se reconnaît dans l’Homme, le chemin vers la compréhension des fonctions planétaires ne s’ouvrira pas. Mais pour aujourd’hui, il suffit d’indiquer que le secret des planètes est de leur fonction sont intimement liés au sens des quatre premiers nombres qui, à nouveau en relation avec l’échelle de développement de l’Homme et la transformation alchimique des quatre Éléments, doivent finalement conduire au septénaire qui nous est donnée dans les planètes elles-mêmes.

Permettez-nous maintenant de conclure provisoirement en résumant les connaissances acquises aujourd’hui.

Nous avons reconnu que les planètes représentent effectivement un lien entre les Hommes et le zodiaque, que le monde des planètes est pour nous un intermédiaire et une aide dans la lutte pour l’évolution supérieure, pour l’achèvement du stade humain. Même l’image extérieure de la lutte et du cercle, comme le cordon ombilical palpitant de l’embryon, nous apporte la nourriture céleste. Nous avons compris le sens de la périodicité, qui veut s’exprimer dans cette lutte et ce cercle, à partir du fait originel de la révélation du monde elle-même, dont elle est le troisième élément de polarité. Le cercle, l’oscillation et la rotation, et donc l’alternance rythmique constante du jour et de la nuit, sont représentés par les symboles originels de ces deux phases: le cercle avec le point central et le demi-cercle, qui sont également les signes du soleil et de la lune. Ce sont eux qui nous font prendre conscience du sens intérieur de la double alternance des phases [95], et c’est à leurs fonctions que se rattache tout ce qui devient la mesure cosmique de la vie intérieure et de la vie extérieure.

Et Dieu dit:

« Il y aura des luminaires dans l’étendue du ciel, séparant le jour de la nuit, et donnant des signes, des temps, des jours et des années. »

Lorsqu’un être humain entre dans la vie sur cette Terre, lorsqu’il voit le jour, comme on dit, il se trouve lui-même avec son moi entre deux phases, l’une étant le passé dont il hérite (phase nocturne) et l’autre étant l’avenir qui accueillera sa propre activité sur cette planète Terre.

Et entre les deux se trouve son moi toujours présent, dont l’évolution se présente maintenant comme l’acte de mariage déjà décrit entre les impulsions du passé (hérédité de la Terre) et les impulsions de l’avenir (hérédité du Ciel). Mi-terrestre, mi-dieu, il est lui-même composé de féminin-terrestre et de masculin-dieu, entre lesquels il trouvera son rendement évolutif, qui sera pour lui une bénédiction ou une malédiction sur son chemin ultérieur. Nous en parlerons la prochaine fois. Mais nous pouvons maintenant comprendre pourquoi toutes les planètes qui se groupent autour du soleil et de la lune, qui sont ainsi devenues les représentants de ce qui est en nous de Dieu et de ce qui est en nous de la Terre, doivent exprimer chacune deux phases; nous comprenons maintenant pourquoi il doit y avoir pour chacune des deux autres planètes deux lieux d’activité à l’intérieur du zodiaque (voir illustration 1.5.05), que Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne peuvent consacrer leurs forces au travail de développement de l’Homme dans un double sens, en le reliant aussi bien à son patrimoine terrestre qu’à son patrimoine céleste. Placé entre le matin et le soir, comme dans l’énigme du Sphinx, l’Homme se retrouve ainsi un double chemin qu’il a le devoir sacré de suivre. Et de même que la marche périodique de ces sept planètes le long des douze régions du zodiaque, avec leur changement de phase plus ou moins long, ne revient jamais à la même constellation, même au cours de plusieurs millénaires, de même la mission de vie de chaque Homme est un événement unique, jamais répétable dans le cosmos, la détermination sans faille du sens individuel de son existence. Et maintenant, revenons au point de départ de notre réflexion.

[96] Nous avons essayé de comprendre comment le jeu entre les nombres 3 et 4 se révèle comme 7 (3+4) et 12 (3×4) dans la relation mutuelle des planètes d’une part et leur relation avec le zodiaque d’autre part. Mais les astronomes savaient déjà depuis longtemps que les mêmes nombres reviennent toujours comme mesures dans les dimensions purement extérieures de la construction du monde solaire. Ainsi, la loi Titius-Bode enseigne que les distances des planètes par rapport au soleil peuvent être représentées dans une série qui reflète effectivement ce rapport numérique:

Mercure 4
Vénus 4+3
Terre 4+ 2x3x1
Mars 4+ 2x3x2
– 4+ 2x3x4
Jupiter 4+ 2x3x8
Saturne 4+ 2x3x16

Le rapport de la distance Soleil-Saturne a été ici posé à 100, ce qui donne les rapports de distances indiqués ci-dessus. Entre Mars et Jupiter, il manque un maillon à la série; en effet, on y a découvert ce que l’on appelle des planétoïdes – la désormais fameuse ceinture –, plusieurs centaines de petits et minuscules corps célestes, peut-être des débris éclatés d’une ancienne planète qui a été poussée hors de la série.

Il n’est donc pas étonnant que l’esprit des Hommes ait toujours été attiré par la recherche de relations intérieures plus profondes dans ces relations numériques. C’est de ces efforts qu’est née l’œuvre de Kepler, Harmonices mundi (L’Harmonie du monde), la doctrine ancestrale de la musique des sphères, rajeunie par le célèbre physicien, astronome- astrologue, mathématicien, musicien et théologien allemand, dans laquelle résonne toujours le mystère de la création. Cette harmonie vibre à partir des nombres fondamentaux de la révélation universelle et de leur relation. Vécu dans le cœur de l’Homme et renaissant en lui, se manifeste le pressentiment de la grande unité vivante qui lui a été donnée comme aide au développement intérieur, un messager de Dieu et un guide qui vient à sa rencontre. Nous devrons plus tard nous pencher en détail sur tous ces chiffres et rythmes que nous venons d’évoquer. Mais pour aujourd’hui, nous voulons conclure par les mots magnifiques avec lesquels Goethe, dans son Faust, laisse les archanges annoncer le miracle de la révélation du monde:

[97] RAPHAEL:
Le soleil sonne à la manière ancienne
Dans les sphères de la fraternité,
Et son voyage prédestiné
S’achève au son du tonnerre.
Sa vibration donne de la force aux anges,
Quand personne ne peut la contempler;
Les œuvres incompréhensibles et élevées
Sont glorieuses comme au premier jour.

la musique du monde

le discipulat

GABRIEL:
Et rapide et incompréhensible
La splendeur de la Terre tourne sur elle-même,
La clarté du paradis alterne
Avec la nuit profonde et frissonnante.
La mer écume dans de larges fleuves
Au fond des rochers, la mer s’agite
Et les rochers et la mer sont emportés
Dans la course éternelle et rapide des sphères.

rotation

périodicité à deux temps

le Jour et la Nuit

Terre et Eau

MICHAEL :
Et les tempêtes se déchaînent
De la mer vers la Terre, de la Terre vers la mer
Et elles forment avec rage une chaîne
Dont l’effet est des plus profonds aux alentours.
Là flamboie alors un feu de joie
L’artifice du chemin du tonnerre;
Pourtant, Seigneur, tes messagers vénèrent
La marche silencieuse de ton jour.

l’Air et le Feu en relation avec la Terre et l’Eau

→ les Êtres supérieurs au-delà de la planète Terre

Source: Das Testament der Astrologie, tome 1, Oskar Adler, 1930-38

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